Cannes 2015 : Catherine Deneuve, Julianne Moore, Benjamin Millepied lancent les festivités

Posté par kristofy, le 13 mai 2015

© LJ

Le 68e Festival de Cannes est officiellement lancé avec, devant le parterre de stars mondiales, un film français à l’honneur : La tête haute d'Emmanuelle Bercot.

Lambert Wilson qui avait été maître de cérémonie l’année dernière retrouve pour la deuxième fois dans ce rôle, son speech en français avec des "slices" d'anglais est tout aussi classe (tout comme son costume queue de pie). Une nouvelle fois, il n’est pas resté figé derrière un micro, s'octroyant un moment au milieu du public. L’année dernière, il avait fait valser Nicole Kidman, et cette année il a demandé à tous de fermer les yeux sur un souvenir de cinéma.

"Cannes est une femme !" L’actrice de cinéma est le symbole de "l’amour au cinéma". Et le cinéma met en lumière la femme, une petite allusion politique à propos de certains endroits du monde où la femme est brimée ou pire encore. Dans son discours, Lambert Wilson réfute d’ailleurs l’expression "cinéma de femme", tout en saluant la réalisatrice Emmanuelle Bercot qui en fait la démonstration en ouverture.

"Est-ce que ça fait mal l’amour ?" La question de François Truffaut dans le film La sirène du Mississipi sera l’allusion pour que toute la salle témoigne à Catherine Deneuve son amour avec des applaudissements.

Avant la présentation du jury emmené par les présidents Ethan et Joel Coen, une scénographie autour du film La Sortie l'usine Lumière à Lyon avec la musique de Vertigo (Sueurs froides) et une chorégraphie de Benjamin Millepied, mari de Natalie Portman, soit un tableau de 5 minutes avec 17 danseurs.

C’est une femme qui dira enfin la traditionnelle formule "Je déclare le festival ouvert" : Julianne Moore était présente pour cette conclusion (et recevoir en même temps son prix d’interprétation que le jury de l’année dernière lui avait attribué pour Maps to the stars de David Cronenberg).

Une phrase en particulier fera rimer et résonner à la fois cinéma et actualité : "Lorsque la liberté aura déserté le monde, il restera toujours un ou une cinéaste pour en rêver."

Cannes 2015: Qui est Emmanuelle Bercot ?

Posté par MpM, le 12 mai 2015

emmanuelle bercot

Presque quinze ans que l’on attendait ça : voir Emmanuelle Bercot briller au firmament. Mais cela valait le coup d’attendre, puisqu’elle s’annonce d’ores et déjà comme la personnalité incontournable de ce 68e Festival de Cannes. Réalisatrice, scénariste et comédienne, elle défendra en effet ses trois casquettes durant la quinzaine en ayant les honneurs de l’ouverture avec son long métrage La tête haute et ceux de la compétition officielle avec celui de Maiwen, Mon roi, dans lequel elle tient le rôle principal.

Longtemps, pourtant, on a pensé qu’Emmanuelle Bercot se plaisait en marge du système. Immédiatement remarquée avec son premier court métrage (Les vacances, prix du jury à Cannes en 1997), confirmant la première impression avec son moyen métrage de fin d’études à la FEMIS (La puce, 1999) puis donnant toute la mesure de son talent avec son premier long métrage (Clément, présent à Un Certain regard en 2001 et distingué par le Prix de la jeunesse), elle semble pourtant rester un peu dans l’ombre. Pendant plusieurs années, elle tourne surtout des courts métrages et des téléfilms. Poursuit en parallèle une carrière d’actrice en dents de scie, commencée dans les années 90 (Etat des lieux de Jean-François Richet, Classe de neige de Claude Miller, Ca commence aujourd’hui de Betrand Tavernier…) Renoue avec son actrice fétiche Isild Le Besco à l’occasion de Backstage.

C’est paradoxalement lorsqu’elle décide de confier son scénario à une autre que les médias et le public semblent enfin la (re)découvrir. Polisse, qu’elle a coécrit avec Maïwenn, remporte le prix du jury à Cannes en 2011 ainsi que deux Cesar (meilleur espoir féminin et meilleur montage) et une foule de nominations. Coup double pour Emmanuelle Bercot qui, en plus de l’avoir écrit, joue dans le film. Le grand public se familiarise avec son nom et son visage et la plébiscite (sans forcément le savoir) dès l’année suivante en se rendant en masse dans les salles pour voir Les infidèles dont elle signe un des sketches les plus intéressants.

