Cannes 2014 : le Palmarès (et l’anti-Palmarès) d’EcranNoir.fr

Posté par vincy, le 24 mai 2014

2014, année étrange pour la compétition du Festival de Cannes.

Aucun film de la compétition ne méritait d'être rejeté, mais certains n'étaient vraiment pas dignes de la compétition. On aurait bien échangé trois ou quatre d'entre eux par des films plus audacieux ou/et intéressants présentés à Un certain regard.

Mais c'est aussi une année où la plupart des films avaient de grosses qualités comme de sérieux défauts. Ainsi des oeuvres ambitieuses, souvent longues, se sont avérées assez ennuyeuses malgré leur perfection stylistique , une mise en scène impeccable ou une interprétation de haut niveau. A l'inverse, d'autres ont souffert de leur scénario alors que l'ensemble était séduisant.

Notre palmarès a été difficile à établir. Notre anti-palmarès plus facile. Preuve que l'homogénéité de cette compétition laisse entrevoir un palmarès officiel, celui du jury, très ouvert et sûrement surprenant.

Si notre Palme va au Dolan, parce que c'est un coup de coeur mais aussi parce que la Palme récompense un film qui a un fort potentiel populaire, et si nous décernons le Grand Prix à Naomi Kawase, parce que ce prix récompense normalement un film audacieux, ils sont en fait ex-aequo dans nos esprits. Le jury de Jane Campion osera-t-il donner cette Palme à un jeune cinéaste de 25 ans (qui deviendrait le plus jeune cinéaste palmé, battant le record de Soderbergh, 26 ans en 1989, mais aussi le premier canadien à recevoir ce prix)? Ou la seule réalisatrice palmée fera-t-elle entrer une autre femme dans le club des Palmes d'or avec la japonaise Naomi Kawase? A moins que Nuri Bilge Ceylan ne la reçoive. Ce serait la première Palme d'or pour la Turquie depuis 1982 avec Yol.

Le palmarès de V

Palme d’or : Mommy
Grand prix : Still the Water
Mise en scène : Mike Leigh pour Mr. Turner
Scénario : Les nouveaux sauvages
Interprétation féminine : Julianne Moore dans Maps to the Stars
Interprétation masculine : Gaspard Ulliel dans Saint Laurent
Prix du jury ex-aequo : Timbuktu et Sommeil d'hiver

Le palmarès de MpM

Palme d’or : Mommy
Grand prix : Still the Water
Mise en scène : Nuri Bilge Ceylan pour Sommeil d'hiver
Scénario : Les nouveaux sauvages
Interprétation féminine : Mia Wasikowska dans Maps to the Stars
Interprétation masculine : Gaspard Ulliel dans Saint Laurent
Prix du jury ex-aequo : Timbuktu et Adieu au langage

L’anti-palmarès, soit

1) ceux qui pourraient être au palmarès mais pas forcément pour les bonnes raisons.
2) ceux qui ne doivent vraiment pas être au palmarès

Palme introuvable : The Search. Mélo raté, film de guerre réussi. Dialogues ineptes. Direction d'acteur inégale. Et une fin complètement à côté de la plaque. La fin dure quand même 30 mn.

Grand prix du non-dit : Les merveilles. Le misérabilisme, la marginalité, ça plait toujours. Encore faut-il qu'on puisse comprendre les intentions de l'auteur, les trous du récit et les personnages sans avoir à lire le dossier de presse.

Mise en scène paresseuse : Deux jours, une nuit. Les Dardenne ont inventé une histoire improbable, morale et didactique, engagé une star pour toucher un plus large public, mais surtout, comparé à leurs oeuvres précédentes, on cherche le souffle, le réalisme, l'intimité qui faisaient la force de leurs cinéma.

Scénario télévisé : Captives. Atom Egoyan a imaginé une histoire qui voyage dans le temps et tente de nous manipuler avec un montage puzzle. Mais si c'est pour écrire la moitié du film comme s'il s'agissait d'un épisode de FBI portés disparus, on ne voit pas l'intérêt.

