Cannes 2017: Netflix en compétition, ça ne plaît pas à tout le monde…

Posté par vincy, le 15 avril 2017

Ce n'est pas une surprise. Est-ce une polémique? Toujours est-il que la sélection en compétition du 70e Festival de Cannes de deux films qui seront diffusés sur Netflix provoquent des grincements de dents.

The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach a été acquis par Netflix en tant que simple diffuseur il y a une semaine, avant le dévoilement de la sélection. Okja de Bong Joon-ho est une production Netflix et prévu dès le départ un produit 5 étoiles (Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal au casting) pour la plateforme en SVOD.

Respect des règles

La Fédération nationale des cinémas français (FNCF) a envoyé un communiqué pour exprimer son inquiétude. "Si les salles de cinémas ne remettent pas en cause la liberté de programmation du premier festival de cinéma du monde, ni le fait que de nouveaux acteurs internationaux viennent légitimement, comme Amazon, contribuer au développement et au financement du cinéma, elles contestent ce choix qui a été fait sans concertation", déclare la FNCF. En fait, à travers cette remarque, la Fédération s'interroge sur la fameuse chronologie des médias: "Si des films du Festival de Cannes contrevenaient à la réglementation en vigueur sur la chronologie des médias, par exemple en étant diffusés sur Internet simultanément à une sortie en salle, ils seraient passibles de sanctions par le CNC ! Et qu’en sera-t-il demain, si des films du Festival de Cannes ne sortaient pas en salle, remettant ainsi en cause leur nature d’œuvre cinématographique ?".

La fédération enfonce le clou avec l'argument juridico-fiscal: "Netflix, qui vient de fermer ses bureaux en France, montre qu’il contourne depuis plusieurs années la réglementation française et les règles fiscales (TVA et TSA). Ces règles fondent le cycle vertueux et le financement d’un écosystème exemplaire pour le cinéma dans notre pays, qui permet aujourd’hui à la plupart des films français et étrangers de la sélection officielle d’exister".

Autrement dit, Netflix ne joue pas le jeu, et ne respecte aucune règle du système français, qu'il soit légal ou financier. Ce que réclame la FNCF est simple: la garantie que The Meyerowitz Stories et Okja sortent bien en salles en France, avant leur diffusion sur Netflix.

Chronologie des médias, saison 20

Cette interpellation est légitime, mais nous semble mal posée. Cette chronologie des médias, dont la directive célèbre ses 20 ans, pose problème depuis quelques années avec le surgissement de la SVOD, de la VàD et du piratage. Le modèle actuel semble déjà dépassé. D'ailleurs, le Festival de Cannes sélectionne chaque années des films qui n'ont pas l'assurance de sorties en salle (et n'ont même pas de distributeurs au moment de leur sélection voire de leur projection cannoise). Et certains de ces films connaissent des sorties en salle si réduites qu'on peut se demander si une diffusion simultanée en SVOD ou en prime-time sur Arte ne serait pas plus profitable (on ne dit pas que c'est mieux, car l'expérience d'une salle de cinéma reste irremplaçable pour voir un film). Enfin, il est arrivé par le passé que des films produits par la télévision soient en sélection officielle. Prenons trois exemples.

Elephant de Gus Van Sant, Palme d'or en 2003, était un film produit par HBO. Sans sa Palme, d'ailleurs, il ne serait jamais sorti en salles aux Etats-Unis, visant ainsi, en vain, les Oscars. Ma vie avec Liberace, de Steven Soderbergh, est aussi un téléfilm coproduit par HBO. Présenté en compétition, le téléfilm avait bien un distributeur en France (ARP) mais n'est jamais sorti sur les grands écrans américains : la chaîne payante HBO l'a même diffusé sur le petit écran américain quelques jours après sa projection cannoise. Enfin, Carlos, d'Olivier Assayas, qui avait déclenché une polémique similaire à celle d'aujourd'hui.

Initialement prévu pour la télévision, le film, sélectionné hors-compétition, était produite par Canal +, et a été présenté dans sa version intégrale, en trois parties, tout en étant diffusé simultanément sur la chaîne cryptée (fin mai/début juin). Le film sera vendu sous une version cinématographique dans les autres pays. Et finalement, cette version raccourcie à 2h45 est sortie le 7 juillet en France, dans une centaine de salles, distribué par MK2. Cette solution était d'autant plus baroque que le DVD était disponible juste après sa diffusion télé début juin. "Bizarre chronologie des médias" écrivait-on à l'époque.

Un débat sain

Par conséquent, la polémique Netflix du jour n'est qu'une nouvelle petite secousse sismique dont on a déjà ressenti les premiers effets au début des années 2000. Le Festival de Cannes a d'ailleurs une vertu sur ce registre: en anoblissant des films produits pour la télévision, il les conduit généralement dans les salles de cinéma.

