L’instant zappette: l’Histoire se raconte-t-elle mieux sur le petit écran?

Posté par wyzman, le 4 avril 2015

Alors même que la chaîne History annonçait le renouvellement de Vikings pour une saison 4, les dirigeants de ITV1 nous confirmaient que la saison 6 de Downton Abbey serait la dernière. Le lien ? Aucun, si ce n'est que les deux sont d'excellentes séries historiques. Longtemps moqué pour son ringardisme, le genre fait aujourd'hui le bonheur des chaînes de télévision et de téléspectateurs toujours plus friands. Mais pourquoi est-ce que cela fonctionne ?

Le parallèle avec le cinéma

Il semblerait que le cinéma et la télévision se répondent inlassablement. Si l'on peut reprocher au septième art de trop miser sur des franchises et des adaptations, les séries télévisées ne sont pas en reste. L'histoire est une source inépuisable de storylines plus palpitantes les unes que les autres. Elle peut être adaptée mais également réécrite. Une chose que la chaîne américaine HBO a comprise, et ce depuis plusieurs années. Pour elle, Steven Spielberg a ainsi développé en 2001 Frère d'armes, une mini-série en dix épisodes. Auréolée de cinq Emmy Awards, la série a donné naissance à une petite sœur en 2010, The Pacific.

Parce qu'elles durent plus longtemps qu'un long-métrage, ces séries, qui empruntent tous les codes visuels du cinéma, ont la possibilité de multiplier les intrigues et surtout de les développer. Ce qu'un réalisateur doit figurer en 2h30 maximum, un showrunner peut le faire sur toute une saison voire plus. Pour exemple, la rivalité des filles Boleyn parait bien superficielle dans Deux sœurs pour un roi de Justin Chadwick quand on sait que Michael Hirst a traité le sujet pendant deux des quatre saisons des Tudors. Les séries historiques peuvent mettre en scène des intrigues plus creusées, plus compréhensibles et des personnages plus attachants. Du prétendant de Reign à la compagne de Boardwalk Empire en passant par la femme de chambre de Downton Abbey, tous ont droit à leur intrigue, à leur moment de gloire. Le téléspectateur comprend mieux ces personnages et perçoit ainsi les vrais tenants et aboutissants du fil rouge de chaque saison.

Une histoire accessible

Mais si les producteurs aiment l'histoire, c'est parce qu'elle regorge de figures mythiques au destin quasi légendaire. Preuve en est avec le roi Henri VIII d'Angleterre dont les multiples mariages ont permis de créer la série Les Tudors ou bien avec la famille Borgia, dont l'histoire a été racontée dans non pas une mais quatre séries différentes. L'histoire se vend bien car l'histoire parle à tous. En effet, produire une série historique ce n'est pas juste mettre en images ce que l'on nous apprend à l'école ou dans les livres "Pour les Nuls", c'est aussi inventer tout ce qui n'est pas écrit dans les livres. Façon Vikings ou plus récemment Marco Polo sur Netflix.

Et si l'on n'est pas nécessairement mordu d'histoire, on peut se servir de celle-ci comme d'un simple accessoire. Comme dans Downton Abbey où la Seconde guerre mondiale permet avant tout au scénariste Julian Fellowes de montrer les effets de la guerre sur ses personnages. Ou bien dans Boardwalk Empire où la Prohibition est prétexte à des luttes de pouvoir et d'influence incessantes et jouissives.

Du sexe et du sang

En outre, ces séries disposent d'une plus grande liberté scénaristique qui va souvent de pair avec leur diffusion sur une chaîne câblée. A chaque fois, on retrouve le combo sexe + sang. Sans virer dans le gore, ces séries n'hésitent pas à montrer des scènes d'une grande violence qui ne viendraient que refléter les pratiques de l'époque. Parmi les scènes les plus emblématiques, on pense notamment aux décapitations des Tudors, aux meurtres de sang froid de Deadwood ou bien à l'esthétisme très homo-érotique des combats de Spartacus.