C’est toutefois avec son film suivant, Elle s’en va, que la réalisatrice prend définitivement son envol. Sélectionné à Berlin, le film attire presque 400 000 spectateurs et signe la première collaboration d’Emmanuelle Bercot avec l’une de ses actrices favorites, Catherine Deneuve, qu’elle retrouve deux ans plus tard dans La tête haute, et dont elle disait en 2013 : "Elle a été successivement la mère, la sœur, l’amie que je voulais avoir. Elle a participé à l’image que je me fais de ce que c’est d’être une femme."

Elle qui a su filmer comme personne la pré-adolescence et les amours borderline (tarifiés, entre enfants et adultes, entre fan et idole…) en vient peu à peu à imposer son regard singulier dans le paysage cinématographique contemporain. On ne lui fera pas l’affront de juger son travail par le prisme de son genre, mais force est de reconnaître qu’elle est seulement la deuxième femme à "faire l'ouverture" du Festival de Cannes avec un film qu'elle a réalisé. C'est sûr, il faudrait plus de cinéastes comme Emmanuelle Bercot. Elle-même se semble pas vraiment se poser la question. Dans ses films, hommes et femmes se partagent l'affichent, souvent en duos peu orthodoxes. Un gamin avec une femme plus âgée dans Clément, l'inverse dans La puce, une différence d'âge encore plus importante entre les deux personnages d'Elle s'en va et de La tête haute... Inutile de chercher un système, des revendications cachées, ou pire, cet horrible "cinéma de femmes" que certains s'entêtent à étiqueter. Chez Emmanuelle Bercot, il y a une certaine forme de réel, une urgence inspirée de l'air du temps, des récits ancrés dans le quotidien, en un mot du cinéma (tout court), ni plus ni moins que chez ses collègues masculins.

Cannes 2015: La tête haute d’Emmanuelle Bercot en ouverture du Festival

Posté par redaction, le 13 avril 2015

Pour la première fois depuis 1987, le Festival de Cannes mettra à l'honneur une réalisatrice pour son Ouverture. Emmanuelle Bercot (Elle s'en va) présentera en avant-première mondiale La Tête haute le 13 mai prochain. Le film sortira le même jour en France.

Tourné dans le Nord Pas de Calais, en Rhône-Alpes et en Ile de France, le film réunit Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier, et le jeune Rod Paradot qui interprète le personnage principal.

La Tête haute raconte le parcours éducatif de Malony, jeune délinquant, de l’enfance à l’âge adulte, qu’une juge des enfants (Deneuve) et un éducateur (Magimel) tentent de sauver.

"Le choix de ce film pourra paraître surprenant au regard des codes généralement appliqués à l’Ouverture du Festival de Cannes . C’est évidemment le reflet de notre volonté de voir le Festival commencer avec une œuvre différente, forte et émouvante. Le film d’Emmanuelle Bercot dit des choses importantes sur la société d’aujourd’hui, dans la tradition d’un cinéma moderne, pleinement engagé sur les questions sociales et dont le caractère universel en fait une œuvre idéale pour le public mondial qui sera au rendez-vous à Cannes" a déclaré Thierry Frémaux, Délégué général du Festival.

© lux roux

A Cannes, Emmanuelle Bercot a reçu le Prix du jury pour son court métrage Les Vacances en 1997 puis un Deuxième Prix de la Cinéfondation pour La Puce, en 1999. En 2001, son premier long métrage, Clément, dans lequel elle tient le rôle principal, est sélectionné à Un Certain Regard. Elle est revenue à Cannes en tant que co-scénariste de Polisse de Maïwenn, Prix du jury en 2011.
En tant que réalisatrice, elle signe Backstage (2004), un segment de Les Infidèles et Elle s'en va, en compétition à Berlin en 2013. On l'a aussi vue comme comédienne dans des films tels que La Classe de neige de Claude Miller (Prix du jury à Cannes), Ça commence aujourd'hui de Bertrand Tavernier, À tout de suite de Benoît Jacquot, Carlos d'Olivier Assayas (hors -compétition à Cannes) et elle sera à l'affiche de Mon Roi, le prochain film de Maiwenn.

« French touch »: 10 films français qui aiment la musique

Posté par kristofy, le 24 novembre 2014

Avec Eden à l'affiche qui revient sur près de vingt ans de musique électronique, la fameuse « French Touch » musicale, à travers la vie d'un DJ, c’est l’occasion de (re)voir des films (mé)connus où la musique y est autant présente qu’un personnage principal.