La FNCF souhaite avoir les garanties que les deux films Netflix sortent en salle en France. Au nom de l'exception culturelle. Ce n'est qu'une stratégie défensive. Cela ne résoudra rien au problème de fond: dès lors que des plateformes comme Netflix entrent dans la production de films signés de grands cinéastes, il faudra sans doute revoir notre façon d'aborder la chronologie des médias et la définition même d'un film de cinéma.

Les deux films seront diffusés sur Netflix en 2017 pour les abonnés de la plate-forme dans les pays où le service est disponible. Cela touche 93 millions de personnes dans le monde. Si pour Okja, une sortie en salles n’est pas exclue, qu'en est-il de The Meyerowitz Stories? Et cela ne concernerait-il que la France, ou des pays comme la Corée du sud (pour Okja) et les Etats-Unis (pour que Meyerowitz vise les Oscars)? Ce genre de débats en tout cas n'a jamais lieu dans les autres festivals...

D'autant, Netflix ne cache pas vouloir proposer ses films simultanément en salles et en ligne. Là il s'agit d'instaurer un dialogue équitable entre la plateforme américaine qui veut faire plier un écosystème (gaulois) et un pays qui refuse le diktat d'une transnationale. Cette "uberisation" a un impact certain puisque ce ne sont pas seulement les films "Netflix" qui sont en jeu. En court-circuitant les salles qui pourraient diffuser les deux films sélectionnés à Cannes, ce ne sont pas les grands groupes de distribution qui sont menacés mais bien les exploitants indépendants, bien plus dépendant de ce genre de films, qui seraient ainsi un peu plus fragilisés.

Dans un échange de tweets passionnant entre Jean Labadie (Le Pacte) et Vincent Maraval (Wild Bunch, qui avait déjà expérimenté la projection cannoise en off d'un film qui sortait en VàD), on constate que le dialogue semble dans l'impasse. Pourtant c'est bien un autre débat qu'ils soulèvent, l'un en défendant l'exploitation et la distribution, l'autre en privilégiant la création (les deux n'étant pas incompatibles). Dans cette histoire, ce qui est en jeu c'est davantage la liberté d'accès au cinéma. La démocratisation, est-ce le fait que tous pourront voir les films dans une salle de cinéma près de chez soi ou que tous les films pourront être vus, chez soi ou en salle, par le plus grand nombre?

A la tête de Fidélité productions, Marc Missionnier préfère y voir une ouverture avec ces films et séries prévus pour le petit format. Une ouverture "en grand".

Edito: La théorie du genre

Posté par redaction, le 8 décembre 2016

Alors que le Paris International Fantastic Film Festival occupe le Max Linder Panorama, l'une des plus belles salles de Paris, depuis mardi, le cinéma de genre continue de traverser une longue crise en France. Les films fantastiques, avec des zombies, des vampires, d'horreur etc... ne manquent pas dans la production mondiale. Régulièrement les productions hollywoodiennes arrivent dans les salles. Ceux là parviennent à dépasser les 300000 entrées (voir atteindre les 700000 spectateurs comme American Nightmare 3 ou 1,5 million de spectateurs comme Conjuring 2).

Pour les autres, c'est plus compliqué. Malgré leur excellente réputation et leur carton dans leur pays, les films coréens, espagnols ou japonais ont du mal à s'exporter et, au mieux, séduisent entre 100000 et 300000 curieux. Et ne parlons pas du cinéma français qui prend des pincettes à produire des films de ce genre et qui quittent rapidement l'affiche une fois sorti. Pas étonnant que la plupart des cinéastes friands de ce style s'exilent en Californie, lassés de devoir trouver des financements, de ne pas trouver leur public. Quand ils ont été distribués.

Car il y a de nombreux films vus dans les Festivals qui ne sortent pas en salles. Comme le souligne la réalisatrice Alice Lowe (Prevenge, un Rosemary's Baby coulant sous l'hémoglobine) dans un entretien à Ecran Noir: "Ça serait dommage que le film soit découvert sur Netflix et en vidéo à la demande, je sais que c’est une possibilité mais je veux qu’il soit vu dans une salle de cinéma. En tant que cinéaste la salle de cinéma c’est le but, on se souvient toujours de certaines expériences ou émotions ou rires lors dune projection dans une salle avec du public."

Un genre qui a mauvais genre

Malheureusement, nombreux sont les films vus aux festivals de Bruxelles, Montréal, Gérardmer ou même dans les séances spéciales de grands festivals internationaux qui ne trouvent pas le chemin des salles. Une fois de plus, les festivals deviennent alors un refuge pour films réclamant l'asile d'un multiplexe. Il va être intéressant de voir comment le film de Julia Ducournau, Grave, sera reçu le 15 mars. Auréolé d'un vrai gros buzz depuis la Semaine de la critique à Cannes, ce film d'épouvante est évidemment éprouvant (à Toronto, certains spectateurs sont sortis de la salle) sera un nouveau test pour le cinéma français, devenu plutôt avare en cinéma fantastique ou d'horreur.

