BIFFF 2009, du sang pour bébé et des femmes pour Coffin Joe

Posté par denis, le 16 avril 2009

zedocaixo.jpgAprès un week-end plein de cauchemars, de course poursuite, de stoïcisme et d’échardes pour les non invités du Festival du film fantastique de Bruxelles, ce début de semaine nous a convié à quelques beaux morceaux de bidoches prénatales et post-natales, pour terminer dans la progéniture d’un vieux maître du grand guignol.
Un des grands problèmes du cinéma de genre, tout comme le cinéma en général d’ailleurs, est de parvenir à faire du neuf avec du vieux sans que cela sente trop le réchauffé. Et même si le talent est là, que la photographie est travaillée et que la caméra se met au service de l’histoire, la sensation d’avoir déjà vu ce film prédomine sans qu’il soit possible de s’en détacher. Ainsi de No-Do, très beau film espagnol autour d’une maison hantée, d’une femme hystérique et d’un complot catholique, surfant sur une esthétique proche de celle de L’orphelinat et des films de Guillermo del Toro. Mélange habile d’épouvante old school et d’effets numériques dernier cri, No-do ne parvient pas toutefois à se détacher de ses modèles malgré un gros travail sur l’image, mention toute particulière aux « images d’archive » saisissantes et nauséeuses. Le spectateur est pris à sursauter, mais l’histoire a déjà été rabattue maintes fois. Bref, encore un film qui aurait du voir le jour il y a dix ans. Même problème d’originalité mais pour des raisons différentes avec Visions de Luici Cecinelli.

Visions sans grâce et Grace bien vu 

Commençant comme un film d’action pour verser dans le thriller psychologique, Visions souffre d’un mélange trop voyant de Seven pour l’aspect profiler et de Saw pour l’idée des tortures. Le problème est encore plus accentué quand il pompe sans vergogne le twist de L’étrangleur de Boston, tandis que l’on peut découvrir l’identité du tueur au bout de 20 minutes.
On passera rapidement sur The stranger, film où il ne se passe rien, sur Outlander, gentil divertissement d’héroic-fantasy, et sur Red, adaptation éponyme du roman de Jack Ketchum calibré malheureusement pour la télévision, pour s’attarder sur ce qui reste les pelloches les plus intéressantes du festival jusqu’à aujourd’hui. Premier film avec un très petit budget filmé en bêta, Grace, réalisé par Paul Solet, brille par son histoire à fleur de peau d’une mère se cloîtrant dans sa maison afin de nourrir son enfant a priori mort-né. Minimaliste dans son traitement, le réalisateur se focalise sur son héroïne et raréfie les scènes sanglantes pour d’autant plus d’efficacité, Grace instaure un malaise palpable comparable à celui éprouvé à la vision de Dans ma peau. Par son ambiance post-traumatique, sa thématique organique et sa radicalité, on ne révélera pas la manière qu’à la mère de nourrir son enfant, ce long métrage tient le haut du pavé et prouve encore une fois qu’une bonne histoire et un savoir-faire sont les deux ingrédients pour un film réussi.

La dernière perle en date jusqu’aux prochaines projections est à chercher du coté du Brésil avec le retour à peine croyable de José Mojica Marins et son personnage de Coffin Joe, tueur-sorcier illuminé torturant et baisant à tout va. Quarante après Cette nuit ton âme m’appartiendra, le brésilien remet le couvert pour son plus grand plaisir avec Embodiment of evil, endossant sans complexe et sans se préoccuper de son grand âge le même déguisement pour terroriser la population. A mi-chemin entre Jodorowsky pour le mysticisme, Clive Barker pour le sadisme et Jess Franco pour les magnifiques créatures dénudées et torturées, JMM donne dans le surréalisme sauvage avec une joie communicative. Ce nouvel opus devrait sans nul doute rejoindre le statut culte de ses précédentes œuvres. En attendant son prochain retour dans quarante ans !

Vont arriver ces jours prochains le nouveau Star Trek, grand ratage, Flawless avec le grand Michael Caine, et le remake de La dernière maison sur la gauche. A suivre…