Cannes 2016 : Qui est Ruth Negga ?

Posté par wyzman, le 16 mai 2016

Comme toutes les actrices de sa génération, Ruth Negga a très vite compris qu'il était bon d'être partout et avoir plusieurs cordes à son arc. Née en 1982 d'une mère irlandaise et d'un père éthiopien à Addis-Abeba, elle est passée par le Trinity College de Dublin avant d'être sélectionnée aux Laurence Olivier Awards en tant que meilleur espoir en 2003. Car sur les planches, la jeune femme joue dans des pièces comme Phèdre ou Hamlet.

Avant Cannes cette année, vous avez déjà pu la voir dans le déjà oublié The Samaritan ou bien dans un rôle non crédité dans Twelve Years a Slave de Steve McQueen. Les plus attentifs auront reconnu son visage de chercheuse de l'OMS dans World War Z quand d'autres l'ont éventuellement découverte dans All Is by My Side de John Ridley ou bien Christina Noble de Stephen Bradley.

Ceci dit, ses participations aux séries Misfits, Agents of S.H.I.E.L.D. et prochainement Preacher sont peut-être ce qu'il faut vraiment retenir de sa filmographie très éclectique mais sans véritable fil conducteur pour le moment. Sinon, vous pourrez tenter de la reconnaître en Lady Taria le 25 mai prochain dans Warcraft : Le Commencement

Par chance, elle sera quelques jours plus tôt dans Loving, le nouveau film de Jeff Nichols en compétition à Cannes. De quoi vraiment gagner en visibilité. Avec Joel Edgerton, Ruth Negga y formera un couple mixte qui veut se marier dans la Virginie de 1958. Produit par Colin Firth, le film compte à son bord Michael Shannon et Bill Camp. Le film devrait sortir le 4 novembre prochain aux Etats-Unis, en plein Oscar season !

Cannes 2016 : Qui est Jung-woo Ha?

Posté par kristofy, le 14 mai 2016

Jung-woo Ha est la figure de l'arnaqueur-manipulateur dans le très attendu nouveau film de Park Chan-wook The Handmaiden (Mademoiselle), en compétition au Festival de Cannes, son nom semble plutôt inconnu mais son visage plutôt familier… Jung Woo-ha est déjà venu au Festival de Cannes. En 2008 dans The Chaser c’était lui le serial-killer impassible et effrayant !

Contrairement à d’autres acteurs coréens populaires (Choi Min-sik, Song Kang-ho, Lee Byung-hun…) qui sont immédiatement reconnaissables, Jung-woo Ha lui se glisse dans ses différents rôles avec une apparence physique souvent différente. Il passe la moitié du film dans The Chaser à se dissimuler avec une casquette et des lunettes. Deux ans plus tard, il retrouve le même réalisateur pour son film suivant The Murderer (aussi à Cannes en 2011) où on le découvre cheveux coupés bien plus courts et avec une petite moustache. En 2012 il est un chef de gang mafieux dans Nameless gangster et il se révèle plus athlétique en 2013 dans le polar The Agent de Ryu Seung-wan. Le point commun de ces films d’action est qu’on y voit à chaque fois l'acteur courir, poursuivis par d’autres dont il va porter ensuite des marques de coups et de sang sur son visage.

Jung-woo Ha est aussi un homme dont le charme trouble se dévoile dans plusieurs drames : en 2006 et 2007 il était la vedette de Time puis de Souffle de Kim Ki-duk, et en 2009 à l’affiche de Les femmes de mes amis de Hong Sang-soo. Il a donc déjà tourné avec la plupart des réalisateurs coréens les plus respecté, et son nom est devenu assez solide pour promouvoir un film dont il serait seul la vedette. Par exemple The Terror live (disponible en dvd édité par Elephant films) où il incarne une journaliste piégé par une oreillette qui menace d’exploser s'il ne parvient pas à faire venir le président en direct à l’antenne…  Le jeu n’est d’ailleurs plus le seul intérêt deJung-woo Haa : en 2013 il a écrit le scénario d’une comédie (divers personnages dans un avion qui menace de s’écraser) qu’il a d’ailleurs lui-même réalisé, Fasten your seatbelt.

Accrochons donc nos ceintures pour découvrir l’association entre Jung-woo Ha, cet acteur qui aime se métamorphoser, et Park Chan-wook qui manipule les faux-semblants.

