Cannes fiction: L’invasion des profanateurs…

Posté par vincy, le 22 mai 2017

En cette fin des années 2020, la France a bien changé. Avec la victoire du parti des Patriotes aux régionales en 2021 puis celles du parti des Révoltés aux législatives en 2022, le financement de la culture a été bouleversé. Le premier a décidé de couper les vivres au Festival de Cannes trop cosmopolite à son goût, tout en laçant un Festival du film national à Saint-Tropez. Le second a appliqué son programme en demandant aux organisateurs de faire le choix entre financement privé et financement public. Après un conseil d'administration houleux, l'Association du Festival de Cannes a choisi le financement privé et l'Etat a cessé de financer l'événement, préférant répartir ces millions d'euros sur des manifestations cinématographiques plus fragiles.

Cannes a donc ouvert les portes aux sponsoring en grand. Pas trop le choix. D'autant que les distributeurs sont un peu plus pauvres depuis la baisse de la fréquentation mondiale en salles pour les films art et essai, les spectateurs préférant les voir sur les plateformes de SVàD qui emportent les plus beaux contrats au marché du film.

Ce qui était déjà visible dans les années 2000, avec Nespresso, Magnum, L'Oréal, Chopard, Renault, est décuplé. Ainsi, en arrivant par le train, la nouvelle gare de Cannes est aux couleurs de Perrier, fournisseur officielle d'eau minérale, avec des bouteilles à grandeur humaine qui rafraichissent l'air en ces printemps caniculaires. A cause de la montée des eaux, le Festival doit construire des digues éphémères pour continuer d'utiliser ses plages, toutes construites par Bec Frères, qui a fait des miracles à Monaco. Google sponsorise aussi les traductions en 8 langues de tous les films présentés à Cannes. Facebook diffuse en live toutes les conférences de presse.

Le placement produit est devenu roi, avec un tapis rouge orné d'un losange d'une marque de voiture, un écran géant brandé par une marque de téléphone chinoise, un générique du Festival, toujours avec la musique de Camille Saint-Saens (ouf!) introduit par une pub pour le leader des cosmétiques. L'agenda d'une égérie de marque de luxe, par ailleurs actrice, détermine le jour de la projection, permettant de réduire les frais de déplacement pour le producteur et le distributeur. La voix off et la maîtresse de cérémonie citent désormais le nom du styliste et du bijoutier, choisis parmi des signatures "labellisées" partenaires du Festival.

Le plus marquant est sans doute l'arrivée des baskets sur les marches. LVMH, partenaire de La Fabrique du monde et fournisseur officiel de champagne, et Kering, partenaire du Women in Motion, ayant le monopole des vêtements et chaussures pour les invités officiels et les talents en sélection officielle ont su étendre leur contrat pour pouvoir imposer toutes leurs marques, y compris de sportswear. Ainsi on a pu voir Justin Bieber débarquer sur le tapis en exhibant son sous-vêtement Calvin Klein et provoquer une grosse colère de la part des "sponsors officiels".

Le plus délicat fut sans doute pour le Festival de refuser le sponsoring des marches. A moitié réussi, puisque désormais sur chacune d'entre elles des jeunes filles et jeunes hommes à demi-nus forment une haie d'honneur, vêtus de tee-shirts siglés Air France-KLM avec une couleur et une illustration par destination.

Tout cela a finalement permis au Festival d'augmenter son budget et même de créer son Musée du Festival, situé sur le Port. Un Musée mécéné par la Fondation Luma, extension de celui d'Arles.

Le cinéma portugais menacé par un décret-loi du gouvernement

Posté par vincy, le 13 février 2017

joao pedro rodrigues

Dans la boîte aux lettres ce matin, il y avait une lettre de protestation et appel à solidarité venant du Portugal: réalisateurs, producteurs, acteurs, techniciens, distributeurs, syndicats et festivals de cinéma ont signé cette lettre au gouvernement portugais et demande le soutien de la communauté internationale du cinéma, dont plusieurs artistes et professionnels (Almodovar, Costa-Gavras, Audiard, Carax, Assayas, Solondz, Ade, Jaoui, Rohrwacher, Salles, Bonello, Tavernier, Desplechin, Dumont, Klapisch, Sciamma...) se joignent aux signatures nationales, de Joao Pedro Rodrigues à Miguel Gomes (la liste complète ici).

