Cannes 2019: Qui est Paul Laverty ?

Posté par vincy, le 19 mai 2019

Derrière les films de Ken Loach, il y a un autre homme. Paul Laverty, son scénariste. Il revient en compétition à Cannes avec Sorry, We Missed You, leur seizième collaboration en 23 ans. Laverty a déjà été récompensé à Cannes (Sweet Sixteen), Venise et San Sebastian. En plus de quatre nominations aux European Film Awards (et de trois autres aux Goyas espagnols).

Né il y a 62 ans à Calcutta, en Inde, d’un père écossais et d’une mère irlandaise, ce diplômé en philosophie (à Rome) est un globe-trotter. Il parcourt les plus grands festivals avec son acolyte Loach mais il travaille aussi entre Madrid, Londres et Glasgow. Après avoir débuté en tant qu’avocat en Ecosse, il est parti vivre en Amérique centrale, notamment en travaillant pour une ONG des droits de l’Homme, et à Los Angeles. C’est après ces séjours dans les Amériques qu’il rencontre Ken Loach. Son expérience au Nicaragua produira leur première association, avec Carla’s song, film sur la guerre des Sandinistes et ses conséquences. De la même manière, quatre ans plus tard, avec Bread and Roses, il a écrit un film faisant le lien entre ce qu’il a observé dans les faubourgs latinos de L.A. et une histoire sociale loachienne.

Son secret tient en effet dans la connaissance de l’humain. Il a expliqué il y a quelques années : « J'ai longtemps travaillé comme avocat. Quand vous vous rendez dans les tribunaux, vous êtes le témoin privilégié de la vie quotidienne de ces personnages. »

Ce tropisme hispanophone l’a conduit à trouver sa compagne, la réalisatrice Iciar Bollain. Car s’il est très fidèle à Loach dont il a écrit aussi bien ses longs métrages - My Name is Joe, Le vent se lève, Looking for Eric, La part des anges, Moi, Daniel Blake… - que ses courts pour les collectifs avec Olmi et Kiarostami, ou celui sur le 11 septembre 2001, il écrit aussi pour d’autres, à commencer pour son amie. Il a ainsi scénarisé Même la pluie, primé à Berlin et aux Arcs, L’Olivier et le biopic Yuli sur le danseur Carlos Acosta sorti l’an dernier.

Enfin, il s’est essayé au thriller avec Cargo, de Clive Gordon.

Paul Laverty a ce talent de "fictionnaliser" la réalité, de respecter ses personnages jusqu’au bout, et le goût, commun avec Loach, d’aspirer à une société plus juste. Observateur, qu’il écrive une comédie ou un drame, il puise toujours dans ce qu’il voit autour de lui, et souvent dans ce qui l’enrage. Avocat jusqu’au bout. Prêt à plaider des circonstances atténuantes pour tous les misérables.

Un chic type remporte la flèche de cristal au 2e festival des Arcs

Posté par MpM, le 17 décembre 2010

Festival des ArcsInjustement oublié lors du dernier festival de Berlin, le film norvégien Un chic type (A somewhat gentle man) de Hans Petter Moland a reçu un bien meilleur accueil au 2e Festival de cinéma européen des Arcs où le jury présidé par Thomas Vinterberg vient de lui décerner la Flèche de cristal, le prix le plus prestigieux. Les jurés ont à juste titre apprécié "sa noirceur, son humanité, sa profondeur, son humour, sa dureté et sa tendresse". Cette comédie noire devrait sortir en France le 2 février prochain (Chrysalis Films).

Ont également été récompensé The Edge du Russe Aleskei Uchitel (Prix du Jury) et Neds du Britannique Peter Mullan (meilleure photographie). Du côté des prix d'interprétation, la comédienne serbe Jasna Djuricic a été distinguée pour son rôle dans White White World d’Oleg Novkovic et le comédien bolivien Juan Carlos Aduviri pour son rôle de combattant  dans Même la pluie d’Iciar Bollain.

Ce film espagnol engagé, que l'on pourra découvrir sur les écrans français le 5 janvier prochain (Mars distribution), a par ailleurs reçu le prix du public et celui du jury jeune. Le jury composé de lycéens de Bourg Saint Maurice a également remis une mention à Oxygène de Hans Van Nuffel. Enfin, le prix Cineuropa a été remis au film d’animation Chico et Rita, réalisé par Fernando Trueban Javier Mariscal et Tono Errando, à découvrir en juillet 2011 (Rezo Films).

Au cours de cette semaine, plus de 10 000 spectateurs ont pu découvrir en avant-première la soixantaine de films présentés dans le cadre dela compétition, du panorama et du focus sur le Danemark. Les fondateurs du Festival, Guillaume Calop et Pierre-Emmanuel Fleurantin se sont réjouis de ce succès, saluant "l’engouement du public pour le cinéma européen". Un engouement dont on espère qu'il perdurera pour la 3e édition en décembre 2011... et bien sûr en salles tout au long de l'année.

__________________________

Palmarès complet

Flèche de cristal
Un chic type de Hans Petter Moland (Norvège)

Prix du jury
The Edge d'Aleskei Uchitelry (Russie)

Prix de la meilleure photographie
Neds de Peter Mullan (Grande Bretagne)

Prix d'interprétation féminine
Jasna Djuricic pour White White World d’Oleg Novkovic

Prix d'interprétation masculine
Juan Carlos Aduviri pour Même la pluie d’Iciar Bollain

Prix du public
Même la pluie d’Iciar Bollain

Prix du Jury Jeune
Même la pluie d’Iciar Bollain

Mention du jury Jeune
Oxygène de Hans Van Nuffel

Prix Cineuropa
Chico et Rita de Fernando Trueban Javier Mariscal et Tono Errando

Les Mataharis d’aujourd’hui

Posté par Morgane, le 6 avril 2008

Mataharis, depuis peu dans les salles, est un film espagnol sans grande prétention mais qui frappe juste.

Eva, Carmen et Inés sont toutes trois détectives privées. Cette accroche n’est pas sans nous rappeler Charlie et ses trois Drôles de Dames. Mais, loin du glamour de la série et des films qui en ont découlés, Mataharis nous plonge dans un univers des plus réalistes. Ces trois femmes évoluent au cœur de la capitale espagnole, et la ville, très présente dans le film, imprime sa marque sur leurs visages. Chacune a un âge différent et se trouve à un tournant de sa vie. Carmen se met à observer sa propre vie, avec du recul mais surtout avec beaucoup de lucidité. Eva, mère de deux enfants, espionne son mari qu’elle soupçonne d’infidélité. Inés, la plus jeune et la plus idéaliste, se retrouve confronter à des choix moraux qui détermineront sa vie future.

Plus que le thème du détective privé décliné au féminin, la réalisatrice, Iciar Bollain, donne à réfléchir sur la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Qui fixe la limite ? Quand peut-on dire qu’elle a été franchie ? Le suspense n’est pas vraiment au rendez-vous mais ne manque pas. Peinture sociale d’une époque où tous (ou presque) s’espionnent par divers moyens, le film renvoie à Carmen, Eva et Inés, leurs propres reflets à travers leur travail. A la manière d’un documentaire (image un peu sale et caméra à l’épaule), Iciar Bollain nous entraîne dans cette jungle madrilène, sur les traces de ces femmes qui fouillent la vie des autres mais aussi les leurs. Que finiront-elles par y trouver ? Quelques longueurs et égarements appesantissent quelque peu le film qui n’en perd cependant pas son propos intéressant. A creuser peut-être…