Deauville : Les ZAZ au Top !

Posté par kristofy, le 10 septembre 2009

ZAZZAZ, trois lettres synonymes de rires assurés. Derrière cet acronyme, il y a en effet le trio David Zucker - Jim Abrahams - Jerry Zucker présent à Deauville pour un hommage.

Leur tout premier film comme scénaristes, Hamburger Film Sandwich (une suite de sketch parodiant différents types de films) est un véritable succès qui lance leur carrière au cinéma et en même temps devient leur marque de fabrique. Ils vont ensuite s’échanger leur casquette de scénariste, réalisateur ou producteur selon les projets. Les "ZAZ" s’inspirent de films que tout le monde connaît pour proposer des films parodiques beaucoup plus drôles. Les enquêtes policières deviennent ainsi déjantées et polissonnes avec le lieutenant Drebin dans Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?, Y a-t-il un flic pour sauver le président ?, Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ? et, dans le même registre absurde, Hot shots 1 et 2 tournent largement les aviateurs en ridicule.

Mais, avant ces parodies, leur collaboration a donné naissance à deux autres films dont ils signent conjointement le scénario et la réalisation : des nazis sur le retour en prennent pour leur grade dans le méconnu mais hilarant Top Secret (qui n’a pu être projeté à Deauville pour défaut de voilage rouge sur la copie, mais qui a été récemment diffusé sur Arte) en 1984, et surtout en 1980 le cultissime pastiche de film catastrophe Y a-t-il un pilote dans l’avion?, sans doute leur chef d’œuvre.

Chacun de son côté a aussi œuvré à la production de films plus "sérieux" : David Zucker pour Phone game de Joel Schumacher, Jim Abrahams pour Cry baby de John Waters, et Jerry Zucker sur Fair game, le prochain film de Doug Liman (avec Sean Penn et Naomi Watts). Jerry Zucker est aussi l’heureux réalisateur de Ghost, romance entre Demi Moore et Patrick Swayze qui récolta en son temps cinq nominations aux Oscars.

Si, en France, les ZAZ ont notamment influencé les Nuls (La cité de la peur), ils n’ont guère eu d’héritiers aux Etats-Unis avant l'arrivée des frères Wayans (dont la prochaine parodie, Dance Movie, sortira d'ailleurs le 28 octobre) et leur fameux Scary Movie. Mais la suite (Scary Movie 2) s'étant révélée une déception, les ZAZ ont encore repris le flambeau : David Zucker a réalisé Scary Movie 3 et 4, ce dernier étant co-écrit avec Jim Abrahams. A Deauville, c’est le rigolo du jury, Dany Boon, qui a remis le trophée-hommage aux trois trublions. Sur scène, ils ont régalé les festivaliers de quelques blagues, notamment d'un discours cacophonique (oui, les ZAZ sont lol). Et dans cette grande fête du cinéma américain, le trio qui dynamite les clichés hollywoodiens avec un mauvais goût de qualité a connu son moment de gloire... de quoi lui inspirer une nouvelle idée de film ?

Crédit photo : Christophe Maulavé

17 ans encore : hélas, pas assez « Efronté »

Posté par vincy, le 18 avril 2009

17again.jpg « Tu es trop précieux pour être promu. »

L'histoire : Mike O'Donnell a 37 ans, nage dans un divorce qu'il ne voulait pas, n'a aucune autorité sur ses deux adolescents, et n'a pas eu la promotion qu'il estimait mériter après tant d'années de bons résultats. Il vit donc chez son meilleur ami, milliardaire grâce à ses logiciels informatiques, mais complètement barré, croyant vivre dans un monde de science fiction. Par un mystérieux sortilège, il devient du jour au lendemain Mike O'Donnell, beau gosse de 17 ans, doué en basket-ball... Il se décide à ne plus répéter ses erreurs, ses choix, mais en fait va être conduit à réparer tout ce qu'il a détruit... Il devient l'ami de sa femme, le plus proche confident de son fils, et la cible séductrice de sa fille.

Notre avis : Trop prévisible avec ses grosses ficelles, cette comédie se laisse regarder grâce à son rythme. Lointain cousin de Big, anecdotique sur le fond comme sur la forme, 17 ans encore n’a que deux choses à réaliser : séduire les fans de Zac Efron et véhiculer sa morale conservatrice.