Quant au sexe, il va sans dire que les scénaristes ne lésinent pas dessus. Parfois même jusqu'à frôler la pornographie. Dans le mastodonte Game of Thrones (série non historique mais qui en a tous les ressorts scénaristiques), le roi Joffrey n'hésite pas à battre à mort une prostituée pendant que son oncle se demande où culbuter sa mère. Enfin, dans la série Reign (pourtant diffusée sur une chaîne nationale), la reine Marie Stuart et ses dames se demandent à qui offrir leur vertu et ne rechignent pas contre quelques orgasmes. De quoi se fâcher avec la censure, attirer les curieux et donner l'impression que les séries à l'action contemporaine sont bien prudes. Un comble !

Une catharsis certaine

A mieux y regarder, toutes ces séries historiques mettent en scène un régime politique particulier. Qu'il s'agisse d'une monarchie, d'une démocratie ou bien d'une oligarchie, elles ont toutes l'ambition (plus ou moins assumée) de faire réfléchir le téléspectateur sur son propre régime politique. Et pour cela, les intrigues sont simples. Jalousies entre héritiers du trône, coups bas autour de l'homme de main, trahisons des époux, la recette est souvent la même et demeure très efficace. Tellement efficace que l'on ne l'imagine pas changer. Les Rois sont maudits pour l'éternité.

Néanmoins, si l'on continue de les regarder, c'est aussi pour s'approprier une partie de l'histoire mondiale. Plus intéressantes que l'idée d'ouvrir un livre d'histoire ou d'écumer les musées et autres expositions, ces séries divertissent et instruisent en même temps. Les Tudors met des noms et des visages sur les six femmes du roi Henri VIII (tout en rendant les mâles du Royaume bien plus sexys qu'ils ne l'étaient), Marco Polo nous fait découvrir la route de la soie tandis que Reign offre une nouvelle approche du personnage de Catherine de Médicis. Rien que ça !

Et les séries françaises dans tout ça ? Eh bien elles ne sont pas en reste. France 3 peut en effet se vanter avec son carton Un Village français quand TF1 a fait le grand saut avec Résistance l'été dernier. Mais le plus intéressant nous vient de Canal+ qui nous a déjà apporté Borgia et Maison close, et en remettra une couche dans quelques semaines avec Versailles. Centrée sur les jeunes années de Louis XIV, la première saison aurait coûté pas moins de 27 millions d'euros. De quoi en attendre beaucoup !

Gallienne et Canet vont faire revivre l’amitié entre Paul Cézanne et Emile Zola

Posté par vincy, le 28 novembre 2014

zola cezanneGuillaume Canet et Guillaume Gallienne seront les têtes d'affiche du prochain film de Danièle Thompson, selon les informations du Film Français.

Le tournage du film Les Inséparables se déroulera durant l'été 2015. Guillaume Canet incarnera l'écrivain Emile Zola tandis que Guillaume Gallienne interprétera le peintre Paul Cézanne. Il s'agit d'un scénario original qui retrace l'amitié entre les deux homme depuis leurs années collège à Aix-en-Provence. Cézanne a initié Zola aux arts graphiques. Et Zola a fait de Cézanne l'un de ses premiers lecteurs. C'est Zola qui a incité Cézanne à venir sur Paris. Mais leur relation de plus de trente ans s'est brutalement s'interrompue en 1886 quand l'écrivain a publie son roman L'Oeuvre, dans lequel le peintre croit se reconnaître à travers le personnage du peintre maudit et raté Claude Lantier. Zola ne peut démentir puisqu'il rédigea: "Paul peut avoir le génie d'un grand peintre, il n'aura jamais le génie de le devenir." Ils ne se revoient plus. Le peintre est réellement affecté et chaque tentative de rapprochement s'est soldée par un échec.

Lorsque leur relation s'arrête, Zola a déjà écris quelques uns de ses plus grands romans (Thérèse Raquin, L'assomoir, Nana, Au bonheur des dames, Germinal...). Il écrira avant sa mort son célèbre J'accuse, La Bête humaine et L'Argent. De son côté, Cézanne a déjà peint quelques grands tablaux comme le Pont à Maincy, L'Estaque, Le Jas de Bouffan. Mais c'est à partir de l'année de leur séparation que ces peintures vont devenir des chefs d'oeuvre : Nature mortes aux pommes, Les baigneurs, La Montagne Sainte Victoire...

De nombreux livres sont parus sur cette relation passionnelle. Un film, la vie d'Emile Zola, de William Dieterle, a rapproché les deux hommes sur le grand écran, en 1937.

