Un réalisateur nommé aux Oscars retenu par les douanes américaines

Posté par vincy, le 21 février 2013

Emad Burnat (en photo sur l'affiche) est nommé aux prochains Oscars pour son documentaire 5 Caméras brisées, qui est sorti hier en France. Son arrivée à l'aéroport de Los Angeles mardi 19 février ne s'est pourtant pas passée sans heurts. Le cinéaste palestinien a été retenu plus d'une heure par les services de l'immigration. "La nuit dernière, j'ai été interrogé pendant une heure avec ma famille par les services de l'immigration américaine de Los Angeles sur les raisons de mon voyage aux Etats-Unis", a expliqué le réalisateur dans un communiqué.

Il a du prouver qu'il était bien nommé aux Oscars. Les douaniers lui ont en effet signifié que son voyage en famille (il est accompagné de sa femme et de son fils) n'était pas justifié et l'ont menacé de le renvoyer en Turquie, d'où son avion provenait.

Dans un entretien au Huffington Post, il a précisé : "Il y a 500 points de contrôle israéliens, des barrages routiers et de nombreuses barrières qui empêchent tout mouvement sur nos terres, et pas un seul d'entre nous ne passe à  travers l'expérience que nous avons vécue aujourd'hui avec ma famille".

C'est Michael Moore, alerté par un SMS du réalisateur, qui a répandu la nouvelle sur Twitter. "Apparemment, les officiers des services de l’immigration et des douanes ne comprenaient pas comment un Palestinien pouvait être nominé aux Oscar".Il ajoute : "Bien qu’il ait montré l’invitation des nominés aux Oscars qu’il avait reçue, ça n’était pas suffisant. On l’a menacé de le renvoyer en Palestine." Il a ensuite joué les chevaliers : "J'ai appelé des membres de l’Académie des Oscars. Ils ont contacté des avocats. J’ai dit à Emad de donner mon numéro de téléphone aux officiers et de leur répéter qui j’étais."

Jusque là Emad Burnat n'avait jamais été inquiété par les douanes américaines (c'est son sixième voyage aux USA). Finalement, il a reçu le droit de rester sur le sol américain, pour une semaine.

Il est le premier réalisateur palestinien à être nommé aux Oscars. 5 Caméras brisées est coréalisé par Emad Burnat et l'israélien Guy Davidi. Le documentaire suit Emad, paysan, vit en Cisjordanie. Il y a cinq ans, au milieu du village, Israël a élevé son "mur de séparation", expropriant 1 700 habitants de la moitié de leurs terres, pour "protéger" la colonie juive qui doit abriter 150 000 résidents. Les villageois s'engagent dès lors dans une lutte non violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres, tout en essayant de coexister pacifiquement avec les Israéliens.


Un bureau à Los Angeles pour promouvoir les tournages en France

Posté par vincy, le 28 février 2012

A priori c'est une bizarrerie institutionnelle : la nouvelle n'a été annoncée ni par Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, ni par Eric Besson, ministre de l'industrie (et de l'économie numérique), ni même par Pierre Lellouche, Secrétaire d'Etat chargé du commerce extérieur. Pourtant, quand on annonce la mise en place d'un bureau de promotion du film afin d'attirer les investisseurs américains (tournages, etc...), l'un des trois ministres aurait semblé "logique".

C'est en fait Frédéric Lefebvre, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions libérales et de la Consommation (on reprend sa respiration), qui s'en est chargé. Celui-ci était de passage dans la métropole californienne, à l'occasion des Oscars (un peu), la promotion de la France au niveau touristique (la raison officielle) et surtout de sa campagne électorale (il se présente au poste de député des Français à l'étranger dans la zone nord-américaine).

Ce bureau du cinéma devrait être opérationnel dès juillet, intégrant par ailleurs "l'agence de tourisme française de promotion, les ressources du Consulat français à Los Angeles, Film France et Atout France, l'agence de promotion touristique de la France et le Comité Régional d’Ile de France." Il s'agira d'informer des décideurs et réalisateurs américains des dispositifs financiers (crédits d'impôt, aides régionales ou locales...) et des lieux de tournage possibles. Le bureau servira aussi de médiateur avec les professionnels du tourisme et Film France, commission nationale qui rassemble 40 commissions du film.

