Emmanuelle Riva (1927-2017): une flamme s’éteint

Posté par vincy, le 28 janvier 2017

César de la meilleure actrice en 2013, Emmanuelle Riva est morte vendredi 27 janvier à l'âge de 89 ans, succombant à son cancer. D'Hiroshima mon amour d'Alain Resnais en 1959 à Amour de Michael Haneke en 2012, Emmanuelle Riva avait été sans doute trop rare au cinéma. On la verra une dernière fois sur grand écran dans Paris Pieds nus de Fiona Gordon et Dominique Abel, qui sortira le 8 mars.

Artiste exigeante, actrice bouleversante, elle a voulu travailler jusqu'au bout, comme le suligne son entourage, tournant en Islande ou faisant une lecture à la Villa Médicis à Rome. Son courage, sa dignité, son audace sont d'ailleurs les traits de la personnalité de ses deux personnages emblématiques, jeune chez Resnais et au crépuscule de sa vie chez Haneke. Avec Amour, où elle choisit sa mort, la reconnaissance sera mondiale : un BAFTA de la meilleure actrice et une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice, en plus du César tardif.

Mais il ne faudrait pas résumer sa carrière à ces deux films.

hiroshima mon amour emmanuelle rivaUne flamme entre deux amours

Née le 24 février 1927 dans les Vosges, dans une famille d'origine italienne, elle s'est éprise de théâtre très jeune, en lisant des pièces et rejoignant une troupe amateur. A 26 ans, elle entre à l'école de la rue Blanche avant de se lancer sur scène. C'est d'ailleurs sur une affiche de théâtre que Resnais la repère et la choisit pour son film, scénarisé par Marguerite Duras. Durant le tournage d'Hiroshima mon amour, avec son appareil photo, elle capte des instantanés de cette ville en reconstruction, seulement treize ans après avoir été dévastée par la bombe (on retrouve ces photos dans le livre Tu n'as rien vu à Hiroshima, réédité en 2009). Elle incarne la part d'humanité dans ce monde post-traumatique, tout en étant errante et distante de l'horreur qui la submerge. L'amour promis, espéré, face à la mort, inévitable. C'est là que la Palme d'or Amour boucle la boucle en la filmant au seuil de sa disparition, affrontant décemment sa mort, après avoir vécu une vie d'amour... Elle était incandescente chez Resnais. La flamme s'éteint chez Haneke.

Après avoir tourné Recours en grâce de László Benedek, Adua et ses compagnes d'Antonio Pietrangeli et Kapò de Gillo Pontecorvo, elle retrouve un grand rôle assez rapidement avec celui d'une jeune femme agnostique, passionnément amoureuse d'un prêtre (incarné par Belmondo) dans Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville. On est en 1961. L'année suivante elle reçoit une Coupe Volpi de la meilleure actrice à Venise pour son interprétation dans Thérèse Desqueyroux de Georges Franju.

Son visage, suave, gracieux et lumineux, est une page blanche où l'on peut écrire toutes sortes de secrets, de douleurs, de passions, de douceurs. Pourtant, son itinéraire la détournera de films populaires. Elle a tourné une cinquantaine de films dont Thomas l’imposteur (1965), toujours de Georges Franju, sur un scénario posthume de Jean Cocteau, Les Risques du métier d'André Cayatte, Les Yeux et La bouche de Marco Bellocchio, Liberté, la nuit de Philippe Garrel, Y a-t-il un Français dans la salle ? de Jean-Pierre Mocky, Trois Couleurs : Bleu de Krzysztof Kie?lowski, où elle incarnait la mère, Vénus beauté (institut) de Tonie Marshall, Tu honoreras ta mère et ta mère de Brigitte Roüan, Le Skylab de Julie Delpy et Un homme et son chien de Francis Huster, où elle recroise Belmondo. L'an dernier elle était à l'affiche de Marie et les Naufragés de Sébastien Betbeder. Insaisissable, touchant à tout, du cinéma d'Arcady à celui de Bonitzer, de Jean-Pierre Améris à Emmanuel Bourdieu, elle disait souvent non et préférait sa liberté, et le théâtre.