L’occasion de constater que la musique en tant que phénomène de société avec ses rites et ses personnages a été trop rarement un sujet de film en France. Bien évidemment notre cinéma produit des biopics sur nos voix les plus célèbres comme Edith Piaf et La Môme (d’ailleurs Marion Cotillard était déjà devenue chanteuse dans Les jolies choses), Serge Gainsbourg et Gainsbourg vie héroïque, Claude François et Cloclo, et prochainement Dalida (avec Nadia Farès dirigée par Lisa Azuelos). Certes, la chanson de variété arrive dans 8 femmes, un voyou découvre le piano dans De battre mon cœur s’est arrêté, on joue au sosie d’une vedette dans Podium, mais la musique a très rarement le premier rôle.

10 films français qui aiment la musique :

Cléo de 5 à 7 de Agnès Varda : Cléo est une jeune chanteuse qui craint d'être atteinte d'un cancer, le film la suit dans son errance avant d’aller chercher le résultat d’un examen médical, durant presque deux heures presque en temps réel. 4 chansons du film ont été écrites par Agnès Varda et mises en musique par le compositeur Michel Legrand, qui y fait également l'acteur.

Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy : C’est la Palme d’or du Festival de Cannes en 1964. Les dialogues en chanson sont de Jacques Demy mises en musique par (toujours) Michel Legrand. On y entend peu la véritable voix des acteurs principaux (Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo,...) qui sont doublées par de véritables chanteurs. Le film est entièrement chanté, en-chanté même selon Demy, et témoigne de l’époque du début des années 60 avec les situations conflictuelles d’un jeune homme qui a dû partir faire la guerre en Algérie et une jeune-fille enceinte avant d’être mariée… A noter que Catherine Deneuve s’impose là comme une actrice de premier plan, et que bien plus tard, elle chantera et dansera de nouveau dans un autre film musical qui gagnera une autre palme d’or : Dancer in the dark de Lars Von Trier.

Désordre de Olivier Assayas : Le premier long-métrage d'Assayas (récompensé au festival de Venise en 1986) est aussi son film le plus imprégné de musique. Les jeunes membres d’un groupe de rock pénètrent par effraction dans un magasin pour voler des instruments mais ils provoquent la mort du gérant. En même temps que les personnages grandissent et deviennent adultes, on assiste à la fin de leur passion de jouer ensemble. Olivier Assayas parvient à capter l’esprit des années 80 en pleine mutation musicale, et on peut y voir le chanteur Etienne Daho, symbole de la nouvelle pop française de l'époque.

On connaît la chanson de Alain Resnais : Le scénario est l’œuvre du couple Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, également acteurs dans le film en compagnie de la bande habituelle de Resnais : Sabine Azéma, André Dussollier, Pierre Arditi, Lambert Wilson… L’histoire de différents couples qui se cherchent alterne entre dialogues de fiction et dialogues chantés en play-back. Ils reprennent les refrains les plus populaires de la chanson française. Les paroles les plus connues d'Aznavour, Dutronc, Gall, Sardou, Bécaud, Bashung, Sheila, Bashung, Souchon, Gainsbourg, Hallyday deviennent donc les dialogues des acteurs. Le film a gagné plusieurs César: meilleur film, meilleur scénario, meilleur acteur, meilleur acteur dans un second-rôle, meilleure actrice dans un second-rôle, meilleur montage, meilleur son ; cette compilation de tubes a fait un carton.

Héroines de Gérard Krawczyk : C’est devenu un film culte surtout parce qu’il est devenu quasiment introuvable en vidéo, mais le revoir aujourd’hui montre surtout ses imperfections. Jeanne compose à la guitare et chante avec sensibilité et Johanna l'accompagne. Mais les circonstances font qu’elles ne peuvent se présenter en tant que duo à un concours de talents. C’est la belle extravertie Johanna qui sera sur scène tandis que en coulisse c’est Jeanne qui chante vraiment. Enregistrement d’un disque, passage à la télévision, tournées de concert, et toujours Johanna dans la lumière en tant que starlette alors qu'elle fait semblant de chanter en playback. Leur amitié va devenir de plus en plus fragile au fur et à mesure que Johanna se prend au jeu de la célébrité tandis que leur entourage fera tour pour cacher le secret de leur imposture… On est en 1997 bien avant le phénomène de télé-réalité, et voici un film qui préfigure le star-system people des années 2000. La vedette c’est Virginie Ledoyen et dans l’ombre une véritable chanteuse Maïdi Roth. À noter un petit rôle pour le chanteur Serge Reggiani.

