Verdict confirmé pour Jafar Panahi

Posté par MpM, le 17 octobre 2011

liberté pour jafar panahiDans un contexte de répression systématique envers les artistes jugés hostiles au régime (actualités du 13 octobre, du 1er octobre, du 20 septembre...), la justice iranienne vient de confirmer la condamnation de Jafar Panahi à six années de prison et 20 ans d'interdiction de filmer, voyager ou s'exprimer. La forte mobilisation internationale n'y aura donc rien fait, et le cinéaste a été reconnu coupable d'"activités contre la sécurité nationale et [de] propagande contre le régime".

Ses proches précisent que "le jugement en appel a été rendu il y a deux semaines, mais n'a pas encore été appliqué." Jafar Panahi demeure donc libre "pour l'instant". Son avocate, Farideh Gairat, a quant à elle assuré n'avoir reçu aucune notification du jugement.

Par ailleurs, d'après le quotidien gouvernemental Iran qui a révélé l'information concernant ce verdict, la Cour aurait réduit à un an de prison la peine de Mohammad Rasoulof. L'auteur d'Au revoir avait préalablement été condamné à la même peine que Jafar Panahi, pour avoir participé au même projet de film.

A l'heure actuelle, l'incertitude demeure sur les conditions d'application de la peine infligée à Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, ainsi que sur le sort de tous ceux qui, comme eux, ont eu le tort de déplaire au courant politique ultra-conservateur placé à la tête du pouvoir judiciaire iranien.

Une pétition pour soutenir les cinéastes iraniens emprisonnés

Posté par MpM, le 1 octobre 2011

Un communiqué conjoint du Festival de Cannes, de la Cinémathèque française, de la SRF, de la SACD et de France Culture dénonce les exactions commises par le gouvernement iranien sur les six artistes emprisonnés depuis le 18 septembre (voir notre actualité du 20 septembre) et propose de signer une pétition intitulée "Manifestons notre soutien aux cinéastes iraniens emprisonnés".

Ces derniers, Mojtaba Mirtahmasb (voir aussi notre actualité du 7 septembre), Nasser Saffarian, Hadi Afarideh, Mohsen Shahrnazdar, Marzieh Vafamehr et la productrice Katayoun Shahabi sont accusés d'espionnage par les ministres de l'Information, de la Police secrète et de la Culture, mais également par les médias gouvernementaux, d'autres réalisateurs proches du régime et des associations d'étudiants islamiques.

"Selon nos informations, le gouvernement iranien a l'intention de museler tous les organismes et artistes indépendants", accusent les auteurs du texte. Le régime ne semble en effet pas prêt à en rester là puisque le communiqué révèle qu'un autre artiste iranien, le caméraman Touraj Aslani, a été arrêté "alors qu'il se trouvait dans un avion en partance pour la Turquie". Par ailleurs, toujours selon le texte, la Maison du Cinéma en Iran, qui s'était prononcée pour la libération des cinéastes emprisonnés, a été "accusée d'être un parti politique en contact avec l'étranger" et privée de reconnaissance officielle.

Les détenus ne peuvent recevoir la visite de leurs proches, à qui il a d'ailleurs été interdit d'évoquer publiquement leur situation. Il est presque impossible de réaliser pleinement la violence d'un tel verrouillage de la liberté d'expression. Toutefois, on en a eu un aperçu frappant lors de l'avant-première de Ceci n'est pas un film de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtamasb à la cinémathèque française. Le cinéaste Mohammad Rasoulof, lui-aussi en attente d'une décision de justice, avait en effet préféré garder le silence face au public qui l'acclamait, plutôt que de prendre le risque d'une seule parole "déplacée". Dans la guerre symbolique livrée par Téhéran à ses artistes et intellectuels, la chape de silence, qui écrase efficacement toute tentative d'ouverture ou de révolte, s'avère une arme aussi cruelle qu'efficace.

A défaut d'obtenir la libération des cinéastes poursuivis, le public international se doit de briser ce silence insoutenable. Pour cela, deux moyens d'action : signer la pétition proposée par les représentants du cinéma français, mais surtout aller voir les films des cinéastes inquiétés par le régime comme Au revoir ou Ceci n'est pas un film, actuellement en salles, afin de  prouver que leur parole n'est pas encore complétement étouffée.