"La production portugaise passe rarement le seuil d’une douzaine de longs métrages par an. Malgré cela, un pourcentage très élevé de ses films est présent dans les festivals internationaux. Cette visibilité mondiale est due à une politique culturelle aujourd’hui en danger.

Depuis plusieurs décennies, le Portugal est un cas à part au sein de la production cinématographique mondiale. Dans ce petit pays sans marché interne pour nourrir une industrie, rares sont les années où la production nationale passe le seuil d’une douzaine de longs métrages. Malgré cela, un pourcentage très élevé de ces films est présent dans les festivals internationaux. A partir de la décennie 80, et de manière systématique, le cinéma portugais a fait l’objet de cycles et d’hommages ; des rétrospectives des films de nombreux cinéastes portugais ont été organisées - les uns en activité (certains signataires de ce texte), les autres malheureusement déjà disparus (João César Monteiro, Paulo Rocha, Fernando Lopes, António Reis, José Álvaro Morais, António Campos ou, bien sûr, Manoel de Oliveira). Le «miracle» de cette visibilité internationale, disproportionnelle au regard d’une production si faible - et qui a perduré pendant plusieurs décennies et concerné plusieurs générations d’auteurs - est certainement dû au mérite des réalisateurs, des techniciens, des acteurs et des producteurs de cinéma portugais. Mais le mérite revient aussi à une politique culturelle qui a établi des bases pour garantir la liberté de création et qui a rendu possible la production d’un cinéma marqué par la forte singularité de ses propositions. C’est ainsi que s’est consolidée l’image du cinéma fait au Portugal.

Cette politique culturelle, qui a permis l’existence de ce cinéma et qui a ouvert les portes à la diversité, a mis en place des lois du cinéma et un Institut public (l’Institut du cinéma et de l’audiovisuel, l’ICA) pour les appliquer, organisant de manière continue des concours publics pour le soutien financier à la production de films. Ces concours se déroulent selon des règles de participation transparentes et des critères d’évaluation compatibles avec la politique mise en œuvre par le ministère de la Culture, avec des jurés choisis par l’Institut et définis par la loi comme «personnalités compétentes, au mérite culturel reconnu». Ainsi, des cinéastes et des techniciens du cinéma, mais aussi des critiques, artistes plasticiens, écrivains, architectes, musiciens, programmateurs culturels ou professeurs universitaires ont été appelés à être jurés pour évaluer les projets de films.

Depuis 2013, un décret-loi revenant sur la loi du cinéma et une nouvelle direction de l’ICA, allergique aux responsabilités et méconnaissant son rôle de régulateur dans ce processus, ont transféré la tâche de choisir des jurés à un comité où sont représentés tous les intéressés par les résultats des concours : associations professionnelles, représentants des télévisions, représentants des opérateurs de télécommunications jouant un rôle de diffuseur, entre autres. C’est à ce comité corporatif qu’est revenu le rôle d’indiquer à l’ICA les noms des jurés pour évaluer les projets de films, avec, dans de nombreux cas, une très claire connivence entre ceux qui nomment et ceux qui sont nommés.

Le résultat ne s’est pas fait attendre : les exigences inscrites dans le règlement quant aux profils des jurés, «personnalités au mérite culturel reconnu», ont manifestement cessé de faire sens au regard des jurés actuels. Dans les dernières années, on a pu compter parmi les décisionnaires des projets de films des administrateurs de banques liés au cinéma, des acteurs de telenovelas ou des directeurs de marketing d’opérateurs de télécommunications…

Le gouvernement actuel, otage de la pression exercée par les opérateurs de chaînes câblées, se prépare maintenant à homologuer un nouveau décret-loi qui perpétue et aggrave cette procédure. Un ensemble très représentatif de réalisateurs et de producteurs portugais s’est manifesté contre ce système vicié par les conflits d’intérêts, et ils ont assuré à la tutelle qu’ils se refusent fondamentalement à faire partie de ce processus de nomination : ils ne veulent pas influencer la nomination des jurés ni n’acceptent que d’autres, ayant des intérêts dans les résultats des concours, puissent participer au processus. Ils croient que la transparence ne peut être assurée que si la nomination des jurés revient à l’exclusive compétence de l’ICA. Une bonne fois pour toutes, ils veulent une direction de l’ICA capable d’assumer ses responsabilités, en toute conscience de son double rôle d’exécuteur de la politique culturelle pour le cinéma et de régulateur de cette activité.

