Champs-Elysées Film Festival 2015 : this is Orson Welles

Posté par MpM, le 12 juin 2015

orson wellesA l'occasion du centenaire d'Orson Welles, le Champs-Elysées Film Festival proposait en séance spéciale le documentaire This is Orson Welles de Clara et Julia Kuperberg et coproduit par la chaîne TCM.

Le film, qui faisait partie de la dernière sélection Cannes Classics, se veut une plongée intime dans la carrière d'Orson Welles à travers les témoignages de ses proches et admirateurs dont Martin Scorsese et Peter Bogdanovitch, d'extraits de ses films et de morceaux d'une interview donnée par Welles lui-même.

Si les spécialistes de l'acteur et réalisateur n'apprendront probablement rien sur les déboires et déceptions qui ont jalonné sa carrière, le documentaire se révèle en revanche une excellente première approche pour ceux qui méconnaissent la vie et l'oeuvre de Welles.

De manière assez didactique, This is Orson Welles revient ainsi sur les moments forts de l'existence du "maître" (de ses débuts fracassants à la radio avec La guerre des mondes à son mariage avec Rita Hayworth), aborde chronologiquement la plupart de ses films et esquisse à grands traits son portrait.

Un portrait qui, sans surprise, laisse entrevoir un génie cinématographique incompris, novateur et à contre-courant, doté d'un formidable sens de l'humour et de l'auto-dérision. Presque une allégorie de l'artiste maudit, qui déclarait prophétiquement : "ils m'adoreront quand je serai mort".

Pris par le temps, le documentaire se contente alors parfois de lancer des pistes de lecture et de réflexion autour du "mystère" Orson Welles, laissant la charge au spectateur de les poursuivre par lui-même. Pour comprendre en quoi Citizen Kane a révolutionné la grammaire du cinéma, le mieux reste donc encore de revoir le film au plus vite.

74 ans après, Citizen Kane revient sur les lieux de son crime

Posté par vincy, le 24 mars 2015

74 ans après sa première séance, au Hearst Castle, Citizen Kane, le grand classique d'Orson Welles a été projeté au même endroit. A peu de choses près: le château n'ayant pas de salle de projection, elle a eu lieu au centre d'accueil du site. Le Hearst Castle avait été l'inspiration de la résidence Xanadu du héros du film. 60 heureux spectateurs ont quand même du débourser 1000$ pour assister à l'événement. Mais c'était pour la bonne cause, raconte Variety, puisqu'il s'agissait d'une opération de mécénat au profit du San Luis Obispo International Film Festival et des Amis du Hearst Castle, chargés de la préservation du lieu.

Les héritiers du magnat des médias William Hearst se sont associés au Festival du film de San Luis Obispo en 2012.

Il est ironique de constater que le chef d'oeuvre de Welles soit adoubé par la famille de Hearst aujourd'hui quand on sait à quel point le puissant patron avait tout fait pour interdire le film sorti en 1941.

La séance a été présentée le 13 mars par le petit fils d'Herman Mankiewicz, Ben, qui a coécrit le film avec le réalisateur. Le scénario a gagné l'Oscar l'année suivante.

Le 21e Festival du film de San Luis Obispo (10-15 mars derniers) allie plaisirs cinéphiles et dégustations de vin (californien).

Le 12ème film d’Orson Welles pourrait sortir au cinéma en 2015

Posté par vincy, le 11 novembre 2014

the other side of the wind orson welles john hustonUltime oeuvre d'Orson Welles, intégralement tournée mais inachevée, The Other Side of the Wind, pourrait sortir en salles. Selon le New York Times, Royal Road Entertainment est prêt à en acquérir les droits de distribution pour sortir le film le 6 mai 2015, à l'occasion du centième anniversaire de sa naissance.