Jeanne et le Garçon formidable de Olivier Ducastel et Jacques Martineau : Depuis une trentaine d’années et Jacques Demy, il n’y avait plus eu de film en forme de comédie musicale, l’acteur ici est d’ailleurs son fils Mathieu Demy , face à Virginie Ledoyen, décidément inspirée quand elle joue les chanteuses (ici en playback doublée par une autre, elle chantera plus tard réellement dans 8 femmes de François Ozon). L’histoire est celle de Jeanne qui rencontre Olivier, ils s’aiment mais lui est séropositif… Le film dramatique est traversé de multiples scènes chorégraphiées et chantées, tout en abordant la maladie du Sida et les manifestations de l’association Act-up.

Foon de Les Quiches : Les Quiches sont une bande de 5 actrices et 3 acteurs qui faisaient tous ensembles des courts-métrages et des sketchs. Une parodie de la comédie musicale West side story les amènent à ce long-métrage écrit à 8 et co-réalisé à 4. Être foon ou pas foon, that is the question, les dialogues et chansons du film ont pour originalité d’être en franglais avec de nombreuses expression english. Foon est une comédie délirante qui parodie les codes des films américains de lycées avec en ligne de mire le fameux bal de promo de fin d’année et de nombreux numéros dansés et chantés. Le succès n’a pas été au rendez-vous au ciném,a malheureusement pour eux. A noter que depuis une actrice est devenue chanteuse du duo Brigitte, que le compositeur des musiques du film est aujourd’hui derrière le groupe Lilly Wood and the The Prick, et que l'un des réalisateurs vient de faire un clip pour la chanteuse Hollysiz

Backstage de Emmanuelle Bercot : Une adolescente est fan d’une célèbre chanteuse, qu’une émission de télé va faire arriver chez elle quelques minutes. La rencontre se passe mal, mais la fan va aller  chez la chanteuse et devenir une proche assistante dans son entourage… La fan c’est la troublante Isild Le Besco et la chanteuse, c’est Emmanuelle Seigner en clone de Mylène Farmer. Le film (sélectionné au festival de Venise) montre la curieuse frontière du phénomène entre une fan et son idole, entre une chanteuse et ses fans, avec une dépendance plutôt nocive. Emmanuelle Seigner, depuis, a enregistré des albums et s'est imposée parmi les chanteuses françaises reconnues.

Quand j’étais chanteur de Xavier Giannoli : Un chanteur de bal populaire, qui se produit ici ou là, rencontre une jeune mère célibataire…, ou comment le titre d’une chanson de Michel Delpech et le chanteur de bal Alain Chanone vont inspirer un film avec Gérard Depardieu et Cécile de France (en compétition au Festival de Cannes). Les scènes de bal font entendre des chansons Julio Iglesias, Sylvie Vartan, Serge Gainsbourg, Daniel Guichard, Dalida, Michel Fugain… avec le pouvoir de rapprocher des cœurs. Un hymne à la variété.

Les chansons d’amour de Christophe Honoré : La plus émouvante association entre Christophe Honoré derrière la caméra et Alex Beaupain à la composition des musiques. Ismaël aime Julie et Alice. Un ménage à trois qui se complique quand Erwan tombe amoureux de Ismaël… Les chansons sont autant de récits de différents troubles amoureux dont elles sont le fil conducteur. Le film (en compétition au festival de Cannes) fait de multiples clins d’œil à ceux de Demy dont Les Parapluies de Cherbourg, évidemment...

Berlin 2013 : la France envoie Huppert, Binoche, Deneuve… et des films sur l’enfermement

Posté par MpM, le 13 février 2013

binocheTrio gagnant pour le cinéma français : en l'espace d'une semaine, trois de ses plus grandes ambassadrices auront foulé le tapis rouge berlinois pour le plus grand bonheur de la presse internationale et du grand public. Réunir dans une même édition Isabelle Huppert (La religieuse de Guillaume Nicloux), Juliette Binoche (Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont) et Catherine Deneuve (On my way d'Emmanuelle Bercot), même le Festival de Cannes aurait de quoi être un peu jaloux. D'ailleurs, nos trois comédiennes éclipseraient presque les (rares) Américaines à avoir fait le déplacement.