Interprétation féminine comprise dans l'invitation : Marion Cotillard dans Deux jours, une nuit. Jamais deux sans trois? Après De rouille et d'os et The Immigrant, en misant sur les Dardenne, Cotillard semble favorite. Ce serait un peu trop facile et on en soupçonnerait même un deal caché avec le jury. Mais surtout, en comparant avec les actrices de Maps to the Stars et Sils Maria, du Xavier Dolan, et dans une moindre mesure celles de Sommeil d'hiver, c'est loin d'être l'actrice la plus bluffante de la compétition.

Interprétation masculine incohérente : Tommy Lee Jones dans The Homesman. Le film pourrait avoir un prix mais surtout pas celui-là. L'acteur cabotine et fait du Tommy Lee Jones. Steve Carell, Timothy Spall : ça au moins c'est de la performance.

Prix du jury anti-jeune : Mommy. Parce que définitivement, s'il se retrouvait si bas dans le Palmarès, ce serait un scandale. On peut être jeune et doué. Au moins, il se renouvelle (contrairement à la plupart des cinéastes) et reste inventif. Tout ce qu'on demande à un grand film cannois.

L’instant glam’ : Laetitia Casta, Adèle Exarchopoulos, Aurélie Filippetti, Nicole Kidman…

Posté par cynthia, le 14 mai 2014

laetitia casta cannes 2014Oyé oyé cinéphiles, le 67e festival de Cannes a déroulé son tapis rouge aujourd'hui. Une ribambelle de célébrités talentueuses (ou pas) vont gravir les marches de Cannes durant deux semaines. Mais pourquoi, nous autres mortels, sommes fascinés par un geste aussi banal que de monter des escaliers? Et bien pour plusieurs raisons.

Prenez l'ouverture du Festival aujourd'hui. Le soleil brille, les cliquetis des paparazzis couvrent le bruit des oiseaux, Adèle Exarchopoulos illumine une nouvelle fois le tapis rouge cannois de son joli minois, Blake Lively accélère le rythme cardiaque de la gente masculine, Jane Campion arbore fièrement sa légendaire et brillante crinière tandis que Leila Hatami a revêtu la robe de sa défunte arrière grand-mère.

Néanmoins la star du jour n'est autre que Nicole Kidman, venue présenter en ouverture du festival le tant attendu Grace de Monaco. Vêtue d'une robe bleue somptueuse, elle agrippait de son bras le petit Tim Roth qui, bien qu'il lui arrive à la poitrine, fête ses 53 ans aujourd'hui. Saluons également le fan de Nicole qui brandissait un portrait géant d'elle, on pense qu'elle a dû aimer (ou avoir peur, au choix).

Toujours pas séduit par les marches cannoises ?

Laetitia Casta saura vous faire changer d'avis. La belle mannequin/actrice a littéralement ébouriffé le tapis rouge de sa robe bouffante de tous les côtés. Et ce n'est pas le talentueux journaliste Laurent Weil, qui en lui posant une question toute simple, a senti un vent glacial le traverser, qui nous dira le contraire :
- Laurent Weil : Girl power au festival cette année, Jane Campion, Sofia Coppola... les femmes sont à l'honneur ?
- Laetitia Casta : Mais les femmes sont à leur place! répond sèchement l’égérie de la marque L'Oréal.

Mr Weil, heureusement que vous aviez une veste afin de vous protéger de ce grand froid. Après, comprenez-la, elle le vaut bien. Par contre celle qui le vaut moins, c'est Aurélie Filippetti qui, vu le choix de sa robe, a dû perdre son styliste dans un grave accident cette semaine. A moins qu'elle n'ait été obligée de choisir sa robe dans le noir ce matin, parce que pour porter une nappe de cuisine à Cannes, faut être mal réveillé(e).

Ah Cannes et ses stars... c'en est presque de l'art. Une seule session de de contemplation ne nous suffit pas, c'est pour cela que je vous donne rendez-vous dès demain pour partager une nouvelle fois avec vous la présence de ces célébrités qui nous font tant rêver (ou rire)!

