Deauville 2013 – Hommage à Larry Clark : « dans ma tête j’ai toujours 16 ans »

Posté par kristofy, le 6 septembre 2013

Larry Clark © ecran noir« Je n’arrive pas à croire que j’ai 70 ans sauf avec mes jambes et ma canne, dans ma tête j’ai toujours 16 ans. Ce qui compte c’est le mouvement, aller de l’avant, c’est de faire». Larry Clark est content que le Festival du cinéma américain de Deauville lui rende hommage ; mais il est surtout heureux d'évoquer son film "web" Marfa Girl, projeté sur grand-écran (tout comme au Festival de Rome où le film avait gagné le Grand prix). Une séance exceptionnelle puisque celui-ci n’est pas du tout distribué en salles ni en vidéo mais seulement en streaming sur internet : « mon meilleur film à ce jour c’est Marfa girl, pour le voir donnez-moi 5 dollars sur mon site larryclark.com, je l’ai tourné en 19 jours, et c’est un putain de bon film, vos globes oculaires vont sortir de vos yeux et va falloir les ramasser».

C’était en 1995 au festival de Sundance, après la découverte du film Kids, que Larry Clark naquit dans la planète cinéphile : ‘un chef d’œuvre’ (Village Voice), ‘choquant’ (Rolling Stone), ‘un cri d’alarme’ (New York Times). Le cinéma indépendant se découvrait un nouveau héros avec ce photographe déjà connu pour le succès controversé de son livre Tulsa (et ceux qui suivront) : des amis, jeunes, marginaux, photographiés parfois nus et souvent drogués.

The Smell of Us

En 2010 une rétrospective de ses photographies est organisée à Paris, où il rencontrera des skateurs et le scénariste S.C.R.I.B.E. qui vont inspirer son nouveau film qu’il a tourné cet été, avec difficultés, dans la capitale : The Smells of us. Entre ces deux films il y en a une poignée d’autres qui abordent presque toujours les mêmes thèmes de la perte d’innocence d’une jeunesse sex drug and skateboarding. Lui qui veut montrer les vies de gens qu'on ignore. Souvent critiqué pour la nudité adolescente exposée, catalogué underground, Larry Clark commence à percevoir les fruits de sa constance et de son influence : les grands festivals l'honorent.

A propos de son prochain film The Smells of us Larry Clark précise que : « c’est un film 100% français : le producteur, l’argent, l’histoire, les acteurs tout est français, sauf moi et l’acteur Michael Pitt. Moi et le producteur on a été tenace car ça fait deux ans qu’on a connu des hauts et des bas pour faire ce film, on a eu la moitié du budget espéré et la moitié du temps mais on a fait ce film quand même. J’ai rencontré des jeunes qui faisaient du skate derrière le Palais de Tokyo à Paris, et je me suis demandé ce qu’ils faisaient le reste du temps. Le tournage est terminé, il reste à en faire le montage». Il pourrait être prêt pour Berlin ou Cannes.

Revue de détails des amis de Larry Clark dans 5 films emblématiques :

Kids (1995) : premier film, premier chef-d’œuvre, film culte. Première apparition de beaucoup de noms qui par la suite seront influents : à la production il y a Gus Van Sant (devenu le réalisateur que l’on sait et récompensé à Cannes et aux Oscars) et Christine Vachon (qui va produire les films de Todd Solondz, Todd Haynes, John Waters...) ; au casting il y a Léo Fitzpatrick, Rosario Dawson et Chloé Sévigny qui était la petite amie du scénariste Harmony Korine (elle jouera ensuite dans les films qu’il réalisera).

Bully (2001) : au casting encore Léo Fitzpatrick de Kids, et la jeune génération de l’époque Bijou Phillips, Nick Stahl, Brad Renfro (qui participe aussi à la production) et Michael Pitt (dans le prochain The Smells of us); le film est coproduit par des français.

Teenage Caveman (2001) : film rare pour HBO mais tout de même édité en dvd (dans un coffret dédié à Stan Winston). On y découvre la complice et muse de Larry Clark en la personne de Tiffany Limos (elle travaillera ensuite à la production de clips avec Michel Gondry) et Stephen Jasso.

Ken Park : presque une suite parallèle de Kids où on retrouve Harmony Korine au scénario, et au casting toujours Stephen Jasso et Tiffany Limos dans des scènes de sexe à plusieurs partenaires (le film est interdit au mineurs dans plusieurs pays). Le film est en fait coréalisé par Larry Clark et Ed Lachman (qui est directeur de la photographie pour Sofia Coppola, Todd Solondz, Steven Soderbergh, Todd Haynes…) ; le film est coproduit par des français.