Les signataires de ce texte veulent rappeler à l’Etat que le cinéma portugais n’est pas qu’une question nationale. C’est pourquoi, ils manifestent leur solidarité avec les réalisateurs et les producteurs portugais qui se sont opposés à ce processus et manifestent leur rejet au cas où le décret-loi serait homologué."

Le CNC va aider l’édition de livres de cinéma

Posté par vincy, le 1 février 2017

Le CNC veut s'impliquer davantage dans l'édition du livre de cinéma.
La présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée, Frédérique Bredin, a déclaré dans un communiqué: "J’ai souhaité créer le prix CNC du livre de cinéma pour que la cinéphilie grandisse encore un peu plus en France."

Pour cela, l'institution créé un Prix du livre de cinéma. Jusqu'ici seuls le Syndicat français de la semaine de la critique distinguait cette catégorie de livres. Il sera décerné en avril et concerne aussi bien des essais sur le cinéma ou l’audiovisuel, des biographies, des monographies que des beaux-livres.

Les ouvrages candidats devront être édités au cours de l’année 2016-2017.

10000 euros de dotation pour le livre primé

Le prix sera doté d’une somme de 5000 euros pour l’auteur de l’ouvrage et de 5000 euros pour l’éditeur afin qu'il puisse assurer une meilleure promotion du livre récompensé. Le jury se réunira en en avril. Présidé par Yasmina Reza, il sera composé de la rédactrice en chef d'Ecran Total, Salma Belabes, du patron du groupe Fnac Darty, partenaire du prix, Alexandre Bompard, de l'animateur et journaliste François Busnel,du Président du Centre national du livre Vincent Monadé, du directeur du Figaro littéraire, Etienne de Montety, et du libraire toulousain Christian Thorel.

Mais le CNC ne s'arrête pas là, conscient que l'édition de livres de cinéma est fragile. Si les grands auteurs font l'objet de documents parfois pointus ou passionnants (louons le travail de Capricci), si les stars sont régulièrement traitées (plus ou moins bien, du pire avec les biographies non autorisées au meilleur avec les beaux livres de Taschen), des pans entiers du 7e art sont complètement oubliés.

80000 euros d'aides pour une dizaine de projets éditoriaux

Les membres du jury auront donc également en charge d'accompagner "de façon plus structurante, en amont de leur publication, l’édition de livres de cinéma, en ayant un effet incitatif sur les éditeurs."

Les jurés se réuniront deux fois par an (avril et novembre 2017). Ils devront choisir une dizaine de projets éditoriaux, qui recevront d'une aide de 3 à 10 mille euros, pour une enveloppe totale de 80000 euros. "Les candidats, éditeurs et auteurs, seront auditionnés par les membres du jury afin de mieux appréhender les projets présentés" précise le CNC.

Edito: De retour sur le front

Posté par redaction, le 10 novembre 2016

Il y a 18 nouveautés dans les salles cette semaine. 8 d'entre elles n'ont même pas atteint les 1000 spectateurs hier, dont le dernier Wim Wenders. Seulement un tiers dépasse les 50 spectateurs par copies. Le massacre est régulier, semaine après semaine. Et on peut s'en désoler. Surtout qu'il faut ajouter désormais les sorties en vidéo à la demande.

Depuis des années, on nous parle de bousculer la fameuse "chronologie des médias". Rappelons ce que c'est: sortie prioritaire en salles. 4 mois après, possibilité de le diffuser en VàD et DVD. Dix mois après la sortie en salles, diffusion possible sur Canal +. Un an et demi après la sortie en salle, premier passage en clair à la télévision ou deuxième passage sur une chaîne payante.