Curieusement, le hasard de la sélection et du planning font que les deux films français présentés jusqu'à présent en compétition ont beaucoup en commun. D'abord, tous deux s'inscrivent presque malgré eux dans l'histoire du cinéma français. La religieuse de Guillaume Nicloux arrive en effet après celle, magistrale, de Jacques Rivette. Pauline Étienne marche donc dans les pas d'Anna Karina, inoubliable Suzanne Simonin, à laquelle on ne peut cesser de penser. La jeune actrice est convaincante, apportant à la jeune religieuse une vitalité et une modernité très spontanées. Elle n'efface pas Anna Karina et son masque de douleur muette, martyr opprimée dans sa chair comme dans les tréfonds de son âme, mais offre une relecture sensible du personnage.

Bruno Dumont, lui, situe son film après celui de Bruno Nuytten dont il est en quelque sorte la suite et la conclusion. Juliette Binoche reprend quasiment le rôle là où Isabelle Adjani l'avait laissé, interprétant une Camille Claudel mature et presque apaisée dont le visage est le théâtre de toutes les émotions humaines. Sa composition est aussi habitée que la précédente, mais dans un registre totalement différent, incomparable. Le scénario exige d'elle une immense retenue corporelle, voire une douceur qui se mâtine parfois d'angoisse ou de douleur. Son regard semble alors le dernier siège du feu intérieur qui la brûlait. Ce regard qu'elle porte sur le monde et sur ceux qui l'entourent, observatrice insatiable de la réalité et des merveilles qu'elle peut engendrer.

Toutefois, au-delà du clin d'œil cinématographique, La religieuse et Camille Claudel 1915 sont surtout deux histoires de femmes empêchées, deux destins contrariés, contraints à l'enfermement, et aspirant à la liberté. Dans les deux cas, la foi catholique sert de caution morale, si ce n'est de prétexte, au confinement dans lequel on les tient. Une foi bafouée par ceux-là mêmes qui prétendent la défendre : d'un côté la mère supérieure du couvent qui veut inculquer vocation et amour de Dieu par la force et la violence, de l'autre l'écrivain Paul Claudel tout infatué de sa foi profonde et mystique, mais incapable de faire preuve envers sa sœur de la plus élémentaire charité chrétienne.

La folie dont on accuse les deux femmes trouve systématiquement son reflet hideux et déformé dans le comportement de ceux qui les dénoncent. La cruauté vengeresse de la première mère supérieure, la passion échevelée de la deuxième, l'exaltation mystique de "l'illuminé" Paul Claudel sont autant de manifestations d'une instabilité mentale bien plus dangereuse et néfaste que celle d'une religieuse cloîtrée contre son gré ou d'une grande artiste que l'on enferme arbitrairement avec des malades mentaux. L'atteinte impardonnable que l'on fait à leur liberté, et donc à leur existence, le climat d'oppression dans lequel on les maintient, l'injustice criante qui les frappe les condamnent donc à mourir à petit feu, ne serait-ce que de désespoir.

Curieux, comme deux films aux ambitions esthétiques, stylistiques et même cinématographiques aussi dissemblables en arrivent au final à créer le même climat anxiogène et presque claustrophobe. Peut-être est-ce là la grande universalité du cinéma. Car bien que les époques et les circonstances soient différentes, bien que le rapprochement entre les deux histoires ne soit dû qu'au hasard, les destins de Suzanne Simonin et de Camille Claudel demeureront désormais intimement et inextricablement liés.

Juliette Binoche, Catherine Deneuve et Isabelle Huppert en compétition à Berlin

Posté par vincy, le 11 janvier 2013

Berlin a ajouté 9 films à sa compétition. Les Français Dumont, Bercot et Nicloux vont faire venir Binoche, Deneuve et Huppert dans la capitale allemande. On note aussi les présences de cinéastes reconnus comme Danis Tanovic, Steven Soderbergh et surtout le dernier film de Jafar Panahi, toujours condamné à résidence en Iran.

Ils s'ajoutent aux 5 films déjà annoncés parmi lesquels les derniers Gus Van Sant, Hong Sansoo et Ulrich Seidl.

La 63e édition du festival du film de Berlin se déroulera du 7 au 17 février 2013.

