Forum de Monaco : l’heure de vérité

Posté par vincy, le 20 mars 2009

laura morante philippe bessonC'est sous la présidence de la "sublissima" Laura Morante, venue en voiture d'Italie, faute d'avions, que le 8e Forum International Cinéma & Littérature de Monaco s'est ouvert jeudi 19 mars au soir. Le film, Nixon / Frost, l'heure de vérité, de Ron Howard, portait le titre idéal pour définir les défis de demain que va affronter la manifestation.

Car d'un côté les éditeurs se sont organisés entre eux sur Paris en créant leur propre marché. De l'autre, les producteurs connassent de mieux en mieux le secteur du livre. Le Forum n'est donc plus le passage obligé pour faire ses emplettes ou des rencontres. Les agents littéraires pourraient donc s'engouffrer dans la brèche pour vendre les droits de leurs "poulains", d'autant que les auteurs se plaignent des contrats d'éditeurs, qui leur sont trop défavorables.

Ainsi, on entend aujourd'hui telle productrice parisienne célèbre révéler la supercherie d'un des contrats les plus observés, et d'un film très attendu cette année : supercherie au détriment de l'écrivain. On reste stupéfait devant telle auteure célèbre raconter comment un éditeur lui a spolié ses droits audiovisuels avant de déposer son bilan, et de ne jamais la rétribuer...

L'harmonie entre les deux secteurs n'est pas encore au rendez-vous. Il manque un circuit clair et transparent qui irait du diffuseur à l'auteur, sans l'opacité des intermédiaires.

Cela n'empêche pas le cinéma de se nourrir de littérature. Par exemple, Josée Dayan a acquis les droits du baiser de cinéma, d'Eric Fottorino. Mais la réalisatric, avec son franc parler, n'oublie pas de dire qu'il s'agit d'une solution économique. En France, il n'y a aucune volonté de financer des ateliers d'écriture ou du développement de scénario. Cela arrange aussi bien les réalisateurs qui cumulent avec les tâches de producteurs et scénaristes, se réclamant ainsi comme unique auteur, que les maisons d'édition qui peuvent ainsi vendre les droits audiovisuels de leurs livres.

Mais avec quel sacrifice quand on sait, tel que Le Figaro l'annoncera demain, que Anna Gavalda touche 100 000 euros pour la cession des droits de Je l'aimais et que Zabou Breitman obtient 135 000 euros pour son travail de scénario-adaptation, et la même somme pour son activité de réalisation?

Monaco devrait, à l'avenir, se focaliser davantage sur des débats et des ateliers pédagogiques, plutôt que de perdre son énergie dans un marché qui n'a plus lieu d'être. Avec plus de films et de téléfilms diffusés, montrant ainsi les liens entre les deux arts, il serait bon pour cet événement arrivé à un cap décisif de croissance, qu'il se mue en Festival.

photo : Philippe Besson, Laura Morante (c) Vincy Thomas