Berlin 2018 : nos pronostics et favoris dans la course à l’Ours d’or

Posté par MpM, le 24 février 2018

Voilà, les 18 films de la compétition ont été montrés et vus, le jury de Tom Tykwer s’est réuni pour délibérer, et on connaîtra ce soir le film qui succédera à Corps et âme de Ildiko Enyedi au Panthéon des Ours d’or. En attendant, on n’a pas pu résister au plaisir de quelques pronostics.

Ours d’or / Ours d’argent du meilleur film


Les voies des jurys sont impénétrables, mais on aimerait voir récompensés des films qui allient un message fort à une certaine virtuosité formelle. On pense évidemment à Dovlatov d’Alexey German Jr, à la mise en scène aérienne et brillante, qui fait l’éloge de l’art et de la liberté d’expression, mais aussi à L’île aux chiens de Wes Anderson, film d’aventures drôle et engagé, qui tient un discours intelligent sur la responsabilité politique et le refus de l’intolérance ou de la ségrégation. Et puis un seul film d'animation a remporté un Ours d'or en 67 éditions : Le voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki... en 2002. Il est temps d'écrire un 2e chapitre de cette histoire-là.

Si le jury a choisi d’être radical, il peut également aller vers les 4h du nouveau film de Lav Diaz (Season of the devil), œuvre hypnotique certes longue et rébarbative mais à la portée symbolique, politique et même cinématographique indéniable.

Ours d’argent du meilleur réalisateur


Là encore, Dovlatov semble le candidat idéal, tant Alexey German Jr excelle à rendre vivantes et captivantes les scènes de soirées et de conversations passionnées dans le Leningrad artistique de la fin des années 70. Sa caméra en apesanteur donne l’impression au spectateur d’évoluer lui-même au milieu des personnages.

On a également été séduit par les fulgurances formelles de The real estate de Axel Petersén et Mans Mansson, qui font baigner l’intrigue au départ peu engageante (une sombre histoire d’immeuble mal géré) dans une atmosphère de cauchemar halluciné. Les gros plans sur le visage de l’héroïne, les teintes blafardes, la musique dense qui insuffle sa propre tonalité au récit en font ce que l’on a vu de plus singulier et de plus cinématographiquement inventif en compétition cette année. Bien sûr, cela en fait aussi le prétendant idéal pour le fameux prix Alfred Bauer destiné à un film "qui ouvre de nouvelles perspectives".

Utoya 22. Juli d'Erik Poppe, pour le côté performance, a également ses chances. Quoi que l’on pense du film sur le fond, difficile de ne pas reconnaître la prouesse de cet unique plan séquence de 72 minutes qui garde le spectateur sous une tension quasi insoutenable. Le récompenser est cela dit à double tranchant : valider l’impressionnant dispositif narratif utilisé par Erik Poppe, mais aussi valoriser ce que certains lui reprochent justement : la mise en scène de l’horreur.

Plus classiques, mais tout aussi efficaces, Gus van Sant (T'inquiète pas, il n'ira pas loin à pied) et Emily Atef (Trois jours à Quiberon) mériteraient eux aussi un prix de mise en scène. Le premier propose un film assez découpé qui met parfaitement en valeur le destin hors normes de son personnage tandis que la seconde  excelle dans la mise en scène des relations du quatuor formé par Romy Schneider, son amie, le journaliste et le photographe.

Et même si l’on n’aime guère le film, Mein Bruder heißt Robert und ist ein Idiot de Philip Gröning fait par moments preuve d’un naturalisme lumineux qui aurait de quoi subjuguer un jury réceptif à ce type de cinéma.

Ours d’argent du meilleur scénario


Pig de Mani Haghighi serait le candidat idéal pour ce prix qui récompenserait parfaitement l’esprit du film et sa volonté de tourner en dérision le si rigide régime iranien, tout en reconnaissant ses faiblesses formelles et sa dérive vers la série Z grotesque dans une deuxième partie plus faible.

Plus classiquement, tous les films cités pour l'Ours d'or peuvent également prétendre à un prix de scénario, avec une petite préférence pour L'île aux chiens de Wes Anderson, dont l'écriture sophistiquée et ultra complexe transcende la simplicité de l'intrigue.

