Pessac célèbre la Grande Guerre

Posté par vincy, le 11 novembre 2008

visuel_photoshop_acceuil.jpgPour sa 19e édition, le Festival international du film d'histoire va rendre hommage à la Guerre et à la Paix. La guerre de 14-18 (voir le dossier d'Ecran Noir) sera au coeur de la programmation et des débats. Le foisonnement d'oeuvres cinématographique autour de cet événement si loin et si proche historiquement légitime complètement cete initiative. Mais, même si Pessac lance le festival 90 ans après l'armistice, le 11 novembre, la sélection s'intitule officiellement 1914-1919.

"Ce devait être “la der des ders”, ce  fût  la “Première”. La Première Guerre mondiale, la première guerre industrielle. Le premier  cataclysme historique du XX° siècle. (...) Le Festival International du Film d’Histoire de Pessac va  proposer un  exceptionnel  concentré de films et de débats pour mieux éclairer, pour mieux comprendre  cette fracture historique", déclare François Aymé, le commissaire général du festival.

On notera d'excellents choix cinématographiques ou des plus rares comme Charlot Soldat, La grande illusion, Sergent York, Jules et Jim, Johnny s'en va-t-en guerre, La vie et rien d'autre, Les sentiers de la gloire, Capitaine Conan, La chambre des officiers, Un long dimanche de fiançailles, ... Du génocide arménien aux noirs et aux chinois dans la guerre, Pessac ne se concentre pas sur les tranchées.

Enfin, le prix du film d'histoire côté fiction sera à choisir entre des films déjà appréciés à Cannes ou ailleurs comme Il divo, Katyn, Hunger, Teza, La terre des hommes rouges, Je veux voir...

16 000 spectateurs sont attendus jusqu'au 17 novembre.

Arras se distingue avec l’Autre cinéma

Posté par MpM, le 7 novembre 2008

L’autre cinémaMarre des blockbusters, des comédies franchouillardes, des "actionners" décervelés ? Vite, rendez-vous à Arras, où pour la neuvième année consécutive, un Autre cinéma est à l’honneur ! Du 7 au 16 novembre prochains, le chef-lieu du Pas-de-Calais accueille en effet avant-premières, inédits, rétrospectives et hommages pour dix jours de fête cinématographique placée sous le signe de l’échange, de la convivialité et de la découverte.

Le grand événement de ce Festival international du film d’Arras 2008, c’est bien sûr la présence du réalisateur John Boorman (Excalibur, Duel dans le pacifique, Délivrance…) à qui est consacré une rétrospective exhaustive présentant même ses deux derniers longs métrages inédits en France : In my country et The tiger’s tail. A cette occasion, le cinéaste visionnaire donnera une leçon de cinéma animée par le spécialiste Michel Ciment, succédant ainsi à Dario Argento (2007) et Sydney Lumet (2005).

Deux autres rétrospectives permettront également aux festivaliers de redécouvrir des œuvres incontournables de l’Histoire cinématographique. "Heroïc fantasy, les années 80" fait la part belle à la magie et au fantastique en programmant The dark crystal de Frank Oz et Jim Henson, Ladyhawke, la femme de la nuit de Richard Donner ou encore Legend de Ridley Scott ; tandis que "14-18, la guerre n’est pas un jeu" célèbre à sa manière le 90e anniversaire de l’armistice franco-allemand. On verra notamment des œuvres pacifistes (Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, Johnny got his gun de Dalton Trumbo…) et deux films défendant le point de vue des Allemands : Quatre de l’infanterie de Georg W. Pabst et A l’ouest rien de nouveau de Lewis Milestone (dans sa version intégrale restaurée). Enfin, le festival a spécialement passé commande à Mauro Coceano d’une partition musicale inédite pour accompagner Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse de Rex Ingram lors d’un ciné-concert exceptionnel.

