Edito: Les histoires vraies finissent mal en général

Posté par redaction, le 4 février 2016

Les biopics et les histoires inspirées de faits réels ont le vent en poupe. Steve Jobs et le clown Chocolat débarquent dans les salles cette semaine. L'an dernier ce fut American Sniper, Marguerite (certes très revisité), The Big Short, Joy, Les chevaliers blancs, Danish Girl, L'Affaire SK1, L'enquête, Spotlight, entre autres. Pour les acteurs, c'est un vecteur à prix: Dallas Buyers Club, Une merveilleuse histoire du temps, Lincoln, Harvey Milk, Le dernier roi d'Ecosse, Truman Capote, Ray, La dame de fer, La Môme, The Queen, côté Oscars, Yves Saint-Laurent, Intouchables, Gainsbourg vie héroïque, L'instinct de mort, Le scaphandre et le papillon, Séraphine côté Césars... Et ce n'est pas terminé: Free Love, Room, Sully, Trumbo, Genius, Racen Free State of Jones, Snowden, Truth, Florence Foster Jenkins, La danseuse, Neruda, parmi d'autres, sont programmés pour cette année. Et on vient de confirmer le casting pour un film sur Dalida. N'en jetez plus. Le cinéma aime les grands destins, les histoires "bigger than life". Peu importe le traitement, classique ou innovant, la biographie ou l'histoire vraie est un matériau qui séduit. Un grand personnage permet de vendre plus facilement un film. Une vie méconnue que l'on ressuscite entraîne la curiosité des médias (et l'intérêt des éditeurs).

On pourrait croire qu'il s'agit d'un manque de créativité. Que nenni. L'actualité ne manque pas de sujets. On a hâte de voir un film sur l'association Promouvoir et son combat d'arrière garde pour censurer des films comme Antichrist, La vie d'Adèle, Ken Park ou Bang Gang. On a hâte d'imaginer Firmine Richard sur une bicyclette jaune incarnant Christiane Taubira. On a hâte de s'émouvoir devant l'histoire de Jacqueline Sauvage, ou Vincent Lambert, et de savoir qui osera un film sur David Bowie. Les possibilités sont infinies. Une chose est certaine, on souhaite bon courage à celui qui voudra retracer la vie de Robert de Niro. Tout y est: le génie qui en fera une référence dans son métier, la gloire qui le conduira aux Oscars, les plus grands cinéastes, et la déchéance dans des films populaires indignes de son talent. Ce serait une belle parabole sur la manière dont Hollywood a évolué entre les années 70 et aujourd'hui, sur la façon dont on pactise avec le diable au nom des dollars du box office et sur les moyens pour un grand acteur de conserver son pouvoir de star. On aurait pu écrire la même chose sur un(e) homme/femme politique (au hasard Clinton). Mais c'est bien de l'industrie du cinéma qu'il s'agit. Les communicants, les agents, les avocats, les manipulations, les trahisons... Gangs de requins. Bobby, qui incarna le boxeur Jake La Motta dans un biopic fabuleux, se perd aujourd'hui dans des comédies du samedi soir, sans la fièvre.

Comme souvent, les histoires vraies finissent mal en général. De Niro, Chocolat, Steve Jobs et autre Dalida ne sont finalement que des tragédies modernes. Pas étonnant que le cinéma aime ça.

Azuelos organise une rencontre entre Marceau et Cluzet

Posté par vincy, le 16 mars 2013

Après Ainsi soient-elles en 1995 puis Comme t'y es belle (1 million d'entrées), LOL (3,6 millions d'entrées), son remake LOL US (un flop), Lisa Azuelos entame son cinquième long-métrage, Une rencontre.

Pour cette comédie romantique, elle y retrouve Sophie Marceau, sa star de LOL. Marceau jouera pour la première fois face à François Cluzet. L'acteur avait révélé l'information dans Le Parisien en novembre dernier : "[avec Sophie Marceau], on se connait depuis vingt ans et on se disait que ça serait bien si on faisait un film ensemble un jour. Et voilà que la réalisatrice Lisa Azuelos nous a écrit une très belle histoire d’amour qu’on fera au printemps 2013."

Le tournage débute lundi à Paris.

La scénariste (Classe Mannequin, 15 août) et productrice (Tout ce qui brille, Max) continue, en parallèle, de préparer son biopic sur Dalida, avec Nadia Farès. A l'origine le film devrait sortir cette année. On l'attend désormais pour 2014 au mieux. Elle devait également tourner Saint-Tropez, comédie chorale dont on n'a plus aucune nouvelle.

Nadia Farès sera Dalida pour Lisa Azuelos

Posté par vincy, le 17 février 2011

Un biopic de plus. Après Jérémie Renier en Claude François (si évident), voici Nadia Farès, actrice trop rare, en Dalida. Pathé distribuera le film, qui dans l'ombre est une coproduction de Betshabée Mucho (ça ne s'invente pas), Orlando (le frère et gardien du temple), Pathé et Les productions Martal.