Cannes 2014 – Lettre à… Jane Campion

Posté par MpM, le 14 mai 2014

Chère Jane, Madame la présidente,

Tout d'abord Welcome back in Cannes ! Vous avez avec le Festival une histoire (d'amour) ininterrompue que beaucoup vous envie, et c'est sans doute avec une sensation toute particulière que vous y revenez, cette année, dans la très belle fonction de présidente du jury.

Vous le savez sans doute, le Festival de Cannes est souvent critiqué pour la place congrue qu'il réserve aux femmes, et surtout aux réalisatrices. En 2012, que des hommes en course pour la Palme d'or. En 2013, il y avait une femme. En 2014, elles sont deux. A ce rythme, encore une petite dizaine d'années pour atteindre l'égalité...

Mais, bien sûr, le nombre de femmes en compétition officielle est l'arbre qui cache la forêt des inégalités : moins de réalisatrices (en France, elles sont 23%), moins de femmes scénaristes (27%), moins de réalisatrices écrivant leurs propres films (22%), peu de scénaristes de sexe féminin écrivant sans acolyte masculin (aucune dont c'est l'activité principale durant la dernière décennie)... et on ne parle pas des métiers plus techniques (4,3% de femmes machinistes, par exemple).

Le problème est plus grave qu'un simple déséquilibre numérique, et va au-delà d'une sélection cannoise. Le cinéma (paradoxalement) sera sans doute l'un des outils qui fera changer les mentalités, en normalisant la représentation des femmes à l'écran, et en combattant les stéréotypes.

Ce n'est pas toujours gagné, je vous l'accorde. Sans doute aurez-vous même une pensée pour cette vaste cause ce soir-même, lors de la cérémonie d'ouverture de ce 67e Festival de Cannes, lorsque vous découvrirez sur grand écran le Grace de Monaco d'Olivier Dahan, où l'on découvre une Grace Kelly, grande actrice devant l'éternel, poussée, par devoir et abnégation, à renoncer à son art pour endosser le rôle "de sa vie", lui dit-on, consistant à être épouse, mère et souveraine. Elle y est incarnée par une autre grande actrice, Nicole Kidman, à qui, il y a des années, un journaliste osa demander comment elle gérait d'être "une mère de famille qui travaille", preuve que certaines problématiques évoluent peu.

Aussi, lorsque le film s'achèvera, peut-être vous laissera-t-il un petit goût amer, qu'il ne faudra pourtant pas prendre comme un fardeau. Puisse au contraire cette sensation de gêne vous poursuivre tout au long de la quinzaine et vous pousser, non pas à privilégier les films réalisés par des femmes, ce serait leur faire injure, mais à regarder les films de la compétition avec le prisme d'une égalité homme/femme qui ne peut tout simplement pas être négociable.

Berlin 2014 : Aki Kaurismäki remettra une Berlinale Camera à Karl Baumgartner

Posté par vincy, le 3 février 2014

Le 64e Festival de Berlin, qui s'ouvre jeudi, a décidé rendre hommage au producteur et distributeur Karl “Baumi” Baumgartner, 65 ans, en lui décernant une Berlinale Camera.

Baumgartner, à la tête de Pandora Film Distribution, a révélé aux spectateurs allemands des cinéastes comme Andrej Tarkovsky, Jim Jarmusch, Sally Potter, Kim Ki Duk, Pedro Costa, Sergei Dvortsevoy et Aki Kaurismäki (dont il a coproduit Le Havre) mais aussi Jane Campion : La leçon de Piano, Palme d'or en 1993, fut son premier gros succès public. Il a ensuite coproduit et distribué des films comme Underground et Chat noir, chat blanc d'Emir Kusturica ou Pola X de Leos Carax. De nombreuses oeuvres art et essai ont été en compétition à Berlin comme My Sweet Home de Filippos Tsitos (2001), Irina Palm de Sam Garbarski (2007), Postcards from the Zoo de Edwin (2012) et Layla de Pia Marais l'an dernier.

