Edito: Retour vers le futur….

Posté par redaction, le 6 octobre 2016

En un dessin diffusé sur son compte twitter, Marc Dubuisson a résumé l'angoisse du moment. Nous vivons dans un monde qui semble répéter ses erreurs les plus terribles. Un retour vers le passé qui nous amène dans le futur, sans la voiture du Doc. C'était d'ailleurs flagrant en voyant les films britanniques au Festival de Dinard la semaine dernière. La jeunesse était inquiète, prête à larguer les amarres vers une vie nouvelle, mais angoissée à l'idée d'être piégée par sa condition sociale, ses peurs ou même une société qui ne pousse pas à l'audace. Toujours à Dinard, les professionnels étaient également angoissés par le Brexit. Dans Le Film français, Ken Loach craint même que le cinéma britannique ne se fasse coloniser par les studios américains : "Ils imposeront leur vision du cinéma, leur vision du monde et nous perdrons notre identité".

On ne peut pas lui donner complètement tort tant le cinéma anglais dépend déjà de ses coproductions américaines. La liste des films nommés aux Baftas ressemblent davantage à une liste hollywoodienne qu'on retrouve quelques semaines plus tard aux Oscars. Harry Potter a un ADN 100% british, tout comme James Bond, mais c'est la puissance marketing américaine qui envahit les salles du monde entier. Et que dire cette semaine avec d'un côté un Tim Burton qui a les apparences d'un univers britannique et d'un Bridget Jones dont la forme est davantage celle d'une rom-com made in USA.

L'inquiétude de voir son identité se dissoudre, de ne plus pouvoir défendre sa culture reste un enjeu majeur de ce début de siècle, socialement, politiquement, culturellement. Bien sûr cette identité n'est pas figée, elle se métisse, elle brasse différentes influences, elle s'ouvre à d'autres cultures. Il est d'autant plus important alors de défendre, préserver, promouvoir des films comme Le cancre, Poesia sin fin ou Aquarius, qui s'attachent à conserver leur singularité et à oser des narrations plus complexes, moins formatées.

Cinéma, littérature, musique, art: rien n'empêche le citoyen d'aller voir un "produit" culturel destiné aux masses et d'apprécier un "objet" culturel épanouissant ou dérangeant. On peut douter d'un monde meilleur à venir. Mais justement, la culture est là aussi pour nous éclairer et nous faire voire la lumière au bout du tunnel. Certains films, livres, chansons ou tableaux peuvent nous aider à faire le grand saut pour vivre nos rêves. Ne soyons pas fatalistes. Ne nous résignons pas. Le ciel attendra. Et espérons que d'ici là, Miss Peregrine et Doc parviennent à tordre le temps et remettre le présent dans le bon ordre.