Festival Lumiere 2017 : la solaire Tilda Swinton donne une masterclass rayonnante

Posté par Morgane, le 19 octobre 2017

Il est 11h30, la salle rouge de la Comédie Odéon (ancienne salle du circuit des CNP aujourd'hui transformée en salle de théâtre) est comble et Tilda Swinton, toute en blanc et noir, fait son apparition sous un tonnerre d’applaudissements.

L’ambiance est détendue et la conversation commence, animée par Yves Montmayeur… Une conversation dans laquelle Tilda Swinton se livre sans détours sur sa carrière, sa vision du cinéma, sa vision du métier d’actrice, son rapport à l’univers du cinéma…

Quand Yves Montmayeur lui parle de ses nombreuses facettes (actrice, scénariste, productrice, proche du milieu de l’art contemporain, mannequin…) et de son côté mystérieux en lui demandant si c’est une volonté de brouiller les pistes, elle répond du tac au tac qu’elle n’est aucune de ces choses-là. « Il n’y a aucune différence entre moi et chacun dans cette salle. Je ne suis professionnelle dans aucun de ces domaines. Si on est tous là c’est pour l’amour du cinéma. J’ai été élevée dans un monde où l’art nous appartient, où c’est quelque chose que l’ont fait. »

Tilda Swinton revient alors sur son désir d’écrivain, ses années théâtre à Cambridge et la rencontre dans les années 80 qui a changé sa vie, celle avec Derek Jarman, réalisateur anglais qui travaillait avec le BFI (British Film Institute) et deviendra son mentor. C’est son film, Caravaggio en 1986, qui révèle Tilda Swinton. Dans cet univers, cette "factory", « chacun se sentait à sa place car ce que l’on nous demandait avant tout c’est d’être nous-mêmes. »

Puis grâce à Derek Jarman qui l’a emmenée au Festival de Berlin, Tilda Swinton rencontre d’autres réalisateurs avec qui elle travaillera souvent par la suite. « Ce qui est fascinant c’est de rentrer réellement dans des univers particuliers », chose qu’elle a faite notamment avec Jim Jarmusch, Bong Joon-ho, Wes Anderson…

Elle a traversé de nombreuses frontières, travaillé avec des réalisateurs anglais, américains, coréen, mais pour elle cette classification n’a pas de sens, « il ne faut pas découper le monde en pays, en nationalités, mais en sensibilités. » Quand elle travaille avec quelqu’un c’est uniquement parce qu'elle en a envie. On sent qu’elle va vers un réalisateur, un rôle lorsque l’univers lui parle, lorsque la rencontre se fait. « Je suis très intéressée par les histoires de personnages qui atteignent un précipice », citant Orlando, Julia, Deep Water. Et par précipice Tilda Swinton entend ce moment-clé qui fait basculer la vie de quelqu’un, ce moment où l’on est obligé de sauter, où l’on n’a plus le choix. « Quand je suis le personnage principal, je deviens l’avatar du public pour vivre cette histoire. Pour vous entraîner vous public vers ce précipice. C’est très intéressant et c’est ce que j’aime faire. »

Pressés que nous sommes alors de retrouver ce sublime avatar dans le remake de Suspiria de Dario Argento (1977) dans lequel elle tient le rôle d’une musicienne muette et dont la bande-son (la musique étant extrêmement importante pour elle), nous révèle-t-elle, sera signée Thom Yorke.

Mais le temps file et même si on aurait aimé que cette discussion se poursuive encore, il faut laisser la place… c’est désormais au tour de Guillermo del Toro de venir donner sa masterclass. Bye bye à la « BFI’s baby » devenue grande dame d'un cinéma éclectique et ic^ne d'une pop culture parfois avant-gardiste. Bref, une actrice culte qui venait pour la première fois au Festival Lumière.

Le festival de films gays et lesbiens de Paris se dévoile

Posté par MpM, le 18 septembre 2008

Festival de films gays et lesbiens de ParisPour sa 14e édition qui se tiendra du 4 au 11 novembre prochains, le festival de films gays et lesbiens de Paris prépare une fête foisonnante en découvertes, surprises et sensations. C’est en tout cas ce qu’il semble à la lecture de l’avant-programme dévoilé cette semaine par les organisateurs. En plus des traditionnels inédits, avant-premières (dont celles de The Living End de Gregg Araki, Edward II de Derek Jarman et Les Prédateurs de Tony Scott avant leur reprise en copies neuves) et panorama, présentant notamment le "meilleur" de la production 2007-2008, la programmation fait en effet la part belle aux sections thématiques et aux rencontres.