Commençons par Zac. Dès la première scène, il fait des paniers, torse nu, luisant de sueur, musclé, allumeur. D’ailleurs il sait tout faire : danser avec les Pom Pom Girls, s’exhiber (en short, restons décent) devant son public conquis le consacrant dieu vivant du Lycée. Puis l’histoire bascule, la gloire disparait, il devient vieux con et loser. Bref il a les traits de Matthew Perry. Là, le spectateur se dit : si Zac Efron devient Matthew Perry, en effet, c’est un loser (qui n’existe qu’à travers son personnage dans Friends, ce qui commence à dater). Ne parlons pas du physique de l’acteur. Imaginez le jeune playboy frimeur devenu beauf gras du bide… Non vraiment, on ne souhaite pas ça même à une tête à claques. Le jeune comédien mérite mieux.

Car le film, hélas, préfère emprunter la voie moraliste au délire subversif. Plus confortable de prôner l’abstinence que de rejouer Le Lauréat ou de lui faire commettre un inceste malgré lui. L’amour se doit d’être unique, une valeur plus forte que toute réussite personnelle ou professionnelle, etc… Cela nous emmène à un final attendu et surjoué, avec musique au piano et yeux rougis par les larmes.

Pour le reste, le divertissement est plaisant, avec des seconds-rôles distrayant. Le passage dans le monde parallèle est peu inspiré pour nous marquer. Il nous conduit dans un univers un peu binaire, opposant les adultes qui ne grandissent pas (fans de SF) et ceux qui déclinent très vite après l’adolescence (mais qui ont la cool attitude). Autrefois âge ingrat, il a surtout mué en cible glorieuse des producteurs. Après Risky Business et Ferris Bueller, 17 ans encore nous apprend que si l’on doit refaire sa vie et la réussir ce n’est que dans le but d’être un bon père et un bon mari. La mèche faussement sage, le sourire craquant, Zac Efron devient alors une publicité pour un American Way of Life complètement ringard.

Erreur de la banque en votre faveur : une erreur gentillette

Posté par Morgane, le 6 avril 2009

darroussin lanvin erreur de la banque« - Il paraît qu’à New York il y a des mecs qui se jettent par la fenêtre.

- Et alors, qu’est-ce que t’en as à foutre toi, tu habites au rez-de-chaussée .»

L’Histoire : Lorsque Julien Foucault, maître d’hôtel de la très vénérable banque d’affaires Berthin-Schwartz, apprend son licenciement, il y voit l’occasion de réaliser son rêve de toujours : ouvrir un restaurant avec son meilleur ami Etienne.Pourtant, après 17 ans de bons et loyaux services, la banque lui refuse tout appui financier. Julien décide alors de tirer profit des informations confidentielles dont usent ses employeurs, mais ces derniers le prennent en flagrant délit d’initié et décident de lui jouer un tour machiavélique…

Notre avis : Sortant en salles en pleine crise économique mondiale, Erreur de la banque en votre faveur, pourtant produit bien avant celle-ci, se révèle un très bon remède anti-crise. En effet, les petites gens (ici Gérard Lanvin et Jean-Pierre Darroussin), que les grandes banques ne veulent en aucun cas aider, deviennent des Robin des bois des temps modernes, volant aux plus riches en écoutant aux portes et redistribuant aux gens de leur quartier.

Gérard Bitton et Michel Munz, scénaristes des deux volets de La vérité si je mens ! et réalisateurs de Ah ! si j’étais riche (dans lequel Jean-Pierre Darroussin jouait déjà) repassent derrière la caméra avec un nouveau film touchant, une fois encore, à l’argent.

Comédie dans laquelle les acteurs sonnent juste, Erreur de la banque en votre faveur joue néanmoins un peu trop avec les stéréotypes et la subtilité ne répond pas toujours présente. Les gros méchants sont bien ceux auxquels on pense (les riches) tandis que les pauvres, enfin les classes moyennes, sont les gentils de l’histoire. La générosité et l’entraide sont mis en avant ainsi que l’amitié qui unit les deux compères, Julien et Etienne. Cependant, il faut avouer que dans le contexte actuel, Erreur de la banque est un film ancré dans son époque, qui fait sourire et qui redonne quelques couleurs à la comédie française d’aujourd’hui. Le grand film est loin d’être au rendez-vous mais le bon moment, lui, oui.