Cannes 2016 : Qui est Maren Ade ?

Posté par MpM, le 14 mai 2016

En France, on la connaît mal, et sa sélection en compétition officielle du 69e festival de Cannes a pu surprendre. Pourtant, Maren Ade, réalisatrice, scénariste et productrice allemande qui s’apprête à souffler sa 40e bougie, est loin d’être une nouvelle venue dans le paysage cinématographique européen et même mondial. Der Wald vor Lauter Bäumen, son premier long métrage, qui est également son film de fin d’études à l’école de cinéma de Münich, l’a en effet révélée dès 2005 grâce à une moisson de prix glanés en festivals, de Sundance (Prix spécial du jury) à Valence (meilleur film) en passant par IndieLisboa (Grand prix) et Buenos Aires (meilleure actrice pour Eva Löbau).

En parallèle, la jeune femme poursuit dans la production, sa première passion. Avec Komplizen film, la société qu’elle a créée en 2000 avec Janine Jackowski et Jonas Dornbach, elle produit en 2006 Hotel Very Welcome de Sonja Heiss, dont elle avait déjà produit Karma Cowboy en 2002. Elle ne cessera plus de travailler en alternance sur ses projets et sur ceux des autres, donnant rapidement l’impression d’être au cœur d’une sorte de « nouvelle vague » allemande saluée par les médias.

En 2009, la réalisatrice présente son deuxième long métrage, Alle Anderen (Everyone else) à la Berlinale où il reçoit un accueil triomphal. Le jury présidé par Tilda Swinton lui décerne le Grand prix tandis que son actrice principale, Birgit Minichmayr, reçoit l’Ours d’argent de la meilleure actrice. Un doublé qui confirme l’intérêt des professionnels pour le cinéma volontairement naturaliste et générationnel de Maren Ade, dans lequel la question des rapports de force entre les deux sexes et le difficile équilibre dans le couple se pose parfois avec maladresse, mais toujours avec acuité.

Il faudra malgré tout attendre sept ans pour que la cinéaste retourne derrière la caméra. Entre deux, elle travaille à plusieurs reprises avec le réalisateur portugais Miguel Gomes dont elle coproduit Tabou, Redemption et Les mille et une nuits. Elle accompagne également Schlafkrankheit (La maladie du sommeil) de son compagnon Ulrich Köhler et le très sensible Tanta agua des Urugayennes Ana Guevara et Leticia Jorge.

Toni Erdmann, son troisième long métrage en tant que réalisatrice, lui ouvre donc directement les portes de la compétition cannoise avec l’histoire a priori décalée d’un père cherchant à renouer avec sa fille qu’il accuse d’avoir perdu le sens de l’humour…En tant qu’outsider au milieu des habitués du tapis rouge, le film devrait apporter un peu de renouveau sur la Croisette, et, qui sait, créer une belle surprise. En contrepartie, Maren Ade prend le risque de déchaîner les haters de service, qui lui reprocheront secrètement de prendre la place d’un réalisateur (mâle) plus installé. Raison de plus pour être impatient de juger sur pièce.

Cannes 2016: Qui est Damien Bonnard?

Posté par vincy, le 12 mai 2016

Alain Guiraudie a du flair pour choisir ses acteurs. Pour Rester vertical, plutôt que d'enrôler des comédiens qui lui étaient familiers, il a opté pour un casting inédit, où l'on note la présence de Damien Bonnard. Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts, formé au Théâtre du soleil, entre autres, ce jeune quadra séduisant a commencé un peu sur le tard.

Au cinéma, on l'aperçoit d'abord en arrière plan chez Rachid Bouchareb (Hors-la-Loi), Bertrand Blier (Le bruit des glaçons), Pascal Chaumeil (Un plan parfait), Alice Winocour (Augustine). En 2013, il est repéré de manière plus frappante grâce au film de Virgil Vernier, Mercuriales.

Il est également très actif dans d'autres formats que le long métrage. Damien Bonnard tourne pour la télévision: Rapace (Claire Devers), Nicolas Le Floch, la série Paris... Côté courts, il tourne pour Sylvain Desclous (Le monde à l'enversMon héros, sélectionné à Clermont-Ferrand), Charlotte Le Bon (Modern Monster) et Hugo Rousselin (Pays rêvé, pays réelVirée), entre autres. Il apparait également dans des clips et des fictions radiophoniques.

