La Cinémathèque française, voyages à Métropolis et chez Tim Burton

Posté par vincy, le 28 août 2011

Pour l'année 2010/2011, la Cinémathèque française va nous en mettre plein les yeux. Après le triomphe de l'exposition Stanley Kubrick (un record de 140 000 visiteurs!), la Cinémathèque proposera des voyages autour du monde : USA, Italie, Japon, Outre-mer, Estonie, Japon, Hong Kong, Israël, Egypte, Argentine,...

Voici un choix non exhaustif et subjectif de la part de la rédaction : les 7 événements à ne pas manquer.

Blake Edwards (24 août -17 octobre) : le prince de la comédie américaine élégante récemment disparu (voir actualité du 16 décembre 2010)a les honneurs d'une rétrospective, qui voit défiler la Panthère rose, Boire et déboires, The Party, La grande course autour du monde, Le jour du vin et des roses, S.O.B., Victor Victoria et le mythique Diamants sur canapé.

Shirley Maclaine (29 août - 5 septembre) : hommage à l'une des reines du cinéma américain, conjointement à celui du Festival de Deauville. La soeur de Warren Beatty reste l'une des rares comédiennes à avoir su traverser les époques. Au programme, Bienvenue Mister Chance, Comme un torrent, La garçonnière, Irma la Douce, Mais qui a tué Harry? (un Hitchcock délicieux), Tendres passions, La rumeur...

Metropolis (19 octobre -29 janvier) : le film culte de Fritz Lang avait fait l'objet d'une projection en plein air Porte de Brandebourg lors de la Berlinale 2010. Voici l'exposition qui était, à l'époque, au Musée du cinéma de Berlin, à la fois making of du film et de sa restauration. A cela s'ajoutera une rétrospective Fritz Lang, des conférences (dont l'une sur l'invention du décor), une lecture, un cycle Cités futuristes (d'Akira à Total Recall), une sortie DVD de Metropolis et deux livres (Fritz Lang au travail, Metropolis). / voir aussi notre actualité du 13 février 2010

Steven Spielberg : avec deux films cette année, la Cinémathèque ne pouvait pas passer à côté du cinéaste. Pour Cheval de guerre, une rétrospective, qui sera inaugurée en sa présence, est prévue. Spielberg lancera ainsi les festivités de ses 40 ans de cinéma (Duel), en attendant un livre-anthologique prévu avant l'été.

Alain Cavalier : le succès de Pater légitime d'autant plus le cycle qui lui sera consacré au printemps. Le cinéaste libre fera une "conversation informelle" avec les cinéphiles et permettra de (re)découvrir ses oeuvres intimes souvent passées inaperçues, mais aussi ses films "plus classiques" qui ont bâti sa réputation. Il sera là tous les jours pour dialoguer avec le public.

Tim Burton (7 mars 2012) : première étape de la tournée mondiale de l'exposition lancée au Museum of Modern Art de New York avec succès (700 000 visiteurs!), "L'art dans tous ses états" sera l'un des événements culturels de l'année. Toutes les facettes de l'artiste seront dévoilées : photographe, illustrateur, scénariste, ... le décor sera encore au coeur de cette exposition phare qui revisitera ses films et son univers. Une Master class avec Burton est programmée, en plus de l'intégrale des films et d'une carte blanche!

Bernardo Bertolucci : l'un des derniers géants du cinéma italien mérite cette rétrospective. En sa présence, "il maestro" reviendra sur cet itinéraire peu conformiste, son engagement politique et social... il parlera aussi sans doute de son nouveau film en 3D, moins d'un an après sa Palme d'or d'honneur à Cannes (voir actualité du 11 mai 2011).

et aussi : la France de l'outre-mer au cinéma, le cinéma fantastique français, les 100 ans du cinéma estonien, un hommage à Nanni Moretti (en sa présence), la musique de films avec Gabriel Yared, une rétrospective Robert Altman, une histoire du cinéma égyptien, un cycle Kiyoshi Kurosowa, Serge Daney... et un colloque international sur le cinéma numérique les 13 et 14 octobre ("Quel avenir pour les Cinémathèques?").

Pina, Le Havre et Les Mystères de Lisbonne sélectionnés par le Parlement Européen

Posté par vincy, le 4 juillet 2011

Le prix Lux du parlement européen a révélé sa premier sélection lors du Festival international du film de Karlovy Vary (Rép. Tchèque). Créé en 2007, ce prix valorise le cinéma européen et ses forces créatives. Les dix sélectionnés seront réduits à trois lors du festival de Venise avant de connaître le gagnant en novembre. Celui-ci gagnera le soutien financier nécessaire pour que les copies du films soient sous-titrées dans les 23 langues officielles de l'Union Européenne.