Orson Welles a tourné le film entre 1970 et 1976. Il a travaillé sur le montage jusqu'à son décès, en 1985. Il en reste une copie de 45 minutes. Mais les ayant-droits, par détestation réciproque, ont jusque-là fait en sorte qu'elle ne soit jamais diffusée. Royal Road Entertainment a négocié directement avec l'amie de Welles, Oja Kodar, sa fille et unique héritière, Beatrice Welles, et la société de production franco-iranienne les Films de l'Astrophore. Cette société avait pis le contrôle des bobines du film (1083 pellicules), suite à un désaccord avec le réalisateur, et les avait entreposés dans les environs de Paris.

Dans L'Express, Françoise Widhoff, qui a travaillé avec Orson Welles, raconte : "Lorsque, en février 1979, les mollahs ont pris le pouvoir à Téhéran, ils ont voulu saisir l'entreprise, et Mehdi [Bousheri, gérant de la société et beau-frère du Chah d'Iran] m'a alors confié la gérance de la société. Peu après la Révolution, un émissaire iranien, très courtois, s'est rendu à Paris pour tenter de saisir la boîte. Mais, comme il a cru que celle-ci était criblée de dettes, il est reparti, toujours aimablement, faire la révolution dans son pays." Les pellicules sont stockées à Bagnolet, à côté de Paris.

Entre temps, le cinéaste, qui réside en banlieue parisienne, met à l'abri, à Los Angeles, 42 minutes déjà montées du film. Ces 42 minutes voyagent quand son ancienne compagne Oja Kadar, désormais sculptrice, les rapatrie dans son pays natal, la Croatie.

Le casting du film réunit John Huston, en réalisateur de cinéma tempétueux se battant contre les cadres d'Hollywood pour pouvoir finir un film (autant dire un autoportrait de Welles), Susan Strasberg, Lilli Palmer, Dennis Hopper et Peter Bogdanovich. Ce dernier expliquait en 1974: "C'est ce qu'Orson a fait de plus intéressant depuis Citizen Kane." Pour d'autres, il n'est pas commercialisable. Lors de la rétrospective dédiée à Welles, au festival de Locarno, un livre, également intitulé The Other Side of the Wind avait été publié et retraçait l'incroyable histoire de ce film.

Reste à finir le montage du film, en fonction des indications très précises que Welles a laissé, et la post-synchro (notamment en complétant la musique originale). Si The Other Side of the Wind sortait en mai prochain, la filmographie d'Orson Welles passerait de 11 à 12 films.

En 2012, c'est un court métrage, Too Much Johnson du maître qui avait été retrouvé.

Le film retrouvé d’Orson Welles le 1er décembre à EntreVues Belfort

Posté par vincy, le 7 novembre 2013

too musch johnson orson welles

Too Much Johnson, le film longtemps perdu réalisé par Orson Welles a été retrouvé l'an dernier dans un hangar italien au cours d'un déménagement. Le film a été pour la première fois projeté à Pordenone (Italie) le 9 octobre dernier. C'est Paolo Cherchi Usai, directeur du Festival du cinéma muet de Pordenone, qui a restauré le court-métrage du mythique réalisateur américain au sein du Musée international de la photo et du cinéma George Eastman à Rochester aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs dans ce musée que l'original du film est à présent conservé.

Il sera projeté, avec une illustration musicale au piano, au Festival EntreVues Belfort le 1er décembre à 18h30, au cinéma Pathé de la ville. Le film dure 66 minutes. On y retrouve Joseph Cotten, John Houseman et Virginia Nicholson.

Considéré comme le premier film professionnel réalisé par Orson Welles, cette oeuvre muette devait à l'origine être intégrée à une représentation théâtrale. Il s'agissait de prologues filmés à chaque acte de la pièce que Welles mettait en scène pour le Mercury Theater. Un accompagnement muscial et sonore étaient prévus. Too Much Johnson est "une farce dans le goût de Labiche ou de Feydeau" selon le communiqué du Festival, "écrite en 1894 par William Gillette". Le matériau n resta à l’état de rushes.

Depuis les années 60, le film n'avait jamais été diffusé, avant qu'on le croit définitivement disparu. Too Much Johnson a été retrouvé et identifié dans le dépôt de l’association cinéphile Cinemazero de Pordenone en Italie en 2012. Les bobines avaient été données à l’association en 2004 par un transporteur qui ne savait qu’en faire et restaient depuis en attente d’archivage.

