Les Critiques de New York récompensent American Hustle, La vie d’Adèle et Le vent se lève

Posté par vincy, le 3 décembre 2013

jennifer lawrence american hustleLe New York Film Critics Circle a lancé la salve des prix aux Etats-Unis, et donc le compte à rebours jusqu'aux Oscars.
Premier grand vainqueur, le nouveau film de David O'Russell, American Hustle (American Bluff en français), qui succède à Zero Dark Thirty. Le film remporte trois prix (film, second rôle féminin, scénario). Une razzia. Il sortira le 5 février en France.

Steve McQueen gagne le prix du meilleur réalisateur. Notons surtout que Robert Redford est honoré pour la première fois par les critiques de New York malgré ses 55 ans de carrière!

Mais c'est côté français qu'on peut se réjouir. Outre le prix de la meilleure image pour le chef opérateur Bruno Delbonnel (et son travail sur le film des Coen), c'est bien la Palme d'or d'Abdellatif Kechiche, La vie d'Adèle, qui repart avec le prix du meilleur film en langue étrangère. C'est quasiment un sans faute pour le Festival de Cannes puisque c'est la troisième Palme qui est consacrée à Gotham depuis 2008. De même le cinéma français ne se porte pas mal puisque deux films d'Olivier Assayas et le Haneke l'an dernier ont précédé le Kechiche.

Evidemment, l'autre fait notable est bien le triomphe du dernier film d'animation d'Hayao Miyazaki, Le vent se lève. Dorénavant, il est le seul cinéaste à avoir reçu trois fois ce prix.

Meilleur film : American Hustle de David O'Russell
Meilleur réalisateur : Steve McQueen (12 Years a Slave)
Meilleure actrice : Cate Blanchett (Blue Jasmine)
Meilleur acteur : Robert Redford (All Is Lost)
Meilleur second rôle féminin : Jennifer Lawrence (American Hustle)
Meilleur second rôle masculin : Jared Leto (Dallas Buyers Club)
Meilleur film en langue étrangère : La vie d'Adèle (France)
Meilleur film d'animation : Le vent se lève (Japon)
Meilleur scénario : American Hustle
Meilleure image : Bruno Delbonnel (Inside Llewyn Davis)
Meilleur premier film : Fruitvale Station
Meilleur documentaire : Stories We Tell

Independent Spirit Awards 2014 : 12 years a slave et Nebraska en tête des nominations

Posté par MpM, le 27 novembre 2013

12 yearsTraditionnellement, les Independent Spirit Awards (Oscars du cinéma indépendants auxquels ne sont éligibles que les films d'un budget égal ou inférieur à 20 millions de dollars) lancent la saison des prix aux Etats-Unis. Cette année, il semble y avoir eu une certaine unanimité parmi les votants puisque deux films totalisent à eux seuls 13 nominations.

C'est en effet le chouchou du public du Festival de Toronto, 12 years a slave de Steve McQueen, qui arrive en tête des nominations (sept, dont les plus prestigieuses : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur...). Il est suivi de près par l'une des surprises du dernier festival de Cannes, Nebraska d'Alexander Payne, qui avait d'ailleurs valu un prix d'interprétation à Bruce Dern.

Les films remarqués en festivals sont d'ailleurs légion dans la liste des nominés, de All is lost de JC Chandor (hors compétition à Cannes) à Fruitvale Station (Grand prix à Sundance), de Before midnight de Richard Linklater (présenté à Berlin) à Inside Llewyn Davis des frères Coen (grand Prix à Cannes), sans oublier la palme d'or 2013, La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche.

A noter que Matthew McConaughey nebraskaest à nouveau sur la liste des nominés (pour Dallas Buyers Club), après sa double nomination en 2013 (il avait finalement reçu le Spirit Award du second rôle pour Magic Mike) tandis que James Gandolfini reçoit une nomination posthume pour le prix du meilleur acteur dans un second rôle dans Enough said.

