21e festival de Rennes : travelling sur Istanbul

Posté par MpM, le 8 février 2010

Travelling RennesL'originalité du festival Travelling de Rennes est de proposer année après année un coup de projecteur non pas sur une zone géographique donnée, mais sur la cinématographie générée autour d’une ville en particulier (Buenos Aires en 2008, Jérusalem en 2009) ou d’une thématique liée au cadre de vie urbain (”Une ville la nuit” en 2007). Pour sa 21e édition, la manifestation profite ainsi de l'année de la Turquie en France pour s'envoler à Istanbul, cité au parfum de mystère qui, située de part et d’autre du détroit du Bosphore, est à cheval sur l’Europe et l’Asie.

Un voyage forcément envoûtant qui offre l'occasion de revoir des oeuvres occidentales ayant Istanbul pour cadre (L'affaire Cicéron de Mankiewicz, L'immortelle d'Alain Robbe-Grillet, Topkapi de Jules Dassin...), des films turcs à la carrière internationale (De l'autre côté de Fatih Akin, Les gamins d'istanbul d'Omer Kavur, Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan...) et des longs métrages inédits (On est bien peu de choses de Reha Erdem, Men on the bridge d'Asli Ozge, Le temps d'aimer de Metin Erksan...).

Sans oublier de nombreux courts métrages, une section entière consacrée à des oeuvres singulières illustrant le renouveau d'un cinéma d'auteur turc (Lait de Semih Kaplanoglu vu à Venise, La dernière saison de Kazim Oz et My Marlon and Brando de Huseyin Karabey, tous deux sélectionnés à Paris...) qui conquiert les festivals du monde entier et un regard particulier sur les liens que tisse la Turquie avec ses voisins européens (notamment le dernier film de Fatih Akin, Soul kitchen).

A la vue de cette sélection riche et dense complétée par quelques temps forts tout aussi passionnants ("nanards" de Turquie, créations vidéo, ciné-concert, Travelling junior, rencontres et débats...), on comprend mieux comment le cinéma populaire turc réussit à faire plus d'entrées dans les salles du pays que les film américains ! Un exploit suffisamment rare pour être relevé... et qui pourrait inspirer un défi aux festivaliers rennois : l'espace d'une semaine, faire aussi bien !

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21e Festival de Rennes Métropole
Travelling Istanbul
Du 9 au 16 février 2010
Informations et horaires sur le site du festival

Vesoul 2010 : Omer Kavur et le visage de la Turquie

Posté par kristofy, le 1 février 2010

omerkavur.jpgLa 16ème édition du festival de Vesoul propose l’intégrale des films du réalisateur Omer Kavur, disparu il y a cinq ans, qui fût le chef de file (avec aussi d’autres comme Atif Yilmaz, Metin Erksan) du cinéma d’auteur en Turquie. Ses films abordent des sujets comme le doute identitaire, une incompréhension à communiquer avec les autres, le croisement de destinées, le temps qui passe et les souvenirs sont un de ses thèmes de prédilection. Omer Kavur a aussi étudié le cinéma à Paris et il a même été assistant d'Alain Robbe-Grillet. En 1986 son troisième film L’Hotel de la Mère Patrie est remarqué à Venise, ce qui lui ouvre les portes d’une reconnaissance internationale pour certains de ses films suivants.

Pour son film Le Visage Secret de 1991, Omer Kavur a travaillé le scénario en collaboration avec Orhan Pamuk, un écrivain qui fût récompensé plus tard en 2006 d’un prix Nobel de littérature. Suite à la demande d’une mystérieuse femme un photographe doit retrouvé un homme de l’une de ses photographies, mais après qu’elle ait croisé cet homme ils disparaissent. Le photographe va alors partir à le recherche de cette femme et aussi revenir dans son village… "Tout visage expressif raconte une histoire. Ce qui explique la tristesse des gens c’est leur incapacité à raconter leur histoire". Au bout de presque deux heures d’un récit assez énigmatique l’introspection du personnage principal donne sa clé.

La Turquie est aussi présente dans les films en compétition avec Des vies sans valeur de la réalisatrice Selda Cicek. Après un deuil particulièrement éprouvant la vie continue pour une famille qui nous fait apercevoir certains questionnements actuels des femmes. Une femme qui n’a jamais eu d’enfant ressent du rejet : un arbre sans fruit est maudit. Une autre femme enceinte n’est pas du tout enviée car elle attend une fille au lieu d’un garçon. Ce sont les questions d’une petite fille en particulier qui font ressortir une envie de changements. "Pourquoi une femme qui fume c’est un pêché ?... Il n’y a pas de pêchés pour les hommes." D’ailleurs un homme marié fréquente régulièrement sa maîtresse en imposant presque ce fait à son épouse. Enfin, un petit détail pas anodin autour du sous-titrage du film est que le mot Allah prononcé par un acteur est traduit par God en anglais et par Dieu en français.

Le Festival de Vesoul dévoile le contenu de sa 16e édition

Posté par MpM, le 5 décembre 2009

Vesoul 2010Pré-programme plus qu'alléchant pour le Festival des Cinémas d'Asie de Vesoul 2010 qui mettra l'accent sur l'Iran, la Turquie, Taïwan et le Vietnam.

Un cyclo d'honneur sera en effet remis au réalisateur iranien Jafar Panahi ainsi qu'à l'actrice iranienne Fatemeh Motamed-Arya pour leur "engagement talentueux au service de la liberté" tandis qu'un hommage sera rendu au réalisateur Ömer Kavur, chef de file de la nouvelle vague turque.

Un "regard sur le cinéma taïwanais" permettra aux festivaliers de découvrir la cinématographie propre à l'île de Taïwan, dont l'histoire et la culture a donné naissance à de grands réalisateurs comme Hou Hsiao-Hsien, Edward Yang ou Tsai Ming-liang. En plus de ces maîtres incontestés, d'autres cinéastes plus confidentiels seront mis en lumière, afin de couvrir les différentes périodes du pays.

Par ailleurs, le réalisateur Wan Jen, co-fondateur de la nouvelle vague taïwanaise, sera présent en tant que membre du jury de la compétition long métrage de fiction.

Enfin, comme chaque année, d'autres sections thématiques viendront compléter la programmation parmi lesquelles la sélection "Francophonie d'Asie" qui se concentre sur les documentaristes indépendants vietnamiens, le "regard de l'occidental sur l'Asie" articulé autour de "l'homme et la nature" et la soirée "Japanimation" réservée aux amateurs d'animés.

Avec un tel programme, les organisateurs, dont le slogan est cette année "piquer la curiosité du plus grand nombre, pour votre plus grand plaisir, et en mettant la qualité à la portée de tous", devraient confirmer le succès de la 15e édition qui avait attiré plus de 26 000 spectateurs en une semaine.