Baumgartner recevra sa récompense le 8 février, avant la projection de La vie de bohème (1992) d'Aki Kaurismäki, qui sera présent pour lui remettre son prix.

Il avait déjà reçu le Prix Raimondo Rezzonico, qui distingue un producteur indépendant, au Festival de Locarno en 2004.

Deux films coproduits par Pandora pourraient être à Cannes en mai : Sils Maria, d'Olivier Assayas, et The Cut, de Fatih Akin.

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Mise à jour le 19 mars 2014 : Karl Baumgartner est mort à l'âge de 65 ans à Francfort.

Grace de Monaco ouvrira le Festival de Cannes

Posté par vincy, le 24 janvier 2014

Nicole Kidman dans Grace de Monaco d'Olivier Dahan

Le film du cinéaste français Olivier Dahan, Grace de Monaco fera l’ouverture du 67e Festival de Cannes. Il sera projeté en avant-première mondiale le mercredi 14 mai 2014. Sa sortie, à l'origine prévue le 19 mars en France, est donc reportée au 14 mai.
Cette annonce explique le retrait ce matin du film dans le programme des sorties de son distributeur américain, The Weinstein Company. Il devait être dans les salles américaines le 14 mars. Aucune nouvelle date n'est annoncée pour les USA.

Initialement, le film devait sortir fin 2013, puis fin janvier 2014. Ce n'est donc que le énième report. Mais ce coup-ci, il a le droit au très grand honneur d'ouvrir le plus grand festival du monde.

Après des mois de confrontations entre le réalisateur et Harvey Weinstein, qui souhaitait un montage différent de la version de Dahan (lire notre actualité du 18 octobre 2013), Grace de Monaco semble prêt pour un lancement en fanfare : le glamour de la princesse et le mythe de la star Grace Kelly illumineront les marches de Cannes.

affiche grace de monacoPolémiques

Reste à savoir quelle version l'a emporté. Contractuellement, Weinstein n'a pas le final cut sur le film. "Ils veulent un film commercial, c'est-à-dire au ras des pâquerettes, en enlevant tout ce qui dépasse, tout ce qui est trop abrupt, en enlevant tout ce qui est cinéma, tout ce qui fait la vie. (...) Et les décisions ne sont prises que par rapport au marketing, à la sortie, etc." "Mais ce n'est pas encore fini, je n'ai pas abandonné" avait affirmé Olivier Dahan.
D'autres polémiques autour du film sont apparues, notamment la colère toute diplomatique et très médiatique de la Principauté de Monaco. Les trois enfants de grace ont rejeté le scénario, considérant que l'histoire a été réécrite, avec de nombreuses inexactitudes historiques et des scènes complètement inventées.

Le film évoque un moment de la vie de l’actrice américaine Grace Kelly (Nicole Kidman) devenue Grace de Monaco lorsqu’elle épousa le Prince Rainier III (Tim Roth) en 1956, ce qui fut qualifié de mariage du siècle. Elle tournait alors avec les plus grands réalisateurs hollywoodiens (John Ford, Alfred Hitchcock, Fred Zinnemann) et avait déjà été couronnée d’un Oscar. Six ans plus tard, alors qu’il lui est parfois difficile d’endosser sa fonction, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood pour jouer dans son nouveau film, Marnie. Au même moment, la France menace de taxer, voire d’annexer Monaco, ce petit pays dont elle est devenue la monarque. Grace, actrice ou princesse? C'est l'heure du choix.

Le film est produit par Pierre-Ange Le Pogam (ex d'Europacorp et qui a créé sa structure Stone Angels, Uday Chopra et Arash Amel (par ailleurs coscénariste avec Dahan). Le casting, outre Kidman et Roth, regroupe Frank Langella, Parker Posey, Jeanne Balibar, Sir Derek Jacobi et Paz Vega. Le projet a été lancé il y a deux ans (lire notre actualité du 11 janvier 2012). Olivier Dahan, 46 ans, a notamment réalisé La Möme (La vie en rose) en 2007 mais aussi Les seigneurs (2012), Les rivières pourpres II, Le petit poucet.