Retour d'amour

Euripide, Molière, Shakespeare, Marivaux, George Bernard Shaw, Harold Pinter, Luigi Pirandello, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras... elle n'avait aucune barrière, aucune frontières. La jeune fille humble, modeste, issue d'un milieu prolétaire, plus fantaisiste et moins sage qu'il n'y apparaissait, était discrète, a pu être oubliée. Dans l'ombre de son personnage mythique et encombrant du film de Resnais, elle continuait à jouer. Vive et insolente, drôle et toujours jeune, presque punk malgré ses 80 balais, Riva mordait sa vie à pleine dents, et semblait n'avoir aucun regret. Elle touchait à tout, dévorait les textes. Sa curiosité et son affranchissement ont fait le reste.

Dans Amour, il y avait d'ailleurs ce dialogue qui aurait pu être une de ses propres insolences: ""Qu’est-ce que tu dirais si personne ne venait à ton enterrement? - Rien, probablement.".

Hors-système, Emmanuelle Riva laisse une jolie trace dans nos mémoires. Elle a écrit Juste derrière le sifflet des trains, Le Feu des miroirs et L'Otage du désir. Son livre d'entretien, paru il y a trois ans, s'intitulait C'est délit-cieux !. Jeu de mot qui résumait bien sa personnalité. Dans ce livre, elle expliquait: "Très petite, j’aimais dire des poèmes. J’aimais les dire devant les autres. Je ne pouvais pas les garder pour moi seule. Il me fallait donner à entendre la parole de l’auteur, comme une jouissance à ce partage." Un partage généreux qui aura duré 60 ans.

Le documentariste oscarisé Malik Bendjelloul est mort (1977-2014)

Posté par vincy, le 14 mai 2014

Le réalisateur suédois Malik Bendjelloul, dont le film Searching for Sugar Man avait reçu l'Oscar du meilleur documentaire en 2013, est décédé hier à l'âge de 36 ans, selon l'agence de presse suédoise TT.

Les circonstances et le lieu de sa mort ne sont pas encore connues.

Searching for Sugar Man, Prix du public et prix spécial du jury à Sundance 2012, retraçait la carrière du chanteur américain Rodriguez qui enregistra deux albums dans les années 70 qui furent deux fiascos commerciaux. Il a alors abandonné la musique pour travailler dans le bâtiment. Mais, pendant ce temps là, en Afrique du Sud, à son insu, ses chansons devenaient d'énormes tubes. Deux fans sud-africains sont alors partis à sa recherche, pour finalement le retrouver aux Etats-Unis et le ramener en Afrique du Sud où il fut reçu en héros en 1998. Sugar Man raconte l'histoire de ces deux fans.

Né d'un père algérien et d'une mère suédoise en 1977, Malik Bendjelloul vivait à Stockholm et avait découvert l'existence de Rodriguez lors d'un voyage en Afrique en 2006. Malik Bendjelloul a d'abord été connu comme acteur lorsqu'il était enfant, avec la série suédoise Ebba och Didrik. Il a ensuite étudié le journalisme à l'Université avant de se lancer dans la production de plusieurs documentaires musicaux pour la télévision suédoise.

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Mise à jour 14 mai 12h30. Le réalisateur s'est suicidé. "Je peux confirmer qu'il s'agit d'un suicide et qu'il était déprimé depuis quelques temps", a confié son frère Johar Bendjelloul au quotidien Aftonbladet. "La vie n'est pas toujours facile. Je suis resté auprès de lui tout le temps jusqu'à la fin", a poursuivi M. Bendjelloul, journaliste à la radio publique suédoise, Sveriges Radio.

Jennifer Lawrence : son sens de l’humour ne plait pas à tout le monde

Posté par cynthia, le 8 mars 2014

jennifer lawrence lupita nyong'o oscars 2014C'est la journée de la femme : alors célébrons-la avec la star féminine du moment. Elle a 23 ans et déjà trois nominations aux Oscars à son actif. Elle en a empoché un en 2013 dans la catégorie reine de la meilleure actrice. Jennifer Lawrence est aussi la tête d'affiche d'une franchise à cash : le deuxième opus d'Hunger Games est le film qui a récolté le plus de recettes en Amérique du nord en 2013, et les deux premiers épisodes de la série ont déjà rapporté 1,55 milliard de $ dans le monde.

Plus fort que l'éclosion d'une actrice très talentueuse, révélée dans Winter's Bone en 2010, ce qui épate tant dans la trajectoire de Jennifer Lawrence c'est sa success story digne d'un conte de fée hollywoodien, alliant les films d'auteurs et les succès publics : 5 de ses films ont passé la barre des 100 millions de $.