Prix d’interprétation


Sans hésiter, nous remettrions le prix de la meilleure actrice à Marie Baümer pour Trois jours à Quiberon d'Emily Atef. L’actrice est non seulement très juste dans l’exubérance comme dans le désespoir, mais elle parvient en plus à s’oublier totalement derrière le rôle de Romy Schneider. Si dans le premier quart d’heure du film, on voit encore la comédienne interprétant un rôle, très vite il n’y a plus que Romy, irradiant de cette indescriptible grâce, de cette énergie et de cette sincérité qui bouleversent tout ceux qui la rencontrent.

Mais il y a une forte concurrence pour le prix d'interprétation féminine, en raison d'une édition riche une fois encore en beaux rôles féminins. On penserait donc assez logiquement à Ana Brun, l'interprète principale de Las herederas de Marcelo Martinessi, qui tient parfaitement sa partition de femme mûre retrouvant peu à peu un sens à sa vie, à Léonore Ekstrand qui est sans cesse sur le fil dans The real estate, ainsi qu'à Andrea Berntzen littéralement omniprésente dans Utoya 22. Juli qu'elle porte quasiment à elle toute seule. Sans son impeccable performance, le film s'écroulerait, et c'est là encore typiquement le genre de rôle récompensé dans les festivals.

Enfin, s’il va vers la facilité, le jury peut aussi récompenser Isabelle Huppert, très bien dans Eva de Benoit Jacquot, ou offrir un double prix d’interprétation aux deux mères (la naturelle et l’adoptive, c'est-à-dire respectivement Alba Rohrwacher et Valeria Golino) du très basique Mia figlia de Laura Bispuri.


Côté acteurs, évidemment Joaquin Phœnix semble un choix évident tant il est parfait (et méconnaissable) en John Callahan chez Gus van Sant. Mais Joaquin est toujours parfait, et ne peut pas pour autant rafler tous les prix d’interprétation masculine de la planète. On pencherait alors pour le comédien de Dovlatov (Milan Maric). Le jeune acteur de La prière de Cédric Kahn (Anthony Bajon) est aussi un bon candidat.

Et pourquoi ne pas récompenser le casting complet de Lav Diaz ou, plus audacieux, celui de L’île aux chiens ?  Les palmarès doivent aussi servir à ça, distinguer des performances singulières et ne pas toujours aller vers l'évidence...

Cannes 2017: la Palme d’or pour The Square, le Grand prix pour 120 BPM

Posté par vincy, le 28 mai 2017

Le jury de Pedro Almodovar avait la lourde responsabilité d'effacer le Palmarès incompréhensible et hors sol de l'an dernier.

Pas forcément dans l'ordre pronostiqué, les gagnants sont des habitués de Cannes pour la plupart. Mais avouons que les films distingués sont aussi ceux que nous avons préféré. Diane Kruger dans In the Fade ? Le choix était tellement évident. Les scénarios des très sombres Mise à mort du cerf sacré et You Were Never Really Here ? C'est sous estimé l'interprétation et la mise en scène de ces deux films, mais les voir au palmarès nous réjouit. Le fait que l'immense Joaquin Phoenix remporte le prix d'interprétation masculine pour You Were Never Really Here donne au film de Lynne Ramsey un double prix qui compense largement son absence dans le haut du tableau. Avec le prix de la mise en scène pour Sofia Coppola (Les proies), ce sont deux femmes cinéastes qui ne transigent pas avec leur style qui sont honorées.

Le jury a opté pour des films radicalement différents. Faute d'amour (Prix du jury), 120 battements par minute (Grand prix du jury) et The Square (Palme d'or). De notre côté, on aurait opté pour une autre hiérarchie (la palme pour le français, le grand prix pour le russe), au moins il n'y a pas eu de faute de goût véritable, évinçant les films ratés. On peut juste regretter l'absence de films que nous avons appréciés, notamment Good Time ou Okja (Netflix repart bredouille).

