Edito: To be (british) or not to be

Posté par redaction, le 28 septembre 2017

Le Festival du cinéma britannique à Dinard commence aujourd'hui. L'an dernier, tout le monde était sous le choc du Brexit. Depuis de l'eau a coulé dans la Manche, et les hésitations de la Première ministre, la détermination des négociateurs européens, les inquiétudes et incertitudes sur l'avenir du Royaume-Uni ont donné plutôt raison à ceux qui prônaient le maintien dans l'Europe.

Pendant ce temps là, le cinéma britannique continue d'être l'un des plus appréciés et respectés, dans les festivals et dans les salles. Bien sûr, il n'a pas forcément le succès des années 1990 quand les comédies sociales et drames d'époque envahissaient les palmarès et remplissaient les fauteuils. L'humour et l'élégance british n'ont pourtant pas disparu. Mais la nouvelle génération de cinéastes a plus de mal à s'imposer, toujours dans l'ombre des vétérans (Loach, Frears, Leigh, Boyle...). Il faut dire que le cinéma britannique est devenu presque schizophrénique pour ne pas dire tripolaire. Il y a un cinéma dramatique, plutôt d'auteur, souvent social. Des films coproduits avec la France ou les studios américains qui valorisent le patrimoine littéraire ou théâtral britannique. Et des grosses productions américano-anglaises destinées aux multiplexes.

Ce qui est intéressant à travers ces trois "familles" de film, c'est qu'il traduit l'esprit britannique du moment. Le regard juste sur une société morcelée, dure, précaire, à l'écart de la mondialisation. L'envie de retrouver une gloire culturelle perdue, tels la série The Crown par exemple entre perte de l'Empire et élan vers une société moderne, ou des films comme Le discours d'un Roi et Le Vice-Roi des Indes (et d'une certaine manière Dunkerque). Le fantasme d'être encore une puissance qui sauve le monde avec des super-agents comme James Bond ou ceux de Kingsman (au passage, ils collaborent toujours avec "l'ami américain" et jamais avec Interpol, Europol et les Européens, notamment parce que ces films sont davantage américains qu'anglais).

A l'exception des Bridget Jones (avec une actrice américaine pour incarner la plus célèbre des célibataires londonniennes), les comédies british, mixant drame, social et comédie, ont disparu de nos grands écrans. Certes, il reste de la fantaisie (Wallace & Grommit, Paddington) dans l'animation. Mais les Full Monty, Quatre mariages et un enterrement, Billy Elliot, Petits meurtres entre amis et autres The Snapper semblent loin.
Confident Royal (Victoria and Abdul), qui fait l'ouverture du Festival de Dinard, est presque une exception. Et une belle synthèse du cinéma britannique, alliant le rire, la fracture sociale (et "raciale"), l'Histoire et l'impérialisme. Le film de Stephen Frears, Le Vice-Roi des Indes, T2: Trainspotting et Kingsman 2 sont les quatre seuls longs métrages à se classer dans le les 50 premiers du box office anglais cette année. C'est dire l'effondrement du cinéma national. Il faut remonter à 2014 pour trouver deux cartons locaux dans le Top 10 (Paddington, The Inbetweeners 2).

Colonisé par le cinéma hollywoodien, le cinéma britannique ne peut compter que sur sa langue (qui lui facilite l'accès au marché nord-américain), la notoriété de ses acteurs (qui bénéficient de leurs rôles à Hollywood), de ses grands auteurs, et sur les festivals pour exister.

Au Festival de Karlovy Vary, Ken Loach a même prédit la fin du cinéma britannique: "Nous allons sortir de l’UE d’une façon ou d’une autre. Nos contrats de coproductions dépendent des travailleurs d’autres pays venant collaborer sur nos films au Royaume-Uni. Si ça devient très bureaucratique et compliqué, si nous quittons l’UE, ça rendra ce processus très difficile et il y a de bonnes chances que ça se produise." "Cela va freiner ces coproductions car elles deviendront trop lourdes" affirme-t-il.