Au PIFFF, sept des 16 longs métrages (compétition et hors compétition) n'ont pas de distributeurs français. Qu'on aime ou pas ce genre de films, il s'agit quand même d'une diversité qu'il faudrait mieux défendre, mieux préserver. Il a peut être mauvais genre mais, comme souvent, dans le fond, ce cinéma utilise des codes cinématographiques particuliers pour parler de la société ou de l'Homme de manière allégorique ou subversive. Ce n'est que du cinéma. Justement, c'est du cinéma. Il n'y a pas de raison qu'il soit un passager clandestin dans les salles ou un apatride squattant les ordinateurs, souvent en téléchargement illégal, ou la vidéo à la demande.

Edito: Happiest Days of Life?

Posté par redaction, le 20 octobre 2016

En ces temps un peu crispés et angoissants, le cinéma peut-être un bon décompresseur. On peut évidemment nier la réalité comme Brice (de Nice) qui préfère regarder son nombril que de s'intéresser au monde qui l'entoure. Ça a l'avantage de ne pas coûter très cher à la Sécurité sociale. On peut aussi adopter un chien, genre un teckel. Un animal fidèle, attachant. Et le film qui en découle a du mordant. Car un chien, s'il a besoin d'affection, ne compense quand même pas les souffrances personnelles et la solitude de ses propriétaires. Parlant de solitaire, Jack Reacher croit être un homme heureux en errant sans téléphone et sans carte de crédit au fil des motels. Ce mode de vie alternatif un peu radical n'est pas forcément conseillé à tout le monde.

Car on le voit bien, être heureux est un combat de tous les jours. Marion Cotillard dans Mal de Pierres n'y arrive pas, dévorée par sa lubricité et son envie de passion. Les Berken, horribles ogres, croient qu'avaler des Trolls (sans OGM mais avec un penchant pour les câlins) les comblera de bonheur. Olli Mäki espérait atteindre le nirvana avec la célébrité, la gloire, mais la surmédiatisation compromet son (seul) désir amoureux. Quant à Willy (1er), il a toutes les peines du monde à s'émanciper, malgré ses 50 ans passés.

Oui, vraiment, c'est pas facile de vivre. La meilleure preuve cette semaine est bio garantie sans gluten et gratinée à point: Ma Vie de Courgette. Malgré tous les malheurs qui s'abattent sur ce pauvre orphelin, il trouve quand même le moyen de voir la vie du bon côté. Soleil au beau fixe. On n'est jamais vraiment seul, finalement.

Quoique. Les films art et essai et les salles qui sont estampillées A&E se sentent justement un peu seules. A lire la tribune signée par douze exploitants (dans Le Film Français), il y a péril. Ils sont crispés et angoissés. En regardant les statistiques, ils constatent "la désaffectation des spectateurs pour une certaine typologie de films. À l’exception de quelques-uns qui font l'unanimité, souvent repérés au cours des festivals les plus prestigieux et qui, pour cette raison, ont des plans de sortie ridiculement vastes. Les spectateurs art et essai se concentrent de plus en plus sur les mêmes titres, tendance qui se confirme aussi autour des films dits ‘généralistes’. Ce n'est pas seulement le ‘public jeune’ qui déserte les salles classées, c’est le public qui déserte les films recommandés.”

L'effet s'accentue avec la VàD: un seul film "d'auteur" se classe dans le Top 20 cette semaine. Le cinéma devient de plus en plus un divertissement de masse. Hormis quelques films chaque année, le cinéma dit "d'auteur" perd en effet ses spectateurs, et avec lui la culture cinéphile. Il est peut-être temps de limiter le nombre d'écrans par sorties, de soutenir des salles qui jouent sur la durée d'exploitation d'un film, d'aider bien mieux ceux qui font le pari d'une programmation exigeante, de remettre du carburant financier dans les festivals de cinéma (relais indispensable sur tout le territoire). Il ne faut pas désespérer: avec de vieux films ou des grands auteurs, Arte parvient à séduire un à deux millions de téléspectateurs. Il y a encore de la curiosité. Mais il faut la stimuler (politique tarifaire, animation événementielle, ...). Nous ne sommes pas obligés de finir orphelins de la cinéphilie. Par essence, le 7e art est fait pour être adopté.

Bastille Day retiré des salles

Posté par vincy, le 17 juillet 2016

A la suite de l'attentat de Nice, qui a causé la mort de 84 personnes et blessé 200 autres, le distributeur Studiocanal a indiqué dimanche 17 juillet avoir demandé aux 237 salles de cinéma de déprogrammer le thriller Bastille Day qu'elles ont à l'affiche. Le film est sorti mercredi dernier et avait déjà attiré 37000 spectateurs lors de ses deux premiers jours d'exploitation.