Nicole Kidman viendra en habituée du Festival. En 2012, elle était en compétition avec Paperboy et hors-compétition avec Hemingway & Gellhorn, en 2003 on l'y a vue dans Dogville, en 2001 elle avait déjà fait l'ouverture avec Moulin Rouge!, en 1995 elle était sur la croisette avec Prête à tout et en 1992 avec Horizons lointains. L'an dernier, Kidman était membre du jury de la compétition. Lors de la cérémonie d'ouverture, elle croisera Jane Campion, présidente du jury, avec qui elle a tourné Portrait de femme en 1996.

Cannes 2014 : Jane Campion présidente!

Posté par vincy, le 7 janvier 2014

Réalisatrice, productrice et scénariste, la néo-zélandaise Jane Campion, 60 ans, présidera le Jury du prochain Festival de Cannes (14-25 mai 2014). Choix singulier autant qu'étrange. Incontestable à coup sûr. Jane Campion avait présidé le Jury des courts métrages et de la Cinéfondation l'an dernier. Elle avait également reçu le Carrosse d'or 2013 sur la Croisette.

Campion c'est un doublé unique dans l'histoire du Festival : Palme d'or du court métrage en 1986 pour Peel et Palme d'or en 1993 pour La leçon de Piano. C'est également la seule réalisatrice à avoir reçu la Palme d'or et la seule cinéaste venue d'Océanie. Honorée et impatiente, Jane Campion a accepté non pas de juger les films mais de regarder le monde : "C’est la passion qui rend Cannes incontestable. C’est un lieu mythique et surprenant où des acteurs se révèlent, des films trouvent leurs producteurs et des carrières démarrent. Je le sais : ça m’est arrivé."

Jane Campion a réalisé Sweetie (1989), Un ange à ma table (1990), La Leçon de piano (1993), Portrait of a Lady (1996), Holy Smoke (1999), In the Cut (2003), Bright Star (2009) et récemment la série TV Top of the Lake.

Gilles Jacob, président du Festival, se rappelle cette "jeune réalisatrice inconnue venue des antipodes qui aurait été fière que le Festival de Cannes présentât un des trois courts-métrages qu’elle venait d’achever. Ils affirmaient déjà une telle vaillance, une telle humanité, un tel univers que se refusant de choisir, le Festival montra les trois d’un coup – car c’en était un. Jane Campion était née. Et un style avec elle. Ensuite ce furent Sweetie, La Leçon de piano ou récemment Bright Star, ce merveilleux film où la poésie circule comme jamais. Etonnez-vous après tant d’émotions que je l’appelle ma Lady Jane. "

"une célébration du cinéma du monde entier"

"Je suis venue à Cannes pour la première fois en 1986", déclare Campion dans le communiqué du Festival, "et depuis, mon admiration pour la reine des manifestations de cinéma n’a fait que grandir. Le glamour et le professionnel s’y marient de façon unique. C’est le pays des stars, des fêtes, des plages et du business mais on ne perd jamais de vue ce qu’est le festival : une célébration du cinéma comme Art et une célébration du cinéma du monde entier."

Pour le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, "C’est une grande fierté que Jane Campion ait accepté. Après Michèle Morgan, Jeanne Moreau, Françoise Sagan, Isabelle Adjani, Liv Ullmann et Isabelle Huppert en 2009, elle complète la liste prestigieuse des Présidentes de Jury. Originaire d’un pays et d’un continent où le cinéma est rare et puissant, elle fait partie de ces cinéastes qui incarnent à la perfection l’idée qu’on peut faire du cinéma en artiste et séduire un public planétaire. Et nous savons que son exigence personnelle sera aussi celle de son jury."