Festival du cinéma nordique : un événement trans-genres

Posté par geoffroy, le 26 mars 2009

La compétition officielle du 22e festival nordique mérite bien, au même titre que le reste de sa programmation, son label « éclectique ». Naviguant constamment entre plusieurs genres – drame, comédie loufoque, film d’auteur, grosse production, portrait intimiste ou encore reconstitution historique – sans jamais se départir d’une certaine singularité, ce cinéma venu du nord perpétue une tradition cinématographique complexe oscillant depuis des décennies entre un pessimisme lucide, un rejet des conventions morales (surtout dans le cinéma danois et suédois) ou bien une approche existentielle – qu’elle soit décalée ou pas – propre aux cultures nordiques.

Un peu, d’ailleurs, comme ce Mariage à l’islandaise, premier long-métrage de la monteuse Valdis Oskarsdottir. Fausse comédie légère qui bascule par intermittence dans un road-movie au départ improbable, tout est situation à dégommer les conventions. Un mariage dans un petit village, deux autocars pour emmener séparément les mariés, un témoin qui disparaît, une attente dans les bus et des vérités pas toujours bonnes à dire. Les personnages vont interagir les uns vis-à-vis des autres en distillant non sans humour ni gravité une tension sous-jacente. La narration, savoureuse, provoque des effets boule de neige jusqu’au dénouement final, certes un brin convenu, mais somme toute logique. A découvrir dans les salles françaises le 03 juin prochain.

Sous la peau se positionne en opposition. Drame humain sans concession autour d’une femme agressée dans sa chair, le film nous interpelle sur la difficulté de vivre avec le souvenir d’une épreuve traumatisante qui vous hante nuit et jour. Réfugiée dans une maison de campagne délabrée ou tout reste à faire, Marieke a fuit Amsterdam pour essayer de se reconstruire. Parabole, dirons nous immersive, dans l’univers déstructuré de la jeune femme, Sous la peau délivre une tension par à coups aussi mentale que physique. Les deux sont liés intimement, sans distanciation ni contrôle. L’intrusion de flashs, de visions, de crises ou de spleen total dans la nouvelle vie de Marieke exacerbent cette souffrance sourde car intime. Prenant, minimaliste et magistralement interprété, Sous la peau demeure un essai fort et sincère sur une thématique sociale contemporaine.

Objet Filmique Non Identifié

Soit le contraire de Pause déjeuner, sorte d’OFNI (Objet Filmique Non Identifié) réalisée par la réalisatrice Eva Sorhaug (signalons tout de même qu’après Mariage à l’islandaise et Sous la peau, il s’agit du troisième film réalisé par une femme, soit près de 30% de la sélection officielle). Choral et découpé narrativement en fonction des personnages développés, le lien entre l’incident déclencheur et les autres protagonistes reste faible en terme d’enjeux – excepté pour Léni, directement «frappée » par la mort de son père). Un poil trop lent par moment, décalé juste ce qu’il faut, grave mais sans plus, parfois redondant ou bien tournant autour du pot, le film se positionne entre deux eaux. Mais le plus étrange reste sans aucun doute son côté impersonnel et peu communicatif, malgré deux ou trois séquences réussies (landau sur le balcon, scène de sodomie, dispute dans la voiture, sandwichs uniformes de Léni). Trop peu, sans doute, pour affirmer un univers comme cette apparition de milliers d’oiseaux façon Magnolia (en référence à la pluie de grenouilles vers la fin du film de Paul Thomas Anderson).
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La première étoile : Noirs fondus de blanc

Posté par benoit, le 24 mars 2009

la  premiere etoileL'histoire : Jean-Gabriel, marié et père de trois enfants, vit de petits boulots et passe son temps au bar PMU du coin. Un jour, pour faire plaisir à sa fille, il promet un peu vite à toute la famille de les emmener en vacances au ski. Seul problème : cette fois-ci, s'il ne tient pas sa promesse, sa femme le quitte. Il va devoir faire preuve d'imagination sans limite pour y parvenir...