On reste surpris malgré tout de la Palme d'or pour Ruben Östlund. Le cinéaste suédois a certes gardé son style inimitable. Mais son film, imparfait et attachant, plein de contradictions, et surtout terriblement égoïste, est à moitié convaincant (notamment à cause d'une dernière heure trop didactique qui alourdit son film et dilue son ton). On peut comprendre qu'un tel sujet (l'individualisme) ait fédéré les jurés. Tout comme on est ravi de voir qu'un film aussi bouleversant que 120 BPM ait été reconnu à sa juste mesure, avec un sujet comme le SIDA. Tout comme le splendide formalisme de Faute d'amour ait réussi à séduire malgré la dureté de son thème.

De ces trois films il reste d'ailleurs des images marquantes: une bataille de capote dans The Square, une Seine de sang dans 120 BPM ou un gamin qui hurle de douleur en silence quand ses parents s'engueulent dans la pièce d'à côté.

Tous les prix remis à Cannes

Enfin, Nicole Kidman a reçu le Prix du 70e anniversaire. Présente deux fois en compétition, et deux autres fois en sélection officielle, elle était la star de cette année. Et permet à Coppola et Lanthimos d'être primés une deuxième fois indirectement.

La Caméra d'or récompense pour la deuxième année consécutive, et la troisième fois en quatre ans, une réalisatrice française. Jeune femme, présenté à Un certain regard, réussit avec peu de moyens, une actrice formidable (Laetitia Dosch) et une histoire d'émancipation, à faire vibrer le spectateurs en partageant les moindre soubresauts de son héroïne.

Sacré quatuor hollywoodien pour le prochain film de Jacques Audiard

Posté par vincy, le 19 avril 2017

Pour The Sisters Brothers, le premier film en langue anglaise de Jacques Audiard, c'est un carré d'as que s'offre le cinéaste français. Joaquin Phoenix, que l'on verra à Cannes dans le film de Lynne Ramsey, Jake Gyllenhaal, à l'affiche aujourd'hui avec Life, John C. Reilly, par ailleurs producteur du film, et Riz Ahmed (la série "The Night Of", "The OA", Rogue One, Jason Bourne) seront les héros de cette coproduction franco-américaine (Why Not, Page 114).

Le scénario est adapté du roman de Patrick deWitt, dont Reilly avait acquis les droits. Annoncé il y a deux ans, avec Reilly comme seul acteur à l'époque et après qu'Audiard ait reçu sa Palme d'or pour Dheepan, le projet s'est étoffé ces dernières semaines en vue d'un tournage dans les prochains mois en vue d'une sortie calée pour 2018. On imagine le beau tapis rouge à Cannes avec les quatre comédiens.

Le récit se déroule principalement en Oregon, en 1851. Eli et Charlie Sisters, redoutable tandem de tueurs professionnels aux tempéraments radicalement opposés mais d’égale (et sinistre) réputation, chevauchent vers Sacramento, en Californie, dans le but de mettre fin, sur ordre du “Commodore”, leur employeur, aux jours d’un chercheur d’or du nom de Hermann Kermit Warm. Tandis que Charlie galope sans états d’âme – mais non sans eau-de-vie – vers le crime, Eli ne cesse de s’interroger sur les inconvénients de la fraternité et sur la pertinence de la funeste activité à laquelle lui et Charlie s’adonnent au fil de rencontres aussi insolites que belliqueuses avec toutes sortes d’individus patibulaires et de visionnaires qui hantent l’Amérique de la Ruée vers l’or. Deux frères moins liés par le sang et la violence que par l’indéfectible amour qu’en silence ils se portent.

Gus Van Sant et Joaquin Phoenix ont peut-être trouvé le film qui les réunira de nouveau

Posté par vincy, le 1 décembre 2016

Gus Van Sant et Joaquin Phoenix s'apprêtent à se retrouver pour un nouveau film, Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot. Ce biopic est dans les cartons depuis longtemps: il s'agit de l'histoire du dessinateur et illustrateur John Callahan, quadraplégique de Portland, Oregon, la ville de Gus Van Sant.

Le scénario est l'adaptation de l'autobiographie de Callahan, non traduite en France, écrite en 1989. Cela fait 25 ans qu'Hollywood tente de transposer cette histoire. Robin Williams rêvait d'incarner le dessinateur.