Canal +, principal argentier privé du cinéma français et qui a quelques difficultés financières, voudrait changer tout cela en proposant que la chaîne cryptée puisse passer les films six mois après leur sortie sur grand écran au lieu de 10 mois. Et ainsi de suite: tout avancer de 4 mois. Le film pourrait être disponible partout en VOD en achat ou en location, sauf sur les plates-formes de vidéo par abonnement comme Netflix, pendant la fenêtre d'exploitation de Canal+ (soit aujourd'hui de 10 mois à 22 mois après la sortie).

Pourquoi pas. On pourrait expérimenter le procédé et connaître après une période test l'impact sur les salles. Pour certains films, qui ne rencontrent pas leur public en salles, on pourrait même accélérer la diffusion sur le petit écran.

Protéger la salle mais ne pas désavantager le plus gros financier du cinéma français

Mais si Canal + pourrait y gagner pour dynamiser son offre de "contenus" à ses abonnés, rien ne dit que le cinéma y gagnera. D'autant que le nouveau modèle économique de la chaîne, qui essaie de limiter le nombre de désabonnements et de reconquérir les consommateurs, va avoir un sérieux impact sur les productions de films. En baissant le prix de son abonnement, son chiffre d'affaires risque de baisser lui aussi, et donc sa contribution au cinéma français (12,5% de son C.A.) suivra. Du côté de Canal +, on assure que cette contribution ne baissera pas mais qu'il faut déterminer un nouveau mode de calcul. Les syndicats de producteurs aimeraient déjà que la chaîne garantissent durant quelques années cette manne financière dont ils ne peuvent pas de passer.

Il va falloir s'adapter. Canal + est désormais concurrencé et la vidéo à la demande bouleverse les habitudes des cinéphiles. Amazon, Netflix etc ont des ambitions cinématographiques. Sans compter que le cinéma n'est plus le produit d'appel principal pour les abonnés de Canal.

De nouveaux acteurs sortent du bois. Après Orange, logiquement SFR se dit prêt à financer le cinéma français. Mais, là encore, à condition que la chronologie des médias évoluent. Et pour les acteurs des télécoms, n'ont pas le même calendrier que Canal. Une chose est certaine: tout le monde a envie de faire bouger les choses et personne n'a intérêt à ce que les télévisions, qui financent, et les salles, qui permettent de déterminer le succès d'un film, ne soient perdants.

En attendant de trouver une solution, tout le monde est sur le front. Non pas pour déclencher une guerre cette fois-ci, mais bien pour sauver le soldat Canal.

Le festival Cinespana fait appel au financement participatif pour survivre

Posté par MpM, le 1 juillet 2016

C'est le plus important festival de cinéma espagnol d'Europe (en dehors d'Espagne) avec plus de 120 films projetés chaque année depuis 1996. Or Cinespana, dont la 21e édition est prévue à Toulouse du 30 septembre au 9 octobre prochain, est menacé par une baisse drastique de ses subventions. "Ces dernières années, nos subventions ont diminué de façon conséquente et la baisse de budget est à chaque édition plus grave. A tel point que l’existence du festival est remise en cause", expliquent les organisateurs.

Pour l'édition 2016, c'est en effet à une baisse de 30 000 euros que doit faire face la manifestation. D'où l'idée de faire appel au financement participatif. "Nous avons réussi à réaliser 10 000 euros d'économies mais nous avons atteint un seuil et il nous faut encore rassembler 20 000 euros. En attendant de trouver de nouveaux mécènes pour 2017, nous avons besoin de votre soutien", écrivent les organisateurs sur le site de la campagne.

Il s'agit donc de récolter 20 000 euros d'ici le 13 juillet, afin d'assurer notamment le financement du sous-titrage et des frais d'invitations de cinéastes espagnols venus présenter leur film. Parmi les contreparties proposées, on retrouve bien évidemment des places lors du festival 2016, mais aussi des bons pour des assiettes de tapas, un livre de photos ou encore un apéro-rencontre avec un invité. A mi-parcours, environ 25% de la somme nécessaire avait été récoltée.

Amoureux de l'Espagne, cinéphiles ou simples spectateurs, oncompte sur vous pour sauvegarder cet incontournable rendez-vous toulousain qui attire chaque année environ 28 000 spectateurs !