Assurément, ce mois de mai 2016 n'est pas comme les autres. Outre Rester verticalen compétition à Cannes, il est au casting, dans un petit rôle, de Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin, sélectionné à Un certain regard et Vendeur, premier long métrage de Sylvain Desclous à l'affiche actuellement. Chez Guiraudie, il interprète un cinéaste en panne d'inspiration, s'enfonçant dans la misère, avec un bébé sur les bras et qui cherche son salut en essayant de rencontrer un loup en Lozère. Homme traqué, paumé, il trouve du réconfort chez des exclus de la société, qui le rejettent. Une atmosphère aux antipodes des deux autres films cités plus haut.

L'occasion de découvrir (enfin) ce comédien un peu à la marge, qui n'a jamais eu de grands rôles, mais, par fidélité ou exigence, a choisi, souvent, des chemins de traverse. Ici, son errance en France le met littéralement à nu.

Cannes 2016: Asghar Farhadi en compétition (et autres ajouts séduisants dans la sélection)

Posté par redaction, le 22 avril 2016

Pour ce 69e Festival de Cannes, ils sont désormais 21 en compétition pour la Palme d'or, avec le retour du cinéaste iranien Asghar Farhadi, qui est parvenu à terminé son film The Salesman, dans les temps.

Dans la section Un certain regard, c'est le britannique David Mackenzie (My Name Is Hallam Foe, Les poings contre les murs) avec Hell or High Water qui s'insère dans la liste, ce qui amènera, au passage Chris Pine, Ben Foster et Jeff Bridges sur les marches. Le Festival précise par ailleurs que le film égyptien de Mohamed Diab, Eshtebak (Cash) fera l'ouverture d'UCR.

En séances spéciales, le prix Goncourt Jonathan Littell fera l'événement avec un documentaire tourné au Congo, Wrong Elements. L'acteur Grégoire Leprince-Ringuet présentera son premier long-métrage, La forêt de quinconces, et le vétéran Karim Dridi, avec Chouf, son premier film en sept ans, s'ajoutent au programme.

Enfin, en séance de minuit, un nouveau film apparaît avec le thriller Blood Father de Jean-François Richet, avec Mel Gibson et Diego Luna. Hot, forcément.

Cannes 2016 : la Semaine de la Critique dévoile sa 55e sélection

Posté par MpM, le 18 avril 2016

Pour son édition anniversaire "50 + 5", la Semaine de la Critique propose une sélection riche de 10 longs métrages, dont 6 premiers films, et 15 courts et moyens métrages, sélectionnés parmi les 1500 courts et 1100 longs visionnés. En tout, dix-sept pays sont représentés avec une forte présence de l'Asie (Cambodge, Philippines, Taïwan, Singapour...) et de l'Europe du sud : Italie, Espagne, Grèce... et bien sûr Portugal, dont le dynamisme est visible à travers la sélection en compétition de deux courts métrages.

Bien que la Semaine fasse traditionnellement la part belle aux premiers films, on retrouve dans cette 55e sélection plusieurs réalisateurs qui sont loin d'être des inconnus. Ainsi, c'est Justine Triet (La bataille de Solférino) qui fait l'ouverture avec son deuxième long métrage Victoria qui compte Laure Calamy, Vincent Lacoste et Melvil Poupaud au générique. On retrouve également en séances spéciales Alessandro Comodin (L'été de Giacomo) et Jean-Christophe Meurisse de la compagnie Les chiens de Navarre ainsi que les nouveaux courts métrages de deux cinéastes confirmés révélés par la Semaine de la Critique : César Augusto Acevedo et Nadav Lapid.

Côté courts métrages, on retrouve des comédiennes passées pour la première fois derrière la caméra, Sandrine Kiberlain, Laetitia Casta et Chloë Sevigny, qui proposeront une séance de clôture pleine de fraîcheur. Enfin, la compétition longs métrages invite Julia Ducournau (dont le court métrage Junior avait été sélectionné par le comité court en 2011) et Davy Chou, qui passe à la fiction après l'étonnant documentaire Le sommeil d'or.