En 2013, c'est Happiness Therapy de David O. Russell qui avait été le grand gagnant avec 4 récompenses. Mais il faut savoir que les Spirit Awards, dont la cérémonie se déroule la veille des Oscars, sont généralement considérés comme une remise de prix permettant à un film boudé par les Oscars mais chouchou de la critique de sauver son honneur. A vérifier le 1er mars 2014.

7 nominations

12 years a slave de Steve McQueen : Film, réalisateur, scénario (John Ridley), acteur (Chiwetel Ejiofor), second rôle féminin (Lupita Nyong’o), second rôle masculin (Michael Fassbender), image (Sean Bobbitt).

6 nominations

Nebraska d'Alexander Payne : film, réalisateur, acteur (Bruce Dern), second rôle féminin (June Squibb), second rôle masculin (Will Forte), premier scénario (Bob Nelson).

4 nominations

All is lost de JC Chandor : film, réalisateur, acteur (Robert Redford), image (Frank G. DeMarco).

3 nominations

Blue Jasmine de Woody Allen : scénario (Woody Allen), actrice (Kate Blanchett), second rôle féminin (Sally Hawkins).
Fruitvale Station de Ryan Coogler : premier film, acteur (Michael B. Jordan), second rôle féminin (Melonie Diaz).
Inside Llewyn Davis des frères Coen : film, acteur (Oscar Isaac), image (Bruno Delbonnel).
Short Term 12 de Destin Cretton : actrice (Brie Larson), second rôle masculin (Keith Stanfield), montage (Nat Sanders).

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La Grande Bellezza, favori des European Film Awards

Posté par vincy, le 12 novembre 2013

la grande bellezza toni servillo

Après les catégories Meilleur premier film, Meilleur film d'animation et meilleur documentaire (The Act of Killing, L'image manquante et L'Escale), l'Académie du cinéma européen a révélé les nommés de sa 26e édition.

Côté français, Ozon et Kechiche sont les deux gagnants. Trois nominations pour le premier (réalisateur, scénariste, acteur), deux pour le second (film, réalisateur, mais aucune actrice). Le cinéma italien peut également pavaner : La grande bellezza se retrouve cité 4 fois, The Best Offer 3 fois, et Miele est nommé dans la catégorie Meilleur premier film.
Les European Film Awards sont incontestablement latins puisque le cinéma espagnol n'est pas en reste avec Blancanieves (2 nomination), The Impossible (1 nomination) et Les amants passagers (1 nomination). L'Allemagne et la Belgique sauvent les meubles avec Oh Boy! et Alabama Monroe, ainsi qu'Hannah Arendt... Mais on reste circonspect de la si belle place accordé au britannique Anna Karenine (3 nominations).

Ce saupoudrage très hétéroclite n'améliorera sans doute pas la visibilité de ces prix, qui seront remis le 7 décembre prochain.

Meilleur film européen :
The Best Offer (La migliore offerta) de Giuseppe Tornatore
Blancanieves de Pablo Berger
Alabama Monroe (The Broken Circle Breakdown) de Felix van Groeningen
La grande Bellezza de Paolo Sorrentino
Oh Boy ! de Jane Ole Gerster
La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche

Meilleure comédie européenne :
Les amants passagers de Pedro Almodóvar
Benvenuto presidente! (Welcome Mr. President!) de Riccardo Milani
Love is All You Need (Den Skaldede Frisør) de Susanne Bier
The Priest's Children (Svecenikova Djeca) de Vinko Brešan

Meilleur réalisateur européen :
Pablo Berger pour Blancanieves
Felix van Groeningen pour Alabama Monroe
Abdellatif Kechiche pour La vie d'Adèle
François Ozon pour Dans la maison
Paolo Sorrentino pour La grande bellezza
Giuseppe Tornatore pour The Best Offer

Meilleure actrice européenne :
Keira Knightley dans Anna Karenine
Veerle Baetens dans Alabama Monroe
Barbara Sukowa dans Hannah Arendt
Naomi Watts dans The Impossible (Lo imposible)
Luminita Gheorghiu dans Mère et fils (Child's Pose)

Meilleur acteur européen :
Jude Law dans Anna Karenine
Johan Heldenbergh dans Alabama Monroe
Fabrice Luchini dans Dans la maison
Toni Servillo dans La grande bellezza
Tom Schilling dans Oh Boy !