Succès à grande vitesse

Lauréate à 18 ans du prix Marcello-Mastroianni à la Mostra de Venise pour Loin de la terre brûlée de Guillermo Arriga, nommée à 20 ans à l'Oscar de la meilleure actrice pour Winter's bone de Debra Granik (elle le loupe face à Natalie Portman dans Black Swan), elle fait partie d'une génération d'actrices qui ont rapidement gagné en influence : au point que Dior l'a choisie pour succéder à Mila Kunis et Marion Cotillard pour être l'égérie de l'un de ses parfums.

En moins de deux ans, entre la sortie de X-men the first class, celle du premier volet de Hunger Games et le succès plus surprenant de Happiness Therapy (de David O'Russell), Jennifer a mis les critiques, l'industrie et le public à ses pieds. Elle gagne l'Oscar de la meilleure actrice à 22 ans, ce qui en fait l'une des plus jeunes comédiennes primées par l'Académie.

Elle obtient sa troisième nomination à l'Oscar - cette fois en tant que meilleure actrice dans un second rôle -) pour avec American Bluff(toujours de David O'Russell) pour confirmer son aura comme son talent dramatique. «La fille du feu» devient alors l'actrice la plus jeune à avoir déjà reçu trois citations aux Oscars, renvoyant aux archives la détentrice du record, Teresa Wright (nominée une fois en 1942 et deux fois en 1943 à l'âge de 24 ans). Mais les votants ont préféré cette année la novice Lupita Nyong'o (12 years of a slave).

jennifer lawrence lupita nyong'o oscars 2014Insultes et dérision

En Amérique, le succès est rarement méprisé. Elle est louangée et le bashing lui a été un temps épargné. Qui pourrait détester une fille comme elle? Que ce soit en portant des robes trop serrés ou en se cassant (souvent) la figure aux cérémonies, elle n'hésite pas à se moquer d'elle-même.

Pourtant, elle se fait souvent insulter sur les réseaux sociaux et critiquer pour son manque de sérieux sur les plateaux télés. Lawrence renvoie la balle : elle hait Twitter (ce qui lui vaut quelques tweets de geeks pas très sympas) et l'émission de TV Fashion Police (qui critique ses formes et sa boulimie). Qui le lui rendent bien.
Si elle attire la haine des "fashionistas" et autres dictateurs du bon goût, c'est parce qu'elle revendique ses jolies formes en affirmant qu'elle ne peut pas ''bosser l'estomac vide''. Elle est passée par le McDo avant les Oscars et le dernier Festival de Cannes. D'un naturel joyeux et espiègle, elle n'hésite pas à se jouer d'elle-même et de jouer avec les autres (comme cette photo avec Lupura Nyong'o où elle tente de lui chipper l'Oscar).
C'est ainsi qu'elle taquine Liam Hemsworth sur sa rupture d'avec Miley Cyrus (ce qui a mis en rage les fans de la chanteuse), chatouille Josh Hutcherson à la première londonienne de Hunger Games: l'embrasement, n'hésite pas à parler de ces problèmes gastriques liés au stress sur un plateau télé et se casse la figure aux Oscars sans perdre le sourire.

Cela lui amène plus de fans que de jaloux. Jack Nicholson lui a fait la cour, Marion Cotillard se revendique fan et Bradley Cooper l'a présentée à Leonardo DiCaprio qui voulait la rencontrer (sans doute pour savoir comment on pouvait gagner un Oscar sans avoir à perdre 20 kilos).

Grammy awards : Gatsby, Skyfall et Desplat multiplie les nominations

Posté par vincy, le 7 décembre 2013

Les Grammy Awards ont rendu leur verdict pour les meilleures musiques de film. Gatsby le magnifique et le français Alexandre Desplat sont les grands vainqueurs de ce premier round, le premier avec trois nominations, le second avec deux.

Côté compilation, les nominations ont retenu celles de Django Unchained, Gatsby le magnifique, Les Misérables, et de deux documentaires musicaux, Muscle Shoals et Sound City: Real To Reel.

Côté bande originale, on retrouve Argo (Alexandre Desplat), Gatsby le magnifique (Craig Armstrong), L'Odyssée de Pi (Mychael Danna, oscarisé en février dernier), Lincoln (John Williams), Skyfall (Thomas Newman) et Zero Dark Thirty (encore Alexandre Desplat).