Séances spéciales longs métrages

Victoria de Justine Triet (France) - 2e film, film d'ouverture
Happy Times Will Come Soon d'Alessandro Comodin (Italie) - 2e film
Apnée de Jean-Christophe Meurisse (France) - 1er film

Compétition longs métrages

Albüm de Mehmet Can Mertolu (Turquie) - 1er film
Diamond Island de Davy Chou (Cambodge / France) - 2e film
Grave de Julia Ducournau (France) - 1er film
Mimosas d'Oliver Laxe (Espagne) - 2e film
Shavua ve Yom d'Asaph Polonsky (Israël) - 1er film
Tramontane de Vatche Boulghourjian (Liban) - 1er film
A Yellow Bird de K. Rajagopal (Singapour) - 1er film

Compétition court métrages

Arnie de Rina B. Tsou (Taïwan / Philippines)
Ascensão de Pedro Peralta (Portugal)
Campo de víboras de Cristèle Alves Meira (Portugal )
O Delírio é a redenção dos aflitos de Fellipe Fernandes (Brésil)
L’Enfance d’un Chef d'Antoine de Bary (France)
Limbo de Konstantina Kotzamani (Grèce)
Oh What a Wonderful Feeling de François Jaros (Canada)
Prenjak de Wregas Bhanuteja (Indonésie)
Le Soldat vierge d'Erwan Le Duc (France)
Superbia de Luca Tóth (Hongrie)

Séances spéciales courts métrages

* Séance 50+5
Myomano shel tzalam hatonot de Nadav Lapid (Israël)
Los pasos del agua de César Augusto Acevedo (Colombie)

* Films de Clôture
Bonne Figure de Sandrine Kiberlain (France)
En Moi de Laetitia Casta (France)
Kitty de Chloë Sevigny (États-Unis)

Cannes 2016: les films en compétition

Posté par vincy, le 14 avril 2016

Pour la première fois, le film de clôture sera la Palme d'or. Entre temps, vingt films seront en lice pour la prestigieuse récompense. Dont 13 réalisés par des cinéastes européens. La globalisation est d'ailleurs de plus en plus assumée avec des acteurs ou des réalisateurs traversant les frontières. Andrea Arnold filme aux Etats-Unis et Oliver Assayas retrouve Kristen Stewart. Xavier Dolan s'offre un casting français et Adèle Exarchopoulos tourne chez Sean Penn. Paul Verhoeven adapte un roman français avec des comédiens français et Park Chan-wook transpose un roman britannique.
Pour le reste, il y a peu de surprises. Trois des réalisateurs présents ont déjà eu la Palme d'or. Et hormis quelques un comme Maren Ade, Alain Guiraudie, Kleber Filho Mendonçan, Cristi Puiu et Paul Verhoeven, tous ont déjà connu la compétition (certains régulièrement, pour ne pas dire à chaque film).
Thierry Fremaux a du se justifier en conférence de presse. 1869 films reçus, 49 sélectionnés au total (de 28 pays), mais une Italie et une Russie presque absentes, aucun film chinois, un seul argentin et aucun mexicain, rien d'Inde. Et à côté de cela une forte présence roumaine, américaine, française, ... En fait ce qui importe ici ce sont ceux qui éventuellement manqueraient. Escalante? Scorsese? Bonello? Zlotowski? Kurosawa? Pas prêts, pas encore vus. Et il y aura sans doute quelques ajouts de dernière minute. Il reste un mois.
Le festival joue sur du velours avec de si grands noms, beaucoup de stars. On verra si cela fera un bon cru. En tout cas, les organisateurs ont décidé d'être plus avenants avec une soirée d'ouverture accessible aux accrédités(qui sont des râleurs patentés). 40000 accrédités (dont 4500 journalistes) seront confrontés à une météo imprévisible, un renforcement des normes de sécurité (Etat d'urgence oblige) et différentes perturbations sociales (intermittents, Nuit debout...). Le spectacle sera sans doute partout, et pas seulement sur les marches. mais ce qui compte c'est celui qui sera dans la salle.