Notre avis : La première étoile, enfant naturel de La chèvre de Francis Veber et de Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon, possède dans son jeu un atout en plus : une sincérité tendre et familiale puisque ce premier film du comédien Lucien Jean-Baptiste – la voix française de Will Smith, c’est lui ! - s’inspire de ses propres souvenirs d’enfance. Si vous avez 7 ou 77 ans, et pourquoi pas entre les deux, unissez-vous et allez voir en famille un film de blacks qui n’a pas peur de faire tache sur la poudreuse. Malgré une grande faiblesse de réalisation, il arrive parfois à cette oeuvre d’être traversée par une grâce mélancolique. Ce trait, malheureusement trop rare, la distingue des productions françaises hebdomadaires qui condamnent le public à rire trop souvent pour le pire.
Toutes les étoiles de ce long-métrage sont à décerner à l’ensemble de sa distribution : Lucien Jean-Baptiste, Anne Consigny, Jimmy Woha-Woha, Ludovic François, Lorena Colombo, Michel Jonasz, Bernadette Lafont… Mais la raquette d’or revient à Firmine Richard dont la présence digne d’une Whoopi Goldberg, hisse le personnage de Bonne Maman au sommet des codes de la comédie. Il faut la voir chanter à table de toute son âme une mélodie créole dédiée à De Gaulle face à son fils, quadra largué, qui la regarde médusé. Cette séquence aussi drôle que féroce réunit à elle seule les problèmes de l’intégration, le matriarcat étouffant, le gouffre qui sépare les générations et le peu de rêve qu’offre la société actuelle aux êtres flottants, différents. Sans céder au mauvais jeu de mot, cette noirceur souterraine évite aux films tous les écueils « racisto-civiquo-démago » et offre, dans une grande fantaisie, une plage ou plutôt un pic de tolérance. Par les temps qui grondent, c’est déjà beaucoup…

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Ne pas manquer l'interview de Firmine Richard pour Ecran Noir.

Le chihuahua de Beverly Hills : ne vous fiez pas à sa taille…

Posté par MpM, le 23 mars 2009

Le chihuahua de Beverly Hills"Je suis peut-être petite, mais je vais me battre pour quelque chose de plus grand que ça"

L’histoire : Chloé, chihuahua hyper protégée de Beverly Hills, mène une existence luxueuse et futile entre massages aux algues et séances de shopping. Mais lorsque sa maîtresse adorée part en voyage d’affaires en la confiant à sa nièce un peu trop cool, elle se retrouve brutalement livrée à elle-même au beau milieu du Mexique.

Notre avis : Difficile de croire que cette comédie canine très gentillette a tenu la tête du box-office américain l’été dernier ! En effet, à moins d’afficher très peu d’années au compteur, on ne se passionne guère pour les aventures de cette petite chienne de luxe qui, confrontée à la "vraie vie", va enfin devenir elle-même… sans pour autant renier ni la vie facile, ni l’attitude matérialiste allant avec.

En guise de voyage initiatique, on a donc vu mieux, ou en tout cas moins artificiel. Car au lieu d’avoir profité du concept (donner la parole aux animaux) pour critiquer notre propre société, le film ne fait que mettre en scène des bêtes savantes évoluant dans cette même société, et répondant exactement aux mêmes codes. Ainsi, les héros du film sont aux prises avec des dilemmes et des sentiments purement humains (arrogance, cruauté, culpabilité…) et ne bénéficient d’aucune touche de fantaisie moins anthropomorphique. On ne perçoit pas non plus une immense critique envers le mode de vie pour le moins tapageur de ces animaux traités mieux que des enfants…

Néanmoins,  les principaux intéressés (à partir de 4 ans, mais probablement pas au-dessus de dix), devraient quant à eux se laisser facilement séduire par cette mignonne petite chienne qui, au fond, cache un cœur gros comme ça, ainsi que par ses impayables compagnons (le duo rat et iguane, le chien policier digne et loyal, le chef des chihuahuas…). Après tout, tant que ce genre d’histoires pour enfants vante la loyauté, le courage et une curiosité bienveillante envers ceux qui paraissent différents, peu importe si c’est une chihuahua un peu snob qui porte le message…