Depuis quelques années, certaines voix se font entendre pour se plaindre d'un manque de représentativité des femmes dans la compétition. Manière de rappeler que Cannes n'a ni frontières ni genre, le Festival donne la présidence du jury à une "féministe", une artiste complète, une citoyenne engagée, portée par de fortes convictions. C'est la dixième femme à recevoir cet honneur dans l'histoire de la manifestation (Jeanne Moreau l'a présidé deux fois, ce qui fait 11 éditions, sans compter la vice-présidence occupée par Deneuve), la première depuis Huppert en 2009.

Ma Vie avec Liberace, grand favori des Emmy Awards

Posté par vincy, le 19 juillet 2013

ma vie avec liberace

A priori les récompenses pour honorer le meilleur de la télévision nous concerne peu. Pourtant, cette année, les Emmy Awards, les Oscars du petit écran, nous intéressent. Ecran Noir ne fera pas de prosélytisme vis-à-vis de telle ou telle série. Et même si on se félicite des nominations d'acteurs aussi brillants que Kevin Spacey et Robin Wright (House of Cards), Jeff Daniels (The Newsroom), Damian Lewis et Claire Danes (Homeland), Alec Baldwin (30 Rock), Laura Dern (Enlightened), ou encore Vera Farmiga (Bates Motel), c'est toujours dans les catégories des téléfilms ou miniséries que nos regards se portent. Ces films de télévision - qui flirtent avec la qualité des très bons films de cinéma - offrent souvent de très grands rôles à d'immenses comédiens.

Ainsi Al Pacino et Helen Mirren (Phil Spector), Jessica Lange (American Horror Story : Asylum), Laura Linney (The Big C. Hereafter), Peter Mullan (Top of the Lake), Charlotte Rampling (Restless), ou encore Sigourney Weaver (Political Animals), parfois délaissés par Hollywood, trouvent ici un second souffle bienvenu.

Deux Palmes d'or dans la catégorie meilleur réalisateur

Mais c'est évidemment la présence de Matt Damon et de Michael Douglas, tous les deux nommés pour le titre de meilleur acteur, qui nous a attiré l'oeil. Ma vie avec Liberace, en compétition au dernier Festival de Cannes, a connu un très beau succès lors de sa diffusion sur HBO en mai dernier. Il récolte 15 nominations aux Emmy Awards!

Le film produit par la chaîne HBO (qu'aucun studio n'a voulu distribuer dans les salles américaines) est nommé dans presque toutes les catégories : meilleur minisérie ou film, meilleur second rôle masculin (Scott Bakula), meilleur scénario (Richard LaGravenese, face à Jane Campion et David Mamet, excusez du niveau!), meilleure direction artistique, meilleur casting, meilleure image, meilleurs costumes, meilleur montage, meilleure coiffure, meilleurs maquillages, meilleures prothèses, meilleur mixage son, et bien entendu meilleur réalisateur (Steven Soderbergh, qui lui aussi fait face à Campion et Mamet dans sa catégorie).

Notons enfin, par pur plaisir, que Diana Rigg et Jane Fonda, deux des plus belles femmes du cinéma des années 60 et 70, s'affronteront dans la catégorie meilleure actrice invitée (série dramatique), la première pour Games of Thrones, la seconde pour The Newsroom. On remarque aussi la présence de David Fincher dans la catégorie meilleur réalisateur (série dramatique).

Cannes 2013 : Retour sur le palmarès de la Cinéfondation

Posté par kristofy, le 25 mai 2013

sarah hirtt, jane campion et jean-jacques rausinDans la sélection officielle, neuf films concouraient pour la palme d’or du meilleur court métrage et dix-huit dans le cadre de la Cinéfonadtion. Le jury de cette compétition était présidé par la réalisatrice Jane Campion qui a reçu à la fois la palme d'or du court-métrage (Peel en 1986) et celle du long métrage (La leçon de Piano en 1993).

La Cinéfondation met en lumière de nouveaux talents issus de différentes écoles de cinéma et cette année encore la mission est remplie à plus d’un titre. La Cinéfondation semble apparaître comme une compétition bis de courts mais il n’en est rien : elle est présidée par Gilles Jacob, le jury est le même que celui chargé de remettre la Palme d'or, et il y a le double de films sélectionnés.