Enfin côté chansons, les votants ont choisi Atlas de Coldplay (The Hunger Games: Catching Fire), Silver Lining de Diane Warren (Happiness Therapy), Skyfall d'Adèle (Skyfall, déjà oscarisée), We Both Know de Colbie Caillat (Safe Haven) et Young and Beautiful de Lana del Rey (Gatsby le magnifique).

Joachim Rønning et Espen Sandberg réaliseront Pirates des Caraïbes 5

Posté par vincy, le 30 mai 2013

Le cinquième épisode de Pirates des Caraïbes sortira le 10 juillet 2015 dans le monde. Mais avant cela, il faut le tourner. Disney a annoncé avoir engagé les réalisateurs Joachim Rønning et Espen Sandberg.

Inconnus en France, ils ont déjà filmé ensemble Opération sabotage (Max Manus) en 2008, qui avait reçu 6 Amanda Awards (les Oscars norvégiens) en plus du prix du public, et surtout Kon-tiki (2012), nommé à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère cette année. On leur doit également Bandidas (2006), scénarisé par Luc Besson, avec Penélope Cruz et Salma Hayek.

Johnny Depp devrait reprendre son rôle du Capitaine Sparrow d'ici la fin de l'année ou le début 2014. Le scénario, tenu secret, est écrit par Jeff Nathanson (Attrape-moi si tu peux, Rush Hour 3, ...).

Oscars 2013 : la version longue du scénario de Django Unchained bien meilleure?

Posté par kristofy, le 26 février 2013

django unchained script screenplay quanetin tarantinoDjango unchained a gagné deux trophées aux Oscars dimanche soir. Christoph Waltz a reçu une nouvelle fois celui du meilleur second rôle (après celui pour Inglourious Basterds) : ce choix de catégorie est en fait une volonté du producteur Harvey Weinstein puisqu'il avait peu de chances de gagner dans la catégorie du  meilleur acteur face aux favoris Daniel Day-Lewis et Joaquin Phoenix (il avait d’ailleurs fait la même chose pour The Artist avec Bérénice Béjo ou pour Le patient anglais avec Juliette Binoche). Et l'autre Oscar a été décerné à Quentin Tarantino, oublié dans la catégorie réalisateur, en tant que scénariste.

Cet Oscar du meilleur scénario récompense en réalité un script très amputé ! Le scénario original de Django unchained décrit de manière très précise une oeuvre qui devait durer environ 3h30 ; mais hors de question pour la production de découper le film en deux parties comme pour son Kill Bill… Quentin Tarantino a dû enlever plusieurs parties de son script pour raccourcir la durée du (déjà) long métrage... et l’histoire de Django unchained s’en est trouvée réduite.

A quoi devait ressembler le film Django unchained d’après son scénario ?

Le personnage de Broomhilda (Kerry Washington) peu présente dans le film (elle apparaît pour le dîner vers la fin), celle que Django aime, avait un rôle beaucoup plus important dans le scénario.

Dès le générique de début et avant même l’arrivée du Docteur Schultz, Django enchaîné dans la forêt aux autres esclaves avait un flashback qui montrait comment avait été vendue sa femme. Cette séparation sera ensuite le moteur de l’histoire. Il devait y avoir une séquence qui décrit ce marché aux esclaves où des hommes blancs acheteurs et des hommes blancs vendeurs fixent les prix pour les noirs comme pour des bêtes... Un autre marché d’esclaves était montré à Greenville-Missippi, un autre flashback montrait que Django avait été amené là par un train avec environ 150 autres noirs dont Broomhilda...

Un ‘chapitre’ entier raconte toute l’histoire de Broomhilda qui n’est pas dans le film, des personnages ont été supprimés comme celui de Scotty Harmony que devait jouer Jonah Hill (qui à la place aura un tout petit caméo situé ailleurs dans le film).

Dans ce chapitre, le film décrit la vente de la jeune femme : le vendeur expose ses seins, les marques de fouet dans son dos, et le ‘r’ de sa joue à une douzaine d’acheteurs (une humiliation qui devait être répétée durant le dîner). Elle est alors achetée par un certain Mike Harmony comme cadeau d’anniversaire pour son fils de 24 ans, Scotty Harmony, timide, qui va tomber amoureux de cette esclave noire… Il va ensuite l’emmener en week-end romantique là où des blancs se pavanent avec leur ‘nègre de compagnie’, au Cleopatra Club.