John Callahan a été paralysé après un accident de voiture à l'âge de 21 ans. Le dessin est alors devenu comme une thérapie à son malheur. La particularité de son art était d'aborder des sujets tabous (la mort, le handicap) avec un humour plutôt noir et politiquement incorrect. Cela a conduit l'hebdo de sa ville à être souvent boycotté ou à recevoir des plaintes.

Une vie tragique

Né en 1951 et décédé en 2010, cet enfant adopté, battu par une maîtresse d'école, ayant sombré dans l'alcoolisme dès l'adolescence, n'a pas eu une vie vraiment joyeuse. Ses dessins, commencés à l'âge de 27 ans, ont été publiés par The New Yorker, Penthouse et Playboy. La reconnaissance fut assez immédiate. Plusieurs livres ont compilé ses créations. Deux séries animées, Pelswick (Nickolodeon) et Quads ont été adaptées à partir de son œuvre.

En 2007, la cinéaste néerlandaise Simone de Vries lui a consacré un documentaire, Raak me waar ik voelen kan (Touch me someplace I can feel). Le film a reçu le prix du meilleur documentaire au Festival du film néerlandais d'Utrecht.

Gus Van Sant et Joaquin Phoenix ont déjà travaillé ensemble dans Prête à tout, en 1995. Depuis 20 ans, ils cherchent une nouvelle opportunité de collaboration. L'acteur a failli être à l'affiche du dernier film de Gus Van Sant, Nos souvenirs (Sea of Trees). Le rôle a finalement été obtenu par Matthew McConaughey. Le cinéaste travaille actuellement sur une série télévisée, When We Rise. Joaquin Phoenix tourne actuellement Mary Magdalene, où il incarne Jésus, réalisé par Garth Davis, aux côtés de Rooney Mara et Chiwetel Ejiofor.

Cannes 2016 – Télex du Marché: Bruno Dumont, Joaquin Phoenix, deux belges aux USA et Paul Verhoeven à Lyon

Posté par vincy, le 13 mai 2016

- En compétition avec Ma Loute, Bruno Dumont prépare toujours la suite du P'tit Quinquin pour Arte. mais entre temps, cet été, il tournera une adaptation de Charles Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc. Le film sera musical, chanté et dansé, et filmé dans le Nord, même si l'action se passe en Lorraine.

- Joaquin Phoenix sera un vétéran de guerre dans le prochain film de Lynne Ramsay (We need to talk about Kevin), You Were Never Really here. Le personnage qu'incarnera l'acteur américain est chargé d'extraire des filles de bordels illégaux, jusqu'au jour où cela se passe mal.

- Les réalisateurs de Black, les belges Adil El Arbi et Bilall Fallah, se lancent à l'assaut de la télévision américaine avec un drame, Snowfall, co-écrit avec John Singleton, à propos de l'épidémie de crack et de cocaïne dans le Los Angeles des années 80. La Fox les a aussi enrôlés pour réaliser The Big Fix, un film sur les matchs arrangés dans le football.

- En compétition avec Elle, film adapté d'un roman français, entièrement tourné avec des acteurs français, le néerlandais Paul Verhoeven s'intéresse désormais à une histoire qui se déroule durant la seconde guerre mondiale, au sein de la Résistance française. Lyon 1943, titre provisoire, n'en est qu'au stade le d'écriture, et se pencherait sur cette année si particulière où cohabitaient dans la même ville Jean Moulin et Klaus Barbie. Verhoeven cherche aussi à faire revivre son projet de film sur Jésus Christ, abandonné depuis bientôt dix ans.

Woody Allen recrute Joaquin Phoenix et Emma Stone

Posté par vincy, le 6 mai 2014

joaquin phoenix emma stoneToujours un film d'avance. Woody Allen n'a pas encore sorti son prochain film, Magic in the Moonlight, prévu pour le 22 octobre dans les salles françaises, qu'il a déjà la tête dans un nouveau tournage.

Toujours sans titre, le film réunira Joaquin Phoenix, récemment à l'affiche dans Her, et Emma Stone. La jeune comédienne des deux premiers épisodes d'Amazing Spider-Man est déjà du casting de Magic in the Moonlight. Ce sera donc son deuxième film avec Allen, qui semble avoir trouvé une nouvelle muse.

