Venise 2012 : une compétition sans réelles surprises

Posté par vincy, le 26 juillet 2012

69e clap pour le Festival de Venise le 29 août prochain. 17 films sont en course pour le Lion d'or, auxquels viendra s'ajouter un "film-surprise" (on murmure que ce sera The Master de Paul Thomas Anderson, retiré de la liste publiée sur les journaux professionnels américains après l'annonce de la sélection * voir fin d'article).

Le directeur du Festival, Alberto Barbera, a annoncé que "le thème principal de cette Mostra sera la crise économique actuelle, mais aussi la crise de valeurs, de modèles ainsi que celle des rapports humains et sociaux, notamment à travers la solitude".

Deux cinéastes français (mais 8 productions ou coproductions françaises!) sont en compétition avec quatre américains et trois italiens. Géographiquement, on note une forte présence de l'Europe avec 9 réalisateurs du vieux continent (5 pays seulement), 4 venus d'Asie, et 4 américains : l'Amérique latine, le Canada, le Royaume Uni, l'Espagne, l'Afrique, l'Océanie, la Chine, l'Inde, le Moyen orient, la Turquie, l'Europe de l'Est ou la Scandinavie sont ainsi complètement absents.

Pied de nez ou provocation au Festival de Cannes, cette édition de 2012 est très féminine avec quatre réalisatrices en compétition.

Mais, si de grands noms (Malick, Bellochio, De Palma, Kitano, Kim Ki-duk) côtoient des habitués des festivals (Assayas, Gianolli, Mendoza, Comencini, Bahraini, Seidl, Korine), on note peu de surprise ou de nouveaux talents dans cette compétition qui sera jugée par Michael Mann et son jury en vue de rendre leur palmarès.

La compétition

Après Mai de Olivier Assayas - France. Avec Clément Métayer, Lola Créton, Félix Armand.

At any price de Ramin Bahraini - USA/GB. Avec Dennis Quaid, Zac Efron, Kim Dickens, Heather Graham.

La belle endormie (Bella Addormentata) de Marco Bellocchio - Italie/France. Avec Toni Servillo, Isabelle Huppert, Alba Rohrwacher, Michele Riondino, Maya Sansa, Pier Giorgio Bellocchio.

La cinquième saison de Peter Brosens et Jessica Woodworth - Belgique/Pays-Bas/France. Avec Aurélia Poirier, Django Schrevens, Sam Louwyck, Gill Vancompernolle.

Lemale Et Ha'Chalal (Fill the void) de Rama Burshtein - Israël. Avec Hadas Yaron, Yiftach Klein, Irit Sheleg, Chaim Sharir.

E stato il figlio de Daniele Cipri - Italie/France. Avec Toni Servillo, Giselda Volodi, Alfredo Castro, Fabrizio Falco.

Un giorno speciale de Francesca Comencini - Italie. Avec Filippo Scicchitano, Giulia Valentini.

Passion de Brian de Palma - France/Allemagne. Avec Rachel McAdams, Noomi Rapace, Paul Anderson, Karoline Herfurth.

Superstar de Xavier Giannoli - France/Belgique. Avec Kad Merad, Cécile De France.

Pieta de Kim Ki-duk - Corée du Sud. Avec Cho Min-soo, Lee Jung-jin.

Outrage Beyond de Takeshi Kitano - Japon. Avec Tomokazu Miura, Ryo Kase, Fumiyo Kohinata, Toshiyuki Nishida.

Spring Breakers de Harmony Korine - USA. Avec James Franco, Selena Gomez, Vanessa Hudgens, Ashley Benson, Heather Morris.

To the wonder de Terrence Malick - USA. Avec Ben Affleck, Rachel McAdams, Rachel Weisz, Javier Bardem, Olga Kurylenko

Sinapupunan (Thy Womb) de Brillante Mendoza - Philippines. Avec Nora Aunor, Bembol Rocco.

Linhas de Wellington de Valeria Sarmiento - France/Portugal. Avec Nuno Lopes, Soraia Chaves, John Malkovich, Marisa Paredes, Melvil Poupaud, Mathieu Amalric.

Paradies: Glaube (Paradise: Faith) de Ulrich Seidl - Autriche/France/Allemagne. Avec Maria Hofstätter, Nabil Saleh.