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George Eastman House film de présentation, photos...

Grand prix du Festival de Cannes en 1949, Le Troisième homme va devenir une comédie musicale

Posté par vincy, le 30 juin 2013

tournage du troisième homme à vienneLe troisième homme, Grand prix au Festival de Cannes en 1949, va être adapté en comédie musicale. La société de production autrichienne Vereinigte Bühnen Wien (VBW) l'a annoncé jeudi 27 juin.

Le film du metteur en scène britannique Carol Reed, avec Joseph Cotten, Alida Valli, Trevor Howard et la participation impressionnante d'Orson Welles, avait été tourné en 1949 dans Vienne toujours partiellement détruite par la seconde guerre mondiale et encore occupée par les armées américaine, anglaise, française et russe. Le film fait ainsi visiter Vienne, de ses rues bourgeoises à ses cafés légendaires, de ses égouts à ses zones toujours encombrées de débris. On se souvient surtout de la scène vertigineuse de la grande roue dans le parc Pater, où Welles et Cotten confrontent leurs vérités. L'office de tourisme de Vienne a d'ailleurs organisé depuis quelques années un "Tour des lieux de tournage du Troisième Homme".

A partir d'un scénario de l'écrivain Graham Greene, Carol Reed a imaginé un film noir, où le romanesque impossible se frotte à une après-guerre traumatisante, sur fond d'espionnage et de trahison. Grand succès populaire (5,7 millions de spectateurs en France, 3e au box office de 1949), Le troisième homme est aussi connu mondialement pour sa musique, composée par le cithariste autrichien Anton Karas.

Pour la comédie musicale, VBW travaille avec le parolier et compositeur américain Stephen Schwartz (3 Grammy Awards, 6 nominations aux Tony Awards) à qui l'on doit les paroles des chansons de films d'animation comme Pocahontas (deux Oscars), Le bossu de Notre-Dame et Le Prince d'Egypte (un Oscar). Il est surtout l'auteur du livret de la comédie musicale Wicked, l'un des grands cartons récents de Broadway.

La première est prévue pour 2016, à Vienne.

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Bande annonce du film

Deauville : les biopics qui rendent plus belle la vie

Posté par kristofy, le 8 septembre 2009

Depuis longtemps, le genre du biopic a le vent en poupe. Il faut dire que raconter la vie d’une personnalité présente bien des avantages. Parfois, il existe déjà des biographies dont il suffit de s’inspirer (ce qui est pratique en cas de grève des scénaristes), et de nombreux livres ne demandent qu’à être adapté sur grand écran. Par ailleurs, il s'agit souvent d'une célébrité publique dont on raconte les temps forts, la vie cachée et intime, les faits et gestes. L’autre voie à suivre est de se baser sur une personnalité pour évoquer plus largement une époque ou une aventure. Mais il y a encore bien d’autres façons de réaliser un biopic, et Deauville, pour son 35e anniversaire, n'y échappe pas. La preuve par l'exemple...

Meryl StreepD'abord, l’équipe du film Julie & Julia est venue en force sur les planches : la réalisatrice Nora Ephron, le compositeur Alexandre Desplat, les acteurs Chris Messina et Stanley Tucci, et la grande Meryl Streep. Ce film a la particularité d’être basé non pas sur une mais sur deux histoires vraies : celle de Julia Child, femme au foyer, qui a co-écrit le best-seller Mastering the art of French cooking dans les années 50 et celle de Julie Powell, fonctionnaire des années 2000, qui a ouvert un blog pour raconter son pari de réussir à faire les 524 recettes de cuisine de ce livre en un an. Julia a initié un livre pour que les américaines réussissent à cuisiner comme un chef les bons petits plats de la gastronomie française (cocorico !), et environ 50 ans plus tard Julie utilise ce même livre… Le film alterne le récit de ces deux femmes qui ont plusieurs points commun. Bien entendu, la réalisatrice se défend de dire que les femmes aux fourneaux c’est un épanouissement, mais elle insiste sur le fait que des recettes de cuisine avec des bons produits, c’est meilleur que du surgelé et des conserves. Ces deux histoires parallèles (Paris, New York) nous parlent aussi d’autres choses en filigrane comme le Maccarthysme et l’après 11 septembre.