Meilleur scénariste européen :

Tom Stoppard pour Anna Karénine
Giuseppe Tornatore pour The Best Offer
Carl Joos et Felix van Groeningen pour Alabama Monroe
François Ozon pour Dans la maison
Paolo Sorrentino et Umberto Contarello pour La grande bellezza

8 films sélectionnés pour le Prix Louis Delluc 2013

Posté par vincy, le 28 octobre 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydoux

Qui pour succéder aux Adieux à la Reine de Benoît Jacquot? 8 films sont en lice pour le prix Louis Delluc 2013. Le lauréat sera connu le 17 décembre prochain.

A priori, l'Abdellatif Kechiche semble incontournable. Mais peu de réalisateurs ont obtenu plusieurs fois le Delluc hormis Alain Resnais (trois fois), Michel Deville, Louis Malle et Claude Sautet (deux fois chacun). Kechiche a déjà reçu ce prix en 2007 pour La Graine et le mulet. Autre sélectionné cette année, Desplechin l'a également obtenu pour Rois et reine en 2004.

Finalement, le favori pourrait être L'inconnu du lac, couronnant ainsi la jeune oeuvre audacieuse d'Alain Guiraudie. A moins que le jury ne préfère guérir Dupeyron des plaies laissées par la difficulté à financer son film ou Dumont pour l'ensemble de sa carrière.

Très éclectique, le Delluc a sélectionné 8 films très différents dans la forme comme dans le fond, incluant la comédie féroce d'Albert Dupontel, succès populaire. On peut regretter l'avantage donné à des "habitués" des palmarès malgré des oeuvres plus mineures, au détriment de jeunes cinéastes plus ambitieux. Mais cela reste un joli panorama du cinéma d'auteur français, et de son ouverture sur le monde : un réalisateur iranien, un film tourné aux Etats-Unis, une comédie, un drame historique, une production très indépendante, une Palme d'or, un film ouvertement gay et un road-movie grave et lumineux...

Prémices aux Césars, cette liste du Delluc laisse présager que la course aux statuettes, même si elle est largement et logiquement dominée par La Vie d'Adèle, sera très ouverte.

Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot, en compétition à Berlin
Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines) d'Arnaud Desplechin, en compétition à Cannes
Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont, en compétition à Berlin
Mon âme par toi guérie de François Dupeyron, en compétition à San Sebastian
9 mois ferme d'Albert Dupontel
Le Passé d'Asghar Farhadi, prix d'interprétation féminine à Cannes
L'inconnu du lac d'Alain Guiraudie, Prix de la mise en scène Un certain regard et Queer Palm à Cannes
La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, Palme d'or à Cannes

Russie : régime à deux vitesses pour les films exposant « des relations sexuelles non traditionnelles »?

Posté par vincy, le 20 septembre 2013

Manifestation anti homophobieLa Russie est un pays complexe. D'un côté on apprend, avec un certain soulagement, que La vie d'Adèle, Palme d'or, d'Abdellatif Kechiche, devrait sortir "normalement" le 7 novembre prochain dans le pays. L'AFP rapporte les propos du directeur général de Wild Bunch, producteur du film, Brahim Chioua : "La demande de visa, pour un film interdit aux moins de 18 ans, vient d'être déposée et le distributeur attend la réponse. Il est plutôt confiant quant à son obtention". En étant interdit aux moins de 18 ans, le film, qui raconte une histoire d'amour entre deux femmes, avec quelques scènes très explicites, respecte ainsi la nouvelle loi russe qui "vise la protection des mineurs" (lire aussi notre article du 11 août dernier qui précise les contours de cette Loi).

