Et maintenant on va où?, primé par le public du Festival de Toronto

Posté par vincy, le 19 septembre 2011

Et maintenant on va où?, le nouveau film de Nadine Labaki, l'un des coups de coeur du public du festival de Cannes, a reçu le très convoité prix du public du Festival de Toronto. Il succède à des films comme Le déclin de l'Empire américain, Cyrano de Bergerac, The Snapper, Shine, La vita è bella, American Beauty, Tigre et Dragon, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, Slumdog Millionaire, ou encore Le discours d'un roi l'an dernier. Autant dire que c'est un beau gage pour attirer le public nord-américain et se promouvoir en vue des Oscars. Et maintenant on va où? représente le Liban dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.

Le film, sorti mercredi dernier en France, a déjà séduit 80 000 spectateurs.

Cannes 2011 : Qui est Nadine Labaki ?

Posté par MpM, le 16 mai 2011

Le conte de fée cannois continue pour Nadine Labaki. En 2007, la jeune réalisatrice, scénariste et actrice libanaise présentait Caramel, son premier long métrage, à la Quinzaine des réalisateurs, et y obtenait un joli succès critique. Tandis que le magazine Variety la classait parmi les 10 réalisateurs à suivre, les spectateurs du monde entier plébiscitaient cette comédie romantique joyeuse et profonde sur cinq Libanaises vivant à Beyrouth. Au final, Caramel est sorti dans 40 pays, a remporté plus de 13 millions de dollars à travers le monde et est resté numéro 1 au box-office libanais pendant presque deux mois.

Un beau début pour Nadine Labaki qui, après avoir obtenu son diplôme en études audiovisuelles à l’université francophone de Saint-Joseph de Beyrouth en 1997 et reçu le prix du meilleur court métrage à la Biennale du cinéma arabe à l’Institut du monde arabe (Paris) en 1998 pour son film de fin d'études (11 rue Pasteur), s'était spécialisée depuis le début des années 2000 dans la réalisation de clips musicaux pour des chanteuses célèbres au Moyen-Orient comme Nancy Ajram ou Carole Samaha.  Un peu touche-à-tout sur les bords, elle s'était également essayée à la comédie, en apparaissant dans plusieurs courts métrages, et dans deux longs, L'autobus et Caramel.

Quatre ans après avoir été révélée à Cannes, l'heureuse réalisatrice est donc de retour sur la Croisette avec son deuxième long métrage, Et maintenant on va où, qui est en sélection officielle dans la section Un certain regard. Tourné avec des acteurs non professionnels, le film a pour toile de fond la guerre civile et les déchirements de ceux, et surtout celles, qui en souffrent le plus : les civils.

Quel que soit l'accueil qui attend le film, on peut d'ores et déjà saluer le joli parcours de Nadine Labaki  dont la voie semble désormais toute tracée... Ce qu'on peut lui souhaiter de pire, c'est de revenir à Cannes avec son 3e film, mais sur le tapis rouge, cette fois.

Moyen-Orient (4/4) : Abboudi Abou Jaoudé dispose d’un trésor de 20 000 affiches de films…

Posté par vincy, le 17 juillet 2010

Abboudi  Abou Jaoudé affiches de filmsAbboudi Abou Jaoudé est un cinéphile pur et dur. Dans son sous-sol de Beyrouth, il a entassé 20 000 affiches de 5 000 films, certaines remontant aux années 30. Il a probablement la plus grande collection de posters de films libanais mais aussi de précieuses raretés syriennes, irakiennes, et surtout égyptiennes.

Cet éditeur du quartier d'Hamra regrette le temps où les dizaines de cinéma de la capitale libanaise lui permettait de manquer la messe du dimanche. Il a débuté sa collection dans les années 50 : des affiches aux couleurs vives conçues par des artistes de l'époque offrent l'occasion d'un voyage en arrière et reflètent les différents styles et cultures populaires du siècle dernier. On revoit ainsi les stars d'une époque : Fairouz, Sabah, Samira Toufic, Chams el-Baroudi et Abdelhalim Hafez

Sa plus ancienne est celle du film égyptien de 1933, Al Warda al-Baydaa (La Rose Blanche). La plus vieille affiche d'un film libanais remonte à 1958, Al Shams La Tagheeb (Le soleil ne se couche jamais). A travers cette collection, il remarque que le monde arabe est devenu conservateur et censurerait la plupart, où des actrices peu vêtues posaient avec provocation pour aguicher le spectateur.