Ce sont 1515 films qui ont été vus en amont pour une sélection de 18 cinéastes dont la plupart des films dépassent la vingtaine de minutes, et 4 séances de projections. Le jury de Jane Campion était composé de Nandita Das, Maji-Da Abdi, Nicoletta Braschi et Semih Kaplanoglu.

Certains noms qui n’ont pas été récompensés pourraient résonner à l’avenir comme ceux de Camila Luna Toledo (Asuncion où une jeune fille dans une
résidence catholique au Chili va provoquer de son désir le gardien qui n’y succombera pas…), Navid Danesh (Duet où une femme rencontre l’ex-compagne de son mari, coproduit en Iran avec le workshop de Asghar Farhadi) ou encore Joey Izzo (Stepsister où, à SanFrancisco, une jeune fille  se montre particulièrement désagréable avec la nouvelle fiancée de son frère). D'ailleurs, le premier long-métrage de Joey Izzo est déjà en préparation.

Le jury devait remettre 3 prix et a choisi un 3e prix ex-aequo, ce qui permet de récompenser aussi un court d’animation.
Le palmarès est le suivant :

-1er prix : Needle réalisé par Anahita Ghazvinizadeh (originaire d’Iran, elle est depuis deux ans aux Etats-Unis à l’école Art Institute de Chicago) : une jeune fille est emmenée par sa mère obnubilée par une possible infection dans un hôpital pour se faire percer les oreilles, mais une querelle l’emmène ailleurs…

-2e prix : En attendant le dégel réalisé par Sarah Hirtt (originaire de Belgique, de l’école INSAS) : trois frères et sœur conduise un camion de déménagement, mais celui-ci tombe en panne sur une route déserte avec de la neige, les téléphones ne captent rien et il n’y a personne à la ronde…

- 3e prix ex-aequo : Pandy (animation) réalisé par Matus Vizar (originaire de République Tchèque, de l’école FAMU) : des expériences sur des pandas…

- 3e prix ex-aequo  : In Acvariu (Dans l’acquarium) réalisé par Tudor Cristian Jurgiu (originaire de Roumanie) : un couple se dispute et se réconcilie et se redispute et se rapproche….

Pour En attendant le dégel, la réalisatrice Sarah Hirtt (en photo avec Jane Campion et son acteur Jean-Jacques Rausin) avait le désir d’explorer la complexité des relations fraternelles : "quand on a des frères et sœurs on vit avec des gens que l’on ne choisit pas et avec qui on partage des secrets et aussi des querelles". L’un des trois acteurs est Jean-Jacques Rausin dont un précédent court métrage avait déjà été récompensé lors du dernier BIFFF.

Cannes 2013 : un Carrosse d’or 2013 pour Jane Campion

Posté par kristofy, le 17 mai 2013

jane campionLa réalisatrice doublement palmée d’or (en 1982 pour son court Peel et en 1993 pour La leçon de piano) et récemment en compétition pour Bright star, Jane Campion, est cette année la présidente du jury des courts-métrages et de la Cinéfondation au Festival de Cannes. La Quinzaine des Réalisateurs lui a également remis le prix du Carrosse d’or, qu'elle a dédié au producteur Pierre Rissient (le premier à avoir montré ses courts métrages à Cannes). Elle a par ailleurs remercié son "cher ami" Gilles Jacob.

Pour l’occasion, elle a présenté sur grand écran deux épisodes de la série Top of the lake, co-réalisée avec Garth Davis et co-écrite avec Gérard Lee. Une "conversation avec Jane Campion" était organisée, durant laquelle elle a évoquée tout autant son travail le plus récent que ses toutes premières réalisations, ou sa jeunesse en Nouvelle Zélande avant de voyager en Europe, et bien entendu diverses considérations sur le cinéma agrémentées de petites pointes d’humour.