Sur le papier, ce "guichet unique" est une bonne idée, simplifiant les démarches et accélérant les mises en relation entre les interlocuteurs.

Ce "Film office", idée qui est déjà exploitée par différents territoires dans le monde, pourrait servir de pilote à de futurs bureaux en Chine, en Inde et en Corée du Sud.

La France a beaucoup de retard en Europe, malgré sa position de leader en matière de production cinématographique : seulement 3% des tournages américains en Europe y sont réalisés.

Et si L.A. aimait le cinéma français…

Posté par vincy, le 25 mars 2009

Le 13e festival du film City of Lights, City of Angels se tiendra du 20 au 26 avril à Los Angeles, au siège de la Directors Guild of America. Cette année, l'édition veut sans doute conjurer le chiffre 13 en offrant une programmation étincelante.

L'ouverture se fera avec le film de Zabou Breitman, sensible et élégant, Si je l'aimais, avec Daniel Auteuil et Marie-Josée Croze. Il veint de faire son avant-première mondiale au Forum Cinéma & Littérature de Monaco.

Surtout, ce sera l'occasion pour les trois gagnants des César - Séraphine, Mesrine et Le premier jour du reste de ta vie - de faire leur avant-première sur la Côte Ouest, après les projections new yorkaises du 14e Rendez Vous With French Cinema, qui vient d'avoir lieu, avec, notamment les projections des films de Varda, Denis, Chabrol, Dupeyron et Jacquot. Selon Unifrance, 12 500 spectateurs ont assisté à l'événéemnt

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Site du festival de Los Angeles

« Wall-E » réussit un exploit avec les critiques de Los Angeles

Posté par vincy, le 14 décembre 2008

C'est une première en 34 ans. Annoncée le 9 décembre, la liste des récipiendaires du prix des critiques de Los Angeles couronne un dessin animé. Wall-E succède à There Will Be Blood et dépasse l'autre finaliste, Batman : The Dark Knight. Le film de Christopher Nolan finit deuxième dans deux autres catégories - réalisateur et direction artistique - et ne remporte qu'un seul prix, posthume, pour Heath Ledger. Avec leurs collègues de New York, ils partagent leur goût commun pour Pénélope Cruz,  Sally Hawkins, Sean Penn et le documentaire Man on Wire. Clairement Slumdog Millionaire, Milk et Be Happy ont séduit les élites cinéphiliques du pays.

Meilleur film : Wall-E (finaliste : Batman The Dark Knight)

Meilleur réalisateur : Danny Boyle pour Slumdog Millionaire (finaliste : Christopher Nolan pour The Dark Knight)

Meilleur acteur : Sean Penn pour Milk
(finaliste : Mickey Rourke pour The Wrestler)

Meilleure actrice : Sally Hawkins pour Be Happy (finaliste : Melissa Leo pour Frozen River)

Meilleur second rôle masculin : Heath Ledger pour The Dark Knight (finaliste : Eddie Marsan pour Be Happy)

Meilleur second rôle féminin : Penelope Cruz pour Vicky Cristina Barcelona et Elegy (finaliste : Viola Davis pour Doute)

Meilleur scénario : Mike Leigh pour Be Happy (finaliste : Charlie Kaufman pour Synecdoche, New York)

Meilleure photo : Yu Lik-Wai pour Still Life (Anthony Dod Mantle pour Slumdog Millionaire)

Meilleure direction artistique : Mark Friedberg pour Synecdoche, New York (finaliste : Nathan Crowley pour The Dark Knight)

Meilleure musique : A.R. Rahman pour Slumdog Millionaire (finaliste : Alexandre Desplat pour L'étrange histoire de Benjmain Button)

Meilleur film en langue étrangère : Still life de Jia Zhang Ke (finaliste : Entre les murs de Laurent Cantet)