Le tournage devrait débuter cet été.

On espérait voir Magic in the Moonlight, tourné en France, au Festival de Cannes. Il semble désormais sur orbite pour aller à Venise. Le dernier film de Woody Allen sorti en salles était Blue Jasmine l'an dernier, qui valu un Oscar de la meilleure actrice à Cate Blanchett et rapporta près de 100 millions de $ dans le monde.

Paul Thomas Anderson refait équipe avec Joaquin Phoenix

Posté par vincy, le 25 janvier 2013

Flop commercial (à peine 200 000 entrées en France, 15 millions de $ au box office nord américain), The Master est aussi une déception aux Oscars avec trois nominations pour les comédiens, malgré sa razzia de prix au dernier festival de Venise. Cela n'empêche pas Paul Thomas Anderson de retrouver Joaquin Phoenix pour son prochain film, selon les informations de Variety.

Inherent Vice, écrit par le cinéaste, sera l'histoire d'un détective, Larry "Doc" Sportello, de Los Angeles, à la fin des années 60. Le récit d'une enquête complexe à résoudre. Pour l'instant aucune date de tournage n'a été programmée.

A l'origine, le personnage de Phoenix devait être interprété par Robert Downey Jr. Il s'agirait d'une comédie, la première depuis Punch Drunk Love pour le réalisateur.

Cette année, Phoenix sera à l'affiche de Lowlife de James Gray et de Her de Spike Jonze.

Les Critiques de Los Angeles sacrent Haneke et Carax

Posté par vincy, le 10 décembre 2012

amour haneke riva trintignantCe n'est pas la première fois que les critiques de Los Angeles décernent leur prix du meilleur film à un cinéaste étranger. Mais la Los Angeles Film Critics Association a frappé fort en mettant à quasi égalité trois films dans son palmarès : la Palme d'or cannoise Amour de Michael Haneke (meilleur film, meilleure actrice), Holy Motors, le film de Leos Carax, lui aussi en compétition à Cannes (meilleur film étranger, finaliste meilleur acteur) et The Master (meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur second rôle féminin, meilleur décor, finaliste pour l'image et la musique).

Haneke rejoint ainsi Milos Forman, Louis Malle, John Boorman, Christine Edzard, Mike Figgis, Mike Leigh et Ang Lee parmi les non-américains à remporter le prix du meilleur film. C'est cependant la première fois qu'un film francophone est ainsi récompensé. Haneke avait déjà reçu le prix du meilleur film étranger en 2005 pour Caché. Cette année, dans cette catégorie, Leos Carax a été distingué. Il est le 9e cinéaste français à recevoir cet honneur.

Les critiques angelinos ont privilégié les films d'auteur. Lincoln est complètement absent. Bigelow est tout juste finaliste en tant que cinéaste. Hathaway et Waltz sont également finalistes pour des productions plus hollywoodiennes. Le cinéma indépendant est largement favorisé.

Ceci dit, les Critiques de L.A. ont rarement récompensé les futurs gagnants des Oscars. Ils restent une excellente indication pour les futures nominations.

Le palmarès :
Meilleur film : Amour, de Michael Haneke ; Finaliste : The Master, de Paul Thomas Anderson
Meilleur réalisateur : Paul Thomas Anderson (The Master) ; Finaliste : Kathryn Bigelow (Zero Dark Thirty)
Meilleur acteur : Joaquin Phoenix (The Master) ; Finaliste : Denis Lavant (Holy Motors)
Meilleure actrice ex-aequo : Jennifer Lawrence (Happiness Therapy) et Emmanuelle Riva (Amour)
Meilleur second rôle féminin : Amy Adams (The Master) ; Finaliste : Anne Hathaway (The Dark Knight Rises et Les Miserables)
Meilleur second rôle masculin : Dwight Henry (Les bêtes du sud sauvage) ; Finaliste : Christoph Waltz (Django Unchained)
Meilleur scénario : Chris Terrio (Argo) ; Finaliste : David O. Russell (Happiness Therapy)
Meilleur film en langue étrangère : Holy Motors ; Finaliste : Footnote
Meilleur documentaire : The Gatekeepers ; Finaliste : Searching for Sugar Man
Meilleur film d'animation : Frankenweenie ; Finaliste : It's Such a Beautiful Day (court métrage)
Meilleure image : Roger Deakins (Skyfall) ; Finaliste : Mihai Malaimare Jr. (The Master)
Meilleur montage : Dylan Tichenor et William Goldenberg (Zero Dark Thirty) ; Finaliste : William Goldenberg (Argo)
Meilleurs décors : Jack Fisk et David Crank (The Master) ; Finaliste : Adam Stockhausen (Moonrise Kingdom)
Meilleure musique : Dan Romer et Benh Zeitlin (Les bêtes du sud sauvage) ; Finaliste : Jonny Greenwood (The Master)
Prix Douglas Edwards pour le film/vidéo indépendant ou expérimental : Leviathan