Charles Tesson nommé Président de la Commission des Aides au Cinémas du Monde

Posté par vincy, le 30 mai 2016

Frédérique Bredin, Présidente du CNC, et Bruno Foucher, Président de l'Institut français, ont nommé Charles Tesson comme nouveau Président de la commission des aides aux cinémas du monde. Il succède au cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako. Le délégué général de la Semaine de la critique au festival de Cannes et auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma, prend ainsi la tête d’une commission "qui est le symbole du rapport particulier qu’entretient le cinéma français avec les auteurs du monde entier, dans le cadre d’une politique volontariste de promotion de la diversité culturelle."

L’aide aux cinémas du monde (ACM), cogérée par le CNC et l’Institut français, est une aide sélective aux films de long métrage réalisés par des cinéastes de toutes nationalités, dans le cadre d‘une coproduction avec la France. Créée en 2012, elle a d’ores et déjà permis de soutenir 208 films de 72 nationalités différentes, dont Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan (Palme d’Or à Cannes en 2014), The Lunchbox de Ritesh Batra, Le procès de Viviane Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz, Mustang de Deniz Gamze Ergüven (nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2016 et César du meilleur premier film), The Lobster de Yorgos Lanthimos (Prix du jury à Cannes 2015), Ixcanul de Jayro Bustamante (Ours d’Argent à Berlin en 2015) et Les délices de Tokyo de Naomi Kawase. On peut aussi y ajouter les films de Nanni Moretti, Carlos Reygadas, Amat Escalante, et quelques films récemment sélectionnés à Cannes comme Cristi Puiu (Sieranevada), Mohamed Diab (Clash), Davy Chou (Diamond Island), Boo Junfeng (The Apprentice), Bogdan Mirica (Dogs), Pablo Larrain (Neruda) et Shahrbanoo Sadat (Wolf and Sheep). Au total, 12 films étaient présents dans les différentes sélections du festival de Cannes en 2016.

78 films soutenus par l’ACM (soit plus de la moitié des films tournés à ce jour) ont été sélectionnés dans l’un des trois festivals internationaux les plus prestigieux (Cannes, Berlin, Venise).

La commission siège en deux collèges, l’un ouvert aux premiers et seconds films, l’autre aux projets portés par des réalisateurs confirmés. L’examen des projets s’organise en plusieurs étapes : comité de lecture, commission plénière, comité de chiffrage et décision des présidents du CNC et de l’Institut français. Le budget total de l’aide s’élève, en 2015, à 6 millions d’euros (maximum: 250000 euros par film). Chaque année, 4 sessions sont organisées et une cinquantaine de projets ainsi soutenus.

La prochaine session aura lieu mi-juillet.

2016 s’annonce exceptionnelle pour les tournages étrangers en France

Posté par vincy, le 1 avril 2016

dunkirk posterLe renforcement du Crédit d’impôt international (C2I) a clairement eu un effet profitable pour les tournages de films étrangers en France, avec une progression de 30% depuis le début de l'année. 19 projets étrangers – films, audiovisuel et animation confondus - ont ainsi obtenu un agrément provisoire en vue d’une réalisation en France au cours de cette année, c’est-à-dire autant de projets que sur l’ensemble de l’année 2015. Certes l'an dernier, de nombreux producteurs ont retardé leur tournage parce qu'ils attendaient de pouvoir bénéficier de ce C2I en 2016.

Cependant "Cette augmentation considérable confirme la puissance du dispositif mis en place afin de renforcer l’attractivité du territoire français, tant pour les tournages que pour le secteur de l’animation et de la post-production ", comme le souligne la présidente du CNC Frédérique Bredin.

"Le total des dépenses réalisées en France à venir, pour ces 19 projets, est estimé à 100 millions d’euros, soit 3,3 fois plus que le montant de 30 millions d’euros estimé à la même période en 2015" selon le communiqué de l'institution.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni restent les deux principaux pays d’origine des productions concernées, avec 14 projets et 89 % des dépenses.

Parmi les projets qui réaliseront cette année la quasi-totalité de leurs tournages en France, il y aura Befikre (Inde, 66 jours), The Hunting (Chine, 45 jours), Penrose Affair (USA, 30 jours), Dunkirk de Christopher Nolan (USA, 30 jours) ainsi que plusieurs séries audiovisuelles. D'autres films comme IO de Clay Jeter ou Legend of King Arthur de Jung Sung Bok sont prévus.