Meilleur documentaire : Man on Wire (finaliste : Valse avec Bashir)

Meilleur film d'animation : Valse avec Bashir

Meilleur nouveau talent : Steve McQueen pour Hunger

Au bout de la nuit : sombre perdition

Posté par geoffroy, le 24 juin 2008

streetkings_keanureeves.jpgSynopsis: Tom Ludlow est le meilleur détective de l'Ad Vice, unité spécialisée de la Police de Los Angeles. Son supérieur, le capitaine Wander, ferme les yeux sur ses procédés souvent "hors normes" et le protège lors de l'enquête interne menée par le capitaine Biggs. Accusé à tort du meurtre d'un collègue, Ludlow doit lutter seul contre le système corrompu pour prouver son innocence.

Notre avis: La caution d’un grand nom au scénario – James Ellroy en l’occurrence – n’est pas toujours synonyme de qualité et encore moins de réussite. Référence avouée à la situation des flics de Los Angeles peu après les émeutes de 1992 qui firent 32 morts, Au bout de la nuit actualise une réalité sociale toujours aussi tendue et tente vainement d’investir des thématiques fortes comme la corruption policière, le fonctionnement du LAPD (Los Angeles Police Departement) et ses unités d’élite, le maintien de l’ordre et les tensions entre flics. Louable dans l’intention, inexistant à l’image.

Le réalisateur David Ayer (antérieurement scénariste de polars cyniques) est incapable de structurer un polar subtil faisant l’état des lieux d’une police à bout de souffle dépassée par des évènements extérieurs de plus en plus violents. Pire, il ne creuse pour ainsi dire jamais dans cette quête jusqu’au-boutiste d’un flic, Tom Ludlow (Keanu Reeves, plutôt bon), détruit aux méthodes expéditives. Polar noir gonflé à la mauvaise testostérone, Street Kings – titre anglais bien plus révélateur – survole tous ses enjeux pour devenir une vulgaire démonstration de force où l’épate se veut le fondement cinématographique d’une narration poussive. En clair, David Ayer en met plein la vue mais oublie en cours de route d’ancrer ses personnages dans une fonction et une psychologie qui auraient apporté ce brin de substance qui fait cruellement défaut au film. C’est un peu comme s’il suffisait de flinguer, de corrompre, de boire ou sniffer pour réaliser un film tendu et fort sur les violences urbaines, la corruption des institutions et les différentes formes de dépendances. Un peu plus de sinuosité n’aurait pas fait de mal à cet archétype mal dégrossi de film noir trop linéaire dans son traitement et son regard critique.

Cette direction scénaristique enferme l’immersion de Tom Ludlow dans la caricature et lisse jusqu’à l’os des axes de lecture pourtant pertinents. Rapports hiérarchiques, relation à la rue, démêlé avec les "bœufs carottes" made in USA ne sont ni magnifiés, ni développés, ni en interaction. Le film ne nous apprend rien sur l’institution que l’on ne sache déjà, tout en verrouillant son récit sur le mode esbroufe et révélations sans consistance. Il suffit de voir la psychologie du personnage interprété par Forest Whitaker pour en être assuré. L’emphase est telle qu’il frise à chaque plan le ridicule. A force de persévérance, il fini par le trouver à la fin du métrage dans un climax aussi absurde que grossier. Ne parlons pas de ce dernier plan saugrenu digne d’un film de super héros à la "Spider-Man" (sic).

David Ayer accouche sans nul doute d’un film basique assez bien photographié où le anti-héros devient un peu vengeur, un peu sauveur, un peu manipulé, mais seule réponse aux problèmes de corruption et de violences urbaines. La déraison l’emporte sur la cohérence et la violence engendrant la violence, la police de Los Angeles se voit dans l’obligation d’y répondre par la violence. Le monde est ainsi fait et Keanu Reeves étant Keanu Reeves, il aura le dernier mot et l’honneur sauf. Un conseil. Si vous voulez voir – ou revoir – un vrai grand film sur la corruption policière, faites un détour chez Mister Serpico.