Sept artistes iraniens arrêtés pour « espionnage »

Posté par MpM, le 20 septembre 2011


L'étau se resserre sur le monde du cinéma iranien. Alors que Jafar Panahi est assigné à résidence depuis des mois, attendant la décision de la cour d'appel sur sa condamnation à six ans de prison, et qu'il ne se passe pas un mois sans que l'on apprenne une nouvelle arrestation ou brimade à l'encontre d'un cinéaste (Mojtaba Mirtahmasb, Mahnaz Mohammadi...), ce sont sept nouveaux artistes iraniens qui viennent de faire l'objet d'une énième offensive de la police secrète du régime iranien.

Mojtaba Mirtahmasb (réalisateur), Nasser Saffarian (réalisateur), Hadi Afarideh (réalisateur), Mohsen Shahnazdar (journaliste et documentariste), Shahnam Bazdar (réalisateur), Mehrdad Zahedian (réalisateur) et Katayoune Shahabi (productrice de cinéma) ont été arrêtés chez eux ou dans leurs bureaux durant le week-end dernier et transférés à la section 209 de la tristement célèbre prison Evin à Téhéran.

Selon le communiqué publié par la Cinémathèque française, qui suit de très près le sort des réalisteurs iraniens persécutés par le régime, les médias gouvernementaux iraniens tentent d’accréditer une version selon laquelle les cinéastes indépendants arrêtés seraient des espions au service de la BBC. Les agences de presse liées au gouvernement iranien auraient quant à elles publié une information selon laquelle les correspondants de la BBC à Téhéran auraient été arrêtés.

Lundi 19 septembre, un autre cinéaste iranien sous le coup d'une condamnation à six années de prison, Mohammad Rasoulof, était présent lors de l'avant-première de Ceci n'est pas un film de Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb (en salles le 28 septembre). Le réalisateur, qui a paradoxalement pu bénéficier d'une autorisation de quitter l'Iran pour accompagner son film Au revoir (en salles actuellement), n'a pas prononcé le moindre mot, pour des raisons de prudence que l'on comprend aisément, mais a reçu en retour une longue standing ovation de la part du public de la cinémathèque.

Le fils de Mojtaba Mirtahmasb a également déclenché une forte émotion en rappelant une des phrases favorites de son père : "Dans une situation obscure, je ne dégaine pas une épée, j'allume une lumière", avant de conclure : "Avec un tel père, je ne me perdrai jamais." C'est probablement ce qui inquiète tant Téhéran : qu'avec de tels hommes, le peuple iranien ne se perde jamais dans l'obscurantisme et la peur qu'on cherche à leur imposer.

Iran : Rasoulof à Paris, Mirtahmasb interdit de sortie

Posté par vincy, le 7 septembre 2011

Le régime iranien continue de jouer avec le chaud et le froid concernant ses cinéastes. Tandis que Jafar Panahi est toujours assigné à résidence, le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof a pu venir à Paris pour y promouvoir la sortie de son film, Au Revoir. Condamné l'an dernier à six ans de prison pour propagande hostile au régime, il n'avait pas pu se déplacer au Festival de Cannes pour présenter son film à Un Certain regard, où il avait reçu le prix de la mise en scène.

Après avoir fait appel et avoir été assigné à résidence, il a reçu, durant le Festival de Cannes, l'autorisation de quitter l'Iran.

En venant à Paris, il officialise son premier déplacement à l'étranger. Contrairement à l'éhroïne de son film, il a pu partir "sans problème". Au revoir sort aujourd'hui sur les écrans français. Le film avait été tourné en quasi clandestinité durant l'hiver dernier.

Mohammad Rasoulof risque toujours une condamnation de six ans de prison.

Mais le régime iranien ne s'assouplit pas puisque le coréalisateur avec Jafar Panahi de Ceci n'est pas un film, l'Iranien Mojtaba Mirtahmasb s'est vu interdit de sortie de territoire hier. Le film, présenté en séance spéciale au Festival de Cannes, avait été lui aussi tourné dans la clandestinité avant d'être transporté dans une clef USB vers la France.