Venise 2012 : Kim Ki-duk Lion d’or et trois prix pour The Master

Posté par vincy, le 8 septembre 2012

Dans un désordre assez agaçant pour un Festival de cette trempe, le jury a décerné le palmarès (alléchant) du 69e Festival de Venise. Bien sûr, la soirée fut confuse : Philip Seymour Hoffman qui est venu chercher le prix du meilleur acteur pour son partenaire, absent, Joaquin Phoenix, alors que lui-même (mais personne ne l'avait mentionné) était primé ; les deux Lions d'argent qui ont été inversé : Seidl recevant celui de la mise en scène et Anderson le grand prix. Ils sont venus faire l'échange sur scène. Paul Thomas Anderson reçoit ainsi trois prix avec The Master : mise en scène, interprétation masculine ex-aequo pour ses deux comédiens.

Mais le grand vainqueur est bien entendu le sud-coréen Kim Ki-duk avec Pieta. Le réalisateur en a même chanté une chanson en coréen sur la scène. Pour ce film, il s'est inspiré du chef-d'oeuvre de Michel-Ange, sculpture que l'on peut voir dans la Basilique Saint-Pierre du Vatican, pour célébrer le lien éternel d'une mère avec son fils, et de la souffrance qu'il engendre.

8 ans après son Lion d'argent de la mise en scène pour pour Locataires (il avait obtenu la même année l'Ours d'argent de la Meilleure réalisation au Festival de Berlin pour Samaria), il reçoit ainsi sa plus haute distinction. En 2011, après une longue absence, son documentaire autobiographique et bouleversant Arirang avait reçu le prix Un certain regard à Cannes (le film est toujours inédit en salles en France).

C'est surtout la première fois qu'un cinéaste sud-coréen reçoit l'un des quatre grands prix de la planète (Ours d'or, Palme d'or, Lion d'or, Oscar). Il était temps que cette cinématographie aussi riche que variée, populaire qu'audacieuse soit récompensée. C'est fait grâce au jury de Michael Mann.

Compétition

Lion d'or : Pieta de Kim Ki-duk

Lions d'argent :
- Grand Prix du jury : Ulrich Seidl (Paradis : Foi)
- Prix spécial pour la mise en scène : Paul Thomas Anderson (The Master)

Coupes Volpi :
- meilleure interprétation masculine ex-aequo : Philip Seymour Hoffman et Joaquin Phoenix (The Master)
- meilleure interprétation féminine : Hadas Yaron (Fill The Void)

Prix Marcello Mastroianni :
- meilleure révélation : Fabrizio Falco (È stato il figlio et La belle endormie)

Prix Osella
- Scénario : Après mai, d'Olivier Assayas
- Meilleure contribution technique : Daniele Cipri (È stato il figlio)

Orrizzonti

Prix Orizzonti : Three Sisters, de Wang Bing

Prix spécial du jury : Tango Libre, de Frédéric Fonteyne

Premier film (toutes sélections confondues)

Meilleur film : Mold, d'Ali Aydin (Semaine de la critique)

Tous les autres prix remis à Venise

Venise 2012 : The Master, entre folie et emprise, un nouveau coup de maître, ou presque, de P.T. Anderson

Posté par kristofy, le 1 septembre 2012

La nouvelle oeuvre de Paul Thomas Anderson était le film le plus attendu de ce Festival de Venise. Il avait pour lui déjà un effet d’attente (programmée ?) énorme : sa présence à Venise avait été annoncée d’abord par les américains mais il était absent de la compétition officielle annoncée lors de la conférence de presse, puis il a été confirmé comme étant le film surprise de la compétition.Diffusé sur pellicule 70 mm, comme au bon vieux temps.