Bastille Day est l'histoire d'une jeune Française (Charlotte Le Bon) préparant un attentat à la veille du 14 Juillet, jour surnommé « Bastille Day » aux Etats-Unis. Sean Briar, un agent de la CIA (Idris Elba), cherche à empêcher l'attentat.

"Nous avons demandé hier matin (samedi matin) à tous les exploitants, tous les complexes et toutes les salles sur nos 237 copies de faire le maximum pour retirer Bastille Day de l'affiche parce que certains aspects du film ne sont pas en phase avec l'esprit de recueillement national", a déclaré dimanche à l'AFP une porte-parole, confirmant une information du Figaro.

"Nous n'avons pas le pouvoir de le faire à la place des exploitants", a-t-elle néanmoins expliqué.

On ignore le nombre de salles qui ont déprogrammé le film. Dès vendredi, au lendemain de l'attentat de Nice, le distributeur avait maintenu la diffusion en salles de ce film et avait alors souligné que les cinémas pourraient décider de le retirer de l'affiche. Mais toutes les publicités sur le film avaient été retirées.

Rappelons qu'au lendemain des attentats du 13 novembre à Paris, Made in France avait été aussi déprogrammé. Reste à savoir si Moi, Olga connaîtra le même sort puisque le film tchèque, inspiré d'un fait divers des années 1970, met en scène une jeune femme asociale qui écrase volontairement des passants au volant d’un camion.

Edito: Mine de diamant et mine de sel

Posté par redaction, le 9 juin 2016

On ne le dira jamais assez mais le cinéma indépendant en France va mal. Ça peut sembler étonnant vu la vigueur de la fréquentation et le nombre d'entrées souvent incroyable dans d'autres pays de petits films, mais c'est un fait. La distribution est financièrement vulnérable. Et l'exploitation est de plus en plus fragile. En clair, pour certains, le cinéma est une mine de diamant et pour les autres, de plus en plus, une mine de sel.

Le rapport de Pierre Kopp, remis hier, montre que la politique des multiplexes y est pour beaucoup. Ils ne représentent que 10% du parc français mais concentrent 60% des entrées grâce à davantage de séances et de fauteuils, mais aussi grâce aux fameuses cartes de fidélités. La domination des grands groupes est indéniable et les salles plus petites en souffrent. pas toutes. On le voit bien avec le succès du Louxor à Paris par exemple. Mais les trois grands réseaux Gaumont-Pathé, UGC et CGR attirent plus de la moitié des spectateurs en France. A Paris, Gaumont-Pathé, UGC et MK2 s'accaparent même 89% de parts de marché alors qu'ils n'ont que 71,5% des écrans.

Or, selon les règles européennes, on peut être considéré comme "dominant" un marché avec 40% de celui-ci.

La distribution souffre du même problème. Cinq distributeurs captent 46% des entrées et les 11 premiers dépassent les trois quarts des spectateurs. Forcément, la concurrence est faussée. Ces distributeurs ont plus de poids pour négocier les "bons" écrans, plus longtemps qui plus est, face à une exploitation qui a besoin de remplir ses fauteuils et vendre du pop corn. D'un côté les distributeurs indépendants préfèrent avoir accès un multiplexe, au risque de casser le lien, voire de créer un conflit, avec une salle art et essai pourtant mieux ciblée a priori. De l'autre les exploitants auraient tendance, dans les villes moyennes notamment, à vouloir un blockbuster plutôt qu'un film artistiquement plus approprié à son public acquis.

« La domination des grands groupes sur la filière du cinéma fausse la concurrence et nuit profondément à la diversité du cinéma français. La domination économique remplace la compétition, aux dépens de la création et du public, mais également au mépris des règles du droit »

Le rapport Kopp émet plusieurs recommandations. Quelques unes méritent débat. Réguler la programmation des films notamment pour éviter la surexposition des grosses machines et pour protéger les petits films en leur donnant plus d'accès aux salles ; faire un audit des cartes illimitées ; améliorer la promotion des oeuvres indépendantes ; revoir les aides aux salles en fonction de critères pré-établis, parmi lesquels la diversité des films diffusés et l'accent mis sur des films dits fragiles.

C'est donc toute la politique des multiplexes qui est remise en cause. Or, c'est aussi avec ces nouveaux écrans que le cinéma a retrouvé son public, notamment avec son offre de salles neuves et confortables. De même les cartes illimitées ont permis à de nombreux spectateurs de s'aventurer en découvrant des films qu'ils n'auraient sans doute pas vu au tarif plein.

Mais le rapport Kopp a raison sur son constat: certains groupes comme Gaumont-Pathé et UGC dominent le parc dans certaines villes tout en étant aussi un distributeur important. La concentration est horizontale et verticale. Par ailleurs, certains films n'ont pas le temps de s'installer dans la durée, évincés au bout d'une semaine pour certains. Il y a un équilibre à trouver, des règles à revoir. Cela ne résoudra cependant pas tous les problèmes: le grand nombre de films qui sortent chaque semaine et le besoin d'avoir des films porteurs pour les salles indépendantes restent une équation difficile à résoudre. Car un cinéma reste un "commerce". Un libraire a besoin d'Harry Potter comme un cinéma a besoin, parfois, d'un film de super-héros. Il en va de sa viabilité financière et cela lui permet de prendre des risques sur un film qui dépend davantage du bouche à oreille que d'un marketing coûteux.

