Deux cinéastes au jury du Goncourt

Posté par vincy, le 6 janvier 2016

Ils ont moins de 60 ans, sont très populaires, et touche aussi bien à la littérature qu'à d'autres arts: le jury du Goncourt s'est renouvelé avec deux nominations annoncées hier. Eric-Emmanuel Schmitt est familier avec le cinéma. Il avait co-écrit le scénario adapté de son roman, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du coran, avec le réalisateur François Dupeyron. Il a aussi collaboré au scénario du film de Gabriel Aghion, Le libertin. Il a aussi réalisé Odette Toulemonde, avec Catherine Frot et Albert Dupontel, d'après son propre recueil de nouvelle, et Oscar et la dame rose, d'après son propre roman. Schmitt a également écrit des spectacles musicaux des scénarii de téléfilms, de nombreuses pièces de théâtre (en plus de mettre en scène des classiques), sans oublier sa douzaine de romans.

L'autre arrivée est celle de Virginie Despentes. La plus "punk" et rockeuse de nos écrivains, Prix Renaudot pour l'excellent Apocalypse bébé, classée parmi les meilleurs romans de l'année 2015 grâce à son diptyque Vernon Subitex, va sans doute bousculer les vénérables habitudes du prix littéraire. Elle avait aussi traduit un texte de Johnny Depp dans la revue Bordel il y a quelques années. Gilles Paquet-Brenner a réalisé Les jolies choses (d'après son roman éponyme) et Olivier de Plas a filmé Tel père tel fille (d'après son roman Teen Spirit). Elle-même est passée derrière la caméra pour Baise-moi, adaptation de son premier roman choc, et pour Bye Bye Blondie, son 5e roman. Elle a aussi réalisé un documentaire pour la télé (Mutantes, Féminisme Porno Punk).

Schmitt et Despentes rejoignent un autre cinéaste, Philippe Claudel, déjà membre du jury Goncourt, présidé par Bernard Pivot.

Oscar et la dame rose : bluette pour ne pas voir la vie en gris

Posté par vincy, le 8 décembre 2009

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L'histoire : Le Dr Düsseledorf apprend aux parents d'oscar que leur enfant n'a pas supporté le dernier traitement médical contre sa maladie. Il n'en a plus que pour douze jours à vivre. Oscar entend malgré lui la conversation et se réfugie dans un mutisme. Mais il se souvient d'une femme, Rose, fantasque, le langage cru, assez drôle, ne le jugeant pas sur son état, l'ayant traité comme un gamin normal. La livreuse de pizza. Il la réclame, en fait une condition sie qua non pour passer ses derniers jours. Dans un premier temps Rose refuse de jouer les assistantes sociales. Mais le Dr Düsseldorf, avec quelques arguments économiques, parvient à la convaincre. Surtout elle se prend d'affection pour Oscar.

Notre avis : Après Odette Toulemonde, Eric-Emmanuel Schmitt continue de flirter avec le cinéma sentimentaliste, celui où la griserie doit absolument l’emporter sur les idées grises. Oscar et la Dame Rose ne parvient pas à maintenir notre intérêt sur toute sa longue, noyé dans des digressions inutiles, distrait par des séquences trop faciles, désarticulé par des confrontations maladroites.

Bien sûr le réalisateur peut compter sur l’abattage de son actrice principale, Michèle Laroque, qui fait du Michèle Laroque, à la fois cassante et émouvante, entre bonnes vacheries et larmes salées. De même Amir, alias Oscar, est judicieusement choisi. D’ailleurs le casting relève d’une certaine classe. Amira Casar en infirmière pas sympa, Max Von Sydow en docteur compatissant, Mylène Demongeot en mère un peu folle, … rien de honteux.
Pour certains, ce genre de navet grand public, entre mièvrerie digne d’un passage lors du Téléthon et couple impossible qui ravira les producteurs hollywoodiens pour un éventuel remake, ce genre de série B donc sera peut-être un peu honteux comparé à leur filmographie.

Le film, cependant, a quelques qualités. Il aurait mérité d’être davantage resserré, plus percutant que narratif. Le compte à rebours devient ainsi lancinant et longuet au fil des jours. La répétition étire le temps. De même la vie de la Dame Rose n’est pas palpitante, trop clichée ou trop superficielle, peu importe, elle n’apporte rien hormis une rupture rythmique. En revanche dès que le film se consacre (se concentre) sur l’enfant et sa bonne fée, les envies de l’un et les fables de l’autre, alors, sans parler de magie, la chimie cinématographique opère et révèle, par intermittence, le formidable film fantastique que cela aurait pu être.