Le réalisateur est venu accompagné de ses deux acteurs vedettes Joaquin Phoenix et Philip Seymour Hoffman : The Master était l’évènement attendu du week-end, avant d'être présenté à Toronto puis de sorti dans les salles américaines le 14 septembre. En France, on ne le verra pas avant le 9 janvier 2013. Il est aussi l'un des grands favoris pour les prochains Oscars.

Les premières sensations

Ecran noir puis le titre s’affiche en blanc. On se retrouve en mer, on entend des violons. Apparaît alors la moitié du visage d’un soldat… Toute la première partie, jusqu’à la rencontre des deux personnages principaux est remarquable. Au sortir de la seconde guerre mondiale, un américain qui a servi l’armée sur un bateau contre l'ennemi japonnais essaie de se réadapter comme il peut, tout en s’étourdissant d’un alcool artisanal qu’il fait lui-même. Après plusieurs mésaventures il va trouver refuge sur un bateau en route pour New-York à bord duquel il va rencontrer un homme charismatique, auteur d'un livre. Celui-ci va le questionner tout en enregistrant leurs conversations…  Entre Joaquin Phoenix déboussolé et Philip Seymour Hoffman manipulateur va naître une amitié qui va muer vers une emprise psychologique... On pourrait imaginer une histoire d'amour passionnelle et refoulée entre les deux hommes, mais le film se repose sur une solide documentation autour d'un personnage réel.

Le personnage du Maître a dans le film un nom de fiction mais on y reconnaît le véritable Ron Hubbard fondateur de la scientologie, mouvement devenu religion aux Etats-Unis, mais catégorisé en France et en Allemagne comme une secte. Plusieurs séquences montrent différents jeux de paroles (question-réponse à répétition, simulacre d’hypnose…) qui nous sont en fait inconnus, et dont les mécanismes ne sont familiers qu' à un public connaissant les techniques de la secte d'Hubbard. Il s’agit en fait de la ‘dianétique’ qui se vante de soulager des problèmes émotionnels, et même de se souvenir de vies antérieures…

En conséquence le film The Master perd de beaucoup de son intérêt pour la majorité des spectateurs qui n’ont pas toutes les clés pour saisir la portée des pratiques de ce maître (Philip Seymour Hoffman) dont devient dépendant (Joaquin Phoenix). Le réalisateur place le public dans une position d’observateur d’une évolution sur plusieurs années (de la préparation d’un nouveau livre à la première ‘église’) sans pour autant  nous alerter d'un éventuel danger que ces théories peuvent avoir sur un individu.

Au-delà de la scientologie

Toutefois si le sujet de The Master concerne le fondateur de la scientologie, le film, complexe et d'une grande beauté, se concentre beaucoup plus sur le personnage de Joaquin Phoenix et ses dérèglements. La névrose est le moteur des films du cinéaste qui adore filmer les pétages de plombs et sortir l'animal qui est en l'humain, notamment au contact de la morale ou d'un Dieu (argent, sexe, pétrole, télévision, peu importe...). Ici Phoenix, absent des écrans depuis quatre années, livre une performance mémorable, qu’il s’agisse de son regard perdu qui trahit ses troubles intérieurs ou de ses nombreux accès de violence, qui pourrait lui valoir un prix d’interprétation.

The Master, aussi imprévisible que son personnage central, aussi maîtrisé que le mentor qui lui fait face, fait ressentir quelques longueurs dans sa durée de 2h17 (et quelques séquences inutiles, comme cette course dans le désert) mais le réalisateur Paul Thomas Anderson possède à l'évidence un sens de la mise en scène brillant - sans égaler celui de There will be blood : il n'est ni aussi explosif, ni aussi passionnant.

La compétition pour le Lion d’or de Venise reste encore ouverte…

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Bande annonce américaine