Wassup Rockers : le scénario est co-écrit par Larry Clark et Matthew Frost (réalisateurs de clips et de publicités), le casting est principalement constitué de jeunes latinos comme les frères Velasquez rencontrés pour une session photo pour le magazine Rebel

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Lire aussi :
Larry Clark : un tournage à Paris et un film en compétition à Rome
Un été avec les Kids de Larry Clark sur Arte Creative

Deauville 2013 : Hommage à Gale Anne Hurd, la femme qui a révolutionné la Science-Fiction

Posté par kristofy, le 5 septembre 2013

Gale Anne Hurd @ ecran noirEn l’espace de quelques années, trois films cultes ont marqué leur époque dans un genre, accompagnant une évolution des films de science-fiction et aussi une révolution dans le cinéma.

La quête du robot Terminator venu du futur, la guerre contre les Aliens, et la découverte d’une autre vie dans Abyss sont autant de jalons qui ont imprimés à jamais les rétines des spectateurs. Derrière la caméra il y a James Cameron, mais derrière lui, à la production, il y a une femme : Gale Anne Hurd, c’est d’ailleurs elle qui a coécrit le scénario de Terminator.

Elle est entrée dans l’univers du cinéma en commençant par être assistante de Roger Corman avant de créer sa propre société de production et de travailler avec les grands studios et la télévision. Elle a produit plus d’une cinquantaine de films, avec pour certains du succès au box-office et quelques Oscars.

Ex épouse de Brian de Palma et James Cameron, Gale Anne Hurd, bientôt 58 ans, patronne de Valhalla Motion Pictures, a été la productrice de Terminator (1984), Aliens le retour (1986), Abyss (1989), Terminator 2 le jugement dernier (1991), L’esprit de Caïn (1992), Absolom 2022 (1994), L’ombre et la proie (1996), Le pic de Dante (1997), Armageddon (1998), Terminator 3 : Rise of the Machines (2003), Hulk (2003 et 2008), The Punisher (2004), Aeon flux (2005)…

C’est elle qui est la productrice de la série plébiscitée The Walking Dead qui en est à sa quatrième saison à la télévision, et aussi quelques films plus intimistes comme la bluette romantique Very Good Girls avec Dakota Fanning et Elizabeth Olsen, présenté cette année en avant-première à Deauville.

C’est le réalisateur Jan Kounen qui est venu sur scène lui rendre hommage pour le festival de Deauville : « Gale Anne Hurd est la personne qui a fait monter d’un cran les films de série B vers le succès pour entraîner d’autres films de genre vers le succès, Abyss comme Terminator 2 ont été deux exemples d’utilisation de nouvelles technologies pour des images inédites jamais vues, elle a posé un socle à la science-fiction contemporaine ».

Deauville 2013 : Hommage à Nicolas Cage

Posté par kristofy, le 3 septembre 2013

Nicolas Cage © Ecran NoirCette année Deauville a rendu hommage à une figure emblématique du cinéma américain des années 80 et surtout 90. Pour l’occasion, Nicolas Cage a accompagné ses deux nouveaux films : Joe, présenté il y a deux jours à Venise, et Suspect (The Frozen ground).

Lynch, Coen, Coppola, Woo, ...

Le jeune Nicolas Cage après un passage au conservatoire de San Francisco se lance dans le métier d’acteur en décrochant vite quelques rôles mais il va se faire remarquer dans trois films réalisés par son oncle Francis Ford Coppola (le vrai nom de famille de Nicolas) Rusty James en 1983, Cotton Club en 1984 et un rôle principal dans Peggy Sue s’est mariée en 1986. Il va ensuite jouer des rôles de romantique exubérant avec Arizona Junior, Embrasse-moi vampire, Sailor et Lula (Palme d’or), Milliardaire malgré lui, Leaving Las Vegas (Oscar) pour ensuite devenir une icône des films d’action dans Rock, Les ailes de l’enfer, Volte/face, 60 secondes chrono… Une filmographie riche en cinéastes prestigieux. Le virage des années 2000 lui fait alterner blockbusters assez insipides à succès (Windtalkers, Benjamin Gates et le trésor des templiers, Next…) et plusieurs autres films sans relief dont quelques remakes hasardeux (The wicker man, Bangkok dangerous, Bad lieutenant…).

Cage de nouveau derrière la caméra?