Europe
Toni Erdmann de Maren Ade (Allemagne)
Julieta de Pedro Almodovar (Espagne)
American Honey d'Andrea Arnold (Royaume Uni)
La fille inconnue de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique)
Personal Shopper d'Olivier Assayas (France)
Ma loute de Bruno Dumont (France)
Rester vertical d'Alain Guiraudie (France)
Mal de Pierres de Nicole Garcia (France)
I, Daniel Blake de Ken Loach (Royaume Uni)
Bacalaureat de Cristian Mungiu (Roumanie)
Sieranevada de Cristi Puiu (Roumanie)
Elle de Paul Verhoeven (Pays-Bas)
The Neon Demon de Nicolas Winding Refn (Danemark)

Amériques
Juste la fin du monde de Xavier Dolan (Canada)
Paterson de Jim Jarmusch (Etats-Unis)
Aquarius de Kleber Mendonça Filho (Brésil)
Loving de Jeff Nichols (Etats-Unis)
The Last face de Sean Penn (Etats-Unis)

Asie
Ma' Rosa de Brillante Mendoza (Philippines)
Agassi de Par Chan-wook (Corée du sud)

Arras 2015 : Michèle Mercier, Jim Sheridan et 120 longs métrages venus du monde entier

Posté par MpM, le 4 novembre 2015

Arras 2015

Chaque automne, la tradition est désormais bien ancrée, et le public (parfois venu de loin) se presse en masse au Arras Film Festival pour découvrir des films venus du monde entier, proposant un joli panorama de la jeune création internationale, et notamment du cinéma européen. En 2014, plus de 38000 spectateurs avaient ainsi répondu présents à l'appel de la 15e édition qui avait couronné le film tchèque Fair Play (Sur la ligne) d'Andrea Sedlackova.

Cette année, plus de cent vingt longs métrages attendent les festivaliers et professionnels présents, parmi lesquels de nombreuses avant-premières françaises et européennes ainsi que deux rétrospectives thématiques : "l'Irlande, d'un conflit à l'autre" et "Braquages en tous genres". En ouverture, c'est Le grand jeu de Nicolas Pariser qui succède à La famille Bélier (avec le même succès à la clef ?) tandis que La vie est belge de Vincent Bal fera le clôture.

Côté avant-premières, on peut noter la présence de Je ne suis pas un salaud d'Emmanuel Finkiel, Je vous souhaite d'être follement aimée d'Ounie Lecomte, Argentina de Carlos Saura, Les chevaliers blancs de Joachim Lafosse, Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, Francofonia d'Alexandre Sokourov ou encore de "grosses pointures" américaines comme Legend de Brian Helgeland et même 007 Spectre de Sam Mendès.

Des films remarqués au dernier Festival de Cannes seront également de la partie, à commencer par Mia Madre de Nanni Moretti, Une histoire de fou de Robert Guédiguian, Je suis un soldat de Laurent Larivière, Le trésor de Corneliu Porumboiu, Soleil de plomb de Dalibor Matanic et Mountains may depart de Jia Zhang-ke.

Bien sûr, la compétition européenne sera l'un des principaux temps forts du festival, avec neuf longs métrages en lice pour l'Atlas d'or, qui sera remis par le jury présidé par la réalisatrice Laetitia Masson et composé des comédiens Antoine Chappey, Salomé Stévenin, Malik Zidi et du réalisateur slovène Boris Petkovic. Parmi les pays représentés, on retrouve l'Islande, l'Estonie, la Turquie, la Bulgarie et la Suisse. Par ailleurs, plusieurs focus géographiques permettront aux spectateurs de découvrir des inédits et avant-premières venus d'Europe de l'est et centrale (dont un focus sur les cinémas roumain et slovène).

Enfin, deux invités d'honneur viendront à la rencontre du public : le réalisateur, scénariste et acteur irlandais Jim Sheridan et la comédienne française Michèle Mercier. Des rétrospectives de leur oeuvre seront également présentées tout au long du festival.

En parallèle, ce 16e Arras Film Festival proposera un festival des enfants, des ciné-concerts ainsi que la suite de la rétrospective sur "La grande guerre" commencée en 2014. Et comme chaque année depuis 2008, Ecran Noir sera présent pour vous en faire vivre au quotidien les meilleurs moments, rencontres et découvertes !

______________

16e Arras Film Festival
Du 6 au 15 novembre 2015
Site de la manifestation

Dinard 2015 : retour sur la compétition

Posté par MpM, le 5 octobre 2015

Palmarès dinard 2015

Le palmarès du 26e festival de Dinard a braqué un peu artificiellement toute la lumière sur A couple in a Hole de Tom Geens, lauréat des prix du public et de la mise en scène ainsi que du Hitchcock d'or, plus haute distinction décernée par le grand jury. Pourtant, dans une compétition plutôt homogène, les cinq autres films en lice auraient tout aussi bien pu retenir l'attention des jurés, tant chacun avait une proposition thématique ou formelle à défendre. Retour sur cette compétition éclectique et dense.