De l'autre côté, la chaîne TV de cinéma Evrokino a reçu un avertissement pour avoir diffusé Les chansons d'amour, de Christophe Honoré, considérant que le film fait la propagande de relation sexuelle non traditionnelle devant mineurs. Le film est l'histoire d'un ménage à trois où la bisexualité est banalisée. D'après le Hollywood Reporter, "c'est la première fois qu'une chaîne russe se voit recevoir un avertissement pour avoir montré des relations entre personnes du même sexe" depuis l'entrée en vigueur fin juin en Russie de cette loi, considérée comme homophobe.

"Je crains que s'il s'obstine à effacer de leurs écrans tout film montrant 'des relations sexuelles non traditionnelles', le régime russe risque de priver sa population de tout un pan de la production cinématographique mondiale", comment Christophe Honoré à l'AFP.

Renoir de Gilles Bourdos, candidat pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère

Posté par kristofy, le 16 septembre 2013

renoir de gilles bourdos

Dans la catégorie Oscar du meilleur film étranger, il y a 5 films nominés, choisis après un vote des membres de l'Academie, parmi les nombreux films ayant été proposés par différents pays, du Pakistan à l'Arabie Saoudite en passant par le Japon ou le Chili.  La France a été sélectionnée 36 fois dans cette catégorie - un record - et a reçu 12 fois la statuette (juste une de moins que l'Italie).

Pour les Oscars 2014 le comité de sélection français a choisi de proposer le film Renoir de Gilles Bourdos. Depuis Un prophète en 2009, aucun film français n'a été nommé, et depuis Indochine en 1992, aucun film français n'a été oscarisé dans cette catégorie.

Chaque année, une commission de sélection de divers professionnels désignés par le Ministère de la Culture fait le choix du film à envoyer aux Oscars. Cette année autour de Thierry Frémaux (directeur général du Festival de Cannes) et de Paul Otchakovsky-Laurens (président de la commission avance sur recettes du CNC, éditeur) il y avait Laurent Cantet  (Palme d’or et nominé à l’Oscar pour Entre les murs), Estelle Fialon (productrice ayant eu une nomination à l’Oscar du meilleur documentaire l’année dernière pour The Gatekeepers), la célèbre scripte Sylvette Beaudrot, Alain Terzian (président de l’académie des Césars) et la comédienne Isabelle Adjani (qui a été nominée deux fois à un Oscar pour L'Histoire d'Adèle H. et Camille Claudel).

Cette année était particulière puisque La Vie d'Adèle - Chapitres 1&2 de Abdelatif Kéchiche - Palme d’Or et donc logique compétiteur - ne pouvait pas être sélectionnable en raison de sa date de sortie en salles (avant le 30 septembre). de même la commission ne pouvait pas choisir parmi les films les plus populaires à l'instar d'Intouchables l'an dernier : Les profs (3 944 000), Boule et Bill (1 994 000), Jappeloup (1 815 000), Les Gamins (1 639 000), La cage dorée (1 219 000), Paulette (1 020 000)… Et deux autres prétendants - L’écume des jours de Michel Gondry et Grand central de Rebecca Zlotowski - ne faisaient pas l’unanimité.

Un consensus sous le signe du bon sens

Il restait à chercher parmi les films français qui ont le plus de succès à l’international (comme La cage dorée). La liste est restreinte. On pouvait s'attendre au Passé, ce fut Renoir, qui a séduit plus de 3 millions de spectateurs à l’international ; au Box office nord américain, il a cumulé 2,24 millions de dollars de recettes : c’est le troisième film en langue étrangère à dépasser ce chiffre cette année aux USA, et de loin le plus gros succès français sur le territoire. Le film avait fait son avant-première mondiale au Festival de Cannes, dans la sélection Un certain regard, en 2012. Le sujet en lui-même a tout pour séduire une Académie assez frileuse et adepte en drames historiques.