Le Festival américain de Deauville avait déjà programmé il y a quelques années en avant-première Sonny, film où l’on découvrait Nicolas Cage derrière la caméra en tant que réalisateur : « j’avais porté cette histoire pendant presque une dizaine d’année avant de mettre en scène le film, j’avais l’intention de jouer le personnage mais le temps a passé et j’étais devenu trop âgé pour ce rôle, alors c’est moi-même qui a réalisé le film et j’ai proposé le rôle à James Franco. Je n’ai pas trouvé une autre histoire que je voudrais mettre en scène moi-même, mais pourquoi pas dans le futur revenir derrière la caméra. Je veux continuer à être acteur, et je suis très heureux d’avoir été dirigé par autant de grands noms de réalisateurs. J’ai particulièrement apprécié le tournage de ce film Joe, que l’on présente ici à Deauville avec David Gordon Green. Lui est un réalisateur qui sait fait entendre une voix originale dans le cinéma américain actuel. »

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Deauville 2013 – Roland Emmerich ne pense pas que les fiascos de l’été remettent « en question la production de ce genre de film. »

Posté par kristofy, le 2 septembre 2013

channing tatum jamie foxx roland emmerich

En l’espace de quelques mois deux films se sont  concurrencés sur le même sujet : l’attaque de la Maison Blanche et du président des Etats-Unis : La chute de la Maison Blanche (Olympus has fallen) sorti en salle en mars, avec succès (99M$), et White House Down (littéralement La chute de la Maison Blanche), lourd fiasco estival aux USA (72 M$). Il s’agit d"un pitch très similaire sur la base d'un film d’action qui reprend la bonne vieille recette du succès Die Hard (Piège de cristal) : ici un héros musclé qui était là par hasard va se battre seul contre tous pour sauver le président (et même le monde, puisque c’est du cinéma américain). Les deux films sont quasiment identiques sur le papier, mais leur idéologie diffère grandement…

Antoine Fuqua vs. Roland Emmerich

- Olympus has fallen, réalisé par Antoine Fuqua : Le héros est un acteur de catégorie B, Gerard Butler, le président est blanc (Aaron Eckhart), l’ennemi est extérieur avec des terroristes de Corée du Nord dont le plan consiste à envoyer tout l’arsenal nucléaire américain sur des cibles américaines pour détruire les Etats-Unis... Le film est orienté vers les Républicains (George W Bush) avec un scénario plutôt impérialiste, le discours de fin sur fond de bannière étoilée laisse comme dernier souvenir « Nos ennemis voulaient mettre à bas un mode de vie, ils voulaient corrompre notre foi, ils voulaient piétiner notre liberté, plus fort et plus unis notre heure est venue pour notre chance de guider le monde libre, puisse Dieu nous bénir et puisse Dieu bénir les Etats-Unis d’Amérique »… Amen.

- White House Down, réalisé par Roland Emmerich : Le héros est une star triomphante au box office, Channing Tatum, le président est noir (Jamie Foxx), l’ennemi est intérieur avec des Américains "suprémacistes" et des conglomérats militaires nationaux qui veulent un coup d’état pour ensuite détruire l’Iran… Le film est orienté vers les Démocrates (Barack Obama) avec un scénario plutôt progressiste qui débute par un discours télévisé proposant un traité de paix avec l’Iran : « Nous allons retirer toutes les troupes américaines stationnées au Moyen-Orient, ne répétons pas les erreurs que nous avons commises dans le passé, Dieu sait si j’ai fait des erreurs moi-même, si nous en finissons avec cette spirale de violence nous montrerons au monde que la plume est plus puissante que l’épée […], ce n’est pas une mauvaise chose d’avoir un peu moins d’ennemis »… Alléluia.

Au-delà des considérations politiques qui sont à la base des complots qui fondent les deux films, White House Down s’impose comme un meilleur film d’action avec un maximum de scènes spectaculaires qui surprennent favorablement le spectateur. Bien entendu les ingrédients de base sont les mêmes avec des hélicoptères dans le ciel, le bunker secret du président pour les armes nucléaires, les différentes pièces de la Maison Blanche avec ses ascenseurs et ses tunnels. Roland Emmerich, déjà reconnu pour son expertise en scènes de destruction massive spectaculaire (Independence Day, Godzilla, 2012…), réalise un divertissement sophistiqué. White House Down est un nouveau film d’action assez banal malgré tout, avec autant de combats au corps à corps que d’hélicoptères explosés par des missiles ; en bonus on ajoute une dimension familiale avec l’importante place de la fillette du héros qui se révèle elle aussi une héroïne au cœur du film.

Un expert, un père, un président

roland emmerich © ecran noirRoland Emmerich : «Les effets spéciaux font maintenant partie du processus classique de fabrication d’un film. C’est important pour moi qu’il y ait un niveau de lecture en plus au-delà du divertissement, comme le réchauffement climatique dans Le jour d’après. C’est effectivement la 3ème fois que la Maison Blanche est détruite dans mes films, mais cette fois comme le film se déroule quasiment dans un lieu unique le faire dans la Maison Blanche c’était encore plus intéressant. Je n’ai rien contre le gouvernement américain mais j’ai quand même un regard critique sur certaines pratiques politiques».