Un chat un chat : une comédie qui ne retombe pas sur ses pattes

Posté par MpM, le 23 mars 2009

Un chat un chat"Je sais, je suis d’un abord compliqué"

L’histoire : Célimène a le syndrome de la page blanche. Ecrivain à succès, elle n’arrive plus à écrire. Il faut dire que dans sa vie, c’est un peu la confusion : elle vit chez sa mère, est harcelée par une adolescente persuadée d’être un sujet de roman idéal et fait des crises de somnambulisme. Pour couronner le tout, ça fait des années qu’elle se fait appeler Nathalie.

Notre avis : Mais quel dommage ! Sophie Fillières tient un sujet riche en possibilités, elle dirige une actrice formidable (Chiara Mastroianni, lunaire, paumée et gentiment insupportable) et est capable, on le sait, de faire preuve d’une fantaisie totalement fantasque (cf Gentille), et malgré cela elle nous livre un film plus que mitigé manquant d’audace et de folie. Il y a de très bons moments, pourtant, dans ce Un chat un chat aux faux airs de comptine enfantine : une scène fantasmée dans un avion, des séquences de cuisine nocturne sous influence, de très beaux échanges mère-fils (Mateo Julio Cedron, qui donne l’impression de bien mieux comprendre les adultes qu’ils ne le font eux-mêmes), des dialogues de sourds… D’où vient, alors, que l’on s’ennuie poliment devant les aventures pas si déjantées que ça de cette auteure névrosée ?

Peut-être, justement, parce que Sophie Fillières n’a pas su se concentrer sur les névroses de son héroïne, la confrontant à une galerie de personnages mal exploités, et surtout changeant de point de vue en cours de film pour suivre les intrigues secondaires autour d’Anaïs, la jeune "groupie", dès lors que Célimène commence à écrire sur elle. Il y a aussi quelques scènes maladroites avec Antoine, le fiancé éconduit, interprété par un Malek Zidi pas assez consistant (trop jeune ?) pour le rôle. Or, non seulement ces séquences n’apportent rien au récit, mais en plus elles créent des longueurs, presque des interférences qui génèrent l’ennui, voire l’agacement. Quand on en arrive enfin à l’épilogue, le ton pétillant du début est depuis longtemps éventé.

Miss Pettigrew : Balcons et dépendances

Posté par vincy, le 24 février 2009

miss pettigrew« Les hommes sont d’un méfiant, on se demande pourquoi. »

 

L'histoire : A la veille de la seconde guerre mondiale, Miss Pettigrew, gouvernante virée de tous ses employeurs, se retrouvent, en pleine crise économique, à la rue. Son agence ne veut plus la recommander mais elle entend parler d'une place chez une certaine Delysia. Celle-ci est actrice, chanteuse, et cumule les hommes nus dans son lit. Elle couche avec un jeune metteur en scène, avec son patron de night club et avec son pianiste. Miss Pettigrew, très à cheval sur la morale, souhaite partir d'elle-même. Mais on ne se détache pas facilement de Delysia.

 

Notre avis : Miss Pettigrew est un objet incongru : à la fois désuet et rafraîchissant, pièce de théâtre potentielle, téléfilm de prestige possible et pourtant divertissant au cinéma. « L’époque est incertaine », le produit aussi. Cependant, ce classique vaudeville bourgeois et londonien palie ses failles en grande partie grâce aux comédiens principaux. Frances McDormand s’amuse à jouer la comédie avec des clins d’œil à Mary Poppins, Amy Adams pétille comme il faut pour faire oublier une Renee Zellweger et Ciaran Hinds joue pour une fois les séducteurs.

Les confidences entre femmes alourdissent un peu l’ensemble, mais le rythme reprend vite, au gré des révélations taquines. Dans ce dédale de potins, adultères, secrets, où l’appartement de la courtisane sert de QG aux manigances, le spectateur passe un agréable moment avec des personnages charmants. On ne réinvente ni le cinéma ni le monde. L’amour l’emportera. Ici on joue à l’amour, même si l’on sait que l’amour n’est pas un jeu.

Dany Boon, une crise d’égo?