Mary, Queen of Scots : la face intime de l’Histoire

Posté par MpM, le 12 novembre 2014

Synopsis: La reine d'Ecosse Marie Stuart passe sa jeunesse en France. Elle est promise à la couronne de France, mais peu après son mariage, la maladie emporte son mari. La jeune veuve rentre seule dans une Ecosse dévastée par la guerre. Au même moment, Elisabeth est sacrée reine d'Angleterre. Pour Marie, elle est comme une soeur jumelle à qui elle peut se confier librement. Après s'être remariée, Marie donne naissance à un héritier du trône. Mais son nouveau mari, Lord Darnley, s'avère être un faible. Lorsque Marie rencontre l'amour de sa vie, le comte de Bothwell, elle fait assassiner Darnley et épouse Bothwell. Horrifiés par ce geste et par la passion aveugle qui l'a motivé, l'aristocratie et le peuple d'Ecosse se retournent contre elle. Pour éviter une bataille sanglante, Marie doit renoncer à son Bothwell bien-aimé. Désespérée, elle demande l'aide d'Elisabeth, mais celle-ci la fait jeter en prison. Après dix-neuf années passées dans une cage dorée, Elisabeth lui apporte la « délivrance » par le biais de l'échafaud.

Notre avis: L'histoire de Mary Stuart, Reine d'Ecosse, fut semée d'embûches. Libre à une époque où cela n'était possible ni à une femme, ni à une souveraine, elle paya de sa vie son désir d'aimer et de vivre à sa guise tout autant que ses choix politiques.

Avec Mary, Queen of Scots, adapté d'un roman de Stefan Zweig, le réalisateur suisse Thomas Imbach s'attaque à une page compliquée de l'histoire de France et surtout d'Angleterre. Mais plutôt que de noyer le spectateur sous les mentions historiques, il transforme le destin tragique de cette Reine malchanceuse en un portrait intime et minimaliste. Avec très peu d'explications, et encore moins de moyens, il expose ainsi les différentes facettes d'une personnalité complexe et contrariée, prise dans le feu contradictoire d'intérêts suprêmes la dépassant.

Une fois habitué au rythme elliptique et aux enjeux opaques du récit, on se laisse prendre à ses ruptures de ton, à ses scènes surréalistes, à ses paysages désolés et à ses émotions extrêmes. Il faut ainsi se laisser porter par l'ambiance qui se dégage de cette œuvre exigeante, moins pédagogique qu'intime, à l'intensité proportionnelle à l'épure.

La mise en scène, superbement mise en valeur par les lumières et les cadres, occupe peu à peu tout l'écran, ce qui est peut-être la limite du film, souvent incapable de reconnecter le spectateur avec l'intrigue. Chaque séquence est comme une fresque qui vaudrait par elle-même, mais qui, juxtaposée aux autres, finit par tourner à vide. On est pourtant envoûté, presque malgré soi, et on sort de la salle sans être réellement capables de réciter la généalogie des Stuart et des Tudor, mais persuadés d'avoir croisé la route d'un grand cinéaste.

Deux films sur le Roi David en préparation

Posté par vincy, le 24 octobre 2014

Warner Bros a donné son feu vert au film Le Roi David (King David), basé sur l'histoire racontée dans la Bible. Le film sera pourtant en concurrence avec un autre Roi David, celui de la Fox. Ridley Scott a lancé en juillet ce projet, intitulé provisoirement David, qui se concentre sur le Roi d'Israël, à partir de la bataille de David contre Goliath.

Warner Bros a préféré acquérir les droits du livre David: The Divided Heart du Rabbin David Wolpe, paru en septembre. Nick Schoenfeld adaptera le document. Aucun réalisateur n'a été envisagé pour le moment.

Le projet de 20th Century Fox est davantage inscrit dans une logique de "catalogue". Le scénario a été confié à Jonathan W. Stokes (Bad Yankee). Ridley Scott et le Studio s'apprêtent à sortir Exodus en décembre. Pour l'instant Scott n'a pas confirmé s'il réaliserait le film.