Dany Boon et Louane un peu seuls face au Front National

Posté par vincy, le 8 décembre 2015

dany boon louane

"Je ne peux pas croire que ma région, celle où je suis né, où j'ai grandi, où j'ai tout appris, que j'aime tant et que je mets en valeur dans mes spectacles et dans mes films depuis plus de 25 ans en vantant sa tolérance, son ouverture d'esprit, son sens de l'humour, sa générosité et son humanité, soit demain dirigée par un parti d'extrême droite. Je comprends le ras-le-bol, la peur, l'incertitude de l'avenir mais je vous assure, mes biloutes, que voter pour l'extrême droite ne résoudra aucun des problèmes actuels, au contraire. Je vous aime." C'est signé Dany Boon sur son mur Facebook.

Le résultat électoral dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie plaçant Marine Le Pen (Front national) en tête a fait réagir l'acteur le plus populaire de France. Actuellement en tournage, le ch'ti Dany Boon a décidé de réagir. Lors des municipales partielles de Hénin-Beaumont, en 2009, il avait déjà appelé à voter contre le Front National: "Le Nord-Pas-de-Calais a toujours été une terre d'accueil, de tolérance, de respect de l'autre et de ses différences", écrivait-il alors. Ce à quoi Marine Le Pen lui avait répondu qu'il ne connaissait pas la situation des habitants de la commune, en tant que millionnaire résidant à Los Angeles.

Jusque là seule Louane avait fait entendre sa voix. La chanteuse et comédienne (César du meilleur espoir pour La famille Bélier) n'a jamais hésité à rappelé ses origines et son parcours modeste à Hénin-Beaumont où elle est née pour s'opposer au FN. Après une première intervention au Grand Journal plus tôt dans l'automne, elle en a rajouté une couche le 29 novembre sur RFM: "Ce qui se passe politiquement à Hénin-Beaumont, je ne m'en fous pas. Si la question est : “Est-ce que je me mettrais à côté du FN ?” Absolument pas. Je n'ai pas été élevée dans la peur de l'autre et je viens d'une famille multi-origine. Donc, ça ne marche pas pour moi."

Le Nord-Pas-de-calais, importante pourvoyeur de fonds pour le cinéma

On aurait pu s'attendre à davantage de prises de paroles publiques. Mais les temps changent. Diaboliser le FN n'est plus tendance, ou presque. Le parti séduit désormais un tiers des votants. Il ne s'agirait pas d'insulter le public ni l'avenir. Car, au-delà de l'image que véhicule le parti ou du motif de ses électeurs, si le Front national préside des régions, c'est tout un pan de l'économie culturelle qui sera sous sa coupe. Pour ne prendre que le Nord-Pas-de-Calais (sans la Picardie), c'est 8 millions d'euros par an d'aides au cinéma, sit le 4e fonds d'aide régional, qui permet à 80 courts et longs métrages d'exister mais aussi à 45 salles de cinéma à se numériser et 15000 scolaires d'accéder à des formations ou des ateliers de cinéma.

Officiellement, tout le secteur culturel, principalement soutenu par de l'argent public, refuse de collaborer avec le FN. Mais une fois au pouvoir, s'il gagne les élections du 13 décembre, il faudra bien composer. Certaines institutions culturelles dépendent fortement des subventions régionales (43 millions d'euros au total), y compris le centre de création contemporaine du Fresnoy à Tourcoing. Le FN ne cache pas sa vision régionaliste de la culture, sa haine de l'art contemporain comme sa volonté de privilégier les artistes locaux et une culture "française". Tous leurs candidats souhaitent retirer les subventions à des lieux trop politisés, communautaristes ou clientélistes, ceux qui n'ont pas de publics ou ne sont pas rentables. Cette logique comptable est évidemment dangereuse. Est-ce que La Vie d'Adèle ou le prochain Bruno Dumont, tournés dans la région, auraient bénéficié d'aides régionales si on suit leur logique?

Une collaboration inévitable avec le Front National?