Posté par vincy, le 10 février 2009

dany boon lille bienvenue chez les chtisIl est fâché. Dany Boon n'a reçu qu'une seule nomination aux prochains César, celle du scénario. De notre point de vue, on aurait plutôt vu un acteur principal ou un second rôle, éventuellement une catégorie technique. Mais nous supposons que les votants ont considéré que le film reposait essentiellement sur ces dialogues et un script certes très classique mais efficace et même universel.

Dany Boon n'ira pas aux César. C'est ce qu'il a confirmé ce matin sur RTL : "Non, je ne vais pas y aller, mais ce n'est pas grave, je vais les regarder à la télé... Je m'attendais à être un peu plus représenté au premier tour, et pas l'avoir au deuxième... en général c'est comme ça. Il faut savoir aussi reconnaître le succès d'un film, et le plébiscite du public. On fait du cinéma pour le public. C'est dommage, ça gâche la fête du cinéma. "

L'affaire est grave. Le plus gros succès français est snobbé par la profession? Pas vraiment. De la Légion d'honneur au Trophée des films français en passant par la montée des marches à Cannes et les nombreux prix remis à Pathé distribution, l'ensemble du milieu culturel a célébré à sa manière le succès des Ch'tis.

Mais les César, aussi subjectifs soient-ils, priment avant tout la qualité artistique, ou en tout cas une certaine idée de cette qualité, qui est souvent l'alliance entre le succès public et l'éloge critique, les fameux films du milieux où l'ambition artistique se mélange avec le plaisir du spectateur.

Cette année, les César ont misé sur les films "du milieu"

Si l'on regarde bien, sur les sept films nommés dans la catégorie suprême, cinq ont dépassé le million de spectateur. S'il y a des injustices, cela concerne plutôt des films qui n'ont pas trouvé le public qu'ils auraient mérité d'avoir (Aide-toi, le ciel t'aidera, Julia, ...) ou des films trop décalés (Louise Michel).

En quoi un succès populaire est synonyme de qualité artistique, de toute façon? Le petit monde de Don Camillo, Taxi 2 ou Les bronzés 3 ce n'est quand même pas l'équivalent d'oeuvres comme Le pont de la Rivière Kwaï, Les Aristochats ou Il était une fois dans l'Ouest, pour comparer quelques uns des 25 plus grands triomphes de l'après guerre...

Boon en rajoute en pointant une discrimination pour les comédies. "Ce que je voudrais, c'est qu'il y ait la création d'un César de la meilleure Comédie. A ce moment là, je viendrais avec plaisir le remettre l'année prochaine. Ce serait une bonne solution pour que les gens du métier se mettent à voter pour une comédie. C'est même la base du cinéma, les premiers films étaient des comédies."

Au passage Boon oublie que la base du cinéma était les documentaires et reportages. Ensuite, cette année, des comédies dramatiques (Paris, le premier jour du reste de ta vie) et même policière (Le crime est notre affaire) sont citées dans des catégories "artistiques". Les César n'ont pas de difficulté à nommer des comédies. Peut-être que nos comédies ne sont pas au niveau artistique requis.

Le dîner de cons, supérieur?

Petit rappel. La dernière comédie (pure, c'est à dire pas dramatique comme Les Invasions barbares) césarisée est Le fabuleux destin d' Amélie Poulain en 2002. Depuis 8 femmes, L'auberge espagnole, Les triplettes de Belleville et Persépolis ont été nommés pour le meilleur film.

Dans des registres variés et souvent populaires, Vénus beauté (institut), On connaît la chanson, Ridicule, Trois hommes et un couffin, Les Ripoux ont gagné le César du meilleur film.

La vie est un long fleuve tranquille, Delicatessen, Les trois frères, Didier, Quand la mer monte, Je vous trouve très beau et Persépolis ont été élus meilleur premier film.

Manhattan, Victor / Victoria, Quatre mariages et un enterrement, La vie est belle, Little Miss Sunshine ont eu le César du meilleur film étranger.

Et dans la catégorie du scénario, l'humoir noir de Bertrand Blier, l'ironie observatrice de Coline Serreau, la critique incisive d'Etienne Chatiliez et Florence Quentin, les répliques cultes de Jaoui Bacri, la maîtrise de Francis Veber, l'audace de Josiane Balasko et Telsche Boorman, la précision de Denys Arcand, ou encore la satire politique de Satrapi ont tous été reconnus.

