Fin de Garde à vue pour Jean Vautrin (1933-2015)

Posté par vincy, le 16 juin 2015

L'écrivain et scénariste Jean Vautrin, de son vrai nom Jean Herman, est mort à l'âge de 82 ans. Prix Goncourt en 1989 pour Un grand pas vers le bon Dieu, l'écrivain avait commencé sa carrière au cinéma, issu de l'IDHEC. Il fut assistant réalisateur de Roberto Rossellini (India, Terre mère, 1958), de Jacques Rivette (Paris nous appartient, 1961), de Vincent Minnelli (Les Quatre cavaliers de l'Apocalypse, 1962) et de Ken Annakin (Le jour le plus long, 1962). Il était passé réalisateur dès 1958 avec le court métrage Voyage en Boscavie. Son court La Quille avait reçu le prix du Jury au Festival de Venise en 1961. Il réalise son premier long métrage achevé en 1967 (Le dimanche de la vie), avant d'enchaîner avec Adieu l'ami, Jeff, et L'oeuf en 1972.

Dès lors, il se consacra au scénario pour Claude Pinoteau (Le grand escogriffe), George Lautner et Belmondo (Flic ou voyou, Le guignolo), Gérard Pirès (L'entourloupe), Jacques  Deray et Belmondo (Le marginal), Gilles Béhat (Rue Barbare, Urgence, Charlie Dingo), Yves Boisset (Canicule, d'après son propre livre, Bleu comme l'enfer). Mais son oeuvre maîtresse reste Garde à vue de Claude Miller, en 1981, qui lui valu un César du meilleur scénario (partagé avec le cinéaste et Michel Audiard) et un prux du jury pour le scénario au Festival des films du monde de Montréal). Il était passé en moins de dix ans des comédies presque absurdes et fantaisistes aux polars les plus noirs.

Son roman Billy-Ze-Kick avait également été adapté par Gérard Mordillat. Côté adaptation, ses romans ont aussi connu une autre vie en bande dessinée avec Jean Teulé (Bloody Mary) et surtout Le cri du peuple, par Jacques Tardi.

Dans un entretien récent, Jean Vautrin expliquait qu'il avait "fait ce que l’on appelle la pirouette à l’envers : d’habitude on commence à écrire et on a envie d’aller à l’image". Lui, ça a été le contraire: "je savais d’avance que je serais un artiste composite, multicarte. J’ai passé 15 ans au service du cinéma, cinéma dans lequel je n’étais pas parfaitement heureux ,d’ailleurs, parce que je n’ai jamais été doué pour aller discuter des budgets et on m’avait embarqué dans une direction qui était celle des super vedettes et ce n’était pas mon truc."