Depuis les années 70, il voyage à travers le Moyen Orient pour enrichir sa collection, qui comprend aussi des films occidentaux comme Les temps modernes de Charlie Chaplin. Un patrimoine inestimable aujourd'hui pour comprendre le cinéma arabe. Il souhaiterait créer un institut pour les entreposer, et surtout les préserver. L'ambassade de France envisage de l'aider en finançant une partie de ce projet.

Proche-Orient : que peut le cinéma ?

Posté par MpM, le 3 décembre 2009

Proche-Orient : que peut le cinémaPlacer le cinéma au cœur d’une démarche d’information, de sensibilisation et de dialogue autour d’une question aussi sensible que celle du Proche Orient, tel est le défi lancé depuis 2003 par le festival biennal "Proche-Orient : que peut le cinéma ?" dont la 4e édition se tient jusqu’au 13 décembre prochain au cinéma les 3 Luxembourg (Paris 6e).

Au programme, 50 films inédits venus d’Israël, de Palestine, du Liban, d’Irak ou encore d’Iran et s’articulant autour de grands thèmes comme Gaza, les Etats-Unis et la guerre en Irak, la colonisation, ou les femmes au Proche-Orient. Chaque soir, un débat correspondant au thème du jour est par ailleurs proposé au public en partenariat avec le Monde diplomatique.

Dans la sélection (qui mêle courts et longs métrages, documentaires et fictions), on conseille vivement Les chats persans de Bahman Ghobadi, qui en s’intéressant aux nombreux musiciens underground de la ville de Téhéran, ausculte le malaise d’une jeunesse iranienne sur le point d’étouffer. Plusieurs documentaires retiennent également l’attention, à commencer par Gaza-Strophe, le jour d’après, réalisé à Gaza le lendemain du cessez-le-feu et Jesusalem the East side story, une somme de témoignages et d’images d’archives au sujet de la politique israélienne de confiscation de la terre et des biens des habitants de Jérusalem-Est.

En espérant qu’à l’issue de ces douze jours de rencontres et de partages, les festivaliers donnent un début de réponse à la question posée par la manifestation. Proche-Orient : que peut le cinéma ? Montrer que le dialogue est toujours possible.

_______________________

Festival "Proche-Orient : que peut le cinéma ?"
Du 2 au 13 décembre 2009
Cinéma Les 3 Luxembourg
Programme et informations sur le site du festival

Trésor caché : Azur et Asmar s’offre une autre fin

Posté par vincy, le 3 mai 2009

Parfois, le public reste sur sa faim avec la fin d'un film. Ce fut le cas avec Azur et Asmar, le dessin animé de Michel Ocelot, qui n'avait pas satisfait des élèves de primaire d'une école à Beyrouth, au Liban. Le Monde révèle ainsi que les jeunes écoliers avaient écrit au réalisateur pour lui donner l'idée d'une autre fin. Car les enfants voulaient voir le mariage des deux amis, et surtout le retour du père. Celui-ci est en effet le responsable de la rupture amicale, en chassant Asmar de la maison d'Azur. Les petits Libanais souhaitaient voir une scène de réconciliation générale, où les erreurs du passé pouvaient être définitivement corrigées.

Alors, Ocelot, le producteur Christophe Rossignon, les "voix" originales et le musicien Gabriel Yared se sont mis au travail. Certes, ils n'ont pas réalisé une autre fin. "Pour des raisons de coûts". Dommage, car au pire cela céquivalait au budget d'un très bon court métrage... Il s'agit donc d'un story-board filmé, image après image. Dix minutes qui se retrouvent dans le DVD "Les trésors cachés" de Michel Ocelot, aux côtés des courts métrages comme Les trois inventeurs ou La légénde du pauvre bossu.

Vesoul : « Ce public qui ne suit pas », difficultés de production au Proche-Orient

Posté par MpM, le 16 février 2009

Jocelyne Saab et Milka Assaf"C'est très dur de produire un film en Orient, c'est un peu de la flagellation... et c'est de pire en pire." C'est par ce constat peu optimiste que Jocelyne Saab (voir aussi nottre entretien en 2008) a ouvert la table ronde consacrée à la production, réalisation et distribution en Orient, au Festival des cinémas d'Asie de Vesoul. La réalisatrice libanaise sait de quoi elle parle, elle qui a subi les pires pressions et désagréments au moment du tournage et de la sortie de son film Dunia. Première contrainte : le financement. Milka Assaf, réalisatrice franco-libanaise (La mémoire volée, Les naufragés du tsunami), a ainsi dans ses tiroirs un projet de long métrage de fiction nommé L'ombre du cèdre qui a remporté de nombreux prix du scénario. "Je le traîne depuis 1993", soupire-t-elle. "Tout le monde le trouve formidable mais pas un seul producteur n'a voulu le financer. Ils me disent : "mais comment je vais trouver l'argent ?" ou alors "revenez avec une comédie"."

