Berlin 2011 : les mondes de Mindadze, Fiennes et Le Guay s’entrechoquent

Posté par MpM, le 15 février 2011

La collision d'univers ou de préoccupations opposés était un peu le maître-mot de cette quatrième journée de compétition.

Premier en lice, le russe Alexander Mindadze a trouvé le moyen de situer Innocent saturday le 26 avril 1986 sur le site de Tchernobyl et d'utiliser la catastrophe nucléaire comme une toile de fond légèrement grotesque plutôt que d'en faire le vrai sujet du film. C'est regrettable : cela aurait sans doute été plus intéressant que l'errance du personnage principal, qui a bien compris qu'il faut fuir, mais ne le fait pas. En revanche, il court beaucoup, boit encore plus et pratique même des solos de batterie. Le tout filmé caméra à l'épaule.

Dans la continuité, on a pu découvrir le premier long métrage de l'acteur Ralph Fiennes, Coriolanus (photo), une adaptation résolument moderne du Coriolan de Shakespeare. Moderne car située à notre époque et parsemée de scènes de guerre dignes de certains "actionners" musclés. Le texte original est là, mais le treillis remplace le costume d'époque, et certains thèmes abordés ont des résonances familières. Notamment la séquence d'ouverture (très réussie) où une foule mécontente réclame du pain devant un dépôt de blé gardé par l'armée. Les protestations et la répression qui les accompagnent évoquent immanquablement la Tunisie et l'Égypte tandis que les questions liées à la démocratie et à l'équilibre des pouvoirs gardent tout leur sens.

Présenté hors compétition, Les femmes du 6e étage de Philippe Le Guay s'empare quant à lui de la rencontre entre deux mondes que tout sépare (un patron bourgeois et sa domestique espagnole) pour en faire une fable drôle et humaniste. L'opposition entre les deux milieux n'est pas tant au coeur du film que leur rapprochement sincère et harmonieux, ce qui est plus intéressant.

Enfin, dernière collision de la journée, celle entre le planning de la Berlinale (qui propose plusieurs dizaines de films par jour) et l'état de fatigue des journalistes qui ne bénéficient pas du don d'ubiquité. Et là, en revanche, le choc peut faire des dégâts.