N'oublions pas Fanny Ardant dans Pédale douce, Sylvie Testud dans Stupeurs et tremblements, meilleures actrices, Michel Serrault dans La cage aux folles, André Dussollier dans On connaît la chanson, Jacques Villeret dans Le dîner de cons, meilleurs acteurs.

Alors certes ce n'est pas une majorité de primés. Mais les comédies ne sont pas oubliées, quand elles sont inoubliables.

En fait lavéritable injustice de cette année, c'est l'absence de Batman : The Dark Knight aux Oscars dans les catégories du meilleur film et du meilleur réalisateur...

LOL : Laughing Or Leaving

Posté par Morgane, le 3 février 2009

lol laughing out loud« - j’voulais te demander un service. Tu veux pas qu’on fasse l’amour ? »

L'histoire : LOL ? ça veut dire « Laughing Out Loud  -mort de rire- » en langage texto. C’est aussi comme ça que les amis de Lola l’appellent. Pourtant, le jour de la rentrée, Lola n’a pas le cœur à rire. Arthur, son copain, la provoque en lui disant qu’il l’a trompée pendant l’été. Et sa bande de potes a le don de tout compliquer. Tout comme sa mère, Anne, avec qui le dialogue est devenu impossible, et pas seulement parce-qu’elle ignore ce que LOL signifie. Que ses parents aient divorcé est une chose. Qu’Anne traite son ado comme une enfant en lui mentant sur l’essentiel, par exemple sur le fait qu’elle revoit son ex en cachette ou qu’elle se fait draguer par un flic, en est une autre. De son côté, Anne se demande ce qui a bien pu arriver à sa douce petite fille. De la fusion à la confusion, entre joints et capotes (chez l'une ET l'autre), les relations mère-fille bouillonnent d’amour et de LOL.

Ce que l’on en pense : La jeune Vic de La Boum de Claude Pinoteau a bien grandi. Sophie Marceau est désormais devenue maman, elle-même confrontée aux histoires d’amour, et autres, de Lola (Christa Theret, vue dans Et toi t'es sur qui?), sa fille.

Lisa Azuelos (Comme t’y es belle) filme avec beaucoup de tendresse cette jeune ado pour qui l’année de seconde ne sera pas de tout repos. Tromperies, amours, conflits, amitiés…tout est là. La caméra suit Lola, l’observe se débattre, pleurer, rire et grandir. Il semble bien dur d’être lycéenne, et c’est vrai. Mais ce que l’on peut reprocher au film réside dans son manque d’universalité. Bien loin du monde d’Entre les murs, LOL se situe aux antipodes, dans un lycée parisien plutôt bourgeois où le monde des adolescents est réduit à une petite bulle dorée faite d’appartements grandioses, de coupes de cheveux et de fringues hyper tendance, de Sms, Msn & co… La superficialité semble faire fureur laissant un peu le spectateur sur le bord de la route. Ici tout est toujours trop. Les nanas sont trop des tepu et les mecs, trop des bâtards. De l’autre côté de l’écran, le spectateur, quant à lui, fait rapidement une trop de dose de cet univers un peu loin des réalités. La candeur n’atteint pas uniquement les plus jeunes. Le personnage de Sophie Marceau, femme divorcée, la quarantaine, mère de trois enfants, vit au cœur d’une véritable naïveté maternelle. Lisa Azuelos nage alors dans les eaux roses d’un univers idéalisé où seule la légèreté régit le monde.

Néanmoins, côté divertissement, le film réussit son pari. Les personnages, dont celui de Marceau en mère poule moderne, sont marrants et assez attachants. Les grimaces de l'actrice autrefois ado et les discussions de la bande de potes de Lola  nous font sourire, quant à leurs peines de cœur, elles nous touchent. Fraîcheur et légèreté sont donc bel et bien au rendez-vous. Les ados adoreront sûrement LOL, le trouvant trop top. Pour les autres, le film sera certainement un bon moyen de prolonger l'observation sociologique de cette jeunesse incompréhensible.