David, deuxième roi d'Israël, aurait régné au Xème siècle avant J.C. Parmi less films ayant déjà retracé sa vie, notons : en 1951 avec Gregory Peck dans David et Bethsabée d'Henry King, en 1960 avec Ivica Pajer (et Orson Welles dans le rôle du Roi Saul) dans David et Goliath, en 1985 avec Richard Gere dans Le Roi David de Bruce Beresford et en 1997 avec Nathaniel Parker dans David de Robert Markowitz.

Steven Spielberg s’intéresse à une controverse historique sur le pape Pie IX

Posté par vincy, le 21 avril 2014

steven spielbergPuisque c'est Pâques, optons pour une actualité cinématographique et religieuse.

Car le film chrétien est en vogue aux Etats Unis. Depuis le début de l'année, trois d'entre eux ont sont sortis en salles : Son of God (60 M$ au box office), God's Not Dead (48 M$ pour un budget de 2 millions de $), et le tout juste sorti Heaven is for Real (29 M$). Les deux premiers sont déjà classés parmi les 10 films du genre qui ont le plus rapporté au box office.

Ce regain d'intérêt de la part d'Hollywood, toujours intéressé par des publics niches facilement captifs, a suscité la curiosité de Steven Spielberg. Le réalisateur, qui n'a rien tourné depuis Lincoln en 2012, s'intéresse au scénario de Tony Kushner (Munich, Lincoln), The Kidnapping of Edgardo Mortata. Le script est l'adaptation de l'essai de David Kertzer, Pie IX et l'enfant juif : l'enlèvement d'Edgardo Mortara, paru en France en 2001.

Pour l'instant, Spielberg n'a pas confirmé s'il réaliserait le film. En revanche, il souhaite le produire, à travers sa société DreamWorks, en coopération avec The Weinstein Co.

L'affaire de l'enlèvement d'Edgardo Mortata se déroule en 1858, à Bologne en Italie. Mortata est un enfant de 7 ans, enlevé à sa famille juive par des émissaires du pape Pie IX dans le but de l'élever dans la foi catholique. Le livre dénonce la force de l'antisémitisme européen et comment cette affaire a contribué à renverser le pouvoir temporel du pape en Italie. Cet enlèvement fut une controverse internationale.

Après avoir abandonné American Sniper, Spielberg a toujours trois projets en cours : Robopocalypse, Montezuma et un remake des Raisins de la colère.

[Extrait] Le vent se lève : la terre tremble à Tokyo

Posté par vincy, le 22 janvier 2014

le seisme de tokyo le vent se lève hayao miyazaki

C'est notre premier coup de coeur de l'année. On pourra toujours préférer Le Voyage de Chihiro, ou rester nostalgique du choc de Princesse Mononoke, l'ultime film d'Hayao Miyazaki, Le vent se lève (notre critique) est un mélodrame historique d'une ambition folle. Un film à la fois autobiograhique et épique.

Miyazaki cite ainsi Fellini et Ozu et voyage à Tokyo (lire aussi : Une ville dans le cinéma : Tokyo). La ville a subit un violent séisme en 1923, que le cinéaste reproduit, à sa façon, comme si un monstre soulevait la ville par dessous la terre. La séquence rappelle le bombardement d'Hiroshima et de Nagazaki, le tremblement de terre de Kobe, ou encore, plus récemment, la catastrophe de Fukushima. Tout le film tire des liens entre le passé du pays et le Japon d'aujourd'hui.

Lors de ce séisme, on dénombre plus de 100 000 morts et près de 40 000 disparus. Tokyo est dévastée. Dans Le vent se lève, c'est aussi le moment où le héros du film Jiro, qui vient à Tokyo pour étudier, rencontre sa future épouse Naoko.

Le séisme de Kant? a déjà été l'objet de films et même de reportages (vidéo Pathé). La Submersion du Japon, le roman de Sakyo Komatsu, a été adapté deux fois sur grand écran : par Shir? Moritani en 1973 et par Shinji Higuchi en 2006. Le documentariste Choonkong Oh a également réalisé des films sur le sujet dans les années 80. Akira Kurosawa a souvent évoqué le traumatisme qu'il a vécu avec ce tremblement de terre, expliquant que certaines scènes de ses films, comme Ran et Kagemusha, puisaient leur influence artistique dans cet événement. De même, Yasujiro Ozu restera profondément marqué : la maison de sa famille a été détruite par le choc des plaques tectoniques.