L’Utopia de Toulouse change de propriétaires (et de nom)

Posté par vincy, le 1 juin 2016

Le mythique Utopia de Toulouse change d'exploitant et de nom puisque ses fondateurs vont en céder l'exploitation à deux membres de l'équipe. Les deux cofondateurs d'Utopia -Anne-Marie Faucon et Michel Malacarnet - lâchent donc leur affaire, acquise il y a 23 ans.

Le directeur du cinéma, Jérémy Breta, et Annie Mahot, ne licencieront personne une fois le transfert effectué. Utopia conserve son établissement des environs de Toulouse, à Tournefeuille.

Une fois la cession effectuée, l'Utopia Toulouse (3 salles, 441 fauteuil, 270 000 spectateurs en année haute, Trophée de la salle art-et-essai du Film Français en 2001) se nommera l'American Cosmograph, "retrouvant le nom d'un modernisme désuet qu'avait l'une des premières salles de cinéma de la Ville Rose, en 1917" comme l'indique La dépêche du midi. Classée art et essai, le complexe devrait subir un lifting. Le 15 juin prochain sera donc le jour du basculement.

Une enclume toujours présente au-dessus du cinéma

L'Utopia était menacé par une inflation des loyers (lire notre article du 19 janvier 2016). Le propriétaire des murs, l’Association centrale immobilière Saint-Jérôme, réclamait un loyer mensuel trois fois supérieur à celui actuellement en cours, ce qui mettait en péril le modèle économique de l'exploitant. A l'époque, Anne-Marie Faucon expliquait: "Nous avons une grosse équipe, lourde à gérer, et nous sommes confrontés à la nécessité de nous mettre aux normes handicapés dans des locaux qui sont déjà inadaptés. Des travaux que l'on estime entre 400 000 et 500 000 euros". Une des hypothèses alors était de créer un complexe ailleurs et d'abandonner ce site historique. L'augmentation du loyer devait intervenir il y a trois mois, elle est toujours en suspension.

Dans Côté Toulouse, Jérémy Bata rassure les fidèles spectateurs: "L’esprit de la programmation sera absolument le même. Nous continuerons à avoir nos propres abonnements, les tarifs ne changeront pas, on proposera toujours trois salles et il n’y aura toujours pas de publicité, pas de recettes annexes ni de pop-corn ! Des changements vont venir petit à petit, mais sur notre fan-zine et sur le site internet."

Pour les habitués, cela ne changera pas grand chose puisque les cartes de fidélité et le magazine d'Utopia seront toujours disponibles à l'American Cosmograph.

Saw 3D Chapitre final désormais interdit aux moins de 18 ans

Posté par vincy, le 1 juin 2015

Décision rare: le Conseil d'Etat a annulé aujourd'hui le visa d'exploitation du film d'horreur Saw 3D Chapitre final. Il y a 5 ans, le ministère de la Culture et de la Communication avait accordé ce visa, en n'interdisant le film qu'aux moins de 16 ans. le film avait attiré plus de 560 000 spectateurs en France.

Mais pour l'Association Promouvoir, le film aurait du être interdit à l'ensemble des mineurs. L'organisme a donc demandé l'annulation. Et après des années de procédure, le Conseil d'Etat a validé sa demande, considérant que Saw 3D Chapitre final comportait "de nombreuses scènes de très grande violence", soit "un grand nombre de scènes filmées avec un grand réalisme, montrant des actes répétés de torture et de barbarie et représentant de manière particulièrement complaisante les souffrances atroces, tant physiques de psychologiques, des victimes prises dans des pièges".

L'avis du Conseil d'Etat ajoute perfidement que "le ministère de la Culture a commis une erreur d'appréciation en interdisant la diffusion du film en cause aux seuls mineurs de moins de 16 ans".

Suite à cette décision, le ministère de la Culture devra réexaminer le dossier afin de délivrer un nouveau visa d’exploitation plus restrictif que le visa initial. Mais, comme le signale l'avis: "La décision du Conseil d’État n’implique cependant pas que le ministre de la culture prenne les mesures nécessaires pour retirer le film litigieux des salles." Pour un film sorti il y a 5 ans, ce genre de commentaires est ironique et montre à quel point le combat était assez vain.