Sur la série de flops cet été aux USA : «Il se dit qu’il y a eu un accueil tiède aux USA des différents blockbusters de l’été, peut-être qu’il y a eu saturation du nombre de films mais je ne pense pas du tout que ça remette en question la production de ce genre de film

channing tatumChanning Tatum : «Je suis moi-même un tout jeune père, cette relation père-fille m’a évidement intéressé autant que la dimension de ces deux hommes qui s’entraident dans le danger».

Sur ses projets : «Une suite à Magic Mike est prévue, on commence à écrire pour peut-être tourner l’année prochaine».

jamie foxx © ecran noirJamie Foxx : «Il y a deux ans j’étais un esclave pour Django Unchained et maintenant je suis le président des Etats-Unis, c’est cool. Barack Obama a vu le film, il adore et il se le repasse en boucle!»

Sur The Amazing SpiderMan 2 : «Pour le prochain Spiderman je serais le méchant Electro, j’ai apporté ma touche personnelle pour un personnage haut en couleur».

Roland Emmerich prépare la suite de Independence Day. Sortie prévue le 3 juillet 2015, 19 ans après le premier épisode.

Deauville 2013 – Cate Blanchett : « Nous tous, nous flirtons avec le fantasme d’une vie idéalisée »

Posté par kristofy, le 1 septembre 2013

Cate Blanchett Deauville © ecran noir

« Si dès le début je sais jouer le personnage, c’est que quelqu’un d’autre devrait jouer le rôle ». La star australienne Cate Blanchett justifie ainsi ses choix et ses exigences.

Elle a commencé sur les planches à donner vie aux héroïnes des classiques (Hamlet, La Tempête, La Mouette, Richard II…). Récemment elle a joué Les Bonnes de Jean Genet à Paris puis à Sydney (avec Isabelle Huppert). En 2008 elle est une double-prétendante à un Oscar pour Elizabeth- l’Age d’or (la suite de Elizabeth qui lui avait valu sa première nomination en 1998) et pour I’m not there (où elle joue Bob Dylan), statuette qu’elle avait déjà gagné en 2004 pour Aviator de Martin Scorsese. Autant dire que le Festival du cinéma américain de Deauville tenait son instant glamour.

Hollywood fait les yeux doux à Cate Blanchett depuis longtemps. Sa carrière aligne les plus noms les plus prestigieux : Anthony Minghella, de Sam Raimi, Peter Jackson, Joel Schumacher, Jim Jarmusch, Wes Anderson, Alejandro Gonzalez Inarritu, Steven Soderbergh, Steven Spielberg, David Fincher, Ridley Scott… Elle sera à l’affiche bientôt de The Monuments Men (où elle retrouve une nouvelle fois George Clooney et Matt Damon) et d’un prochain Terrence Malick. En ce moment elle rayonne dans Blue Jasmine de Woody Allen, projeté en avant- première à Deauville.

« La complexité ne me fait pas peur, plus c’est complexe et plus c’est intéressant à jouer. Le point commun des rôles qui me fascinent et qui m’attirent sont ceux qui me paraissent plutôt insurmontables ou effrayants. Ce qui est intéressant chez Woody Allen c’est qu’il est dans la création d’un archétype. Ici pour ce personnage de Jasmine il y a un écart entre le réel et le fantasme de sa personnalité, cette femme est dans une fabrication d’elle-même. Nous tous, nous flirtons avec le fantasme d’une vie idéalisée. Ce rôle en quelque sorte est un truchement idéal entre le cinéma et le théâtre puisque Jasmine met en scène sa vie.»

Deauville 2013 : les stars arrivent sur les planches!

Posté par kristofy, le 29 août 2013

Le 39ème Festival du Cinéma Américain de Deauville s'ouvre ce soir, pour célébrer encore une fois le cinéma made in USA dans sa diversité, avec à la fois les gros films de studios mais aussi les petits films indépendants. Surtout les célébrités les plus prestigieuses viendront arpenter les planches de la cité balnéaire chic et mythique.

Deauville va accueillir en grande pompe Nicolas Cage, pourtant déclinant (et qui présentera ses deux derniers films Joe et Suspect), John Travolta (Killing Season), la radieuse Cate Blanchett (Blue Jasmine, le nouveau Woody Allen qui a séduit les Américain cet été), le sulfureux réalisateur Larry Clark (avec l’intégrale de ses films, dont Marfa Girl primé à Rome l'an dernier), la productrice Gale Ann Hurd (Terminator, Armageddon, Abyss, la série "The Walking Dead"… et le nouveau Very Good Girls).