Les 10 sélectionnés :

Morgen, de Marian Crisan - Festival de Locarno

Les neiges du Kilimandjaro, de Robert Guédiguian - Festival de Cannes

Le Havre, d'Aki Kaurismaki - Festival de Cannes

Habemus Papam, de Nanni Moretti - Festival de Cannes

Play, de Ruben Ostlund - Festival de Cannes

Mystères de Lisbonne, de Raul Ruiz - Festival de San Sebastian

Essential Killing, de Jerzy Skolimowski - Festival de Venise

Le cheval de Turin, de Bela Tarr - Festival de Berlin

Attenberg, d'Athina Rachel Tsnagari - Festival de Venise

Pina, de Wim Wenders - Festival de Berlin

Joyeuses Pâques Monsieur le Pape, signé Nanni Moretti

Posté par vincy, le 25 avril 2011

Dès son premier week-end, Habemus Papam, le nouveau film de Nanni Moretti (voir actualité du 20 décembre 2009), est arrivé 2e du box office italien, juste derrière Rio. 1,3 millions de recettes sur 447 écrans (150 de mois que le dessin animé américain et donc une bien meilleure moyenne par copie).

Habemus Papam, en compétition au prochain Festival de Cannes, avec dans le rôle du pape, Michel Piccoli, ne bat pas le précédent record du réalisateur (Le Caïman, 2 millions d'euros sur 370 écrans). A croire qu'une allégorie de Berlusconi est plus "vendeur" qu'un pape fictif. Ceci-dit le Vatican reste de l'ordre de l'intouchable en Italie, le Pape étant souvent considéré comme le chef d'Etat du pays.

L'idéal aurait été une polémique, un boycott, une tentative de censure. Mais le Vatican a été plus malin, feignant l'indifférence ou la distance. Les JMJ auront le droit à leur manga (avec Mon Pape, ce héros). Cela ne veut pas dire qu'un cinéaste de gauche a le droit de toucher à l'icône.

Dans le film de Moretti, le pape est saisi de panique, et se met à fréquenter un psychanalyste. La comédie est satirique et tendre. "Je voulais raconter ce personnage tellement fragile qui se sent inadapté pour remplir ce rôle, mais à l'intérieur d'une comédie", a expliqué Nanni Moretti, lors de sa conférence de presse italienne. "Je voulais raconter ce sentiment de se sentir inadapté qui saisit tous les cardinaux après être élus".

Benoît XVI ne raconte pas autre chose dans son livre, Lumière du monde, évoquant "un choc" lors de son élection.

Le Pape est un roc

Pourtant le Vatican est divisé. Certains trouvent le film génial comme Marco Politi, vaticaniste du journal Il fatto. "C'est une recherche sur le sens du pouvoir, sur la solitude, sur le besoin d'affection" dit-il. "Ce film exprime un très grand respect pour l'Eglise. Je dirais même qu'au fond ce film est le fruit des 27 ans de pontificat de Jean Paul II, qui a réussi à rendre l'Eglise de nouveau intéressante pour des millions de personnes, y compris des non-croyants. "Intéressant" signifie aussi pouvoir discuter, débattre. L'Eglise n'est plus restée à la marge, mais a été ramenée au centre de la scène." Radio Vatican et la revue des Jésuites Civiltà Cattolica ont recommander le film.

Mais dans une lettre publiée par le journal des évêques italiens, Avvenire, Salvatore Izzo appelle les catholiques à boycotter ce film  "Aller le voir revient à récompenser un film qui ennuiera profondément les non-croyants", selon lui. "On ne doit pas toucher au pape, roc sur lequel Jésus a fondé son Eglise", affirme-t-il, tout en s'en prenant aux critiques catholiques, qui absolvent le cinéaste, "au nom de la justification bien étrange que Moretti aurait pu être bien plus méchant". "Pourquoi devrions-nous financer celui qui offense notre religion?" L'obscurantisme n'est pas encore révolu...

Absence de foi

Cependant aucune condamnation officielle n'a été émise. Le boycott est peu suivi. Les voix médianes ont bien compris que la moindre polémique, dénuée de fondements, ferait une publicité incroyable au film. Seule critique religieusement pertinente, celle de Monseigneur Roberto Busti, qui critique "la volonté de Moretti d'introduire au Vatican la psychanalyse, thème qui lui est cher depuis toujours". Il déplore "l'affirmation" du film selon laquelle "la foi ne peut remédier aux faiblesses naturelles". "De la foi, l'histoire ne parle pas", dit-il en regrettant l'opposition entre intimité et foi que postule Moretti.

Le réalisateur s'en amuse en rappelant que son travail repose sur la liberté d'expression. "Si les gens veulent boycotter mon film, qu'ils le fassent, mais seulement après l'avoir vu!" On croirait du Woody Allen...