Mojtaba Mirtahmasb s'est vu confisquer son passeport au moment d'embarquer lundi avec sa femme et son fils pour un vol en direction de Paris.

Mojtaba Mirtahmasb "est désormais interdit de sortie du territoire iranien et ses affaires personnelles (ordinateur portable, carnets de notes) ont également été confisquées par les autorités iraniennes. Seuls sa femme et son fils ont eu l’autorisation de voyager. Nous sommes particulièrement préoccupés des conséquences de cet acte pour Jafar et Mojtaba", avance-t-on encore chez la société Wide, en charge des ventes internationales du film.

Le réalisateur devait venir en France pour la promotion de son film qui sera dans les salles le 28 septembre.

Le monde du cinéma se mobilise pour Mahnaz Mohammadi

Posté par MpM, le 29 juin 2011

Les réactions n'ont pas tardé suite à l'arrestation dimanche de la cinéaste et actrice iranienne Mahnaz Mohammadi, fortement engagée dans la lutte en faveur des droits des femmes. On ignore actuellement où elle se trouve et sous quel chef d'accusation elle a été arrêtée, comme l'a souligné la société des réalisateurs français (SRF). Toutefois, les causes possibles de cette arrestation ne manquent pas.

En effet, Mahnaz Mohammadi (dont le film Femmes sans ombre a été primé dans de nombreux pays) n'a jamais caché ses réticences face au régime en place. Elle avait ainsi contribué au documentaire de Rakhshan Bani-Etemad sur les élections iraniennes de juin 2009, Nous sommes la moitié de la population, et était considérée depuis longtemps comme une "activiste politique" aux prises de position audacieuses. Il y a quelques mois, ses outils de travail (ordinateur, caméras) lui avaient été confisqués. En mai dernier, elle s'était également vu refuser le droit de quitter l'Iran, alors qu'elle devait accompagner à Cannes le film Noces éphémères de Reza Serkanian dans lequel elle a le rôle principal.

A cette occasion, alors qu'un débat sur la liberté d'expression était justement organisé par la SRF, la jeune femme avait envoyé un message aux participants, message relayé par Costa-Gavras. "Je suis une femme, je suis cinéaste, deux raisons suffisantes pour être coupable dans ce pays", écrivait-elle. "Actuellement, je réalise un nouveau documentaire sur les femmes de mon pays. Le combat des femmes pour leur identité est un élément incontournable de leur vie de tous les jours… et la liberté est le mot qui manque le plus à leur quotidien.  J'aurais vraiment aimé être parmi vous, chers amis.  Hélas, n’ayant pas l’autorisation de sortir de mon territoire, je suis privée de partager cette joie avec vous. Mais j'attends toujours et j'ai de l'espoir."

Selon le site de l'ancien premier ministre Mir Hossein Moussavi (actuellement en résidence surveillée) cité par l'AFP, Mahnaz Mohammadi aurait été arrêtée par des agents des forces de sécurité "qui pourraient appartenir aux services de renseignement des Gardiens de la révolution", le bras idéologique et armé du régime iranien. La réalisatrice avait déjà été arrêtée puis relâchée en juillet 2009 en même temps que le cinéaste Jafar Panahi.

Tandis que la SRF lançait immédiatement une pétition de soutien à la jeune femme (signée notamment par Gilles Jacob, Jean-Paul Salomé, Elie Chouraqui, Bertrand Blier, Marceline Loridan-Ivens, Claude Miller et les membres de la SRF), le président de la Cinémathèque française, le cinéaste Costa Gavras, s'est publiquement ému du sort réservé à Mahnaz Mohammadi qui avait présenté son film Travelogue à la cinémathèque en juin 2010 lors d'une journée dédiée au cinéma iranien.

