Le cinéma de Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014

Posté par vincy, le 9 octobre 2014

catherine deneuve patrick modianoPrix Nobel de littérature. Patrick Modiano, homme discret, écrivain de l'intime et auteur d'une trentaine d'oeuvres, est aussi un homme  de cinéma. Le dernier Prix Nobel de littérature français s'appelait J.M.G Le Clézio, lui-même grand cinéphile. C'était il y a six ans.

Modiano a été récompensé pour "l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation". Et justement l'Occupation est aussi au coeur de son oeuvre cinématographique. Car, on le dit moins, mais Modiano est aussi scénariste. On lui doit Lacombe Lucien, de Louis Malle (1974) et Bon Voyage, de Jean-Paul Rappeneau (2003). Deux films, très différents dans la forme, sur les relations entre les Français et les Allemands durant la seconde guerre mondiale. Le premier a été nominé aux British Awards et le second aux Césars, chacun dans la catégorie du meilleur scénario.

Modiano a aussi écrit le scénario d'Une jeunesse de Moshé Mizrahi, adaptation de son propre roman (1983) et coécrit celui du Fils de Gascogne de Pascal Aubier (1995). On pourrait ajouter Un Innocent épisode de la série télévisée Madame le juge (1975). A la fin des années 1970, il avait essayé, avec Michel Audiard et Philippe Labro, d'écrire, en vain, le scénario d’un film sur Jacques Mesrine.

Deux de ses romans ont été transposés sur grand écran : Le Parfum d'Yvonne de Patrice Leconte (1995), d'après Villa triste et Te Quiero de Manuel Poirier (2001), d'après Dimanches d'août.

Dans Télérama en 2003, Modiano avouait que les adaptations de ses livres n'avaient jamais été très concluantes: "Quelquefois, on accepte parce qu’on pense que le film ne se fera pas. Il vaudrait mieux dire non tout de suite…"

Enfin, l'écrivain a aussi été acteur : on l'aperçoit dans Généalogies d'un crime de Raoul Ruiz (1997), aux côtés de son amie Catherine Deneuve. Dans un petit rôle, il interprète l’ex-mari de la star. L’idée de proposer ce rôle revient à Deneuve : "Il se trouve que le rôle était court et c’était celui d’un écrivain. J’ai donc pensé à Modiano à cause de sa fragilité, de son côté décalé, de sa nature d’éternel rêveur, et j’ai aimé le sentir à mes côtés." Elle ajoute dans cet entretien au Nouvel Observateur: "Je trouve Modiano extraordinaire avec son petit foulard, ses lunettes noires, ses grands airs à la fois empruntés et protecteurs." Modiano a coécrit avec l'actrice Elle s'appelait Françoise..., le livre hommage à Françoise Dorléac paru en 1996. Son texte s'intitulait Le 21 mars, le premier jour du printemps.

Dans Les Inrocks, l'écrivain s'amusait: "C’était la première fois que je faisais l’acteur, sûrement la dernière d’ailleurs… Mais les lieux ont une telle importance pour moi… J’étais impressionné que le tournage se passe dans cet hôpital psychiatrique de Ville-Evrard, où Artaud a été interné… Je crois beaucoup à ce genre de coïncidence, qu’il ait lui-même tourné dans des films et qu’il ait été enfermé là, c’est étrange…"

Patrick Modiano a été membre du jury du Festival de Cannes en 2000.

Arras 2010 : le jury professionnel et les premiers films en compétition

Posté par MpM, le 12 novembre 2010

Avec l'arrivée du jury professionnel, le Festival entre déjà dans sa dernière phase, celle de la compétition européenne. Manuel Poirier, Tudor Giurgiu, Serge Riaboukine et Hrvoje Hribar (notre photo, en compagnie de Nadia Paschetto, la directrice du Festival, et d'Eric Miot, le délégué général) devront départager neuf longs métrages européens inédits venus de Finlande, de Suède, de Roumanie, d'Espagne, de République tchèque, de Russie, d'Albanie et de Pologne. Le but de la compétition est de permettre aux films récompensés de trouver un distributeur français.

Alors que l'on en est encore à découvrir cette sélection, plusieurs films font déjà parler d'eux. Le russe Comment j'ai passé l'été dernier d'Alekseï Popogrebski, qui avait été récompensé à Berlin, séduit par sa mise en scène et son ambiance de thriller dans un décor désolé. Le finlandais Rare exports (signé Jalmari Helander) détonne grâce à sa parfaite appropriation des codes du film de genre américain et casse sans vergogne le mythe du Père Noël. Enfin, probablement le plus impressionnant de tous, le polonais Zero de Pawel Borowski, qui aligne des plans séquences plus élégants les uns que les autres, et dont l'intrigue indescriptible fait l'effet d'une ronde virtuose suivant  plus d'une trentaine de personnages en parallèle.

Prix ou pas prix, voilà déjà trois propositions de cinéma innovantes et vivifiantes qui prouvent qu'il reste des choses à inventer en matière de réalisation et de thématiques, et qui méritent d'être montrées de toute urgence sur nos écrans.