Jean Rochefort tire sa révérence après 58 ans de beaux et loyaux services

Posté par vincy, le 18 février 2013

A 82ans, Jean Rochefort pense que c'est le bon moment. Ses deux prochains films, L'Artiste et son modèle, de l'espagnol Fernando Trueba et Jappeloup de Christian Duguay, sortent le 13 mars dans les salles françaises. Ce seront peut-être ses deux dernières apparitions au cinéma. Il l'avait déjà fait comprendre dans un entretien à France Culture il y a quelques mois. Il le confirme en termes plus clairs dans le dossier de presse du film de Trueba.

"Quand on fait partie de ma génération, je n'aime pas dire 'à mon âge', on ne veut plus s'emmerder. J'ai une peur bleue que l'osmose ne s'opère pas avec un metteur en scène, de devoir penser 'encore trois semaines de tournage avec lui. J’ai la sensation que ça va, que la route a été faite. Avec des joies, des peines, des insatisfactions... une vie, quoi. J’ai déjà décidé de ne plus jouer au théâtre. A moins que je tombe sur un projet de film qui me bouleverse, j’arrêterai aussi le cinéma. Et je serai très heureux que ce soit avec ce film-là : j’ai eu énormément de plaisir à le tourner, à passer du temps avec l’équipe technique. Vous savez, je reçois beaucoup de scénarii qui racontent comment se débarrasser de Pépé, ou Pépé part en vacances... En aucun cas je ne veux sortir de scène avec ça. Quand j’ai vu L’artiste et son modèle, je me suis dit qu’il y avait matière à le faire, la tête haute."

Le film a reçu la Coquille d'argent du meilleur réalisateur au dernier Festival de San Sebastian.

Rochefort a arrêté le théâtre en 2007. Trois fois récompensé aux Césars (pour son second-rôle dans Que la fête commence, son interprétation dans Le Crabe-tambour et honoré en 1999) et quatre fois nominé aux Césars, il vient de recevoir une nomination aux Prix Goya (Espagne) pour son rôle dans L'Artiste et son modèle. Passant de Chabat à Canet (Ne le dis à personne), de Tavernier à Leconte, de Robert à de Broca, le comédien et tragédien éclectique aura connu les succès populaires, les navets alimentaires et les grands drames signés des plus grands auteurs.

Arras 2012 : rencontre avec Fernando Trueba

Posté par MpM, le 11 novembre 2012

Au 13e Arras Film Festival, le cinéaste espagnol Fernando Trueba, fraîchement récompensé à San Sebastian d'un prix de mise en scène, est venu présenter aux festivaliers arrageois son dernier long métrage.

L'artiste et son modèle met en scène Jean Rochefort dans le rôle d'un sculpteur retrouvant son énergie créatrice après avoir trouvé un nouveau modèle. Situé dans le contexte difficile de la seconde guerre mondiale, c'est une fable poétique et pleine d'espoir sur la création, la vie, la vieillesse et la nature.

Ecran Noir : Comment situez-vous L'artiste et son modèle dans votre filmographie ?
Fernando Trueba : C'est le premier film de ma vieillesse (rires) ! Non, mais c'est un film que j'ai porté en moi pendant pas mal d'années. Je rêvais toujours de le faire mais à chaque fois j'arrivais à trouver un autre projet à faire avant parce que je trouvais qu'il fallait attendre plus longtemps pour comprendre un personnage comme Marc Cros, le sculpteur joué par Jean Rochefort. D'ailleurs, les gens qui me connaissent me reconnaissent dans le film. Pas nécessairement dans le personnage, mais dans le film, dans l'addition des choses de la vie.

EN : Quel a été le premier élément qui s'est imposé à vous et vous a donné l'envie de faire le film ? Le personnage du sculpteur ?
FT : Je ne saurais pas dire exactement. Je crois que ce n'est pas une chose mais plusieurs choses. C'est le rapport entre un personnage vieux et un personnage jeune qui est un sujet que j'ai traité pas mal de fois dans mes films, de façon complétement différente. En même temps, l'atelier comme endroit, comme décor où il se passe quelque chose, où l'artiste travaille, ça m'attirait beaucoup. Lorsque j'étais enfant, je rêvais de peindre, ce que j'ai abandonné à la fin de mon adolescence parce que déjà le cinéma avait pris la place, mais à l'époque j'étais fasciné par les ateliers d'artistes. Toutes ces photos de Brassaï, de Cartier-Bresson, tous ces photographes des années 30-40 qui comme moi et avant moi aimaient l'atelier de l'artiste comme un endroit presque magique où l'on voudrait passer une partie de sa vie ! Alors je voulais raconter une histoire dans cet atelier magique. Et puis il y a cette espèce de fondu enchaîné entre une vie qui se termine et une vie qui commence.