Mais avant tout, le séisme a été dommageable au cinéma japonais. Avec lui, il a emporté la plupart des cinémas de la capitale mais aussi les archives cinématographiques du pays, soit une vingtaine années de films détruits.

[Hayao Miyazaki / Ghibli] Ecran Noir visite le Musée Ghibli (2/3)

Posté par vincy, le 28 juillet 2013

maison ghibli musée ghibi © vincy thomasContinuons la visite de ce Musée Ghibli (voir le premier épisode). Arrivés au sous-sol par un long escalier en bois, les visiteurs ont deux options : la salle de projection et une immense pièce nommée "Beginning of the Movement". C'est la seule partie réellement muséale du lieu. La musique que l'on entend, "Musica del Museo" a été composée par Joe Isaishi.

A l'origine du mouvement. Dès l'entrée, comme un calendrier de l'avant, la (haute) maison Ghibli dévoile fenêtre par fenêtre treize images représentant chacune un film du studio, de Nausicaa au Royaume des Chats (2002). De là commence un parcours à travers les techniques de l'animation. Itinéraire pédagogique, ludique et merveilleux qui permet de remonter aux origines de l'animation et de comprendre comment elle se fabrique, de la façon la  plus traditionnelle à la plus sophistiquée.

- une boîte mécanique qui, en l'actionnant, met en mouvement nuages, arbres, moulin à vent, herbe et fleurs tandis que le personnage central, Mei, semble marcher...

- un zootrope, jouet optique en forme de boîte cylindrique, qui permet à une petite fille de sauter à la corde en treize dessins qui s'enchaînent.

- deux sortes de disques - l'Amazing Theater et Mirage - qui, en les tournant, reproduisent l'effet visuel du zootrope, mais à plat. Un autre zootrope (sous forme de tour cylindrique cette fois-ci nous donne l'illusion que des oiseaux s'envolent autour du robot du Château dans le ciel).

- La structure la plus impressionnante est sans aucun doute le zootrope en trois dimensions "Bouncing Totoro", composée de 7 rangées de 18 éléments (au maximum) soit un total de 347 figures . Première rangée : des petits lapins qui avancent, puis juste derrière Mei qui saute à la corde, devant un Totoro qui bondit avec son parapluie, etc... Au dessus de tous ces personnages, un chat-bus qui vole et encore au dessus un chat-chauve-sours qui plane... Lorsqu'il se met à tourner, le mouvement est hypnotique.  La synchronisation est d'une précision telle qu'on est soufflé par le travail minutieux des artisans de Ghibli.

bouncing totoro musée ghibli © vincy thomas

- La boîte panoramique comporte six tableaux où l'oeil apprend le principe tri-dimensionnel, autrement dit la profondeur de champ. De Princesse Mononoke aux mondes sous-marins en passant par le snack-bar de l'ogre et Mon Voisin Totoro, sept panneaux de verre peints, avec chacun des angles de lumières variés, s'enrichissent les uns les autres jusqu'à composer un tableau presque vivant alors qu'il est statique.

- Enfin, le visiteur peut comprendre le mécanisme du 24 images par seconde avec "Films Go Round", ou comment l'animation préhistorique est entrée dans le monde moderne. On peut ainsi regarder un court métrage finalisé, puis sans le son, sans le mixage, etc.

cabine de projection musée ghibli © vincy thomasLe cinéma. Il reste alors à aller voir la projection du film au Saturn Theater, où les spectateurs, munis d'un billet réservé à l'avance patientent docilement. La salle est colorée avec des fresques (notamment un soleil qui sourit à la lune au plafond) et des dessins bucoliques (imaginés par Sahshi Takaha). La cabine de projection a des allures de cabine téléphonique londonienne.

Trois court-métrages inédits, tous écrits et réalisés par Hayao Miyazaki, sont projetés selon les mois : La chasse à la baleine, La grande sortie de Koro et Mei et le bébé chat-bus. Ce dernier, que nous avons pu voir, est le plus populaire. C'est une suite (de 13 minutes) à Mon Voisin Totoro. L'histoire est simple : Mei récupère un bébé chat-bus qui, pour la remercier, va l'emmener dans un grand rassemblement où Totoro va la présenter au plus grand et vénérable des chat-bus. Totoro est d'ailleurs accueilli par une salve d'applaudissements lorsqu'il apparaît à l'écran.