Visiblement mieux produit que les autres, Kill your friends de Owen Harris raconte sans fausse note le parcours de Steven, directeur artistique dans une maison de disques, qui cherche à obtenir la promotion de ses rêves.

Cynique, exalté et surtout follement drôle, le film (adapté du roman de John Niven) bénéficie d'une mise en scène stylisée et chic qui rend le spectateur complice du personnage principal, et témoin de ses turpitudes aussi délirantes qu'immorales.

Cerise sur le space cake, Nicholas Hoult campe avec gourmandise ce personnage d'arriviste torturé et désabusé prêt à tuer père et mère pour réussir. Probablement ce qu'on a vu de plus abouti dans la compétition, à découvrir en salles le 2 décembre.

departureDans un autre registre, Departure d'Andrew Steggall est une chronique adolescente subtilement portée par le personnage central, un jeune Britannique fantasque et romantique (merveilleusement incarné par Alex Lawther, un nom à retenir) qui passe quelques jours en France pour aider sa mère à vider leur maison de vacances. La relation qu'il tisse avec un jeune Français plus brut de décoffrage est pleine de charme et d'humour.

Malheureusement, le film bascule dans sa 2e partie vers le drame inutile, et flirte presque avec le vaudeville. Sans parler de la fin qui, elle, frise le ridicule. Comme dans plusieurs films de la compétition cette année, le scénario de Departure manque de cohésion et reste inabouti, créant une grande déception tant il était maîtrisé dans sa première heure.

couple in a holeMême problème pour Couple in a hole qui propose des très beaux moments de cinéma avant de se perdre dans des poncifs sur le deuil et la culpabilité.

Si on aime très fort la première partie du film, presque mutique et en fusion totale avec la nature, la surenchère dans le drame lacrymal transforme peu à peu l'appréciation en agacement, voire en incompréhension.

A noter malgré tout que jury et public se sont retrouvés sur le film, qui réunit proposition esthétique presque radicale et émotions universelles.

Just JimAutre exemple de scénario qui perd le fil, Just Jim (première réalisation du jeune acteur Craig Roberts) raconte le quotidien morne de Jim, ado complexé qui est le paria de son lycée. Lorsqu'il rencontre Dean, un mystérieux Américain décidé à le rendre cool, tout semble devoir aller mieux... en apparence.

Souvent drôle et décalé, proposant quelques jolies idées de mise en scène, le film ne tient pourtant pas totalement ses promesses. Il échoue notamment à aller jusqu'au bout de son sujet, pas assez audacieux pour oser un finale plus radical.

The visitorsQuant à The violators d'Helen Walsch, il s'agit du seul film de la compétition qui mette en scène une jeune fille.  Shelly, une adolescente déscolarisée de 15 ans, essaye d'assurer un foyer stable et aimant à son jeune frère qui a été abandonné par sa mère. D'une grande beauté, elle fait la convoitise de tous les hommes du voisinage, dont certains sont prêts à tout pour l'ajouter à leurs tableaux de chasse...

Magnifiquement incarnée par la sublime Lauren McQueenil, cette héroïne ne manque ni de force, ni de volonté, et se défend avec beaucoup d’intelligence contre les prédateurs qui l'entourent. Elle porte et sa famille et le film sur ses épaules, sans pathos ni clichés. On ne peut hélas pas en dire autant du film lui-même qui souffre d'incohérences de scénario et de quelques grosses ficelles désolantes qui en font un objet assez inégal.

A noter qu'American hero de Nick love était lui aussi en course pour le Hitchcock d'or, mais présenté dans une version non définitive. De ce fait, il nous a été interdit d'en parler avant avril 2016.

Nous en profiterons donc pour mentionner à la place ce qui était probablement le meilleur film à Dinard cette année, mais qui figurait hors compétition,The survivalist de Stephen Fingleton. Ce premier long métrage perpétuellement sur le fil, qui flirte à la fois avec ultra-réalisme et fantastique onirique, se déroule dans une période terrible de famine et de pillages. Un homme survit au milieu des bois en cultivant une petite parcelle de terre, et en se protégeant de toute intrusion extérieure. Un jour, deux femmes affamées et épuisées débarquent chez lui et lui demandent de l'aide. Une oeuvre forte, violente et intense qui décortique le mécanisme fragile des rapports humains et propose une version minimaliste et épurée du film de survie post-apocalyptique. Un long métrage envoûtant qui n'a pas (encore) de distributeur, à l'image de quatre des six films en compétition, mais qu'il serait impossible de ne pas découvrir prochainement en France.