EN : Comment s'est fait le choix de Jean Rochefort pour le rôle principal ?
FT : Dès le début, Jean Rochefort était pour moi le personnage principal. Il était le premier de ma liste. Il a accepté de jouer dans le film et ç'a vraiment été un moment exceptionnel. D'un point de vue professionnel mais d'un point de vue humain aussi. Au niveau de l'humour, de l'amitié, de tout ce qui s'est passé. Qu'est-ce qu'on a pu rire ! On s'est raconté nos vies... C'est une chose formidable du cinéma, les rencontres qu'on peut faire. Chaque fois qu'on se voit depuis, c'est une nostalgie... on aimerait recommencer lundi prochain !

EN : Comment avez-vous travaillé avec Daniel Vilar, le directeur de la photographie, qui a fait un travail magnifique sur les images ?

FT : Ca a été très joli. J'avais travaillé avec lui comme assistant à la caméra puis comme opérateur, et finalement je lui ai proposé d'être le directeur de la photo du film. Il est très cinéphile, il aime beaucoup le cinéma mais il est jeune donc il connaissait très bien le cinéma moderne, les films indépendants, tout ça. Mais à un moment donné je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup de références que je lui donnais qui appartenaient à un cinéma plus classique qu'il ne connaissait pas. Ca a été très joli de l'inviter à connaître ce cinéma et à lui montrer notamment beaucoup de films français. Des films de Renoir, de Bresson, de Truffaut. Maintenant il adore voir ces films ! Donc pour lui ça a été un joli voyage d'inititation dans le cinéma classique. Suvent les jeunes ne voient que les films contemporains et ils ne connaissent pas assez le cinéma classique. Or c'est très important, il y a plein de trésors dans ce cinéma. On découvre un monde dont on ne veut plus sortir. Ca a été très intéressant de travailler avec Daniel car il était très ouvert. J'aurais pu appeler un grand directeur de la photo espagnol avec qui j'avais déjà travaillé mais je voulais quelqu'un de frais, sans préjugés.

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Dans la Maison, de François Ozon, Coquillage d’or à San Sebastian

Posté par vincy, le 30 septembre 2012

Le 60e Festival international du film de San Sebastian (Espagne) a couronné le dernier film de François Ozon, Dans la maison, Coquillage d'or du meilleur film. Le film sort dans les salles françaises le 10 octobre. Il avait déjà reçu le prix de la critique internationale au dernier Festival de Toronto.

Cette adaptation d'une pièce de l' espagnol Juan Mayorga met en scène Fabrice Luchini, professeur de français qui pose un regard désenchanté sur le monde qui l'entoure et qui va renouer avec l'imaginaire grâce à l'un de ses élèves, interprété par Ernst Umhauer. Le casting est également composé de Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner et Jean-François Balmer. Ozon revient de la ville basque avec un autre prix, celui du meilleur scénario.

Le cinéma français est reparti avec d'autres récompenses puisque Katie Cosenie a été primée pour son interprétation dans le film de Laurent Cantet, Foxfire. Elle partage son prix avec  Macarena Garcia, également distinguée en tant que meilleure actrice,  dans Blancanieves, film espagnol de Pablo Berger. Ce film a aussi reçu le prix spécial du jury.

Le cinéma espagnol a pu mettre panser ses plaies ouvertes avec quelques Coquillages. Ainsi, Fernando Trueba, avec L'artiste et son modèle - où Jean Rochefort,  sculpteur,  retrouve l'inspiration grâce à une jeune Espagnole, qui fuit le Franquisme, dans une France occupée par les nazis - a remporté le Coquillage d'argent du meilleur réalisateur. Le scénario est signé de Jean-Claude Carrière.

Le comédien ibère José Sacristan a été distingué par le prix du meilleur acteur pour son rôle dans El muerto y ser feliz de Javier Rebollo ; il y incarne un tueur à gages atteint d'un cancer en phase terminale.