L'Association Promouvoir avait déjà obtenu gain de cause en 2012 avec Antichrist de Lars von Trier. Le Conseil d'Etat avait là aussi annulé le visa d'exploitation du film, pour l'assortir d'une interdiction aux moins de 16 ans. Promouvoir avait été déçu de la décision, espérant un classement en oeuvre pornographique. Il faut dire que l'association a pour objet "la promotion des valeurs judéo-chrétiennes, dans tous les domaines de la vie sociale", de la lutte contre la pornographie à la défense de la vie et la vigilance sur la bioéthique.  Baise-moi avait subit le même sort en 2000, tout comme Ken Park.

Taxi, Ours d’or 2015, en avril dans les salles françaises

Posté par vincy, le 15 février 2015

jafar panahi taxi

Taxi de Jafar Panahi, qui a reçu l'Ours d'or à Berlin et le Prix Fipresci, sera distribué en France, le 15 avril, par Memento films. La société d'Alexandre Mallet-Guy, qui a été distingué par Le Film Français jeudi soir par un Trophée de la personnalité de l'année, a distribué récemment Une séparation et Black Coal (autres Ours d'or), Ida et Winter Sleep (Palme d'or à Cannes).

En provenance de la Berlinale, Memento films a aussi acquis Que Horas Ela Volta? (The Second Mother) de la brésilienne Anna Muylaert (Prix du public et Prix des salles art et essai dans la section Panorama), qui sera distribué le 17 juin, et Big Father, Small Father and Other Stories du vietnamien Phan Dang Di, en salles vers septembre.

Memento est aussi chargé des ventes internationales de Body de Malgorzata Szumowska, Ours d'argent de la mise en scène.

Changer la chronologie des médias pour résister à Netflix?

Posté par vincy, le 21 juillet 2014

aurélie filippettiL'arrivée de Netflix en France fait-elle vraiment peur? On se demanderait bien pourquoi. Le modèle économique n'est pas vraiment nouveau (abonnement mensuel pour visionnages illimités) puisqu'il est déjà exploité dans la bande dessinée numérique (Izneo) ou la musique (Spotify). La Vidéo à la demande et les chaînes en replay fonctionnent bien et sont assurées de contrats pluri-annuels de diffusions de programmes solides, ce que ne propose pas, a priori, Netflix ou éventuellement Amazon, YouTube et autres. Mais Netflix fait quand même peur puisque le ministère de la Culture et de la Communication est prête à révolutionner la chronologie des médias.

Dans Le Figaro d'aujourd'hui, la ministre, Aurélie Filippetti, avance donc une proposition choc pour essayer de résister à ce nouveau venu numérique américain (qui évidemment payera ses impôts ailleurs).

"La salle de cinéma doit dans ce nouveau cadre continuer à primer pour les films"

Constatant que depuis 5 ans, l'environnement numérique a changé les règles en matière de diffusion de films (et pas seulement : il est de plus en plus rare qu'un film tienne l'affiche plus de quatre semaines dans des combinaisons de salles importantes), Aurélie Filippetti considère qu'il est temps "d'en tenir compte et de donner un nouvel élan à nos industries culturelles, tout en favorisant les offres légales en ligne". Elle propose donc "un nouvel équilibre" pour la chronologie des médias. "La salle de cinéma doit dans ce nouveau cadre continuer à primer pour les films", rejetant ainsi l'idée "d'une diffusion simultanée sur Internet". "Des dérogations encadrées devraient être prévues pour des films qui auraient très vite épuisé leur potentiel en salles". Dispositions qui ont déjà été assouplies en 2009, mais qui ne suffisent plus apparemment.

Par conséquent, la ministre souhaite que les films soient diffusés en VàD par abonnement non plus 36 mois après la sortie en salles mais 24 mois. "La fenêtre d'exclusivité des chaînes de télévision pourrait être resserrée" ajoute-t-elle. Par ailleurs, elle veut réduire de deux mois le délai pour qu'une chaîne de télévision diffuse un film. Canal + pourrait ainsi diffuser un film sorti en salles il y a 8 mois au lieu de 10, TF1 ou M6, si elles sont coproductrices du film, n'attendrait plus 22 mois mais seulement 20 mois, et plus généralement n'importe quelle chaîne hors cinéma pourrait inscrire dans son programme un film sorti il y a 28 mois au lieu de 30.

Enfin, la ministre voudrait que "la diffusion de courts-métrages soit libre".

Tout cela ne résout pas le plus gros problème du moment : face à l'encombrement des salles en nouveautés chaque semaine, et à la fragilité des films qui sortent sur moins de 50 copies, comment faire pour ne pas ouvrir la porte à des diffusions simultanées entre quelques salles et le web pour des oeuvres plus vulnérables (documentaires, art et essai)?

Développer la VàD pour limiter le piratage?

Nous "sommes engagés dans une stratégie de souveraineté culturelle et numérique de la France" explique-t-elle. Comprendre : on veut protéger le modèle économique français (qui, il est vrai, permet à l'industrie audiovisuelle nationale de mieux se défendre face aux concurrents américains, contrairement aux autres pays européens).