Bien sûr, le parti de Marine Le Pen se veut rassurant. La députée européenne et patronne du Front national a enrôlé Sébastien Chenu, ancien membre de l'UMP, fondateur de GayLib (qui défendait le droit des homosexuels dans le parti de Nicolas Sarkozy), pour faire le lien avec les gens de la culture. Dans Le Monde, il expliquait, non sans sarcasme: "Je connais bien les artistes, leurs fantasmes. Ils nous crachent dessus… Mais, si on gagne, je n'aurai aucun problème à travailler avec eux et à leur donner leur subvention. Maintenant, s'ils continuent à ne pas vouloir nous parler… Vous savez, j'ai rencontré beaucoup de responsables culturels de premier plan dans le Nord. Je ne vous donne pas leurs noms par délicatesse. Ils ne sont pas les mêmes sur une estrade ou en privé face à moi. Vous verrez, ils changeront d'attitude…"

Pour le cinéma, rien n'est moins sûr. La concurrence est très vive entre les régions pour attirer les tournages. La Picardie, qui fusionne avec le Nord Pas de Calais, est un acteur mineur en France. Mais si on prend une autre région emblématique, Provence-Alpes-Côte d'Azur, 2e région pour les tournages (un film français sur dix, un film étranger sur cinq), on peut croire que la Côte d'Azur reste toujours attractive. L'argent n'a pas d'odeur. Et on voit mal le FIF de Cannes ou le FID de Marseille déménager. Cependant, pour les plus petits festivals, la perte d'une aide régionale peut être périlleuse.

Le CNC veut faciliter le passage du court au long métrage

Posté par vincy, le 4 décembre 2015

Emergence Marion Desseigne Ravel durant le tournage de son Exercice, "Homéopathie" © Marie AUGUSTIN

Trois nouvelles mesures pour l’aide au développement de projets de films de long métrage ont été annoncées par le Centre national du cinéma et de l'image animée.

Frédérique Bredin, la présidente du CNC, a annoncé le 3 décembre la création d’un nouveau dispositif visant à soutenir le passage du court au long métrage et de nouvelles mesures permettant de financer d’autres aspects du développement d’un long métrage.

"Intégré au dispositif sélectif d’aide au développement (doté de 3,3M€ en 2015), ce nouveau soutien proposera d’accorder, à une entreprise de production et un réalisateur qui ont précédemment produit et réalisé ensemble au moins une œuvre cinématographique de courte durée, une aide complémentaire spécifique qui doublera l’aide éventuellement accordée au préalable par la commission" explique le communiqué. "Il permettra de financer d’autres types de dépenses de développement, également nécessaires à la finalisation d’un projet de long métrage, qui pourra ainsi mieux convaincre des partenaires et réunir des financements" précise-t-il.

Le court et le long, deux mondes à part

Dans le rapport d'Anne Bennet, remis en octobre dernier, il était souligné que 24% des sociétés produisaient des courts et des longs métrages pour le cinéma. Plusieurs initiatives existent déjà pour accompagner le passage vers le long métrage (Emergence, Cinéfondation, Next step). Cependant dans une étude publiée par la Société des réalisateurs de films, il était indiqué que la moitié des primo-réalisateurs seulement (55%) vécu "la réalisation de courts métrages comme un tremplin vers le long métrage (dont 38% qui ont gardé le même producteur que sur leur court métrage). Les 45% restants dénoncent l’écart significatif qui existe entre le monde du court métrage et celui du long métrage – deux mondes sans passerelle. Les réalisateurs pointent du doigt la mauvaise exposition et les aberrations de la diffusion de leurs films courts, primés ou non. Ces films sont peu regardés, et ils ont le sentiment de devoir tout recommencer à zéro lorsqu’ils passent au long métrage. Certains soulignent même que faire un court demande presque autant d’énergie que de faire un long, alors que la reconnaissance – artistique comme financière – reste très faible."

La musique de film intégrée dans les critères d'aide

La deuxième mesure apportera des soutiens spécifiques aux projets émanant de sociétés qui se seront mutualisées, à la condition que ces projets aient été retenus par la commission. Là aussi la mutualisation notamment des jeunes producteurs étaient un souhait du rapport Bennet, qui demandait davantage de soutien de la part du CNC.

Enfin, la troisième mesure soutiendra les projets, aidés par la commission, associant un compositeur de musique originale dès le stade du développement. Une mesure longtemps réclamée par l'Union des compositeurs de musiques de films.