2000-2009 : Les 10 Palmes d’or

Posté par vincy, le 22 décembre 2009

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L'Europe est la grande puissance dominatrice du palmarès cannois. Seulement deux films venus des Etats-Unis. Les Dardenne ont ajouté une deuxième Palme à leur filmographie. Von Trier, Moretti, Loach et Haneke, grands habitués de la Croisette et vétérans du 7e art d'auteur, ont conquis la récompense suprême, à force de sélections. Une prime à la classe... Finalement seuls le roumain Mungiu et le français Cantet font figure de révélation issue d'une nouveau genre de cinéma, entre documentaire et réalité, ce que représentent aussi très bien les deux Palmes américaines de Van Sant et Moore.

Côté public, il est intéressant de constater la suprématie d'un documentaire devant deux films français (mais un francophone) et une comédie musicale au casting international. Les quatre seuls millionaires. Notons que sans Palme, aucun de ces films n'auraient atteint de tels scores. 300 000 spectateurs pour un film roumain ou les presque 600 000 pour une oeuvre austère en noir et blanc, c'est, dans le contexte de cette fin de décennie, inespéré.

Voici les palmes avec leur box office français entre parenthèses.
2000 : Dancer in the dark (1 120 100)
2001 : La chambre du fils (598 437)
2002 : Le pianiste (1 400 000)
2003 : Elephant (616 771)
2004 : Fahrenheit 9/11 (1 979 186)
2005 : L’enfant (310 720)
2006 : Le vent se lève (876 370)
2007 : 4 jours, 3 semaines et 2 jours (297 558)
2008 : Entre les murs (1 500 677)
2009 : Le ruban blanc (550 000, encore en exploitation)

Piccoli en pape chez Moretti

Posté par vincy, le 20 décembre 2009

Comme nous vous l'annoncions le 21 mai dernier, Nanni Moretti (Palme d'or en 2001 pour La chambre du fils), s'attaque au Pape dans son prochain film. La comédie Nous avons un pape (9 millions d'euros de budget) se tournera en janvier. Grand habitué des cinéastes italiens (sept films avec Ferreri, mais aussi Bellocchio, Scola, Castellitto, ...), Michel Piccoli incarnera un cardinal qui deviendra fortement angoissé après avoir été élu pape. Pour cela il consultera le psy du pape, joué par Moretti. Le Vatican aurait eu le droit de lire le scénario...

Les ventes du film commenceront à Berlin. Cannes semble difficile à envisager en terme de délais. Mais Venise guette.

Les nouveaux films de Nanni Moretti, Ari Folman et François Ozon en chantier…

Posté par vincy, le 21 mai 2009

Et l'on pense déjà à l'année prochaine. Cannes n'a pas encore retrouvé sa tranquillité, que les accords signés préfigurent des films à venir. Ainsi Nanni Moretti, Palme d'or 2001, et sélectionné régulier, va réaliser son nouveau film à Rome et à Florence cette été et devrait être prêt pour le festival de l'an prochain. Nous avons un Pape est budgété à 9 millions d'euros. Moretty y sera un psychiatre appelé par un Cardinal du Vatican qui ne sent pas prêt à devenir Pape.

De même Ari Folman, à qui l'on doit Valse avec Bashir, a décidé d'adapter le roman de Stanisla Lem, The Congress. Le film mélangera prises de vues réelles et animation et vise une sortie en 2011. Enfin, François Ozon ne sera pas à Cannes, mais il termine actuellement le tournage de son nouveau film, Le refuge, avec Isabelle Carré et Melvil Poupaud (avec qui il avait tourné Le temps qui reste). Sorties en salles autour de Berlin 2010.

Villerupt accueille Nicola Piovani

Posté par MpM, le 11 novembre 2008

Nicola PiovaniDans le cadre de sa rétrospective "Maestro… Musica : les cinéastes italiens et la musique", le festival de Villerupt avait invité le compositeur oscarisé Nicola Piovani (La vie est belle, La chambre du filsIntervista…) à venir se produire avec son groupe lors d’une soirée spéciale. Accompagné tour à tour d’une clarinette, d’un saxophone, d’une guitare, d’un violoncelle, d’une batterie ou encore d’une contrebasse, le Maître italien installé au piano a interprété ses plus célèbres airs réorchestrés pour cette formation en quintet.