Izmena (Betrayal) de Kirill Serebrennikov - Russie. Avec Franziska Petri, Dejan Lilic, Albina Dzhanabaeva, Arturs Skrastins.

________

Le 7 août The Master de Paul Thomas Anderson a rejoint la liste. USA. Avec Philip Seymour Hoffman, Joaquin Phoenix, Amy Adams.

Bellocchio censuré par Berlusconi ?

Posté par vincy, le 18 janvier 2011

La censure a de multiples visages. En Italie, elle peut être effectuée par de simples pressions financières ou politiques. Silvio Berlusconi n'en rate pas une : rachat d'un des derniers cinémas romains d'art et essai, pour en faire un magasin Benetton, baisse des crédits d'impôts pour la production cinématographique, retrait des livres des écrivains soutenant l'ancien activiste Cesare Battisti dans les bibliothèques vénitiennes...

Et on apprend dans le Corriere della Sera du 11 janvier que Marco Bellocchio a du abandonner son prochain film, faute de financement. L'article est intitulé ainsi :  "??Nessuno vuole produrre il mio film sull' Italia di oggi" (personne ne veut produire mon film sur l'Italie d'aujourd'hui). Bellocchio ce n'est pas rien : trois prix à Berlin, six sélections à Cannes, prix de la critique aux European Film Awards, un Donatello du meilleur réalisateur, deux prix à Locarno, six au Festival de Venise...

Italia Mia etait un projet qu'il devait enchaîner après son nouveau film, Lacrime (anciennement La Monaca di Bobbio), qui pourrait être à Cannes ou à Venise cette année. Il s'agissait d'une satire politique inspirée par les années Berlusconi. L'histoire suit une jeune fille mêlée à un certains nombre d'affaires publiques et médiatisées et s'achève dans une villa luxueuse et insulaire où des événements choquants ont laissé leur trace. Cela rappelle en effet l'actualité récente de Berlusconi.

Bellocchio s'est toujours intéressé à l'histoire de son pays, de Mussolini (Vincere) aux années de plomb (Buongiorno, Notte) en passant par le Vatican (Le sourire de ma mère).

Mais comment financer un tel film quand le Président du conseil des ministres italien est malmené dans les sondages, par son camp politique, et par la justice? Il risque en effet une mise en examen pour l'affaire Ruby en étant soupçonné d'incitation à la prostitution de mineure et abus de fonction. Son groupe Mediaset possède trois chaînes de télévision majeures, Medusa Cinema, Medusa Film, Cinecitta Digital Factroy, Ares Film, et les multiplexes The Space Cinemas... Sans oublier que les chaînes de télévision publiques sont assujetties à son pouvoir. Autant dire qu'il contrôle toute la chaîne.

Italia Mia a été refusé par une dizaine d'investisseurs, malgré son budget modeste (moins de 7 millions d'euros, soit un devis inférieur à celui de Vincere). Bellocchio n'avait jamais connu pareille situation. Il pourrait en faire un film, tant les dysfonctionnements de son pays l'inspirent.
"Bien sûr je ne voulais pas mettre en scène une comédie. Je voulais parler de l’Italie d’aujourd’hui, il n’y a donc pas de quoi rire. Je n’avais pas pour autant l’intention de suivre les journaux à la lettre, ou de donner dans le pamphlet."

Il ne reste plus qu'à des producteurs étrangers d'avoir le courage de le financer.

Le prochain film de Marco Bellocchio pourrait choquer le Vatican

Posté par vincy, le 27 mai 2010

maya sansaAprès la maîtresse de Mussolini enfermée dans un asile dans Vincere et le récit d'une canonisation pour des raisons propagandistes dans Le sourire de ma mère, Marco Bellocchio va s'attaquer à l'histoire (vraie) d'une nonne "transgressive" au comportement incorrect. La Monaca di Bobbio sera un drame historique se déroulant au XVIIe siècle sur une jeune femme noble contrainte par son père d'entrer au couvent. La jeune vestale aura des rapports sexuels qui conduiront à un meurtre puis à son incarcération. Tout comme le psychiatre tentait d'aider l'amante de Mussolini, un jeune prêtre sera confronté à un dilemme entre le comportement infidèle et méprisable de la nonne et une sanction juste qui pourrait la libérer de prison.