La série Top of the lake

La distinction entre cinéma et télévision est peut-être de plus en plus artificielle. Après Bright star j’ai commencé à développer une histoire qui était de l’ordre du roman avec plusieurs chapitres. En Angleterre j’ai rencontré des gens de la BBC pour parler de ce sujet et en le racontant j’ai été encouragée à l’écrire spécifiquement pour la télévision. Aujourd’hui on peut y trouver de plus en plus de fraîcheur et d’audace. On a écrit Top of the lake à deux avec mon Gerard Lee qui est quelqu’un avec qui j’ai une grande connivence. C'est le scénariste de mon premier film Sweetie, et la réalisation a été partagée entre moi et Garth Davis. Je suis ravie de cette expérience un peu différente d’un tournage cinéma.

Une formation artistique avant de faire du cinéma

J’ai suivi un cursus de peinture, peut-être pour me démarquer de mes parents qui eux étaient dans l’univers du théâtre. Je ne savais pas vraiment quoi créer, avec la peinture j’ai appris à me remettre en question et à prendre des risques, à me mettre en péril. Cela m’a conduit à réaliser ensuite des courts-métrages. J’allais beaucoup au cinéma et mon ambition suprême était de faire un court qui soit montré en salle avant un long, ou un court qui aille dans des festivals. Mon tout premier court découlait de la peinture, c’était de l’animation image par image, il est perdu maintenant. Puis j’ai fait un autre court-métrage qui ensuite m’a ouvert les portes d’une école de cinéma. C’était une école un peu conservatrice qui n’aimait pas ce que je faisais, je n’ai pas été encouragée, mais j’ai persévéré à faire des films.

Harvey Keitel et la leçon de Piano

J’étais un peu terrorisée par le travail des acteurs, ma mère était une actrice terrifiante. Pour mes films je me tournais vers des amis que je pouvais diriger et même tyranniser. Puis j’ai travaillé bien évidement avec des acteurs professionnels très différents. Pour La leçon de piano j’ai eu de la chance d’avoir Holly Hunter et Harvey Keitel. Pour lui il y avait des rumeurs comme quoi il pouvait être agressif parfois. Je me suis ouvert à lui, "comment je peux vous diriger, vous avez plus d’expérience ?", ça a été une délicieuse conversation. J’ai appris avec Harvey Keitel comment utiliser au mieux les répétitions avant le tournage, c’était une merveilleuse expérience.

Pas assez de femmes réalisatrice de film ?

Je suis moi-même ennuyée par ce débat, peut-être il faudrait des quotas pour que la moitié des films de l’humanité soient réalisés par des femmes ? Je n’y crois pas, c’est avant tout une question de sensibilités. Kathryn Bigelow par exemple a montré qu’une femme peut très bien faire des films avec des sujets à priori d’hommes. En matière artistique il ne devrait pas être question de genre ou de sexe. Il faudrait qu’on arrête d’aborder cette question-là uniquement avec des femmes. J’ai déjà entendu "qu’est ce que ça vous fait de présenter un film à Cannes en tant que réalisatrice ?", c’est stupide, c’est pareil que pour un homme. Je ne veux pas faire de manifeste féministe. Il faut s’emparer d’un beau sujet et faire du beau travail, c’est l’essentiel.

Cannes 2013 : le jury de la Cinéfondation et des courts métrages

Posté par MpM, le 18 avril 2013

On savait déjà que la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion présidera le jury de la Cinéfondation et des courts métrages.

On a appris lors de la conférence de presse du Festival qu'elle serait entourée de :

- Maji-da Abdi (actrice, réalisatrice et productrice éthiopienne),

- Nicoletta Braschi (actrice et productrice italienne),

- Nandita Das (actrice et réalisatrice indienne),

- Semih Kaplanoglu (réalisateur, auteur et producteur turc).

Les cinq jurés auront la charge de  décerner la Palme d'or du court métrage ainsi que les trois prix de la Cinéfondation. Les films sélectionnés avaient été annoncés le 16 avril.