Pour autant, le cinéma contemporain n’est pas en reste avec un choix impressionnant d’avant-premières mêlant sélectionnés cannois (Il divo de Paolo Sorrentino, prix du jury, Trois singes de Nuri Bilge Ceylan, Two lovers de James Gray, Hunger de Steve Mc Queen, Caméra d’or…) et films attendus de l’hiver 2008 (The duchess de Saul Dibb, Secret défense de Philippe Haïm, Pride and glory de Gavin O’Connor…). Pour elle de Fred Cavayé en ouverture et Louise-Michel de Benoît Delépine et Gustave Kerven en clôture complètent assez harmonieusement cette fenêtre ouverte sur l’actualité cinématographique mondiale.

Enfin, pour une vraie plongée dans des cinématographies moins diffusées, les sections "cinémas du monde" et surtout "Inédits d’Europe" abordent d’autres cultures et d’autres enjeux de société au travers de longs métrages venus du Mexique, de Turquie, de Pologne, de Bulgarie, ou encore de Bosnie-Herzégovine. Ce sera notamment l’occasion de pénétrer dans les  étonnantes prisons pour femmes et enfants en Argentine avec le très touchant Leonera de Pablo Trapero ou de suivre le douloureux parcours d’une femme qui ne parvient pas à aimer son enfant (L’étranger en moi d’Emily Atef).

Pour compléter un planning déjà bien rempli, Arras propose par ailleurs "le festival des enfants" (avant-premières, ateliers d’initiation et de découverte, ciné concert spectacle, ciné-chanson, ciné-concerto… réservés aux plus jeunes) ainsi que des expositions, colloque, soirée et journées professionnelles. Le temps de dix jours pas comme les autres, ça ne fait aucun doute, la capitale d’un cinéma différent, plus riche et plus ouvert sur le monde, se trouve définitivement dans le Pas-de-Calais !

Cinespana 08 : histoire et cinéma, le couple infernal

Posté par MpM, le 9 octobre 2008

las13rosas.jpgPas de festival de films sans un grand classique du genre : la fresque historique directement inspirée d’éléments réels. Puisqu’à Toulouse, il s’agit de cinéma espagnol, la guerre civile opposant Républicains et Franquistes entre 1936 et 1939 semble un passage obligé. Près de soixante-dix ans après les faits, cet épisode brûlant de l’Histoire espagnole continue en effet à hanter bien des films, que ce soit anecdotique (un ancien républicain réfugié en Uruguay et confronté au coup d’état de 1973 dans Paisito d’Ana Diez), ou plus structurel (le héros de El hombre de arena de José Manuel Gonzalez-Berbel qui, pour avoir tenté d’obtenir justice pour ses parents assassinés par un phalangiste, est jeté en prison). Dans tous les cas, on sent le sujet douloureux, et pas vraiment apaisé.

Un peu à part, Las 13 rosas d’Emilio Martinez-Lazaro se déroule dans l’immédiate après-guerre, en avril 1939, lorsque les troupes triomphantes de Franco entrent dans Madrid. Basé sur des événements réels, il raconte le démantèlement puis l’élimination d’un réseau de partisans en grande partie constitué de jeunes filles mineures dont le seul crime est d’avoir distribué des tracts réclamant "moins de Franco, plus de pain". Le principal intérêt du film est le portrait très juste qu’il brosse de cette période troublée où la peur, la lâcheté, l’instinct de survie et la bêtise l’emportent sur l’humanité. Ce sont de vieilles femmes affolées qui dénoncent n’importe qui, des anciens combattants terrifiés prêts à trahir leurs amis pour sauver leur peau, des policiers zélés à qui le pouvoir monte à la tête, des franquistes sincères embarqués dans une chasse aux sorcières qui les dépasse… Et face à eux, non pas des héros, non pas des guerriers féroces, mais simplement une poignée de jeunes femmes à l’insouciance presqu’inconsciente, juste mues par une cause qu’elles croient juste.