Le tournage prendra place à Bobbio, village situé entre Gênes et Milan, en septembre. Maya Sansa (Villa Amalia, Les femmes de l'ombre, Nos meilleures années), qui a déjà tourné deux fois avec le cinéaste italien (Buongiorno Notte, La nourrice) devrait tenir le rôle principal.

Cannes 2010 – la phrase du jour : Marco Bellocchio

Posté par vincy, le 20 mai 2010

"Ce sont les images qui me poussent à faire un film, pas l'histoire ou l'idée et encore moins le message." Lors de sa Leçon de cinéma au Festival de Cannes, le réalisateur italien Marco Bellocchio a révélé sa manière de travailler. Laissant les acteurs le plus libre possible, ne croyant pas au sauvetage d'un film par le simple génie du montage, l'importance de la musique (en amont du montage).
Il a aussi longuement parler de peinture, son premier amour. "J'ai abandonné la peinture car j'avais peur d'être seul. Le cinéma permet d'entrer en contact avec le monde. Et j'avais besoin de ce contact, peut-être parce que la solitude aurait pu me mener à la folie."

Cannes 2010 : Bellocchio fait la leçon de cinéma et le ministre italien de la culture boycotte le Festival

Posté par vincy, le 8 mai 2010

Une leçon italienne

marco bellocchioLa leçon de cinéma du 63e Festival de Cannes sera orchestrée par le cinéaste italien Marco Bellocchio< le 19 mai (à 17h, salle Bunuel). Bellocchio est un habitué de la Croisette. Dix de ses films ont été sélectionnés : La Mouette (hors compétition, 1977), Le Saut dans le vide (compétition, 1980), Henry IV le roi Fou (compétition, 1984), Le diable au corps (Quinzaine des réalisateurs, 1986), Rêve de papillon (Un certain regard, 1994), Le Prince de Hombourg de Heinrich von Kleist (compétition, 1997), La nourrice (compétition, 1999), Le sourire de ma mère (compétition, 2002), Le metteur en scène de mariages (Un certain regard, 2006) et Vincere (compétition, 2009). Ce dernier a reçu hier huit prix David di Donatello (les César italiens), dont celui du meilleur réalisateur.

En acceptant l'invitation du Festival, Bellocchio  a déclaré que "la chose la plus précieuse qu’un réalisateur puisse enseigner à ceux qui veulent faire ce métier c’est le travail avec les acteurs et les actrices… Tout le monde peut enseigner la technique mais la manière de faire interpréter un personnage que vous avez imaginé par un être humain vivant est un don de la nature. On peut toutefois l’apprendre, en partie, d’un metteur en scène qui ne se soustrait pas au risque d’un échec… Il est impossible de garantir une jolie fin à toute relation humaine… "

Une censure italienne

Dans le même temps, on apprenait que le ministre italien de la Culture, Sandro Bondi, ne se rendrait pas au Festival, en raison de la sélection hors-compétition (en séance spéciale) de Draquila - l'Italie qui tremble, film de la satiriste bien connue Sabina Guzzanti (Viva Zapatero!). Bête noire de Silvio Berlusconi, son "mocumentaire" dénonce l'emprise des proches du premier ministre italien sur les projets de reconstruction de la ville de L'Aquila, après le tremblement de terre qui a ravagé la ville. "Ce film est une réflexion sur la dérive autoritaire de ce pays", ajoute-t-elle. Le ministre a qualifié l'oeuvre de "film de propagande qui offense la vérité et le peuple italien dans son entier."

Ecran Noir s'offusque donc  à son tour devant l'insulte ministérielle fait à la création artistique et à la liberté d'expression. Rappelons que Sandro Bondi, girouette politique passée du Parti Communiste Italien à Forza Italia (le parti populiste de droite de Berlusconi, avait déjà fait scandale avec ses déclarations lors du festival de Locarno où était projeté Il sol dell’avvenire de Gianfranco Pannone. Le documentaire retraçait la naissance de « la première génération » des Brigades Rouges en Emilie-Romagne et traitait de la dimension communiste. Il avait alors été choqué que ce film, "apologie du terrorisme et offense à la mémoire des victimes" ait pu recevoir une légère aide financière de la part d’une commission du Ministère de la Culture aux temps du précédent gouvernement Prodi.