Camille Claudel 1915, de Bruno Dumont, avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent

Elle s'en va, d'Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve

Epizoda u životu bera?a željeza (An Episode in the Life of an Iron Picker), de Danis Tanovic, avec Senada Alimanovic, Nazif Mujic

Gold, de Thomas Arslan, avec Nina Hoss, Marko Mandic

La Religieuse, de Guillaume Nicloux, avec Pauline Etienne, Isabelle Huppert, Louise Bourgoin

Layla Fourie, de Pia Marais, avec Rayna Campbell, August Diehl,

The Necessary Death of Charlie Countryman, de Fredrik Bond (premier film), avec Shia LaBeouf, Evan Rachel Wood, Mads Mikkelsen

Parde (Closed Curtain), de Jafar Panahi, avec Kambozia Partovi, Maryam Moghadam

Effets secondaires (Side Effects), de Steven Soderbergh , avec Jude Law, Rooney Mara, Catherine Zeta-Jones, Channing Tatum

Un duo inédit pour Emmanuelle Bercot : Demongeot face à Deneuve

Posté par vincy, le 12 juin 2012

Emmanuelle Bercot, 7 ans après son dernier long métrage, Backstage, et quelques mois après avoir filmé l'un des segments du film Les infidèles, revient sur les plateaux de tournage. La scénariste de Polisse filme Elle s'en va, avec Catherine Deneuve et Mylène Demongeot. Un duo inédit malgré leurs longues carrières : Deneuve a débuté en 1956 (Les collégiennes) à 13 ans, Demongeot en 1953 (Les enfants de l'amour) à 18 ans.

Très populaire dans les années 50 et 60 (Fantômas, Bonjour tristesse, Les Trois Mousquetaires) et après un grand passage à vide dans les années 80 et 90, préférant le théâtre et l'écriture, Mylène Demongeot a enchaîné durant les années 2000 les seconds rôles dans les films de Cédric Kahn, Éric-Emmanuel Schmitt, Jacques Fieschi et Hiner Saleem. Elle a surtout regagné en popularité avec 36 Quai des Orfèvres et les deux films d'Onteniente, Camping et sa suite. Elle fut par ailleurs nommée deux fois aux Césars du meilleur second rôle féminin.

Catherine Deneuve, 11 fois nommée aux Césars (dont deux à la maison) et une fois aux Oscars, n'a jamais arrêté de tourner. Ces dernières années, elle a même connu quelques uns de ses plus gros succès avec 8 femmes, Potiche, Palais Royal, Un conte de Noël (pour lequel elle reçu un prix à Cannes) et Dancing in the Dark. On la verra bientôt dans le prochain Astérix en Reine d'Angleterre.

Elle s'en va raconte l'histoire de Cathy (Deneuve), qui, abandonnée par son amant et financièrement en danger à cause de l'entreprise familiale, décide de s'échapper sans aucune destination en tête. Le long de sa route, elle croise différentes personnes, dont sa fille, son petit-fils qu'elle ne connaissait pas, assiste à un gala d’ex-reines de beauté et tombe amoureuse.

Le film se tourne depuis la mi-mai et jusqu'à fin juin en Bretagne, dans les Pays-de-la-Loire, le Jura et en Savoie.

Deneuve se fait allumer par le CSA pour une cigarette (et on recherche des partenaires pour son prochain film)

Posté par vincy, le 7 décembre 2011

Catherine Deneuve, qui tourne actuellement sous la direction de Yannis Smaragdis God loves caviar, avait joué les marraines de l'émission Le petit journal sur Canal +, présenté par Yann Barthès. C'était le 29 août.

On y parlait chaussures, un peu du film Les bien-aimés, qui servait de prétexte à l'entretien, et surtout cigarettes. L'actrice est de plus en plus remarquée avec une cigarette électronique dans les conférences de presse. Mais Barthès devait vendre sa nouvelle émission, impertinente. Il lui propose donc de fumer une véritable cigarette : les volutes apparaissent clairement. C'est évidemment prohibé par la Loi Evin. Cette séquence est assimilée à une publicité vantant le tabac. C'est même une apologie quand il s'agit d'une star. Fait aggravant : Barthès s'en grillait une aussi. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a donc sanctionné la chaîne pour cette propagande.

La provocation a ses limites...

Deneuve sera à l'affiche du prochain Astérix, en Reine d'Angleterre. Elle tournera ensuite Elle s'en va, d'Emmanuelle Bercot. le tournage aura lieu au printemps 2012 dans les Pays de la Loire. Le casting est en cours. Bercot a réalisé des films comme La puce, Backstage et a coscénarisé avec Maïwen le film Polisse. La production "recherche des hommes et des femmes de tous milieux et tous âges pour interpréter des rôles aux côtés de Catherine Deneuve, rôle principal du film. Si vous êtes intéressés, vous pouvez envoyer votre photo avec vos noms et prénoms, date de naissance, adresse, mail et téléphone à l'adresse : courriel."