Le réalisateur Richard Linklater, connu pour ses heureuses expérimentations (Before Sunrise, Fast food nation, A scanner darkly), est lui venu nous présenter Me and Orson Welles, ou comment s’inspirer d’un biopic pour faire un film très (trop) académique. Il s’agit d’un jeune prétendant acteur (l’idole des gamines Zac Efron) qui se retrouve engagé dans la troupe théâtrale qui prépare une pièce sur Jules César mis en scène par le fameux Orson Welles (imité par Christian McKay, voix et postillons compris). On découvre un Orson Welles comme on pouvait l’imaginer mais en pire : un homme autoritaire, égoïste, jaloux, brillant. "Vous êtes tous des accessoires de ma vison", c’est ainsi qu’il semblait réduire les gens travaillant pour lui. En coulisse, l’amour se heurte à la soif de réussite…

This is it

Du côté de la sélection Les docs de l’oncle Sam de Deauville, des personnes peut-être moins connues font l’objet de documentaires. William Kunster : disturbing the universe fait le portrait d’un célèbre avocat, et The September issue suit Anna Wintour la rédactrice en chef de Vogue. Ecran Noir y reviendra longuement dans quelques jours. Enfin, Facing Ali réunit une dizaine de boxeurs qui rendent hommage à Mohamed Ali.

Enfin, il existe un type de biopic particulier qui est plutôt difficile à réaliser : le film rock. Et c’est quelque chose que Tom DiCillo vient de réussir avec When you’re strange : a film about The Doors. Son documentaire, que diffusera MK2 au premier semestre 2010, exploite uniquement des images d’archives (de 1966 à 1971), avec Johnny Deep en narrateur. Tom DiCillo a présenté son film ainsi : "ça aurait fait plaisir à Jim Morisson de vous voir ici un dimanche matin au lieu de l’église... Aucune image n’a été retournée, tout ce que vous verrez est vrai, gardez les portes de la perception ouvertes". Avec un montage de films de l’époque (et aussi quelques photos et coupures de presse), il raconte le début d’un groupe de jeunes gens qui vont avoir un succès énorme suite au hit Light my fire et surtout grâce aux prestations scéniques de son chanteur. A un moment, on a de plus en plus l’impression que les gens ne viennent pas aux concerts pour la musique des Doors mais pour le spectacle imprévisible de Jim Morrison. Alors le film s’attache plus à lui qu’aux autres membres du groupe, le leader étant devenu un personnage incontrôlable. Jim Morrison apparaît à la fois comme une idole de la jeunesse contestataire et un monstre victime de ses abus de drogues et alcool. The Doors qui prônait l’illumination de l’esprit ont été gagnés par la folie… this is the end.

Crédit Photo Meryl Streep : Christophe Maulavé

Nuit de Chien: Insurrection grotesque

Posté par geoffroy, le 4 janvier 2009

pascal greggory nuit de chien- « J’arrive pas à ouvrir la bouteille de jus d’orange ».

L'histoire : Ossorio descend du train de Santamaria à la recherche de celle qu’il aime dans une ville pourtant assiégée, encerclée, aussi dangereuse dehors que dedans. La folie traîne ses guêtres, l’anarchie n’a plus de nom et le pays imaginaire semblable à beaucoup d’autres est en proie à la guerre civile. Le périple d’une nuit commence alors pour Ossorio, le calvaire pour le spectateur aussi.

