Les grands frères : potache pas trash

Posté par MpM, le 3 février 2009

les grands freres role models paul rudd" - Tu sais ce que j'ai l'habitude de prendre au petit déjeuner? De la cocaïne!" 

L’histoire : Wheeler et Danny vont de collège en collège pour faire la promotion d’une boisson énergisante. Mais un particulièrement mauvais jour, ils détruisent le camion de leur employeur et ont affaire à la police. L’alternative est simple : 30 jours de prison ou 150h de travaux d’intérêt général dans une association à but pédagogique auprès d’enfants en difficulté. Voilà les deux éternels adolescents immatures forcés de devenir des adultes modèles…

Ce qu’on en pense : Depuis quelques temps, les "comédies pour adultes" ont le vent en poupe. Le principe est simple : humour irrévérencieux et en-dessous de la ceinture, références explicites au sexe, vocabulaire cru et personnages border line. Paul Rudd, ici auteur, acteur et réalisateur, en est l'une des valeurs sures, comme Judd Apatow. Rien que les titres sont déjà tout un programme : En cloque, mode d’emploi, 40 ans toujours puceau ou encore Supergrave. Le résultat, lui, est plutôt surprenant, entre farce potache, satire sociale et portrait cinglant d’une Amérique bien pensante bourrée d’hypocrisie et de clichés.

Dans ce nouvel opus (qui mêle une partie des acteurs abonnés comme Seann William Scott, ainsi que le réalisateur de Wet hot americain summer et The ten, David Wain), les cibles sont multiples : des associations caritatives pleines de bonnes intentions aux campagnes anti-drogues sponsorisées par une boisson énergisante, en passant par le mythe de l’enfant défavorisé qui a besoin d’aide.  Même si la traduction française a tendance à affadir les propos fleuris des différents personnages, on rigole franchement devant ces adultes immatures confrontés à ces enfants qui, au final, leur renvoient comme une caricature d’eux-mêmes et de l’aspect exaspérant qu’ils peuvent avoir auprès de leur entourage. La métaphore du jeu de rôle est ainsi plutôt bien choisie (et exceptionnellement pas trop caricaturale) et les échanges entre Wheeler, l’obsédé sexuel, et son protégé de dix ans sur la manière de regarder les poitrines féminines sans se faire prendre est plutôt savoureux…

Mais bien sûr, l’irrévérence a ses limites, et le film ne parvient pas à s’extraire totalement du cadre convenu de la comédie américaine traditionnelle. La trame narrative est ainsi tristement banale (tout va mal, puis ça commence à aller mieux, avant le dernier obstacle qui mène au happy end) et impossible d’échapper à la traditionnelle morale finale bourrée… de bons sentiments. L’impression que laisse le film (au-delà de son aspect indéniablement ludique), c’est que s’il est relativement aisé de s’extraire d’une forme conventionnelle, il n’est toutefois pas donné à tout le monde de savoir jouer sur le fond.