Cannes 2015: Qui est Valérie Donzelli ?

Posté par vincy, le 18 mai 2015

valerie donzelliC'est une habituée de la Croisette. Il y a quatorze ans déjà, Valérie Donzelli est révélée à la Quinzaine des réalisateurs avec son rôle dans Martha... Martha de Sandrine Veysset. Elle revient à la Quinzaine sept ans plus tard, en 2008, avec son deuxième court métrage, Il fait beau dans la plus belle ville du monde. Mais c'est en 2011 que l'actrice-scénariste-réalisatrice fait l'événement sur la Croisette, du côté de la Semaine de la critique avec La Guerre est déclarée. Inspiré par la vie du couple à l'écran et à la ville qu'elle forme avec Jérémie Elkaïm, le film insuffle son style rafraîchissant et vif à une histoire bouleversante, mais sans pathos. Le film est un succès en salles (plus de 800000 entrées) et récolte de nombreux prix dans les Festivals et six nominations aux César.

Nous voici en 2015 et Valérie Donzelli est en compétition, dans la cour des grands, avec Marguerite et Julien. On est très loin de ses précédentes réalisations puisqu'il s'agit d'un film historique (et romantique).

En plein XVIe siècle, Julien (Jérémie Elkaïm) et Marguerite (Anaïs Demoustier) de Ravalet, progénitures du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance, qui, avec le temps, se transformer en passion incestueuse dévorante. Scandale. Ils doivent fuir… Mais la société ne l'entend pas ainsi: ils sont jugés pour adultère et inceste, accusations qu'ils nient, et sont condamnés à la décapitation.

Donzelli et Elkaïm ont adapté un scénario écrit dans les années 70 à l’origine par Jean Gruault pour François Truffaut, dont elle est fan. A 42 ans, l'ancienne vendeuse vosgienne de chez Ladurée a réussi à s'imposer avec un style singulier. Dès son premier film en tant que réalisatrice, La Reine des pommes (2009), elle séduit et obtient le prix du public au Festival Premiers Plans d'Angers. En 2012, avec Main dans la main (et Valérie Lemercier en vedette), elle prend quelques risques formels et propose une comédie presque musicale où la danse fait figure d'allégorie. On doit aussi ajouter à sa filmographie le téléfilm Que d'amour!, adaptation du Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux avec les comédiens de la Comédie-Française, pour Arte.

Car s'il y a bien un fil conducteur dans ses films, c'est le couple et sa capacité à résister sur la durée, cette passion romanesque qui peut se confronter aux obstacles du quotidien ou de la société. Burlesque ou tragi-comique, le style allège toujours les drames qui couvent. Donzelli l'avoue régulièrement: le désir est essentiel, et l'amour est fusionnel: "Je ne suis pas très intelligente, pas analytique, je raisonne comme une casserole, je suis foutraque..." Elle est aussi gourmande, "de rencontres, de vie, d’amour". D'Albator à Marilyn, ses héros reflètent sa génération touche-à-tout, insatiable, contradictoire, capable de passer des Fragments d’un discours amoureux, de Roland Barthes à King Kong Théorie de Virginie Despentes, de Lolita de Stanley Kubrick à Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock

On retrouve cet éclectisme dans ses choix de comédienne. En tant qu'actrice, Donzelli a surtout été un second-rôle: Cette femme-là de Guillaume Nicloux, Qui a tué Bambi ? de Gilles Marchand, Le plus beau jour de ma vie de Julie Lipinski, Voici venu le temps d'Alain Guiraudie, L'Intouchable de Benoît Jacquot, Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Les Grandes Ondes (à l'ouest) de Lionel Baier, Opium d'Arielle Dombasle, Saint Laurent de Bertrand Bonello, Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse...

La seule chose qui pourrait nous inquiéter c'est son rapport au jeu. En lice pour la Palme d'or, cette mauvaise joueuse acceptera-t-elle de perdre? "Je suis même prête à tout pour gagner" avoue-t-elle... Elle a la carte dans le cinéma français, mais pour le coup, à Cannes, ce n'est pas elle qui a les cartes en mains.