Même si Emilio Martinez-Lazaro ne fait pas forcément dans la nuance, ne nous épargnant notamment ni la violence des diverses méthodes musclées d’interrogatoire, ni le pathos d’une fin inutilement mélodramatique, qui plus est filmée sans subtilité ni retenue, là n’est pas l’essentiel. Ce qui frappe, c’est la résonance universelle de son film, qui pourrait se dérouler dans l’Allemagne nazie comme dans la France de la collaboration, ou dans n’importe quel pays autoritaire où une partie de la population fait la chasse à une autre. Immanquablement, on pense à Sophie Scholl les derniers jours de Marc Rothemund qui met en scène, quoiqu’ avec plus de maîtrise et de rigueur, une autre jeune fille naïve faisant trembler la lourde machine de la police politique, et qui le paye de sa vie dans un simulacre de procès. Les dirigeants et les causes changent, les méthodes de répression restent les mêmes, nous met en garde le réalisateur. Comme un appel à la vigilance ? En tout cas, dans la salle de Cinespana, quand les lumières se rallument, quelques voix reprennent en chœur "viva la Republica" au milieu des applaudissements.

Standard operating procedure : indispensables témoignages

Posté par MpM, le 23 septembre 2008

blog_standard.jpgL'histoire : Suite au scandale ayant éclaté dans la prison américaine d’Abu Ghraib, où des prisonniers irakiens avaient été maltraités et humiliés, le réalisateur Errol Morris donne la parole aux principaux soldats impliqués, afin de comprendre comment ils ont pu en arriver là.

La critique : Récompensé par un Ours d’argent au dernier festival de Berlin, Standard Operating Procedure a forcément quelque chose de salutaire puisqu’il ose aborder sans tabou la question des maltraitances et humiliations dans les prisons américaines. Errol Morris fait ainsi défiler devant sa caméra soldats impliqués et enquêteurs chargés de l’affaire, dont les témoignages édifiants se suffisent à eux-mêmes. On perçoit notamment l’inconscience des coupables, qui apparaissent globalement décérébrés, et l’hypocrisie des experts, qui jouent sur les mots. Ainsi, ceux qui essaient de se dédouaner ont tendance à s’enfoncer (la jeune femme qui explique que si elle sourit et fait le signe de la victoire sur les photos de prisonniers nus, c’est parce qu’elle se comporte toujours ainsi quand on la photographie), tandis que les "explications officielles" font se dresser les cheveux sur la tête. En effet, le règlement fait une distinction très tendancieuse entre la procédure standard de "déstabilisation" des prisonniers (dénudés, attachés, masqués… afin d’être rendus plus "coopératifs") et les "actes de tortures condamnables". Pour n’importe quel observateur lambda, la frontière est si floue que l’on s’étouffe devant le "tri" réalisé par les hommes en charge de l’enquête… et les "coupables" n’en paraissent que plus pathétiques, malheureux boucs émissaires jetés en pâture au public.

Malheureusement, Errol Morris n’a pas été capable de s’en tenir là. Comme s’il se sentait obligé de montrer les images honteuses d’Irakiens en laisse ou en pyramides humaines qui ont circulé à peu près partout, il propose en alternance avec les témoignages des "reconstitutions" globalement de mauvais goût où l’on voit un homme mourir d’une crise cardiaque ou du sang couler sur un corps sans vie. On a beau retourner la question dans tous les sens, on ne voit pas du tout ce que ces séquences apportent à son propos, si ce n’est un lot bien inutile d’images-choc… peut-être pour contraster avec le côté relativement répétitif des témoignages ? Cette complaisance assumée, ajoutée à l’absence de réelle mise en perspective des faits, empêche le documentaire d’être aussi percutant qu’il ne l’aurait pu. Pour autant, cela ne suffit pas à brouiller le propos, ni surtout à justifier de faire l’impasse sur ce qui s’avère malgré tout un film indispensable.