En ouverture du festival reviendront une nouvelle fois sur les planches Deauvillaises Michael Douglas et le réalisateur Steven Soderbergh, qui donnera aussi une masterclass qui reviendra sur sa carrière. Ils accompagneront Ma vie avec Liberace, en compétition au dernier festival de Cannes. L’équipe de White House Down, gros flop aux US, viendra en force avec Roland Emmerich, Jamie Foxx et Channing Tatum ; le réalisateur Lee Daniels présentera le succès du Box office US du moment, Le Majordome, biopic à Oscars, et l’actrice Jena Malone sera là pour The Wait

Snowpiercer Le transperceneigeCertains des autres films présentés en avant-première ou en compétition ont été également remarqués à Cannes (All is lost, Fruitvale Station, Les amants du Texas, We are what we are), à Berlin (Lovelace, Upstream Color), à Locarno (Wrong Cops de Quentin Dupieux), ou projetés en parallèle de leur sélection à Venise (comme Night Moves de Kelly Reichardt).

Le film de clôture sera une avant-première de Snowpiercer en présence du réalisateur Bong Joon-ho. Il s'agit de la plus importante production de Corée du Sud (qui est en train de battre en ce moment des records d’entrées au box office local). Tourné en langue anglaise, avec un casting international (Chris Evans, Tilda Swinton, Jamie Bell, Octavia Spencer, John Hurt, Ed Harris...) qui entoure le populaire Song Kang-ho, il s'agit de l’adaptation de la bande-dessinée française le Transperceneige.

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39ème Festival du Cinéma Américain de Deauville
Du 30 août au 8 septembre 2013
Programme et renseignements sur le site de la manifestation

Grand prix à Deauville, Mother and Child consacre Annette Bening

Posté par vincy, le 13 septembre 2010

Annette Bening dans Mother & Child

Elle était l'invitée d'honneur du Festival du cinéma américain de Deauville. Elle y présentait deux films : The Kids are all right, comédie de moeurs douce amère primée par un Teddy Award à Berlin et Mother and Child. Annette Bening est, sans aucun doute, la star du cinéma indépendant cette année, et en bonne place pour une future nomination aux Oscars (elle a déjà été nommée trois fois).

Car le film de Rodrigo Garcia (Les passagers), qui met aussi en vedette Naomi Watts, Samuel L. Jackson, Kerry Washington et Cherry Jones, vient de recevoir le Grand prix à Deauville. Contrairement à The Kids are allright, très joli succès de l'été aux USA, Mother & Child n'a pas rencontré son public (un million de $ au box office). Il lui faudra un palmarès étoffé pour séduire les professionnels hollywoodiens : un an après son avant-première mondiale à Toronto, il a voyagé à San Sebastian, Sundance et Dubai. Le film sort le 17 novembre en France.

Deauville a aussi récompensé The Myth of the American Sleepover (présenté à la Semaine de la critique à Cannes) et Winter's Bone (prix du jury ex-aequo).

Holly Rollers a reçu le prix révélation Cartier tandis que le prix de la critique internationale a échu à Buried, de Rodrigo Cortes.

Deauville : retour sur les 11 films en compétition

Posté par kristofy, le 14 septembre 2009

themessenger.jpgPour sa 35ème édition le Festival du Cinéma américain de Deauville a proposé une sélection de 11 films en compétition. De la comédie à film plus violent le public et les jurys ont découvert une large palette du cinéma indépendant et aussi des histoires singulières.

Retour sur les autres films de la compétition

Cold Souls : Le premier film à ouvrir le bal de la compétition est réalisé par Sophie Barthes, une française qui a peaufiné son projet à Sundance alors que Paul Giamatti avait déjà été séduit par le scénario. Il joue son propre rôle, celui de l’acteur américain Paul Giamatti qui est accablé par ses doutes en répétant une pièce de théâtre. Il apprend l’existence d’une société qui vous soulage de votre âme en l’extrayant de votre corps et qui la stocke le temps que vous voulez, il est même possible de louer une autre âme… Incrédule d’abord (comme le spectateur) il se laisse tenter par l’expérience, et il n’est plus tout à fait le même homme qu’avant. Mais quand il veut récupérer son âme celle-ci a été volée par une trafiquante russe pour la remettre à une actrice télé compagne d’un mafieux… La première partie est pleine d’humour et d’inventivité, mais malheureusement la suite où les personnages ont des aperçus de résidu d’âme est moins percutante.

Harrison Montgomery : Un jeune (Octavio Gomez Berrios) s’est fait arnaqué de 3000 dollars dans un deal de drogue, et il est violement harcelé pour rembourser cette somme. La fille de sa voisine de palier s’invite sans cesse chez lui, son voisin d’en dessous est un vieil excentrique (Martin Landeau) qui paraît-il aurait gagné un jour au loto… Sympathique et excentrique, sans plus.