Après la projection, il est temps de découvrir les autres étages de cette maison troglodytique...

________

Hier : Un musée réservé aux initiés et fans persévérants
Demain : Musée Ghibli, les ateliers de Miyazaki, et la machine à cash Ghibli

Denis Villeneuve (Incendies) réalisera une adaptation animée de Gaza 1956

Posté par vincy, le 8 février 2012

C'est un choix assez logique. Après Incendies, une tragédie dans un pays du Proche-Orient imaginaire (mais fortement inspiré du Liban de Wajdi Mouawad, auteur de la pièce de théâtre à l'origine du film), Denis Villeneuve va réaliser un film (d'animation) autour d'un fait historique survenu dans la bande Gaza en 1956.

Il s'agit de l'adaptation, là encore, de la bande dessinée de Joe Sacco, Gaza 1956, en marge de l'Histoire, parue chez Futuropolis en janvier 2010. L'écriture et le dessin de cet album - prix France Info de la BD d'actualité et de reportage 2011, prix du Magazine Lire de la meilleure BD 2010, prix BD des lecteurs de Libération et prix Regards sur le Monde au festival d'Angoulême 2011 - lui a pris plus de six ans : témoignages, documentation, ... Il s'était déjà intéressé à la Palestine dans sa première oeuvre, Palestine, une nation occupée, BD de reportage publiée en France en 2001.

Gaza 1956 lui est venu à l’occasion d’un reportage dans la bande de Gaza en 2001. Joe Sacco "se remémore une note de bas de page lu dans un rapport des Nations Unis durant la crise de Suez en 1956" rappelle son éditeur. Il s'agissait d’un massacre de près de 275 villageois par l’armée israélienne. De là, il a remonté le fil de l’histoire pour illustrer et raconter un compte-rendu cruel et documenté.

Les droits d'adaptation ont été acquis par la société Tu Vas Voir, qui a confirmé la mise en production d'un version animée lors du dernier Festival de la bande dessinée d'Angoulême. Villeneuve n'est pas le premier cinéaste à se lancer dans l'animation : Spielberg (Tintin), Rémi Bezançon (Zarafa) et Patrice Leconte (Le magasin des suicides) s'y sont essayés récemment.

Incendies a reçu 30 prix de par le monde : nommé l'an dernier à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, il est en lice pour le British Awards et le César du meilleur film étranger. Au Canada, il a récolté 8 prix Génie, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur. Au Québec, il a gagné 9 prix Jutra, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.

Le voyage dans la lune, de Georges Méliès : le premier blockbuster de l’histoire du cinéma

Posté par Benjamin, le 14 décembre 2011

Pour moi, tout commence en décembre 2010 lorsque je rencontre Serge Bromberg pour la première fois dans les locaux de Lobster Film à Paris. Je viens lui poser de nombreuses questions sur la restauration des tout premiers films de Chaplin qui viennent de sortir en DVD. Nous discutons un peu. Il me montre une partie de sa collection, quelques bobines de Buster Keaton que j’admire. Et en guise de cadeau, le restaurateur accepte de me montrer sur quel projet fou il travaille d’arrache-pied depuis quelques temps. Il ouvre une boîte et je découvre avec horreur des milliers de petits bouts de pellicule ! C’est Le voyage dans la lune de Georges Méliès, dans une version colorisée inédite (voir notre critique), et Serge Bromberg me dit : « vous verrez, dans quelques mois, ce projet fera du bruit. On en entendra parler partout ! ». Chose promise, chose due. Le film est aujourd’hui restauré au prix d’incroyables efforts et il ressort en salles, accompagné d’un superbe documentaire.

C’est l’histoire d’un voyage dans le temps et aux quatre coins du globe. Un voyage qui débute en 1902, qui passe par Cannes, Londres, Tokyo, New-York et qui fait même un arrêt sur la lune ! C’est une histoire incroyable. Un pari de dingues, de passionnés qui n’avaient qu’une idée en tête : ressusciter le film le plus célèbre de Georges Méliès, l’inventeur du cinéma de divertissement.