Deux autres artistes iraniennes (Maryam Majd, qui devait recevoir un prix à Berlin pour ses photos sur le sport féminin en Iran, et la journaliste Zahra Yazdani, spécialiste des questions sociales et économiques) ont elles aussi été arrêtées les 17 et 21 juin derniers. Ces trois artistes iraniennes sont poursuivies "simplement parce qu’elle ont le courage d’exercer leur métier et leur talent en revendiquant leur liberté", a déclaré Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, soulignant que "ces inacceptables privations de liberté s’ajoutent aux menaces qui pèsent toujours sur les deux cinéastes Jafar Panahi et Mohamed Rasoulov, assignés à résidence." Le ministre a également rappelé que les artistes iraniens censurés et harcelés "peuvent compter sur le soutien sans faille de la France."

On ne pouvait mieux dire, même si ce soutien ne pourra pas éternellement se résumer à des condamnations verbales prononcées à des milliers de kilomètres de Téhéran. Surtout si les arrestations continuent à se multiplier. Car pour une personnalité médiatique arrêtée, combien d'anonymes qui croupissent dans les prisons iraniennes ?! Comme dans un bon film politique, on aimerait voir ce régime tyrannique remis sérieusement en question, dans ce qui pourrait être un nouvel épisode de la "Révolution arabe". Enfin une suite que l'on regarderait avec intérêt et plaisir.

Cannes 2011 : Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof rejoignent la sélection officielle

Posté par MpM, le 7 mai 2011

liberté pour jafar panahiOn se demandait par quel acte symbolique le Festival de Cannes marquerait cette année son soutien au cinéaste iranien Jafar Panahi, condamné à six années de prison et vingt ans d'interdiction de travail. L'an dernier, il avait été invité au jury de la compétition officielle, où une chaise vide avait symbolisé son absence pendant tout le Festival.

Pour cette 64e édition, non seulement un siège vide à l’orchestre du Théâtre Croisette (lieu de projection de la Quinzaine des Réalisateurs) continuera de rappeler son absence, mais surtout, son dernier film intitulé In Film Nist (Ceci n'est pas un film), cosigné avec Mojtaba Mirtahsmab, sera présenté en séance spéciale le vendredi 20 mai. Il s'agit d' "un journal de bord" qui "raconte comment, depuis des mois, Jafar Panahi est en attente du verdict de la cour d'appel".

Par ailleurs, le film Bé Omid é Didar (Au revoir) de Mohammad Rasoulof (lui aussi condamné à six années de  prison) sera projeté le 13 mai dans le cadre de la section Un certain Regard.

Les deux films ont été "réalisés dans des conditions semi-clandestines" et "sont parvenus au Festival ces derniers jours", précisent les organisateurs, qui soulignent "l'acte de courage en même temps que  [le] merveilleux message artistique" des deux réalisateurs.

Le 5 mai dernier, Jafar Panahi, qui est assigné à résidence à Téhéran, avait envoyé un message au Festival, dans lequel il déclarait : "Le fait d'être en vie et le rêve de garder le cinéma iranien intact nous encouragent à dépasser les restrictions actuelles qui nous sont faites".

Journée de soutien à Jafar Panahi : rassemblement à la Cinémathèque française

Posté par MpM, le 11 février 2011

liberté pour jafar panahiA l'appel du réalisateur Rafi Pitts, l'industrie cinématographique est invitée à respecter un arrêt de travail aujourd'hui entre 12h30 et 14h30 en soutien aux cinéastes iraniens Jafar Panahi et Mohammad Rasoulov, condamnés à six ans de prison et vingt années d'interdiction de travail.

De nombreuses personnalités ont apporté leur soutien à cette mobilisation qui a lieu symboliquement le jour du 32e anniversaire de la révolution iranienne. A Paris, un rassemblement est prévu au même moment devant la Cinémathèque française rue de Bercy. A Berlin, cette première journée du festival est également consacrée aux deux artistes.

Dans l'attente d'une décision de justice, Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof peuvent être arrêtés à tout moment, aussi est-il important de montrer aux autorités iraniennes que le sort des deux hommes importe à des milliers de personnes à travers le monde et que quoi qu'il arrive,  nous ne les oublions pas.

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Rassemblement devant la Cinémathèque française, 51 rue de Bercy, 12e, de 12h30 à 14h30.