"Il faut promouvoir et développer l'excellence des acteurs hexagonaux dans le domaine de la vidéo à la demande. Il faut faciliter l'accès des internautes aux offres légales, en travaillant sur leur visibilité et leur disponibilité" affirme la ministre. De fait la VàD et la SVàD ont fait de nets progrès en matière d'ergonomie depuis un an. Mais combien de films, y compris des blockbusters ou des grands films d'auteurs, ne sont pas encore disponibles à la demande. Ainsi, Django Unchained de Quentin Tarantino n'est toujours pas visible sur le portail Numéricable, un an et demi après sa sortie. Pas étonnant que ce soit l'un des films les plus piratés en France.

"Dès la rentrée, je lancerai un appel à propositions pour un dispositif de référencement des sites de vidéos qui contribuent au soutien et à l'exposition de la création française et européenne" annonce-t-elle.

Reste que toutes ces évolutions ne se feront cependant que par un accord interprofessionnel.  Pour l'instant, le débat est ouvert : certains jugent le dispositif actuel archaïque et inadapté, d'autres militent pour favoriser des exceptions quand il ya  une légitimité éconoique à le faire, et puis il y a évidemment ceux qui sont farouchement contre (notamment les exploitants) et d'autres qui veulent une réflexion plus globale sur les nouvelles technologies.

En 2009, les professionnels de la profession avaient accouché dans la douleur d'évolutions comme l' avancement de la fenêtre vidéo à 4 mois, la création de nouvelles fenêtres à la demande en plus de celles de la TV (VOD et SVOD), le repositionnement des fenêtres des chaînes de TV payantes et en clair.

Des propositions pour promouvoir le cinéma en Afrique francophone

Posté par vincy, le 2 juillet 2014

Lundi 30 juin, Unifrance a publié un rapport passionnant, qu'on aimerait lire pour d'autres secteurs culturels comme la musique ou le livre. Pour l'instant, il s'agit de cinéma.

Le groupe de travail Francophonie, présidé par le producteur Eric Névé, constate, d'après les chiffres de l'Organisation Internationale de la Francophonie que 50% des 220 millions de francophones dans le monde résident sur le continent africain. Ce chiffre devrait grimper à 85% à l'horizon 2050 avec 750-800 millions d'habitants. La croissance économique suivra la croissance démographique avec un PIB multiplié par 15 entre 2020 et 2040 (selon la Banque mondiale).

Autant dire que les opportunités sont énormes pour l'industrie culturelle française, surtout avec le numérique qui permet d'abolir les frontières géographiques au profit de territoires linguistiques. Les Anglais ont toujours profité de leur langue pour s'exporter, certes, aidés par la puissance américaine, mais aussi en profitant du Commonwealth. Les Espagnols ne sont pas en reste en ayant vampirisé le continent latino-américain (à l'exception du Brésil). Face à la concurrence américaine, turque, indienne et chinoise, le cinéma français doit s'engager auprès de la filière naissante d'un cinéma en Afrique francophone pour bénéficier d'un relais de croissance à fort potentiel.

Mais l'Afrique francophone souffre de multiples carences que n'ont pas l'Amérique latine ou les puissances émergentes asiatiques. En Afrique francophone, il n'y a pas de distribution et peu de production de films, des salles de cinéma très rares et finalement un public à "former". Il faudrait donc investir dans un réseau complet, des films à l'exploitation en passant par la promotion.

Le rapport d'Unifrance montre cependant que tout évolue très vite.

L'insuffisance des salles de cinéma

Les pays se ressaisissent : il faut bien divertir les nouvelles classes moyennes. Au Maroc, la fréquentation n'a jamais retrouvé ses scores des années 80 (45 millions de spectateurs, 241 salles dans le pays. Alors on reconstruit. En 2012, il n'y avait que 61 salles dans le pays et deux millions de spectateurs. Mais Megarama et ses deux nouveaux multiplexes (Casablanca et Marrakech) a contribué à la construction de 23 de ces 61 écrans et capte la moitié des entrées du pays. En Tuinisie, le CinéVog vient d'être inauguré près de Kram et d'autres salles comme le CinéMadart à Carthage ont récemment émergé.  A Kigali (Rwanda), un multiplexe de 8 salles s'est également ouvert.

Dakar, Abidjan, N'Djamena, Bamako... autant de villes où des salles équipées en numérique ont éclos. A Dakar, le Sea Néma (3 salles) s'est installé dans le centre commercial le plus moderne de la capitale sénégalaise. A Abidjan, on a restauré l'antique salle Ivoire qui est ainsi passée à l'ère numérique. A Bamako (Mali), les deux salles du Ciné Magic sont flambant neuves. L'Institut français numérise aussi ses écrans d'Abidjan, Libreville (Gabon) et Yaoundé (Cameroun). Le Cameroun justement va réouvrir et contruire des salles dans les principales villes du pays. Le Burkina Faso veut réhabiliter 50 salles.