Notre avis : Filmer la décomposition d’un ordre social circonscrit à la géographie d’une cité inhospitalière où chacun cherche à sauver sa peau peut s’avérer l’endroit idéal pour une mise en abîme des comportements devenus extrêmes, absurdes et désespérés. En somme, le cinéaste allemand Werner Schroeter nous offre une Nuit de chien où comment filmer mal, très mal la nature humaine à l’agonie. Car Nuit de chien cherche, dans les méandres glauques d’une ville fantôme, à savoir comment l’Homme (avec son grand H) réagi lorsque l’ordre des choses – ici elles sont multiples, vagues, incertaines, brouillonnent, faciles, pompeuses – n’a plus de sens, perd sa raison et son utilité. Or, dans le roman de Juan Carlos Onetti (source d’inspiration du film), Ossorio est prisonnier d’une ville qu’il cherche à fuir. Son état ressemble à celui de la ville et non à cette quête artificiellement plaquée pour romancer une histoire qui n’en a pas besoin. D’ailleurs nous oublions par intermittence le pourquoi de son retour à Santamaria (bien qu’il demande sans arrêt où se trouve Clara), Ossorio (Pascal Greggory, sobre malgré tout) devenant assez vite un pantin observateur du chaos ambiant. L’ennui se pare alors de ses plus beaux atours, la mise en scène sautant de rue en rue, de taxi en taxi, de pièce en pièce sans une once de dramatisation humaine (car pour ce qui est de la dramatisation opératique boursouflée et inepte nous sommes gâtés).

Dans ce gentil bordel ambulant désincarné, froid et à l’esthétique douteuse, les situations risibles (mention spéciale pour la scène de cul entre Pascal Greggory et Elsa Zylberstein dont le dénouement est consternant d’ineptie) succèdent à celles, répétitives et lassantes, d’un Ossorio courant à sa perte sans que la notion de paranoïa, ni de danger ne nous submerge (et ce n’est pas avec deux ou trois scènes aussi chocs que cheep que le cinéaste s’en sort). Le pompon de la classe ultime revient sans doute à un Samy Frey vieillissant se faisant « péter la tronche » à coup de dynamite ; mortel !

Un dernier mot, un seul, au sujet de la comparaison soulevée par Schroeter lui-même : il assimile son Nuit de chien à un mixte entre la Soif du mal de Welles et Le Procès de Kafka. Un brin mégalo tant la complexité narrative du premier (dialogue, mise en scène subjective au possible, tragique de chaque personnage…) et la paranoïa absurde et vraiment flippant du deuxième semblent totalement absente du long métrage de Schroeter. En effet, le retour du colonel / médecin (Ossorio) aurait pu, à travers ses recherches, offrir un point de vue décalé, extérieur et donc parasitaire au conflit en marche. Au lieu de cela nous assistons, consterné, à un naufrage dont la prétention n’a d’égal que la vacuité du propos. Et dire qu’il a reçu le prix spécial du Jury lors de la dernière Mostra de Venise. Affligeant !

Les 50 ans du cinéma marocain : Essaouira (3)

Posté par vincy, le 11 octobre 2008

essaouira_orsonwelles.jpgAu bord de l'Océan Atlantique, entre Casablanca et Agadir, se dresse une petite ville fortifiée, un port de pêcheur qui, tranquillement, s'est mué en spot touristique. La ville a des airs (iodés) de Saint-Malo, le thermomètre est à peine plus chaud. Ce n'est pas Safi, autre ville océanique qui s'est transformée en Jérusalem pour les besoins du film de Ridley Scott, Kingdom of Heaven. Il s'agit d'Essaouira, cité adulée par les français, sans doute pour ses similitudes bretonnes. Planté dans le très occidental Sofitel, face à l'île de Mogador, Claude Lelouch y tourna le "mythique" And Now... Ladies and Gentlemen, avec Patricia Kaas, Jéremy Irons, et Jean-Marie Bigard.

Heureusement Essaouira a plutôt gardé le souvenir d'un autre tournage, mythologique. Othello.