Shrink : Un film choral à Hollywood autour de Kevin Spacey en psy effondré par le suicide sa femme, une jeune lycéenne dont la mère s’est suicidée et qui adore le cinéma, Mark Webber qui voudrait écrire un scénario, un producteur odieux qui a la phobie des bactéries, son assistante devenue mère-porteuse pour sa sœur, une star accro à la drogue, un dealer d’herbe, une actrice de 35 ans apparemment trop vieille pour décroché un rôle, Robin Williams fait une apparition… Bref plusieurs personnages qui représente le microcosme d’Hollywood qui se regarde le nombril.

Humpday : Ce film de Lynn Shelton avait déjà été une bonne partie de rigolade à Cannes. Deux amis qui se retrouvent philosophent à une fête dionysiaque sur la vie et l’art, et ils s’engagent à tourner ensemble un film amateur porno pour un festival artistique d’art érotique. Un film où deux amis hétéros couchent ensemble, quelle bonne idée, mais arrive le moment où il faut le faire et les hésitations commencent… Le mari conventionnel qui veut faire un bébé doit en parler à sa femme, le copain bohème se rend compte qu’il n’est pas aussi ouvert d’esprit qu’il le croyait. Ils arrivent dans une chambre pour le faire et…c’est en salle le 16 septembre. Avez-vous déjà essayé votre meilleur ami

The Messenger (photo) : Ben Foster et Woody Harrelson sont deux soldats revenus de la guerre qui ont pour mission d’annoncer à des familles la mort de leur mari/père/fils au combat. Le réalisateur Oren Moverman s’intéresse autant aux traumas des soldats qui sont revenus de la guerre qu’aux familles de ceux qui n’en sont pas revenus. Par exemple une scène de confession en long plan-séquence entre un soldat et une veuve est particulièrement émouvante. Dans ce film jouent aussi Samantha Morton et Jena Malone qui sont méconnaissables. Et si c’était le meilleur film sur l’après-guerre en Irak.

The Killing room : Le genre de film qui détonne dans la compétition, à la fois film de genre et film subversif. Le réalisateur Jonathan Liebesman, qui avait raté une nouvelle version de Massacre à la tronçonneuse, réussit un film à suspense très malin avec notamment Chloé Sévigny, Peter Stormare et Cléa Duvall. Le projet MK-Ultra est tellement secret qu’officiellement il n’existe pas. Quatre personnes qui ont accepté de venir une journée pour des tests scientifiques sont enfermées dans une pièce, et ils vont vite apprendre qu’à la fin de la journée trois personnes seront éliminée… Le film propose une thèse radicale sur la paranoïa américaine post 11 septembre, et comment lutter contre le terrorisme.

World’s greatest dad : C’est une comédie avec Robin Williams, et certainement son meilleur film depuis Photo Obsession (prix du jury ex-æquo à Deauville en 2002)! Ce film est produit par la société de Richard Kelly (Donnie Darko) est né à l’initiative de Bob Goldthwait (un ami très proche de Robin Williams) qui en signe le scénario et la réalisation. Un prof célibataire qui désire devenir écrivain doit supporter son ado de fils qui est insolent et collé à son écran d’ordinateur. Le film démarre doucement et prend son envol au moment où le fils dépravé meurt subitement (de la même manière que David Carradine). Ce décès passe en suicide et le père écrit ensuite un journal intime, et les évènements vont s’emballer… Ce journal intime d’un adolescent incompris devient un phénomène qui provoque des réactions en cascade. Bob Goldthwait livre un film irrévérencieux sur le deuil : « Maintenant que Michael Jackson est mort les gens en feraient leur baby-sitter ! Les hommages aux morts sont un peu curieux et souvent très exagérés dans les qualités que l’on reconnaît au défunt et dans l’amour qu’on leur déclare à ce moment là. ». Pour l’annecdote on était deux personnes à avoir remarqué un rapide caméo dans le film de Krist Novoselic, ex-batteur de Nirvana.

Sin nombre : Un premier film de Cary Joji Kukunaga (qui parle d’ailleurs français, photo de droite) Cary Joji Kukunagaet coproduit par Gael Garcia Bernal et Diego Luna. Il évoque los estados unidos, le but à atteindre des immigrants clandestins en provenance du Honduras ou du Guatémala et qui traversent le Méxique pour traverser la frontière. Casper est un ado membre du gang la Mara Salvatrucha qui va croiser la jeune Sayra sur un train, pour la défendre il va provoquer la mort du chef du gang. Toute la bande est aux trousses de Casper pour le tuer… Il est long et mortel le chemin vers le rêve américain, le film sort le 21 octobre.

