Portrait de femmes chinoises : survie en milieu urbain

Posté par MpM, le 4 août 2009

portraitdefemmes.jpg "Tricoter un pull en plein été… il faut en avoir des choses à se reprocher !"

L'histoire : Daping et Chen Jin, qui ont quitté leur village natal pour s’installer dans une grande ville du sud de la Chine, vivent comme ils peuvent de petits boulots. Un jour, Haili, une ancienne copine de Chen Jin, vient s’installer chez eux et entraîne le jeune homme dans une affaire de contrebande.

Notre avis : Contrairement à ce que suggère le titre français, Portrait de femmes chinoises n’a rien d’une réflexion sur la condition féminine. En effet, le vrai-faux triangle amoureux est ici prétexte à montrer l’existence rude de jeunes ruraux ayant choisi de quitter la campagne pour tenter leur chance en ville. Sans misérabilisme ni sensationnalisme, l’écrivain et réalisatrice Yin Lichuan dépeint une réalité naturaliste faite de précarité matérielle, d’indifférence sociale mais aussi de tentation consumériste. Pour donner plus de force à son propos, elle reste constamment sur le fil d’un récit quotidien, presque banal, où rien de terrible ni de merveilleux n’arrive jamais. Cette impression est renforcée par une mise en scène épurée qui ne retient que l’essentiel de chaque séquence. Cela évite l’écueil du mélodrame (jamais d’éclats) tout en permettant une certaine distance avec les personnages. Portrait de femmes chinoises

Ceux-ci, des blocs monolithiques à la dureté non rhétorique, ne font de toute façon rien pour séduire le spectateur peu habitué à ce mélange de mutisme furieux et de cruauté vacharde qui est leur unique mode de communication. Peu importe  : l’ intérêt n’est pas de juger, ou même de comprendre ce qui anime ces trois-là, mais bien d’observer cette ville en construction, toute de verre et de béton mêlés, où les êtres humains n’aspirent qu’à posséder un lecteur dvd-karaoké et des téléphones portables branchés. Comme souvent dans le cinéma chinois de la jeune génération, les personnages, privés de repères et de rêves, n'ont ni l’énergie, ni le loisir de se préoccuper d’autre chose que de leur propre survie.