Mais ne soyons pas aussi pessimiste que Loach. Malgré le Brexit, l'Europe cinématographique n'est pas prête à lâcher ses liens avec la patrie de Shakespeare, Hitchcock et des Beatles. Le Festival du cinéma européen des Arcs a ainsi choisi Andrea Arnold, trois fois Prix du jury à Cannes, comme présidente cette année. Le Festival des films d'histoire de Pessac sera sur le thème "So British !", avec une édition entièrement consacrée au Royaume-Uni.

En tant que Festival du cinéma britannique, Dinard va avoir le devoir d'être le village gaulois breton qui vient en aide aux "Bretons" pour résister à l'envahisseur américain et assurer la diversité cinématographique. Car en trente ans, derrière les Palmes d'or, Oscars et blockbusters, on voit bien que le cinéma venu d'Outre-Manche a perdu de sa "hype". "La nation britannique est unique à cet égard. Ils sont les seuls à aimer qu'on leur dise combien les choses sont mauvaises, à qui on aime se dire le pire" disait Churchill. Et si on regardait ce qu'il y avait de meilleur?

Dinard 2017 : jury, compétition et avant-premières

Posté par MpM, le 24 août 2017

Un peu plus d'un mois avant son ouverture le 27 septembre prochain, le Festival du Film britannique de Dinard a dévoilé la majeure partie de son jury et de sa programmation. Comme tous les ans, Ecran Noir vous le fera vivre de l'intérieur. Mais avant cela, on fait le point sur les grandes lignes de cette 28e édition.

Ouverture

C'est le nouveau film de Stephen Frears, Victoria and Abdul (Confident royal) qui aura les honneurs de la soirée d'ouverture à quelques jours de sa sortie officielle le 4 octobre. Une histoire vraie et inattendue qui réunit notamment Judi Dench, Ali Fazal et Eddie Izzard.

Jury

On connaissait déjà le nom de la présidente du jury, Nicole Garcia. On sait désormais qu'elle sera accompagnée de Roger Allam (acteur), Philippe Besson (écrivain, scénariste), Valérie Donzelli (réalisatrice, actrice), Annette Dutretre (monteuse), Vincent Elbaz (acteur), Annette Lévy-Willard (romancière, journaliste), Alice Lowe (réalisatrice, actrice), Clémence Poésy (actrice), Michael Ryan (producteur, vendeur), Mélanie Thierry (actrice).

Compétition

Six longs métrages sont en compétition : A Prayer Before Dawn (Une Prière avant l’aube) de Jean-Stéphane Sauvaire, God’s Own Country (Seule la terre) de Francis Lee, England is mine (Steven before Morrissey), de Mark Gill, Daphne de Peter Mackie Burns, Jawbone de Thomas Napper, Pili de Leanne Welham.

Avant-premières

Une vingtaine de films sont présentés en avant-première et en compétition : The Killing of a Sacred Deer (La Mise à mort du cerf sacré) de Yorgos Lanthimos, The Bookshop de Isabel Coixet, Butterfly Kisses de Rafael Kapelinski, A Date for Mad Mary de Darren Thornton, Final Portrait de Stanley Tucci, In Another Life de Jason Wingard, The Levelling de Hope Dickson Leah, The Limehouse Golem de Juan Carlos Medina, Mammal (Margaret) de Rebecca Daly, Mum’s List (Quelques mots d’amour) de Niall Johnson, Patrick’s Day de Terry McMahon, Sea Sorrow de Vanessa Redgrave, The Sense of an Ending de Ritesh Batra, Their Finest de Lone Scherfig, The Death of Stalin de Armando Iannucci, That Good Night de Eric Styles.

Hommages

Cette année, trois personnalités seront à l'honneur : le comédien Jim Broadbent, l'acteur et réalisateur Phil Davis et le réalisateur Christopher Smith. Tous trois seront présents pour une rencontre avec le public à l'issue d'une des projections.

Courts métrages

Pour la 2e année consécutive, une compétition de courts métrages est également organisée. Elle réunit 11 films : Ghosted de Nev Pierce, The Nest de Jamie Jones, Domestic Policy de Alicia MacDonald, Edith de Christian Cooke, Dear Marianne de Mark Jenkin, The Party de Andrea Harkin, Bad Advice de Matthew Lee, White Riot : London de Rubika Shah, The Driving Seat de Phil Lowe, Homegrown de Quentin Haberham, We Love Moses de Dionne Edward.