Cannes 2009 : Qui est Giovanna Mezzogiorno ?

Posté par vincy, le 18 mai 2009

cnz_mezzogiorno.jpgVedette de Vincere, le nouveau Bellocchio présenté en compétition, elle incarne la maîtrsse du leader fasciste Benito Mussolini, Ida Dalser. Cette jeune romaine de 35 ans a déjà douze ans de carrière derrière elle. En 2001, elle est la fiancée enceinte de Stefano Accorsi dans L'ultimo bacio, énorme succès en Italie (2,2 millions d'entrées). C'est aussi cette année là que Accorsi lui préfère Laetitia Casta. Pour la première fois, elle est citée comme meilleure actrice aux prix David du Donatello. Avec le cinéaste peu connu en France mais très estimé en Italie Ferzan Ozpetek, elle tourne La finestra di fronte (2003), film passionnel. Ce hit (1,8 millions d'entrées) lui vaudra des prix d'interprétation : le Donatello (César italien) mais aussi ceux des festivals de Bangkok, Flaiano, Karlovy Vary... Elle y rencontre un technicien, Daniele Anzellotti, son nouveau

Après l'avoir vue dans la série TV Les Misérables, les français la découvre dans le gentil navet de Marie-Anne Chazel, Au secours, j'ai trente ans. Totalement bilingue, elle a même étudié à Paris. Mais c'est avec le film de Cristina Comencini, La bestia nel cuore (2005), qu'elle devient la comédienne italienne la plus sollicitée de sa génération. Prix d'interprétation à Venise, où le film reçoit cinq prix, Giovanna continue de séduire avecd es drames psychologiques où ses tourments se révèlent sur grand écran.

Le film est cité à l'Oscar du meilleur film étranger et elle commence une carrière internationale : L'amour aux temps du choléra (de Mike Newell, avec Javier Bardem), Les murs porteurs (avec Charles Berling et Miou-Miou), Palermo Shooting (film de Wim Wenders qui fut en compétition à Cannes l'an dernier).

Villerupt accueille Nicola Piovani

Posté par MpM, le 11 novembre 2008

Nicola PiovaniDans le cadre de sa rétrospective "Maestro… Musica : les cinéastes italiens et la musique", le festival de Villerupt avait invité le compositeur oscarisé Nicola Piovani (La vie est belle, La chambre du filsIntervista…) à venir se produire avec son groupe lors d’une soirée spéciale. Accompagné tour à tour d’une clarinette, d’un saxophone, d’une guitare, d’un violoncelle, d’une batterie ou encore d’une contrebasse, le Maître italien installé au piano a interprété ses plus célèbres airs réorchestrés pour cette formation en quintet.

Après s’être vu décerner L'Amilcar de la ville de Villerupt, Niola Piovani a accepté de revenir quelques instants sur son impressionnante carrière. "Je ne me souviens pas dans ma vie d’un jour sans musique", confie-t-il d’abord. "Mon orientation vers la musique de films est le résultat d’une combinaison entre mon désir et l’occasion qui m’a été offerte. En 1968, j’étudiais la philosophie à Rome. A l’université, un groupe faisait du cinéma et j’ai écrit pour eux mes premières musiques." Rapidement repéré par Marco Bellocchio, il compose pour tous ses films pendant plus de dix ans, puis se diversifie avec Giuseppe Tornatore (Il camorrista), Federico Fellini (Ginger et Fred) et Nanni Moretti (La messe est finie). "La plus grande musique que je connaisse, c’est celle de Huit et demi [par Nino Rota]", avoue-t-il. Fellini mettait ses compositeurs dans la plus grande confiance… à condition de donner le meilleur de soi-même ! Avec lui, on avait l’impression de donner beaucoup… mais si l’on faisait le compte, ensuite, on s’apercevait surtout de tout ce que l’on avait reçu. "

Toujours élégant, le compositeur rend également hommage aux musiciens l’accompagnant sur scène (et sur notre photo), "les meilleurs dans chaque rôle" précise-t-il, avant d’ajouter : "il m’est difficile d’imaginer quelque chose de mieux". Leur prestation, dynamique et enlevée, en a facilement convaincu les festivaliers.