Cannes 2016: Nos retrouvailles avec Nicolas Cage

Posté par vincy, le 20 mai 2016

Il est loin le temps où Nicolas Cage nous emballait en amoureux passionné dans Sailor & Lula (Palme d'or), enchaînant les rôles romantiques et un peu déjantés chez tonton Coppola (Peggy Sue s'est mariée), les Coen (Arizona Junior), Norman Jewison (Eclair de lune), Mike Figgis (Leaving Las Vegas). Il y a 20 ans, l'acteur égérie d'un certain cinéma américain, pas forcément propre sur lui, a fait le choix de se compromettre dans des blockbusters hollywoodiens. Sexe, drogue, belle bagnole. La tentation du fric était grande. Le flambeur Cage, pas forcément belle gueule, mais acteur attachant a donc musclé ses biceps pour des films d'action de Michael Bay, Simon West, John Woo (le bon Volte/Face), Brian De Palma (le bon Snake Eyes), Joel Schumacher, Dominic Sena, Ridley Scott... On est évidemment un peu injuste car l'acteur a quand même fait un tour de New York chez Martin Scorsese et s'est dédoublé chez Spike Jonze. Mais depuis les années 2000, les navets deviennent plus importants que les bijoux (Lord of War faisant exception en 2005). De Benjamin Gates au remake de Bad Lieutenant, de Bangkok Dangerous à World Trade Center en passant par L'Apprenti sorcier et un nombre incroyable de séries B de type Ghost Rider, on l'avait perdu.

De temps en temps, il revient avec un beau rôle (Joe, de David Gordon Green, 2013). Et le plus souvent ses films sortent directement en vidé. pas un seul hit depuis 2007. Pas un seul démarrage honnête depuis 2012. Pourtant, ce lecteur de Jules Verne et de comics assume ses choix cinématographiques -) SF, fantasy, horreur, polars...-, ces "merdes" et n'a jamais arrêté de tourner. Il a même réussi à trouver quelques beaux personnages à défendre. On le croit toujours à terre et on salue à chaque fois une forme de rédemption. "Je me demande si le tournant n'a pas été Ghost Rider, un motard vendant son âme au diable. Une merde encore, qui avait le mérite de dire quelque chose de moi, avant que je traverse, plus tard, ma propre filmographie en fantôme" expliquait-il dans une interview il y a deux ans.

Consommateur compulsif qui s'achetait yachts, châteaux et belles voitures, collectionneur dans l'âme, il a été ruiné par le fisc américain. De quoi là aussi produire un déclic. Il a cherché de nouveaux projets, des films dignes. Le voici en clôture de la Quinzaine des réalisateurs avec Dog Eat Dog de Paul Schrader. Un film noir qui le remet dans la lumière avant qu'on ne le (re)découvre dans Snowden d'Oliver Stone et quelques autres films divers (comédie, guerre, thriller). A 52 ans, Nicolas Cage se dit qu'il a encore quelques bons films à faire, entre deux "merdes".