Ces mesures seront effectives dès le premier dépôt des demandes d’aide de l’année 2016. C’est la commission présidée par Jérôme Deschamps qui en assurera la mise en application. Lors du renouvellement en aoput de cette commission, qui a pour vocation d'encourager les entreprises de production à développer des projets de qualité, il avait été annoncé qu'un volet spécifique serait mis en place d'ici la fin de l'année. La commission a validé 119 projets en 2014 pour un montant de plus de 3 millions d'euros.

26 cinéastes réclament des moyens pour mieux diffuser leurs films en Europe

Posté par redaction, le 9 avril 2015

À Rome, aujourd'hui, à l'occasion d'une table ronde organisée en marge du festival du Nouveau cinéma français, des cinéastes européens ont lancé un appel pour favoriser la diffusion de leurs oeuvres dans toute l'Europe. ils réclament, notamment, la taxation des acteurs d'internet qu'ils considèrent désormais comme des acteurs majeurs de l'industrie du cinéma, principalement pour la diffusion des films. Ils reprennent l'idée de la ministre de la Culture et de la Communication française Fleur Pellerin de taxer la bande passante ou le débit sur le réseau pour ces diffuseurs. Ils souhaitent également une meilleure protection des salles de cinéma existantes et des moyens pour en créer de nouvelles. Ils veulent aussi la création d'une charte de meilleure diffusion des oeuvres sur les chaînes de télévision publique.

"Il n'est pas normal que toutes les cinématographies d'Europe peinent à être accessibles pour tous les publics", écrivent ces 26 cinéastes, dont le Français Michel Hazanavicius, les Belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, le Britannique Ken Loach, l'Italien Paolo Sorrentino, l'israélien Amos Gitaï, le hongrois éla Tarr, le norvégien Joachim Trer ou encore l'Allemand Wim Wenders.

Selon eux, il est urgent de prendre des mesures "afin que l'Europe soit irriguée de tout son cinéma".

"L'espoir d'une plateforme de diffusion du cinéma indépendant européen doit être un objectif crédible" peut-on lire dans ce texte. Ils estiment qu'il est urgent de favoriser l'émergence d'acteurs européens capables de concurrencer les géants mondiaux en matière de diffusion de films à la demande (VOD), pointant du doigt Amazon, Apple, Netflix....  A ce titre, ils n'ont pas tort de s'inquiéter de la dépendance du cinéma européen à des groupes américains dorénavant transnationaux.

Pour cela, les cinéastes interpellent la Commission européenne qui doit ambitionner de faire pression sur ces géants mondiaux du Net pour qu'ils se soumettent à "la fiscalité et l'économie de la création" européenne.

"Nous devons d'urgence imaginer une fiscalité culturelle pour les acteurs mondialisés de la diffusion" expliquent-ils.

Les premiers signataires sont Lucas Belvaux, Emanuele Crialese, Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Dante Desarthe, Matteo Garrone, Costa Gavras, Amos Gitaï, Michel Hazanavicius, Kamen Kalev, Gérard Krawczyk, Paul Laverty, Mike Leigh, Ken Loach, Daniele Luchetti, Ursula Meier, Cristian Mungiu, Rebecca O’Brien, Jean-Paul Salomé, Volker Schlöndorff, Maurizio Sciarra, Ettore Scola, Abderrahmane Sissako, Paolo Sorrentino, Béla Tarr, Joachim Trier, Fernando Trueba, Wim Wenders.

L'intégralité du texte:

"Les discussions qui ont animé cette première Journée de Rome témoignent de la même urgence : alors que les fondations mêmes du droit d’auteur sont remises en question par ceux qui, en Europe, n’y voient à tort qu’un obstacle à la circulation des œuvres, nous voulons redessiner, en profondeur, la manière d’exposer notre cinéma et de le faire circuler entre nos pays.

Nos films témoignent, chacun à leur façon, à travers nos regards de cinéastes, de la vision à la fois la plus personnelle et la plus collective de l’Europe, dans toutes ses complexités : ses violences et ses joies, ses caricatures et ses réalités, ses conflits et ses unités, ses absurdités et ses rêves…

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