Le film partira des origines égyptiennes (elle fut Miss Egypte) de la star jusqu'à son suicide en passant par son triomphe discographique international et sa filmographie (méconnue, et pourtant son plus beau rôle elle le doit à Youssef Chahine dans Le sixième jour).

La coscénariste Liza Azuelos, qui termine le remake américain de son succès LOL et qui doit réaliser St Tropez cet automne, n'est pas confirmée derrière la caméra. Le cinéaste qui sera choisi entamera le tournage en 2012. La sortie est prévue pour 2013. Le budget est solide (12 à 15 millions d'euros) et permettra de filmer le destin de la chanteuse en France, en Italie et en Egypte.

Youssef Chahine, fils du Nil, s’en va… (1926-2008)

Posté par vincy, le 27 juillet 2008

chahine.jpgSes Pyramides et sa signature introduisaient tous les films de son distributeur français, Pyramide. Youssef Chahine, le plus grand cinéaste d'Egypte, et sans doute l'un des plus grands du monde arabe, vient de mourir, le 27 juillet, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 82 ans. Une hémorragie cérébrale l'avait plongé dans le coma depuis plusieurs semaines.

Né le 25 janvier 1926 à Alexandrie, il étudiera le cinéma en Californie juste après la seconde guerre mondiale. Il réalise son premier film, Papa Amin, en 1950. Son dernier, Chaos, a été produit en 2007.

Dès 1951, il entamera une grande histoire d'amour avec le Festival de Cannes (six sélections). Si Berlin lui offre un Ours d'argent pour Alexandrie, Pourquoi ? (1978), c'est avec Le destin (1997) qu'il atteindra sa reconnaissance mondiale quand la présidente du jury, Isabelle Adjani, lui remettra le prix du 50e anniversaire du Festival de Cannes pour l'ensemble de son œuvre. Ce film, aux allures de fresque populaire, est inspiré de la vie du philosophe arabe (et tolérant) Averroès. Chahine, très fortement engagé politiquement, n'avait pas pu empêcher la censure de son film dans son propre pays. Le destin dénonce justement l'intégrisme et les conséquences de l'ignorance et de l'aveuglement. A l'époque, nous écrivions sur "cette poésie optimiste et révoltée" : "Ce film plein de vie bascule entre l'exubérance des sages, et la dureté froide des puissants. N'y cherchons aucune fidélité historique dans les paysages, retenons juste l'universalisme des messages, et fatalité des visages."
Notablement opposés au régime d'Hosni Moubarak, perpétuel président égyptien, mais surtout aux islamistes et aux fanatiques, rêvant d'un monde arabe éclairé et démocratique, ses films heurtaient la censure et provoquaient des embrasements dans son pays. Youssef Chahine dénonçait la bêtise et l'impasse de l'intégrisme.

Surtout ses films faisaient preuve, malgré, parfois, le manque de moyens, d'une véritable audace dans la forme, et surtout d'une fraîcheur revigorante. Il aimait les mélos et les musiques, flirtant ainsi avec un côté Bollywood dans certaines de ses œuvres. A l'instar de ces chanteurs de variété qui collent des rythmes dansants sur des textes graves... Cela ne l'empêchait pas de faire de grandes reconstitutions historiques (Adieu Bonaparte). De ses quarante films qui évoquent l'Egypte sous toutes ses coutures, de la misère à l'indépendance politique, on retiendra surtout sa trilogie autobiographique, tel un roman sur une Egypte disparue, d'avant guerre : Alexandrie, pourquoi ? (1978), La mémoire (1982) et Alexandrie encore et toujours (1989).

Figure de proue du cinéma égyptien, Youssef Chahine était davantage reconnu à l'étranger que dans son propre pays. La télévision égyptienne n'a fait que le strict minimum lors de l'annonce de sa mort, passée en deuxième plan dans la hiérarchie des informations. Il avait pourtant eu les honneurs d'une rétrospective complète à Locarno en 1996. Il avait même mis en scène Caligula d'Albert Camus à la Comédie Française en 1992.

Mythe du monde du cinéma arabe, marié à une française, honni par les "censeurs" de son pays, les artistes égyptiens n'ont pas hésité à louanger Chahine, rappelant qu'il avait découvert l'autre monstre sacré du cinéma égyptien : Omar Sharif. Il l'avait fait jouer dans Les eaux noires (1952). Il avait aussi magnifié Dalida peu de temps avant sa mort dans Le sixième jour (1986).

"Un cinéaste du tiers-monde n'est jamais assez engagé", racontait-il en 2007 dans Le Monde. "Chaque fois qu'il fait un film, il écrit trois scénarios: l'histoire qu'il veut raconter, l'éloge du gouvernement qui le commandite et le combat qu'il mène contre les adversaires politiques."

Espérons qu'il ait des héritiers, en Egypte et ailleurs...