On suivra ainsi avec curiosité les "Ecrans spéciaux" articulés en deux volets : "Kanbrik", qui propose documentaires, fictions et courts métrages abordant les liens entre Islam et Homosexualité en Iran, en Turquie ou encore au Maghreb ; et "Rock et bad GirrrlZ", une sélection de films musicaux bousculant "les codes classiques féminins" au travers de la figure mythique de la "bad girl". Des débats et des rencontres auront également lieu avec les réalisateurs, réalisatrices, auteurs de documentaires… sur des questions comme "éducation et homophobie" ou "l’avancée des droits en Europe".

Côté personnalités, les réalisateurs Bruce LaBruce (Skin Flick, The Raspberry Reich) et Vincent Dieutre (Une larme d'amour, Conversations avec Yaël André) viendront spécialement pour présenter leurs nouveaux films respectifs : Otto, or Up With Dead People (pour LaBruce), Despues de la Revolucion et EA2 (pour Dieutre) ; tandis que l’artiste Pascal Lièvre se verra offrir une carte blanche intitulée "eXstasis" dans laquelle il présentera quelques-unes de ses œuvres vidéo et de celles de ses invités plasticiens. L’occasion de "détruire joyeusement toutes les questions du genre afin d'en explorer les formes plus librement".

L’accent sera également mis sur le court métrage, "espace d’innovation et d’audaces cinématographiques", avec notamment la remise du Prix du Court Métrage Canal+ et le soutien à la création avec "Films Queers « Sacrés courts ! »", la diffusion d’œuvres spécialement réalisées pour le Festival. Enfin, comme dans tout festival qui se respecte, les séances spéciales ("La Nuit Gay Canal+" en avant-première, "Porn underground") et les fêtes (dont une soirée spéciale cabaret interlope au Divan du Monde) donneront le rythme et le ton de la semaine, avec, on l’espère, un petit supplément de folie et d’audace.

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14e Festival de films gays et lesbiens de Paris
Cinémas Le Rex et Le Latina, du 4 au 11 novembre 2008
Pour en savoir plus : le site et l'espace myspace du festival

« Théâtres au cinéma »

Posté par denis, le 20 mars 2008

Pour sa 19 ème édition, le Festival Théâtres au Cinéma réunis du 28 mars au 13 avril 2008 au Magic Cinéma de Bobigny (Seine-Saint-Denis) deux monstres sacrés du cinéma, Derek Jarman et Jean Cocteau, deux inventeurs fous qui dérangèrent à leur époque et qui encore de nos jours laissent des traces dans l’imaginaire artistique.

L’un est cinéaste, décorateur, poète, jardinier. L’autre est écrivain, peintre, cinéaste. Le premier dérange, le deuxième aussi. Il est anglais, lui est français. Les normes ne les intéressaient pas, ils étaient toujours là où l’on ne les attendait pas.

Porte-parole de l’underground des années 70 et chantre du postpunk, Derek Jarman a créé un univers sombre et poétique, mêlant histoire, problèmes sociaux, religion, sexualité. Ne pouvant se résoudre à l’intolérance et à la violence, il mis en scène des œuvres sulfureuses et oniriques où planaient l’amour pour le corps masculin et les dérives de la société anglaise. Entre voyages étranges et introspections artistiques, ses films sont des odes à la création et à la liberté. Jarman reste l’une des figures marquantes du cinéma anglais.

Aussi peu soucieux des contraintes morales de son époque, Jean Cocteau fut l’un de précurseurs du surréalisme. Poète avant tout, il copine avec les grands de l’époque, Marcel Proust, André Gide, Maurice Barrès, il laissa une œuvre pluri-artistique importante, dont tout le talent se retrouve dans ses classiques cinématographiques.

Deux cinéastes au parcours sans fautes, atypiques et géniaux, à découvrir ou redécouvrir.