Youth in Revolt : Une comédie ado de Miguel Arteta (The good girl) avec en vedette Michael Cera qui joue, encore et toujours, un adolescent de 16 ans amoureux malchanceux. Il rencontre dans un camping une jolie fille et pour se rapprocher d’elle il va se laisser guider par son double imaginaire : un français aventurier du genre Belmondo. Mais l’influence de son alter-égo va commencer par lui être de plus en plus néfaste au fur et à mesure qu’il enchaine les catastrophes… Une gentille comédie pleine de bonnes intentions et qui se laisse voir sans déplaisir.

Precious : Déjà vu à Cannes, l’histoire sordide d’une jeune fille obese qui subit les pires malheurs du monde est très émouvante pour la plupart des spectateurs après le générique de fin, mais il n’est pas interdit de penser que ce n’est pas vraiment un bon film...

The good heart : Il s’agit du premier film américian de l’islandais Dagur Kari, qui est le réalisateur du très bon Noî albinoï (en Islande) et de l’encore meilleur Dark Horse (au Danemark). Il reforme le duo de Long Island Expressway (prix du jury ex-æquo à Deauville en 2002) c'est-à-dire Brian Cox et Paul Dano qui a depuis gagné ses galons de star. Un vieux barman aigri recueille un jeune sdf rencontré à l’hôpital pour le faire travailler dans son bar et même le lui transmettre. Un soir Isild Le Besco arrive en pleurs sous la pluie, elle a été virée et n’a nulle part où aller… Entre le jeune homme qui voulait foutre sa vie en l’air et le vieux qui lutte pour rester en vie va se nouer une relation qui va être mise à mal par l’arrivée de la jeune femme. Emouvant et drôle à la fois, encore une fois Dagur Kari réalise avec des petits moyens un grand film.

Crédit photo Cary Joji Kukunaga : Christophe Maulavé

Deauville : un palmarès eclectique

Posté par kristofy, le 13 septembre 2009

Pour sa 35ème édition, le Festival de Deauville a proposé une sélection de 11 films en compétition. De la comédie à un style de film plus violent, le public et les jurys ont découvert une large palette du cinéma américain indépendant mais aussi des histoires singulières.

Le prix de la critique est allé à un premier long-métrage, The Messenger, réalisé par Oren Moverman, en permanence sur la corde raide et dans la retenue, jamais dans le pathos. "Pour la maîtrise de sa mise-en-scène, pour son montage, et pour sa direction d'acteur". il effectue un doublé prestigieux puisqu'il obtient aussi le Grand Prix du jury.

C’est Jean-Pierre Jeunet qui était le président du jury officiel, dont le prochain film Micmacs à tire-larigot va bientôt sortir avec Dany Boon, lui aussi juré tout comme Patrice Leconte (qui l’avait dirigé dans Mon meilleur ami), Jean-Loup Dabadie (scénariste du film à venir La tête en friche de Jean Becker, et pour Claude Sautet, Yves Robert, Claude Pinoteau…), le réalisateur Bruno Podalydès, les actrices Sandrine Kiberlain, Géraldine Pailhas, Hiam Abbas, Emilie Dequenne et Déborah François. Enthousiasmés par la compétition, ils ont tenu à récompenser plusieurs films. "Puisque nous avions la possibilité de remettre un prix ex-æquo, on en a profité pour le faire car on aurait voulu remettre plus de prix au vu de la qualité de la sélection qui nous a été proposée", ont-ils précisé.

Le prix du jury ex-æquo va donc aux films Precious de Lee Daniels et au film Sin nombre de Cary Joji Kukunaga.

Le jury de la révélation Cartier, qui distingue plutôt un film pour ses qualités novatrices, était présidé par Maïwenn, avec le chanteur Raphaël, l’écrivain Nicolas Fargues, et les comédienne Aïssa Maïga, Louise Monot et Romane Bohringer. "On a voulu choisir un film singulier et surtout pas formaté, un film qui se démarque des autres dans la forme et le propos", a précisé le jury. "Pour ces raisons, nous donnons ce prix au film Humpday, réalisé par Lynn Shelton".

