Cannes 2010 – la phrase de fin : Baudelaire

Posté par vincy, le 24 mai 2010

Gérard Lefort dans Libération résume très bien le sentiment des festivaliers sur le retour  en reprenant quelques vers de Charles Baudelaire extraits de Rêve Parisien (Les fleurs du mal). Mais le journaliste n'avait sans doute pas assez de place (ah la presse écrite et ses formatages !) pour en donner plus de quatre lignes. Alors nous l'étendons à trois paragraphes... car l'ensemble est une superbe métaphore de ce qu'est le Festival de Cannes et son jour d'après.

Nul astre d'ailleurs, nuls vestiges
De soleil, même au bas du ciel,
Pour illuminer ces prodiges,
Qui brillaient d'un feu personnel !

Et sur ces mouvantes merveilles
Planait (terrible nouveauté !
Tout pour œil, rien pour les oreilles !)
Un silence d'éternité.

En rouvrant mes yeux pleins de flamme
J'ai vu l'horreur de mon taudis,
Et senti, rentrant dans mon âme,
La pointe des soucis maudits 

Des titres usurpateurs

Posté par vincy, le 23 février 2008

Drôle de presse. Aux lendemains des César, Le Monde titre "Les Césars se démarquent du box office en récompensant La graine et le mulet". Ah? Pourtant le film de Kechiche a séduit 660 000 spectateurs, après avoir trouvé dès sa sortie un large public. C'est deux fois plus que Le scaphandre et le papillon... Selon le classement du Film Français, le film est même l'un des vingt films français les plus vus depuis un an. Pas franchement un fiasco public ni même une oeuvre confidentielle... C'est l'impression qui compte...
Le Parisien, qui avait plébiscité La Môme dans son édition de la veille, a essayé d'être beau joueur. "La graine et le mulet a créé la surprise en obtenant quatre récompenses." Ah? prix Louis-Delluc, plusieurs fois récompensé aux Etoiles d'or, aux prix Lumières, et même au Festival de Venise, on ne peut pas dire qu'il partait en outsider. Tous les professionnels, y compris les journalistes, savaient qu'il était même le favori, et de loin, dans la catégorie meilleur film. Aucune surprise donc, sauf à ne pas comprendre comment les professionnels de la profession votent depuis trente trois ans... Libération, pour une fois assez juste dans son commentaire comme dans la critique de la soirée confirme "la tendance auteuriste des votants aux césars." Parce que Dahan, Schnabel, Téchiné, Miller, Satrapi ce ne sont pas des auteurs? tsss tsss, les médias aiment cultiver les préjugés mais aussi les postulats.