Le premier blockbuster de l’histoire du cinéma

La qualification est forcément racoleuse, et pourtant nous ne sommes pas si éloignés de la réalité. Au début du siècle dernier, le cinéma en est à ses balbutiements et c’est la production cinématographique française qui règne en maître dans le monde. Ce sont nos films qui s’exportent aux États-Unis et non l’inverse. Et LE réalisateur de films divertissants de l’époque n’est autre que Georges Méliès, magicien de profession, qui tombe amoureux du cinéma et des possibilités infinies qu’il peut offrir. Dans ses studios de Montreuil, Méliès réalise en 16 ans plus de 500 films et Le voyage dans la lune, tourné en 1902, est un de ses projets les plus ambitieux. L’artiste/artisan aime plonger le spectateur dans des univers féériques et fantastiques. Il nous embarque dans des explorations sous-marines à la rencontre de monstres impitoyables ou bien nous envoie haut dans le ciel parmi les étoiles. Cependant, Méliès, veut aller toujours plus loin ! Il aimerait surprendre toujours plus et livrer LA superproduction de l’époque.

Il décide donc d’aller sur la lune ! Le budget est colossal (10 000 francs), la longueur du film (15 minutes) totalement inédite pour l’époque, et Méliès engage un nombre important de figurants. Bref, les moyens mis en place sont ceux qu’Hollywood peut mobiliser pour un blockbuster d’aujourd’hui.

L’histoire est simple : des scientifiques décident d’être propulsés sur la lune à bord d’une sorte d’obus géant. Là-bas, ils découvrent une nature luxuriante, quoique mystérieuse et quelque peu hostile, ainsi que les « locaux », les Sélénites, qui tentent de les capturer. Heureusement, les aventuriers parviennent à regagner la terre ferme où ils sont accueillis en héros.

Dès sa sortie, le film est un énorme succès. Les forains se l’arrachent et le film est même très fortement "piraté" aux États-Unis. Des copies frauduleuses circulent sur tout le territoire, obligeant Méliès à ouvrir une succursale à New-York pour faire valoir ses droits.

Cependant, et c’est ce qui nous intéresse ici, Méliès veut que le spectacle soit total et pour cela, il veut de la couleur, ce qui coûte cher ! Certaines copies seront vendues en noir et blanc (la majorité), tandis que d’autres seront en couleur (des versions « de luxe »). Et en couleurs signifie, dans le cas du Voyage dans la lune, la dextérité de 400 jeunes filles armées d’un pinceau et peignant chaque case de pellicule une par une, chaque personne ayant en charge une couleur précise. Cela signifie une patience absolue et de longues journées de labeur.

Malgré l’époque et un art encore hésitant, Georges Méliès s’affranchit des limites du réel. Il va sur la lune et met de la couleur sur la pellicule, puisqu’il ne peut la filmer en direct. Et c’est d’ailleurs cela qui donne au Voyage dans la lune son aspect si original et atemporel. La couleur n’est pas une couleur « naturelle », elle est flagrante, voyante, et renforce l’aspect fantastique et féérique du film.

Pour le 150ème anniversaire de sa naissance, Georges Méliès peut se dire que, bien qu’il ait fini dans la pauvreté et dépouillé de ses studios, son cinéma, lui, est toujours présent, et sa féérie parfaitement intacte.

________

Le voyage dans la lune est programmé dans les salles françaises à partir du 14 décembre en accompagnement du documentaire Le voyage extraordinaire, de Serge Bromberg, qui explique sa restauration.

Arras 2011 : retour en vidéo sur le jour 1 avec Karl Markovics, Geoffroy Grison, Anjela Nedyalkova…

Posté par MpM, le 6 novembre 2011

Invités : Karl Markovics pour Atmen (le film auquel il fait allusion dans l'interview est Le fils des frères Dardenne) ; le producteur Geoffroy Grison et l'actrice Anjela Nedyalkova pour Avé de Konstantin Bojanov.

L'équipe du quotidien vidéo du Arras Film Festival : Jessica Aveline, Marion Dardé, Simon Machi, Alain Pétoux et Loïc Wattez.
Propos recueillis par Marie-Pauline Mollaret et Jovani Vasseur.
Merci à David Lesage.