Dinard 2015: quand les couples s’isolent du monde…

Posté par vincy, le 2 octobre 2015

Deux films présentés hier au 26e Festival du film britannique de Dinard abordaient une thématique similaire, avec un traitement radicalement opposé. Couple in a Hole de Tom Geens et Hide and Seek de Joanna Coates ont en commun l'histoire de couples qui se mettent en retrait du monde.

couple in a hole

Tom Geens a tourné son film essentiellement en France pour une histoire tragique et sacrificielle où un couple écossais vit dans un trou, en pleine forêt, se nourrissant de plantes, de lapins chassés ou de vers grouillants. Couple in a Hole nous enferme dans cette nature protectrice, bienfaitrice mais aussi périlleuse: l'homme est parfois contraint de revenir dans le monde moderne (pour acheter des médicaments), la femme reste "enterrée" dans cette caverne puante et primitive. Cet isolement sert d'allégorie à une dépression psychologique suite à un traumatisme violent. Ici, le couple ne cherche plus à être en contact avec les autres, ne veut plus être connecté, et pense se suffire à lui-même en revenant à l'état primal. Ils s'aiment, partagent la même douleur, et cela leur suffit. Comme s'il était impensable de survivre à un deuil autrement qu'en s'enfermant dans une souffrance irrationnelle... Couple in a Hole, c'est un couple qui se désagrège parce qu'il n'envisage plus de vivre comme avant, après la tragédie qui les a frappés.

hide and seek

A l'inverse, avec le plus enthousiasmant Hide and Seek (Cache-cache), Joanna Coates opte pour l'utopie et la liberté. Avec son scénariste et acteur Daniel Metz, ils ont imaginé le couple dans différentes variations. Deux hommes, deux femmes, quatre possibilités (au minimum). Désireux de se couper de la société et de ses conformismes, d'un système et des contraintes qui en découlent, les quatre jeunes gens se réfugient dans une maison de campagne pour une durée indéterminée. Ils vivent en communauté, sans médias, avec pour rares occupations des jeux et des créations artistiques. Du vin, de l'art et du sexe, voilà la vie idéale selon le film. Le sexe, il y en a. Tout le monde couche avec tout le monde, par deux le plus souvent. Il n'y a plus de genre, plus d'orientation. Homo, hétéro peu importe, et c'est sans doute là le pari le plus audacieux et le plus intéressant du film, qui jamais ne revient sur le chemin des conventions ou de la morale. La chair est un accès au paradis. Il s'agit de se libérer (s'émanciper) en désirant, aimant l'autre sans préjugés. Ni couple, ni trouple, ni simple échangisme orgiaque: c'est un quatuor harmonieux qui va se construire, pour l'éternité. Les couples, ici, coupés du réel, s'épanouissent en partageant l'essentiel. Cet hédonisme, idéaliste, nous interpelle: et si l'amour était infini, à condition de se dépasser et de larguer notre éducation comme notre passé?

A travers ces deux films, le cinéma anglais, dans un registre dramatique ou dans un genre plus poétique, mais tous les deux naturalistes, transgresse quelques tabous et nous interroge sur notre capacité à dépasser nos limites, pour le pire ou pour le meilleur.