Le petit écran peut-être une solution

La Vidéo à la Demande reste balbutiante mais elle peut aider à la diffusion de films francophones dans un si vaste territoire. Un hit en VàD c'est 1400 téléchargements. Le rapport constate qu'Orange Sénégal a 7,5 millions de clients, mais seulement 1000 en IPTV et 100000 en ADSL. Africafilm.tv est passé à une formule d'abonnement avec un objecif de 10000 abonnés cette année. Une chaîne très populaire comme TV5 Monde est un relais inestimable. Et Canal + Afrique peut aussi servir de tremplin à la promotion et la diffusion de films francophones.

Reste le plus gros problème du continent : la nocivité du piratage. Comme en Asie, les DVD piratés se vendent au grand jour. Cela condamne un segment déjà très fragile de la chaîne du cinéma : la vidéo physique.

La distribution condamnée à être innovante

Pas facile de diffuser des films quand le marché de la distribution est inexistant. Tandis que le belge Cinéart et le suisse Xenix tentent l'expérience, aucun gros distributeur français ne s'aventure sur ce terrain. Certes, la rentabilité est faible. Mais on peut aussi remarquer le manque d'entrain des distributeurs français à aller vers les marchés étrangers, même européens.

Le box office incite à la prudence. La pirogue, pourtant acclamé dans les Festivals, n'a séduit que 932 spectateurs au Sénégal et 949 au Burkina Faso. C'est grâce au cinéma itinérant, le système MobiCiné, qu'il a pu être vu par 8128 spectateurs au Sénégal.

Pour la sortie d'Aya de Yopougon, il a fallu inventer un système de distribution. L'agence Onyx s'est improvisée distributeur : elle a facturée des séances en extérieur (parfois jointes à d'autres événements comme un défilé de mode à Kinshasa) à des sociétés, institutions, etc... qui redistribuaient les tickets à leurs clients, partenaires ou sous forme de jeux concours. 21 273 spectateurs à Abidjan, 8200 dans le reste de la Cote d'Ivoire, 3898 à Dakar, 3350 à Kinshasa, 900 à Ouagadougou. Et le film va encore voyager : Libreville, N'djamena, Douala et Yaoundé.

La production très dépendante de la France

Les choses bougent mais lentement. On le voit chaque année dans les grands festivals, l'Afrique francophone propose deux à trois films par an quand il y a un bon cru. Le Maroc a cependant  augmenté sa production de 70% entre 2004 et 2012. Le Sénegal a annoncé une dotation de 1,5M€ pour le fonds de promotion de l'industrie cinématographique. Idem pour le Mali. Le Gabon vient de mettre en place un fonds d'aide à la production audiovisuelle. Et le Tchad a mis en place une taxe sur la téléphonie mobile pour financer le cinéma.

Mais plus généralement, ce sont les aides européennes et surtout françaises qui, par l'intermédiaire de coproductions, contribue à la surive d'un cinéma africain francophone, qu'il soit magrhébin ou sub-saharien. Les Emirats (Qatar, Emirats Arabes Unis) montent également en puissance avec l'objectif de favoriser un cinéma arabophone et surtout diffusable dans le monde musulman.

Pour l'instant, les grands succès africains de ces dernières années - Les chevaux de dieu, La pirogue, Timbuktu, Grigris - restent dépendants des fonds d'aides français. Au final, c'est loins d'une dizaine de films qui sont produits chaque année.

Deux propositions pour faire bouger le cinéma en Afrique francophone

Le rapport d'Unifrance affirme qu'il ne fait pas se contenter d'être un cinéma simplement exportateur, et de ne pas se contenter des films français. Il faut aussi inclure le cinéma belge, suisse et québécois dans la réflexion. d'etre français

Première proposition : un festival du film francophone itinérant (Dakar, Bamako, N'djamena, Abidjan) avec 2 films majoritairement français, 2 films africains, 2-3 films francophones, un film d'animation et un film de patrimoine. Un festival annuel et transnational destiné au public.

Seconde proposition : les rencontres du cinéma francophone, qui auraient lieu à Dakar en novembre prochain, afin de travailler "à la structuration d'un écosystème favorable à la cinématographie francophone". "Le Sénégal par exemple a fait un travail de titan en un an. Ils ont créé un fonds de production, lancé des rénovations de salles, ils sont en train de créer un centre national sénégalais (sur le modèle du CNC) et une cité du cinéma dans les nouvelles zones industrielles de Dakar!" explique Eric Névé. Dakar accueille un sommet de la Francophonie tous les ans : idéal pour des rencontres professionnelles. Dakar se veut le carrefour du cinéma francophone en Afrique de l'Ouest, comme le Nigéria a su bâtir un Nollywood.

L'objectif est évidemment de créer une Soft Power francophone à l'instar de la Chine, du Japon, de la Corée du sud. La culture est un parfait vecteur pour soutenir l'économie et étendre sa zone d'influence politique et diplomatique. Lire le reste de cet article »