Brad Pitt produira le film sur l’enquête qui a fait tomber Harvey Weinstein

Posté par vincy, le 29 avril 2018

C'est la logique des choses. Hollywood se nourrit d'Hollywood. L'enquête du New York Times qui a conduit au mouvement #MeToo sera transposée au cinéma. Le travail de deux journalistes du quotidien, Jodi Kantor et Megan Twohey (photo), et de leur rédactrice en chef Rebecca Corbett, qui a révélé les agressions et les harcèlements commis par Harvey Weinstein sur des centaines d'actrices va devenir un film, alors que les plaintes se multiplient en vue d'un procès contre le magnat du cinéma.

L'équipe du New York Times a été distinguée il y a une semaine du Prix Pulitzer pour son travail. Un livre est également en cours de rédaction.

Plan B, la société de Brad Pitt (deux fois oscarisée avec 12 Years a Slave et Moonlight), et Annapurna Pictures (L'ile aux chiens, Zero Dark Thiry) ont acquis les droits de l'enquête afin d'en faire un film dans la lignée de Spotlight et Pentagon Papers.

Le film se concentrera sur le travail journalistique qui a permis au scandale d'éclater et non sur Harvey Weinstein.

De son côté Ronan Farrow, qui a révélé l'affaire pour The New Yorker et qui a aussi reçu le Pulitzer pour son enquête, a préféré signé un contrat de trois ans avec HBO pour réaliser une série de documentaires qui poursuivront son travail et accompagneront le mouvement #MeToo.

Fin de concession, docu juste sur les médias, victime de sa faible exposition médiatique

Posté par geoffroy, le 31 octobre 2010

Voilà peu ou prou ce que le dernier film documentaire de Pierre Carles, agitateur de talent, poil à gratter des puissants, pourfendeur de la pensée unique et des connivences en tout genre – avec une préférence pour celle entre les journalistes et le monde politique –, m’inspire.

Néanmoins, ce billet n’envisage nullement d’établir un deuxième avis sur son film que l’on trouvera, de toute façon, parfaitement analysé ici.

En l’espèce, il ne s’agit pas de « descendre » un homme, journaliste de profession, dont la démarche jusqu’au-boutiste vise, depuis des années, à dénoncer les dérives d’un système politico-médiatique. A ce titre, je dois saluer la persévérance du bonhomme qui, en 1998 avec son Pas vu Pas pris, s’en prenait déjà aux grands médias nationaux et ses têtes de gondoles cathodiques. Visiblement rien n’aurait changé, à commencer par Carles lui-même. Il demeure toujours ce personnage haut en couleur plutôt sympathique continuant, vaille que vaille, son travail de sape contre le système médiatique. Peu importe que TF1, par l’intermédiaire de Patrick LeLay (ancien président directeur général de la chaine), ai reconnu phrase à l’appui sa fonction première : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau disponible ».

A vrai dire, le problème est ailleurs et ne vise pas la logique de sa démarche, au demeurant fort légitime, mais plutôt son statut. En effet, Pierre Carles n’est pas un marginal au sens premier du terme puisqu’il se définit lui-même comme un Don Quichotte de l’investigation. En le voyant travailler, je me dis qu’il ressemble au prototype de l’électron libre, sorte de père fouettard déambulant hors des sentiers battus avec comme seul attirail sa caméra de poche et son franc-parler. Comme un  inébranlable chevalier blanc, Monsieur Carles joue de la voix – in et off –, use et abuse de la caméra cachée, savoure ses moqueries ou les pièges qu’il tend aux puissants, délivre quelques belles contradictions, se répète, fatigue, se met continuellement en scène et, pour finir, cultive l’autocritique. Du bel art, à n’en pas douter. Mais vain. Comme un uppercut qui n’atteindrait jamais sa cible ou si peu.

Mais que lui manque t-il pour faire mouche ? De l’audace ? Assurément non. De l’impertinence ? Non plus. De liberté ? Encore moins puisqu’il ne dépend d’aucune rédaction. Il semblerait, comble du comble, qu’il lui manque ce que, précisément, il s’évertue à vitupérer sans défaillance aucune depuis des années: la puissance médiatique, cette « vitrine » télévisuelle capable de toucher, de sensibiliser ou de moduler à loisir les masses dormantes que nous sommes. De fait, il tourne en rond comme un lion en cage, roule des yeux et fomente des stratagèmes invraisemblables pour réussir à obtenir des réponses à défaut de véritables scoop. Son message se retrouve brouillé du simple fait d’être ce qu’il est devenu : un paria du journalisme institutionnel. Les portes se sont jadis fermées, les illusions avec. Mais pas le sens du devoir ni le goût de l’affrontement dans ce besoin de démêler le mensonge de la vérité. Même si nous sentons poindre, à l’occasion, une pointe d’abattement entre deux interviews, deux missions coup de poings, deux documentaires, deux prises de parole. Passagère, elle souligne la difficulté de son combat, la rudesse d’un engagement plus ou moins habilement restituée à l’image et la latitude d’expression qui lui reste. A n’en pas douter celle-ci devient de plus en plus étroite. Allons bon, Pierre Carles se serait-il perdu définitivement dans sa propre virtualité journalistique ?

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