Renoir a encore un long chemin à parcourir : de nombreux pays ont déjà sorti l'artillerie lourde pour être dans les cinq finalistes, comme, par exemple, Le grand passage de Ishii Yuya (Japon), Borgman d'Alex Van Warmerdam (Pays Bas), Wadjda d'Haifaa Al Mansour (Arabie Saoudite), Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch (Maroc), The Rocket de Kim Mordaunt (Australie), Gloria de Sebastian Leilo (Chili), Deux vies de Georg Maas (Allemagne), Child's Pose de Calin Peter Netzer (Roumanie), Ilo Ilo d'Anthony Chen (Singapour), ...

Et on attend les choix espagnol, iranien, danois, argentin, ou encore chinois...

Le passé a encore de l'avenir

L’année dernière l’Oscar du meilleur film étranger à été décerné à Amour de Michael Haneke, mais sous drapeau de l’Autriche. Outre Indochine de Régis Wargnier, Jacques Tati avec Mon Oncle, Claude Lelouch avec Un homme et une femme, François Truffaut avec La nuit américaine, Bertrand Blier avec Préparez vos mouchoirs… ont remporté cet Oscar.

Parmi les films qui ont été nominés, on note Entre les murs de Laurent Cantet, Joyeux Noël de Christian Carion, Les choristes de Christophe Baratier, Le fabuleux destin de Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet, Le goût des autres de Agnès Jaoui, Est-Ouest de Régis Garnier, Ridicule de Patrice Leconte… Ce sont tous des films qui ont connu un succès public et critique, la plupart ayant été distingués à Cannes et/ou aux Césars. Cependant comme beaucoup de pays font concourir aussi leur film le plus populaire il arrive souvent le candidat français ne soit pas retenu dans la liste finale, ça a été le cas pour La guerre est déclarée, Des hommes et des dieux, Persépolis, 8 femmes, La vie rêvée des anges, Les roseaux sauvages, Germinal

A noter que ne pas figurer dans cette catégorie n’empêche pas un film français de concourir dans d’autres catégories par le biais de son distributeur américain comme ça a été le cas pour Z de Costa-Gavras, La Môme de Olivier Dahan pour lequel Marion Cotillard a été oscarisée, Tess et Le pianiste de Roman Polanski, et bien entendu The Artist qui a remporté 5 Oscars (meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure bande originale et meilleurs costumes). Il est probable que cette année Le Passé de Ashgar Farhadi (Oscar du meilleur film étranger en 2012 avec Une Séparation) avec Bérénice Béjo (nominée avec The Artist) soit promu de cette manière vers les Oscars tout comme La Vie d'Adèle - Chapitres 1&2 de Abdelatif Kéchiche et ses comédiennes...

Cannes 2013 : Lettre à Jafar Panahi – jour 12

Posté par MpM, le 27 mai 2013

abdellatif kechiche adele exarchopoulos lea seydouxCher Jafar,

Ca y est, le festival est terminé. Une clôture de toute beauté avec la remise de la Palme d'or au réalisateur Abdellatif Kechiche et à ses deux actrices Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux.

En récompensant La vie d'Adèle, le jury présidé par Steven Spielberg a ouvertement voulu mettre en avant un cinéma profond, courageux, engagé et éminemment romantique. Au-delà de la bouleversante histoire d'amour entre Adèle et Emma, le film aborde en effet des thématiques sociales fortes comme la nécessaire transmission du savoir, la lutte contre toutes les formes d'intolérance et les dangers de clivages sociaux trop importants.

Visiblement ému, le réalisateur a dédié son film à "cette belle jeunesse de France (...) qui [lui] a beaucoup appris sur l'esprit de liberté et du vivre-ensemble" ainsi qu'à "une autre jeunesse", celle de la révolution tunisienne, "pour leur acte extraordinaire, la révolution tunisienne, et pour leur aspiration à vivre eux aussi librement, s'exprimer librement et aimer librement".