Rétrospective Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof à la Cinémathèque

Posté par MpM, le 1 février 2011

liberté pour jafar panahiDu 3 au 28 février 2011, la cinémathèque française diffusera un film du cinéaste iranien Jafar Panahi ou de son confrère Mohammad Rasoulof chaque jour à 18h. "Montrer leurs films, c'est une manière de les défendre et de militer en faveur de leur liberté", a estimé la Cinémathèque qui s'engage à reverser la totalité des recettes récoltées à l'Association des Amis de Jafar Panahi.

Elle est appuyée dans cette initiative par le Festival de Cannes et la SACD qui étaient également à l'origine de la pétition en faveur des deux réalisateurs iraniens signée par plus de 20 000 personnes dans le monde.

Parmi les signataires, on retrouve de nombreux cinéastes, comédiens et comédiennes, écrivains et personnalités diverses dont Francis Ford Coppola, Wong Kar-wai, David Lynch, Michael Moore, Jacques Rivette, Quentin Tarentino, Bertrand Tavernier, Apichatpong Weerasethakul, Emir Kusturica, Catherine Deneuve, Helen Mirren, Jeanne Moreau, Hanna Schygulla, Elisabeth & Robert Badinter, André Glucksmann, Patrick Modiano...

La mobilisation en faveur des deux réalisateurs condamnés à six ans de prison et vingt années d'interdiction de tourner s'intensifie à l'approche de  la décision des autorités iraniennes sur la recevabilité de leur appel. Une soirée de soutien se tient ce mardi 1er février au cinéma La Pagode tandis qu'un appel à cesser le travail le 11 février prochain a été lancé par Rafi Pitts.

Par ailleurs, le festival de Vesoul consacrera sa soirée de clôture à Jafar Panahi. Quant à la Berlinale, où le réalisateur aurait dû siéger en tant que juré, elle l'a déclaré "cinéaste du monde" et lui rendra hommage en diffusant chacun de ses films pendant le festival.  

Pourtant, en dépit de cette mobilisation unanime, l'inquiètude se fait plus lourde : après Berlin, Cannes, Vesoul, Venise... en 2010, combien de temps encore sa chaise restera-t-elle vide dans les mois et les années à venir ?

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Programmation
Le Ballon blanc - Le Miroir - Le Cercle - Sang et Or - Hors Jeu de Jafar Panahi
La Parabole et La Vie sur l’eau de Mohammad Rasoulof

Calendrier des projections sur www.cinematheque.fr

Berlin 2011 : le festival se mobilise pour Jafar Panahi

Posté par MpM, le 20 janvier 2011

liberté pour jafar panahiLe Festival de Berlin poursuit la mobilisation en faveur de Jafar Panahi. Après avoir invité le réalisateur iranien à faire partie du jury de son édition 2011, ce qui ne sera pas possible en raison de la condamnation qui le frappe,  les organisateurs ont annoncé que la Berlinale 2011 préparait plusieurs actions de soutien.

Ainsi, les différentes sections du festival (Panorama, Forum, Génération...) ont chacune ajouté un film de Jafar Panahi à leur programmation. La première projection aura symboliquement  lieu le 11 février, jour du 32e anniversaire de la révolution iranienne, et proposera aux festivaliers et au public de revoir Hors-jeu, ours d'argent 2006, dans le palais où a lieu la compétition officielle. D'autres projections suivront tout au long de la manifestation.

Une table ronde aura également lieu le 17 février sur le thème de la censure et de la restriction de la liberté d'expression en Iran. Plusieurs artistes iraniens seront présents, dont le réalisateur et acteur Rafi Pitts (The hunter) qui a lancé un appel à cesser le travail le 11 février prochain en soutien à ses collègues Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof (voir actualité du 4 janvier).