Deauville : Andy Garcia et Steven Soderbergh jouent avec les mensonges

Posté par kristofy, le 13 septembre 2009

Andy GarciaAndy Garcia est acteur, producteur, réalisateur, musicien, père de famille... et d'autres choses encore. Que pourrait-on bien lui reprocher ? Peut-être de très mal imiter Marlon Brando... mais c’est pour nous faire rire dans son nouveau film, City Island. Alors voila, ce comédien aux multiples talents méritait bien un hommage du Festival américain de Deauville. Quand on lui demande de se souvenir de ses débuts, l'acteur se rappelle immédiatement qu’il a été d’abord un enfant émigré de Cuba vers la Floride. Cet exil l’a toujours marqué, et il a trouvé une consolation dans l’art, la musique et le cinéma. Il a eu l’aspiration de participer à ce monde merveilleux qui était une sorte d’échappatoire. C'est ainsi qu'il a commencé par jouer gratuitement au théâtre, et après pas mal de temps et d’embûches, à force d’entêtement et d’acharnement, il a fini par en faire son métier. Il était devenu acteur…

On l'a particulièrement remarqué dans Huit millions de façons de mourir de Hal Ashby, Les incorruptibles de Brian De Palma, Black Rain de Ridley Scott, Le Parrain 3 de Francis Ford Coppola, Héros malgré lui de Stephen Frears, Dernières heures à Denver de Gary Felder, L’enjeu de Barbet Schroeder, Modigliani de Mick Davis… Dans ce dernier film, il partageait d'ailleurs l’écran avec Elsa Zylberstein, et c’est la comédienne qui était sur scène avec Jean-Loup Dabadie (membre du jury) pour lui rendre cet hommage. Inès Sastre était également présente, elle qui a joué dans Adieu Cuba, la grande œuvre d'Andy Garcia puisque qu’il en est le producteur, le co-scénariste, le réalisateur, le compositeur de la bande-originale, et bien entendu aussi l’acteur.

On a découvert un nouveau visage du comédien lors de la première de City Island : il veut nous faire rire de la même manière que le personnage principal d’une pièce de boulevard. Dans ce film, toute la famille fait des mensonges et des cachotteries : le fils est attiré par les femmes obèses sur internet, la fille qui a une bourse pour ses études fait du strip-tease dans un club, le père dit qu’il va jouer au poker pour ne pas avouer qu’il suit des cours de théâtre, la mère est en manque d’étreintes fougueuses et s'intéresse à l’ex-prisonnier ramené à la maison par son mari pour une obscure raison… Cet étranger va attiser les soupçons et les dérapages en tout genre, et ça va être difficile pour toute la famille, chacun ayant honte d’assumer ce qu'il a été. Au générique de cette comédie, on retrouve Julianna Marguiles, Emily Mortimer, Alan Arkin, et une jolie actrice présente à Deauville qui est Dominik Garcia-Lorido (la fille aînée de Andy Garcia !).

"Il s’agit surtout de résoudre le problème de la forme à choisir pour raconter telle histoire"

Andy Garcia a aussi joué dans les Ocean’s 11, 12 et 13 de Steven Soderbergh. Celui-ci était déjà venu à plusieurs reprises à Deauville, et il y est revenu une nouvelle fois pour Steven Soderberghnous présenter The Informant, avec en vedette un Matt Damon méconnaissable qui a pris quinze kilos de plus. Il s’agit d’un cadre d’une multinationale de l’agroalimentaire qui après un possible sabotage va livrer aux FBI les pratiques illégales de son entreprise. Il se prend pour un espion à enregistrer des réunions pour donner des preuves aux autorités d’une entente sur les prix entre concurrents qui fausse le marché. Mais à toujours raconter une nouvelle chose à une nouvelle personne, on va se poser bien des questions sur cet informateur. La plus grande réussite du film est de nous montrer cette histoire actuelle avec un look vintage seventies du plus bel effet. Ce personnage de menteur qui dit des vérités avait en fait déjà été proposé à Matt Damon dès 2001, il est inspiré d’une histoire vraie ou presque. Steven Soderbergh s’est confié en donnant sa version des faits, vraie avec quelques mensonges ?

"Je ne raisonne pas vraiment en terme de film sérieux ou de comédies, de l’extérieur vous pouvez avoir l’avis que vous voulez, mais en fait pour moi il s’agit surtout de résoudre le problème de la forme à choisir pour raconter telle histoire. Le livre et le scénario me suffisaient, je n’ai pas rencontré la personne qui a vécu ces évènements, il ne fallait que les faits, je voulais être précis mais pas réel. Je vais vous avouer une lubie : j’adore la décennie 1966-1976, ce qui explique l’époque où j’ai placé le film. On a transformé de manière radicale Matt Damon avec 15 kilos en plus et une modification du visage, il est devenu monsieur tout le monde. On ne le reconnaît pas, donc de manière homogène il y a dans ce film que des acteurs peu ou pas connus, pour pas que le spectateur soit distrait en reconnaissant une personnalité."
Steven Soderbergh filme un homme qui se perd dans ses vérités au milieu de menteurs tandis qu'Andy Garcia interprète un homme qui se perd dans ses mensonges parmi les membres de sa familles qui cachent leurs secrets : City Island et The Informant, deux films très différents qui montrent bien que le cinéma est l'art de l'illusion.

Crédits photo : Christophe Maulavé