Conte de fées au Havre : le retour du trio burlesque Abel, Gordon, Romy

Posté par MpM, le 25 juin 2010

A leur manière, les deux premiers films de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy étaient déjà des contes. L’iceberg sous forme de quête initiatique décalée, Rumba sur un mode plus doux-amer. Mais pour cette troisième collaboration cinématographique, le trio franco-belge-canadien spécialiste du burlesque s’attaque carrément au conte de fées en imaginant la rencontre entre Dom, veilleur de nuit, et Fiona, jolie fée qui voyage pieds nus et sans bagages. Le tout dans la ville du Havre.

"Nos tournées théâtrales nous ont souvent mené au Havre, expliquent les réalisateurs. Ville détruite et reconstruite, ville portuaire, ouvrière, hôte de l'omniprésent complexe pétrochimique, Le Havre a marqué notre imaginaire et alimenté, au fil des ans, notre désir d'y implanter un film. Et il s'avère que c'est un conte de fées. Fiona débarque dans la vie terne de Dom. Elle lui ouvre les portes d'un monde nouveau, nourri de mystère, de fantaisie, d'amour. Il en sera ainsi pour tous les personnages fragiles et démunis que Fiona croisera en cours de route."

Le tournage commencera le 2 août prochain et La fée (produit par Courage Mon Amour et MK2) devrait sortir au cours du deuxième semestre 2011. Probablement après avoir fait la tournée des festivals, à l'image de ses deux prédécesseurs, acclamés pour leur poésie burlesque et mélancolique.

Bouzkachi, le chant des steppes: un conte éclaté

Posté par geoffroy, le 23 février 2009

bouzkachiL'histoire: Ali et Oulougbey sont amoureux de la jeune Mohabat. Ne sachant lequel choisir, elle décide d'épouser le vainqueur du concours de Bouzkachi qui aura lieu à Boukhara. Les deux prétendants vont donc traverser montagnes et steppes pour s'affronter lors d'un combat équestre, plein de cris et de poussière. Tout au long du film, un poète et un peintre brodent, à leur manière, le fil conducteur de ce conte mystique des steppes de l'Asie Centrale.

Notre avis: Bouzkachi, le chant des steppes est un premier film étonnant. L’histoire, narrée dans la tradition orale du conte héroïque, survole avec allégresse les steppes d’Asie Centrale au côté de deux champions de Bouzkachi amoureux de la même femme, Mohabat. Promise à celui qui sortira vainqueur du tournoi de Bouzkachi où 300 cavaliers venus de différentes tribus se disputent la carcasse d’un jeune bélier, nous suivons tout à tour les deux prétendants cheminer vers Boukhara, ville où, non loin de là, se déroule le tournoi. Si le récit du réalisateur Jacques Debs est cohérent dans son cheminement, sa finalité descriptive et son esprit onirique, il s’alourdit inutilement par la juxtaposition de principes narratifs nombreux – mots, parole, dessins, musique – et parfois mal imbriqués.

Cette dispersion narrative s’explique, en partie, par le ton mi-documentaire, mi-fictionnel du film, comme si le cinéaste avait voulu nous emmener au-delà du réel, vers une contrée insaisissable garante des traditions ancestrales. Jacques Debs ne lésine pas sur les symboles et l’onirisme du grand poète farsi, Hâfez, répond ainsi aux dessins du peintre lituano-polonais, Stasys pour que la figuration s’élève dans un temps où passé, présent et futur s’imbriquent. Malgré l’effort du cinéaste, l’histoire de cette passion sous fond de jeu antique perpétué depuis des générations, n’arrive pour ainsi dire jamais à humaniser totalement les êtres dans leur destin de héros en communion avec la nature. Comme désincarnés, ils errent à la recherche de l’amour et s’enlisent dans une quête sans fin. Le film, lui, enchaîne dans un faux rythme un peu lassant, les passages documentaires parfois saisissants et les parties fictionnelles pas toujours utiles au propos du cinéaste.

Que reste t-il, alors ? Une langue belle et poétique, des traditions valorisées, des paysages somptueux, des visages singuliers et le tournoi de Bouzkachi à la mise en scène inspirée. Etonnant car dépaysant, Bouzkachi, le chant des steppes aurait sans doute gagné à moins de dispersion pour faire ressortir cette communion entre le terrestre et le céleste.

Histoires enchantées : le désenchantement

Posté par Morgane, le 21 décembre 2008

histoires enchanteesSynopsis : Skeeter Bronson travaille comme homme à tout faire dans un hôtel. Pour aider sa sœur, il accepte sans enthousiasme sur son neveu et sa nièce pendant une semaine. Avant qu’il ne s’endorme, il leur raconte des histoires inventées de toutes pièces, mélangeant sa propre vie et celle de son entourage. Mais lorsque mystérieusement elles deviennent vraies, Skeeter prend soudain conscience de l’importance des enfants de sa vie…

Ce que l’on en pense : Il est bien difficile de se laisser porter par l’univers "fantastique" dans lequel Adam Sandler et ses deux petits conteurs (en l’occurrence, son neveu et sa nièce) tentent de nous entrainer. Les mondes féeriques semblent en réalité très pauvres et collent bien souvent aux clichés du genre. Le héros finit inévitablement avec la belle jeune femme tandis que les gentils réussissent, in extremis, à prendre le dessus sur les méchants.

De plus, les contes ici présentés ont une morale parfois douteuse. L’argent y règne en maître ainsi que le leitmotiv "si on veut réussir on peut". Les hamburgers deviennent le repas des rois détrônant ainsi la détestable "malbouffe" à base de germe de blé, de soja et de riz. Puis peu à peu, le film se révèle être une véritable publicité géante à l’effigie de Disney (Buzz l’éclair par ci, Le Roi Lion par là…).

Mais ce qui rend Histoires Enchantées encore plus inaccessible réside dans l’univers froid de l’hôtellerie où se déroule l’action et l’aspect fade des parties imaginaires. Les mondes "rêvés" se situent dans l’Antiquité, au Moyen Age ou bien chez les cow-boys et les Indiens et manquent cruellement d’imagination. De plus, ces mondes, au lieu d’être un moyen magique de s’évader se révèlent avoir une utilité concrète dans le monde réel. En effet, Skeeter s’aperçoit bien vite de leurs répercussions dans sa vie et va les utiliser pour servir ses propres ambitions. Le rêve se trouve vite brisé et la magie s’envole loin, très loin du film.

Il n’y a guère qu’Adam Sandler et son jeu (même si on est bien loin de sa prestation dans Punch Drunk Love) ainsi que Globule, le cochon d’Inde des enfants, avec ses yeux exorbités et sa découverte des hamburgers et des chamallows, qui nous font sourire. La Monica (Courtney Cox), maniaque de la propreté dans Friends, fait également une impression cocasse et reprend ici du service en maman poule ne jurant que par la nourriture macrobiotique. Ces quelques aspects donnent un peu de pep’s au film mais il n’en reste pas moins que les histoires de l’Oncle Skeeter sont bien loin de nous enchanter.