Bel hommage, mais qui serre le cœur, quand on sait que les Tunisiens ont peu de chance de découvrir La vie d'Adèle sur leurs écrans. Le directeur général du cinéma tunisien Fathi Kharrat a déjà souligné que le film s'adresse à "un environnement particulier" et que des réactions violentes seraient à craindre en cas de projection en salles. Les censeurs, tu ne le sais que trop, trouvent toujours des justifications justes et nobles à l'exercice de leur art.

Toutefois, comme le relève l'organisateur du festival de cinéma américain indépendant Views of America, Hisham Ben Khamsa, le vaste circuit de vidéoclubs et surtout la puissante industrie du piratage en Tunisie seront probablement d'une aide précieuse pour aider à la diffusion de La vie d'Adèle dans les foyers tunisiens. On n'a jamais fait mieux que la vente sous le manteau pour contourner la censure !

En revanche, Abdellatif Kechiche n’échappera pas à une autre polémique, celle lancée par des techniciens ayant participé au tournage de son film, et qui lui reprochent des conditions de travail difficiles ainsi que plusieurs manquements au Code du Travail (voir l'article du Monde le 24 mai). On parle d'horaires volumineux et fluctuants, de travail bénévole, de tarifs au rabais, d'exigences intenables...

Pour le moment, le cinéaste ne s'est pas exprimé sur cet aspect de son travail. Mais il est certain que cela va à l'encontre de son image d'artiste social engagé et que, quel que soit son talent, ce genre de pratiques est difficilement acceptable. Il faut avouer que cela gâche même franchement la fête. Mais parce qu'il vaut mieux en rire, un tumblr spécial vient de voir le jour : ça s'appelle La vraie vie d'Adèle, et ce n'est pas tendre envers le tout nouveau lauréat de la sacro-sainte Palme d'or.

Cannes 2013 : Qui est Adèle Exarchopoulos ?

Posté par MpM, le 24 mai 2013

Adèle ExarchopoulosDe son propre aveu, Adèle Exarchopoulos "ne [rêvait] pas" de cinéma… Heureusement, le cinéma, lui, rêvait d’elle. La toute jeune fille, inscrite dans un cours de théâtre, passe sa première audition par hasard, après avoir été repérée par une directrice de casting. Elle n’est pas retenue pour le rôle (dans Le cou de la girafe de Safy Nebbou) mais a la satisfaction d’avoir passé plusieurs tours qualificatifs… et surtout d’avoir essayé.

Très vite, une autre opportunité se présente, et cette fois ce sera la bonne. Elle est la "Martha" du moyen métrage éponyme de Jean-Charles Hue, puis enchaîne avec Boxes de Jane Birkin. Elle a 11 ans et le cinéma devient une évidence dans sa vie.

En 2007, elle est à l’affiche des Enfants de Timpelbach de Nicolas Bary, où elle incarne l’une des "meneuses" du groupe d’enfants qui dispute le contrôle du village à un autre clan. Joli succès public.

Suivent Tête de turc de Pascal Elbé (qui lui vaut une pré- nomination au César du meilleur espoir féminin), Chez Gino de Samuel Benchetrit (où elle joue la fille de José Garcia et Anna Mouglalis) et Carré blanc de Jean-Baptiste Leonetti (dans lequel elle interprète le personnage de Julie Gayet jeune).

Mais c’est surtout sa prestation dans La rafle de Roselyne Bosch qui marque les esprits, puisqu’elle y est la petite Anna Traube, l’une des rares survivantes du Vel d’Hiv.