Orson Welles posa sa caméra ici (mais aussi à Safi et El-Jadida, toutes deux plus au Nord) pour filmer sa plus belle oeuvre, en 1952. Il incarnait brillament le Maure de Venise dans cette tragédie shakespearienne, aux côtés de Suzanne Cloutier et Robert Coote. Ce Grand prix du festival de Cannes (Palme d'or de l'époque) avait connu deux suspensions de tournage, faute d'argent. Il a ainsi accepté des narrations et des seconds rôles deans Le troisième homme et Echec à Borgia pour réinvestir ses cachets dans la production de Othello. Welles devait batailler avec ses financiers pour parvenir à ses fins. Il a changé quatre fois de Desdémone. Tournage mouvementé, film tourmenté, son sixième long métrage fut un chemin de croix de trois années.

Locarno lui rendit hommage avec une rétrospective unique en 2005 et rappela qu'à la mort du cinéaste, Othello était le seul film qu'il possédait encore. Il existe trois versions de l'oeuvre, dont la plus rare reste celle présentée à Cannes. Sa fille avait entrepris la restauration du film en 1992; et la copie neuve eut le droit aux honneurs d'une projection publique en plein air, juste à l'entrée des fortifications. Désormais, là où se dresse une stèle (mal entretenue), avec le portrait de l'artiste, la place porte son nom.

(photo : Vincy Thomas)

Charlton Heston dépose les armes (1924-2008)

Posté par geoffroy, le 7 avril 2008

charlton_heston.jpg

La famille de Charlton Heston a annoncé le décès de l'acteur ce samedi à son domicile de Beverly Hills. Il avait 84 ans.

Cecile B. De Mille; Orson Welles; Williams Wyler; Anthony Mann; King Vodor; Franklin J. Schaffner; Richard Fleisher...soit autant de grands cinéastes qui auront fait la gloire de l'une des dernières légendes du cinéma hollywoodien.

Né en octobre 1923 à Evanston dans l'Illinois, Charlton Heston avait annoncé en août 2002 qu'il était atteind de la maladie dAlzheimer et s'était retiré du cinéma en 2003. Fils de meunier, il tourne son premier film à 17 ans, mais la deuxième guerre mondiale l'oblige à mettre entre parenthèse sa carrière naissante. En 1945, il intègre les cours d'art dramatique à la North Western University et monte sur les planches de Broadway en 1947. Le succès est au rendez-vous, les contacts avec le cinéma ne tardent pas.

Son physique d'athlète (1m93) intéresse Hollywood et particulièrement Cécile B. De Mille qui lui offre son premier grand rôle au cinéma. Sous le plus grand chapiteau du monde sort en 1951 et remporte l'oscar du meilleur film. Sa carrière est lancée. Elle durera 50 ans.

Son visage anguleux, ses yeux bleus, sa voix grave et ses qualités athlétiques font de Charlton Heston un acteur au charisme indéniable s'imposant définitivement dans les grandes fresques historiques d'un âge d'or Hollywoodien révolu. Les dix commandements en 1956, Ben Hur en 1959 (qui lui vaut l'oscar du meilleur acteur), le Cid et les Cinquante cinq jours de Pékin en 1963 lui apporte la consécration. Apothéose d'une carrière entre cinéma et théâtre, Charlton Heston impose aux producteurs le réalisateur Orson Welles dans la Soif du mal (1957) pour un de ses rôles les plus marquants.

Au cours des années 60 et 70, il change de registre, joue dans quelques westerns et se lance dans le fantastique. Deux films sortent du lot et marquent les deux décennies. La planète des singes de Franklin J. Schaffner (1968) et le Soleil vert de Richard Fleisher (1972). Tout en remontant sur les planches, il s'offre la suite d'un gros succès au box office avec Airport 1975 et s'éclipse quelque peu du cinéma. Son retour dans les années 90 est anecdotique, mais il tourne dans True lies (1994), Hamlet de Branagh (1996) et La Planète des singes de Burton en 2001.

Connu également pour ses prises de position conservatrices, Charlton Heston s'était distingué en 1998 lorsqu'il prit la tête jusqu'en 2003 de la National Rifle association, puissant lobby d'armes à feu légitimant le droit individuel de détenir une arme aux Etats Unis.

Controversée et entachant l'image de la star, une de ses dernières apparition au cinéma fut marquée par un entretien avec Michael Moore dans le documentaire Bowling for Columbine.