Au moment où artistes et intellectuels du monde entier se mobilisent pour obtenir son acquittement, Jafar Panahi est en liberté surveillée. Il a fait appel du premier jugement qui le condamnait à six ans de prison et vingt ans d'interdiction de travailler, de s'exprimer dans la presse ou encore de voyager. Alors qu'il attend la décision finale des juges, il fait l'objet bien malgré lui d'une polémique entre le pouvoir exécutif (proche d'Ahmadinejad) et le pouvoir judiciaire, détenu par les ultra-conservateurs. Esfandiar Rahim Mashaie, le chef de cabinet du président iranien, a en effet déclaré que "le jugement contre [Jafar Panahi] a été prononcé par la justice, et le gouvernement et le président ne partagent pas cet avis." Ajoutant : "nous n'approuvons pas le fait que Jafar Panahi ne puisse pas travailler pour une longue période."

Esfandiar Rahim Mashaie, un proche d'Ahmadinejad, est considéré comme la "bête noire" des plus conservateurs du régime qui l'accusent régulièrement d'être trop libéral dans ses déclarations et de ne pas assez se conformer aux dogmes islamiques en matière de culture, religion ou libertés civiles. Les deux courants se sont ainsi opposés à plusieurs reprises ces derniers mois, ce qui donne une petite idée de l'ambiance qui règne dans les hautes sphères du pouvoir en Iran... tout en rappelant que la situation politique du pays est plus complexe qu'on veut parfois le croire. Quant à savoir si cette divergence d'opinion servira la cause de Jafar Panahi... difficile à dire, tant les deux camps semblent capables de se réconcilier sur son dos.

Appel à cesser le travail le 11 février 2011 en soutien à Jafar Panahi

Posté par mp, le 4 janvier 2011

Le cinéaste iranien Raffi Pitts a lancé un appel à cesser le travail symboliquement entre 15h et 17h le 11 février prochain, en solidarité avec Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, condamnés à six ans de prison et vingt années d'interdiction de tourner ou de quitter le territoire iranien. Cet appel s'adresse aux réalisateurs et aux membres de l'industrie cinématographique "quelles que soient leur nationalité, frontières, religions ou convictions politiques".

Dans une lettre ouverte au président iranien Mahmoud Ahmadinejad, Rafi Pitts déclare : "En 1979, il y a eu une Révolution. Sa commémoration, le 32e anniversaire de notre révolution iranienne, se tiendra le 11 février 2011. Je vous rappelle ces faits car j’ai l’impression que vous en avez  oublié les causes. Je me trompe peut-être, ou peut-être devriez-vous vous expliquer.  Vous avez peut-être votre propre définition de notre révolution… Dans ce cas, je pense que vous devriez répondre à la question : Pourquoi avons-nous eu une révolution en 1979 ? Le temps est également venu de clarifier vos raisons pour l’éviction des cinéastes. Vos raisons pour vouloir sacrifier une vie, une carrière, au nom de la Révolution, ou peut-être ma question n’est-elle pas la bonne : ne s’agit-il pas tout simplement  de votre réélection ?"

Le cinéaste iranien souligne également que ses deux confrères ont été condamnés pour une simple idée, celle d'un film qu'ils n'ont même pas eu le temps de faire : "Ils sont tous deux punis de s’être intéressés à leurs compatriotes. Punis d’avoir voulu comprendre les événements de juin 2009. Punis de s’être préoccupés des vies perdues dans les conflits issus des élections."

Il rappelle enfin que "les candidatures [de l'opposition] étaient validées par le régime. Les choix étaient clairs et parfaitement légaux. Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof ont pris leur décision aux côtés de la majorité de notre industrie cinématographique. C’est devenu le Mouvement Vert. C’est un droit qui nous avait été donné."

Alors que l'on attend la décision en appel qui statuera sur le sort de Jafar Panahi et de Mohammad Rasoulof, de nombreuses voix se sont déjà élevées pour protester contre la persécution dont sont victimes les deux cinéastes. Le Festival de Berlin a réservé une place de membre du jury au réalisateur, place qui risque de rester vide, exactement comme lors du dernier festival de Cannes. Le festival des cinémas d'Asie de Vesoul a quant à lui décidé d'apporter son soutien à Jafar Panahi en lui consacrant sa soirée de clôture. On attend également des actions de la part du comité de soutien initié par Thierry Frémeaux dès l'annonce de la décision de justice. Chacun est invité à participer à cette grande vague de mobilisation en signant la pétition en ligne. Et pour cela, nul besoin d'attendre le 11 février...