Après s’être vu décerner L'Amilcar de la ville de Villerupt, Niola Piovani a accepté de revenir quelques instants sur son impressionnante carrière. "Je ne me souviens pas dans ma vie d’un jour sans musique", confie-t-il d’abord. "Mon orientation vers la musique de films est le résultat d’une combinaison entre mon désir et l’occasion qui m’a été offerte. En 1968, j’étudiais la philosophie à Rome. A l’université, un groupe faisait du cinéma et j’ai écrit pour eux mes premières musiques." Rapidement repéré par Marco Bellocchio, il compose pour tous ses films pendant plus de dix ans, puis se diversifie avec Giuseppe Tornatore (Il camorrista), Federico Fellini (Ginger et Fred) et Nanni Moretti (La messe est finie). "La plus grande musique que je connaisse, c’est celle de Huit et demi [par Nino Rota]", avoue-t-il. Fellini mettait ses compositeurs dans la plus grande confiance… à condition de donner le meilleur de soi-même ! Avec lui, on avait l’impression de donner beaucoup… mais si l’on faisait le compte, ensuite, on s’apercevait surtout de tout ce que l’on avait reçu. "

Toujours élégant, le compositeur rend également hommage aux musiciens l’accompagnant sur scène (et sur notre photo), "les meilleurs dans chaque rôle" précise-t-il, avant d’ajouter : "il m’est difficile d’imaginer quelque chose de mieux". Leur prestation, dynamique et enlevée, en a facilement convaincu les festivaliers.

La 61e édition de Locarno privilégie l’Europe et l’Amérique latine

Posté par MpM, le 17 juillet 2008

Le Festival de Locarno, qui se tiendra du 6 au 16 août prochains a dévoilé la tonalité de sa 61e édition. C’est le réalisateur israélien Amos Gitai qui se verra cette année décerner un léopard d’honneur tandis que l’Italien Nanni Moretti fera l’objet d’une rétrospective. Autres personnalités honorées : l’actrice Anjelica Huston (avec un Excellence award pour l’ensemble de sa carrière) et la productrice Christine Vachon (Prix Raimondo Rezzonico du meilleur producteur).

Côté sélections (le festival en compte six : Piazza grande, compétition internationale, compétition cinéastes du présent, compétition du léopard de demain, Ici et ailleurs, Play forward), la manifestation suisse mise sur de nombreuses premières mondiales, avec une domination appuyée de l’Europe dans le programme de la piazza Grande (cinq co-productions françaises, 5 germanophones, deux anglaises) et des pays latins dans la compétition cinéastes du présent (Argentine, Chili, Brésil, Espagne, Portugal, Italie…), tandis que la compétition internationale se distingue par le présence de nombreux jeunes réalisateurs (6 premiers films et 4 deuxièmes). On attendra plus particulièrement Plus tard tu comprendras d’Amos Gitai, avec Jeanne Moreau et Emmanuelle Devos, Palombella rossa de Nanni Moretti avec Asia Argento, La fille de Monaco d’Anne Fontaine avec Fabrice Luchini et Roschdy Zem, Back soon de Solveig Anspach ou encore Un autre homme de Lionel Baier avec Bulle Ogier.

Les quatre jurys chargés de départager les quelques quatre-vingt courts et long métrages en lice comprennent des personnalités de tous les horizons : Rachida Brakni (France), Masahiro Kobayashi (Japon), Goran Paskaljevic (Serbie), Paolo Sorrentino (Italie), Cao Guimarães (Brésil), Bertrand Bonello (France) ou encore Eran Kolirin (Israël).

Locarno continue d’explorer les cinémas différents

Posté par vincy, le 30 mai 2008

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Le 61e Festival du film de Locarno (6-16 août) aura l'occasion de perséverer dans sa découverte des jeunes auteurs et des nouvelles formes de narration. Même les hommages n'ont pas la même saveur qu'ailleurs.

Locarno a d'ores et déjà annoncé que le Prix Raimondo Rezzonico serait remis à la productrice américaine Christine Vachon. On lui doiy des films indépendants majeurs comme ceux de Todd Haynes (Loin du paradis, I'm not there), Larry Clark (Kids), John Cameron Mitchell (Hedwig and the Angry Itch), Todd Solondz (Happiness). Elle a aussi produit des films de Altman, Hawke, Romanek...

Un Léopard d'honneur sera décerné au cinéaste israélien Amos Gitai, qui succède ainsi à Wenders, Sokourov et Hisao-hsien. Il a résemment présenté Désengagement au festival de Venise et Plus tard, tu comprendras à celui de Berlin.

Enfin la rétrospective sera consacrée au réalisateur italien Nanni Moretti. une intégrale  dont Bellocchio, Dante, Kaurismaki ou Welles ont bénéficié ces dernières années. De Io sono un autachico (1976) à Il caimano (2006), ce sont 30 ans de cinéma et de vie italienne, à travers des longs, des moyens et des courts métrages qui seront retracés, en ajoutant des rushes, des documentaires sur l'artiste et des journaux de tournages. Locarno ne se privera pas de projeter aussi les films dont il est l'interprète ou le producteur. Un livre co-édité avec Les Cahiers du cinéma sera publié pour l'occasion.