Peu à peu, elle multiplie les rôles et les expériences. Cette année, on l’a ainsi découverte en ado caméra au poing dans Des morceaux de moi de Nolwenn Lemesle avant de la retrouver dans I used to be Darker de Matthew Porterfield (sélectionné à Berlin) et surtout dans La vie d’Adèle de Abdellatif Kechiche, l’adaptation de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. La voici plongée dans la compétition cannoise avec un des cinéastes les plus réputés du cinéma français.

La jeune actrice y incarne une adolescente d’une quinzaine d’années qui ressent une attirance violente pour une jeune femme aux cheveux bleus interprétée par… Léa Seydoux. Vu le talent de Kechiche pour révéler et lancer les jeunes comédiennes avec lesquelles il travaille (Sara Forestier, Hafsia Herzi), il y a fort à parier que 2013 soit définitivement l’année d’Adèle Exarchopoulos. Avec une pluie de prix d’interprétation à la clef ?

Cannes 2013 : quand les livres se font films

Posté par vincy, le 15 mai 2013

Adaptation livre au cinéma Si Cannes a toujours été littérature (jusqu'à des présidents et membres de jury écrivains) et si son Président a un amour immodéré pour la lecture, les sélections ont souvent flirté avec l'écrit, grâce aux multiples adaptations : le livre demeure un matériau de choix pour l'inspiration des cinéastes.

Cette année, dès l'ouverture, le ton est donné avec Gatsby le Magnifique, quatrième version du roman de Francis Scott Fitzgerald (incarné par Tom Hiddleston dans Minuit à Paris), à qui l'on doit déjà Benjamin Button. A noter : Fitzgerald écrivit les passages les plus bouleversants du roman à Saint-Raphaël, à quelques brasses de Cannes.

Cependant ce n'est pas le seul grand écrivain qui sera présent sur les écrans. Ainsi, James Franco, après avoir interprété Alain Ginsberg dans Howl, le voici à Un certain regard avec As I Lay Dying, transposition du roman de William Faulkner, autre grand fantôme de l'entre deux guerres. Faulkner, scénariste de Ford et Hawks, a souvent été adapté (Sirk, Ritt), y compris par Franco (Red Leaves en 2009).

Lucia Puenzo quant à elle a opté pour son propre roman, Wakolda, qui vient de paraître chez Stock. Elle avait déjà adapté son livre El Nino Pez. Et toujours à Un certain regard, Valeria Golino, pour son premier film en tant que réalisatrice, a choisi de mettre en images le roman d'Angela del Fabbro, Vi Perdono, pour en faire Miele.

Arnaud des Pallières a choisi un livre allemand d'Heinrich von Kleist pour Michael Kolhaas, déjà adapté par Volker Schlöndorff en 1969. Et Jérôme Salle, qui avait déjà adapté des Largo Winch, s'est plongé dans le roman Zulu de Caryl Férey.

Côté Quinzaine, l'événement est bien entendu du côté du film d'ouverture, The Congress, d'Ari Folman, d'après le roman culte Le Congrès de futurologie (lire notre actualité) de Stanislas Lem (Solaris).

Mais il n'y a pas que la littérature puisque Roman Polanski a préféré adapté la pièce La Vénus à la fourrure de David Ives, qui est adaptée du roman éponyme de Leopold Sacher-Masoch (comme masochisme). Arnaud Desplechin s'est basé sur un essai de l'ethnopsychanalyste Georges Devereux, Psychothérapie d'un Indien des plaines pour Jimmy P. ; avec Blood Ties, Guillaume Canet a réalisé le remake des Liens du sang de Jacques Maillot, qui est à l'origine une biographie, Les liens du sang : deux frères flic et truand.

Et encore plus surprenant, Abdellatif Kechiche a trouvé l'inspiration dans une BD de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, devenue un film en deux parties (3 heures au total pour un album de 160 pages), La Vie d'Adèle (lire notre actualité). Ce n'est pas le seul à avoir été séduit par le 9e art puisque Takashi Miike a transposé Be-Bop High School du mangaka Kazuhiro Kiuchi pour son film Wara No Tate.