"Ne pas avoir de chaîne de télé est handicapant", renchérit Joanna Hadjithomas (Je veux voir). Mais pour avoir les télés, les contraintes sont interminables : le sujet choisi ("vendeur" ou non, le genre (il vaut mieux oublier les tragédies), la langue (en France, un film produit dans une langue étrangère reçoit bien moins d'aides que les projets en français), les acteurs ("bankable" ou non)... Réponse la plus souvent entendue par les réalisateurs en recherche de production ? "C'est bien mais le public ne suivra pas". Globalement, on n'est pas très loin des difficultés rencontrées par les cinéastes européens.
dunia affiche

Sauf qu'il y a pire. Pour Jocelyne Saab, il existe en Orient une "vraie volonté de ne pas laisser exister le cinéma d'auteur, mais aussi une peur de l'expression libre et l'obsession de tout contrôler."Cela peut se traduire par des pressions directes (menaces téléphoniques quotidiennes pendant le tournage de Dunia), mais aussi un harcèlement administratif ou procédurier qui ne dit pas son nom. Abbas Fahdel (L'aube du monde) qui a lui aussi tourné en Egypte ne s'est pas encore remis de toutes les difficultés rencontrées. "Il faut être vraiment très inconscient pour vouloir faire un film en général, mais encore plus dans notre situation", déclare-t-il. "C'est un miracle que le film existe. Mais parfois je me demande : est-ce que ça vaut le coup ?" Chez Jocelyne Saab, le découragement est moins perceptible, mais la lassitude est là : "Dunia m'a pris sept ans de ma vie et je le paie encore aujourd'hui. Ce n'est pas possible, c'est trop lourd. Ce qui manque, ce sont deux ou trois distributeurs qui portent le film et le montrent partout. Même pour les cinéastes français ou européens, ça se rétrécit. Alors pour nous..."

Malgré tout, pas question de céder à la facilité. "Il faut être très ambitieux, même sur les films très pointus", affirme Joanna Hadjithomas. Il faut voir grand. Nous avons besoin de distributeurs qui acceptent de prendre des risques.  Mais on voit bien l'appauvrissement, le formatage : ils veulent des scénarios qui soient "pitchables", c'est-à-dire qu'on puisse résumer en une phrase. Mais ce n'est le cas d'aucun de mes films !"

Heureusement, les festivals représentent de plus en plus un marché pour ce genre de films. Certains, comme celui de Dubai, donnent même des bourses de réalisation. Les films présentés à Vesoul trouveront peut-être un distributeur en France, ou susciteront une attente à l'égard du réalisateur (et donc des aides potentielles), lors de la production du projet suivant. Un peu d'optimisme dans un monde qui en a bien besoin. "C'est une ère difficile. On est en plein clash des civilisations et je crois que c'est le cinéma qui peut nous sortir de là", conclut Jocelyne Saab.

 Crédit photo : Jocelyne Saab, en photo à gauche, aux côtés de Milka Assaf ; Marie-Pauline Mollaret

Persépolis interdit au Liban

Posté par vincy, le 27 mars 2008

Qu'il soit critiqué et censuré en Iran, on pouvait l'anticiper. Mais que Persépolis, le film d'animation de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud primé à Cannes et aux César, soit interdit de projection au Liban, c'est plus inquiétant.
Selon l'AFP, une source gouvernementale, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a expliqué que le film avait déplu au chef de la sûreté, un proche du Hezbollah, qui décide de la censure des films. Le ministre de la Culture a, quant à lui, demandé la lever de l'interdiction.
Persépolis semble déranger. Etrange. Il avait déjà été interdit de Festival en Malaisie il y a quelques mois. Ironiquement, l'Iran avait quand même diffusé ponctuellement une version censurée de ce film soi-disant "islamophoble" et surtout "anti-iranien". Heureusement, le piratage est là pour nous faire espérer que de nombreux cinéphiles l'ont vu en bravant les interdits.
Le Liban mérite bien mieux que cette publicité rétrograde que le pays se fait en censurant une oeuvre artistique...