Dans le film on découvre ce lieu tenu par Calvin Candie (Leonardo Di Caprio) quand Schultz et Django arrivent chez lui. Dans le script, le Cleopatra Club et son propriétaire sont révélés bien avant. Calvin Candie se montre déjà un redoutable manipulateur. Il arrange une partie de cartes avec ce jeune Scotty, où, après l’avoir plumé, se jouera l’acte de propriété de l’esclave : Candie gagne, Harmony l’accuse d’avoir triché. Le vainqueur tue le perdant. C’est ainsi que Broomhilda va appartenir à Calvin Candie : il ira la chercher dans sa chambre à coups de ceinture. Elle tente alors de s’enfuir toute nue et, une fois dehors, tombe dans la boue : désormais elle est lui appartient.

Ces évènements se déroulent quatre mois avant que Django et Schultz apprennent le nom du propriétaire de Broomhilda.

django unchained screenplay scénario kerry wahsingtonUn scénario beaucoup plus violent et romantique

Toute cette partie du scénario absente du film avait en fait une grande importance : plusieurs scènes devaient montrer davantage les horreurs de l’esclavage et du racisme. L’utilisation du mot ‘nigger’ a fait polémique aux USA, mais Quentin Tarantino allait plus loin dans sa version originale du scénario avec notamment plusieurs lignes de dialogues encore plus cruelles ou l’image d’un enfant blanc d’environ 14 ans, avec un chien, qui conduit comme un berger un troupeau d’enfants noirs esclaves… De plus, Leonardo Di Caprio avait l’occasion de jouer un vrai grand rôle de méchant encore plus détestable que ce qu’il est dans le film. En perdant de vue ce personnage féminin majeur, Django Unchained donne beaucoup moins d’importance au caractère sacré de la promesse amoureuse d’aller la sauver (‘kill is love’ disait déjà Tarantino dans Kill Bill).

Ce n'était pas seulement la vengeance de l’esclave Django accompagné du chasseur de prime Schultz. Le scénario c’était aussi l’histoire de cette femme Broomhilda qui symbolise toutes les injustices et violences commises durant ces années d’esclavage.

Dans ce script, Broomhilda était plus un enjeu qui motivait la quête des deux hommes Django et Schultz, alors que dans le film elle est, peut-être, plus simplement la récompense de leur quête...

Oscar du meilleur scénario, le film Django unchained est devenu le plus grand succès de Quentin Tarantino. Le film a rapporté 380 millions de $ dans le monde. En France, il battu tous les films du réalisateur en nombre de spectateurs (3,7 millions d'entrées)

Oscar du meilleur court-métrage, Paperman sera en bonus du DVD/Blu-Ray des Mondes de Ralph

Posté par vincy, le 25 février 2013

Oscar 2013 du meilleur court-métrage d'animation cette nuit, Paperman de John Kahrs était notre "Instant court" vendredi dernier. Ecran Noir a du flair...Le film a aussi gagné le prix du meilleur court métrage aux Annie Awards, les Oscars de l'animation.

Ce poétique et mélancolique film en noir et blanc (avec une touche de rouge à lèvres) produit par Walt Disney est une douce allégorie où le papier joue les flèches de Cupidon. Le romantisme lutte contre un quotidien uniforme et conventionnel... À défaut d'être visible en salles, Paperman sera ajouté aux bonus de l'édition Blu-ray et DVD des Mondes de Ralph.

Le DVD/Blu-Ray sera disponible le 5 avril prochain.

A noter que Walt Disney a remporté 11 fois cet Oscar depuis 1932. Paperman est son premier Oscar du meilleur court métrage animé depuis 1969!

A cela il faut ajouter que l'Oscar du meilleur film d'animation a également été attribué au studio Walt Disney avec Rebelle. Depuis sa création en 2002, cet Oscar a été remporté 7 fois par Pixar et Disney.

Argo, un Oscar du meilleur film pas comme les autres

Posté par vincy, le 25 février 2013

Quentin Tarantino pour le scénario, Christoph Waltz pour le second rôle masculin et Ang Lee pour la réalisation ont reçu leur 2e Oscar dans ces catégories respectives. Daniel Day-Lewis a remporté son troisième Oscar du meilleur acteur. Un record, seulement dépassé par les 4 Oscars pour Katharine Hepburn. De même James Bond a gagné ses deuxième et troisième Oscar dans l'histoire de la franchise (seul Opération Tonnerre avait gagné celui des effets visuels auparavant). Jennifer Lawrence, à 22 ans, est la plus jeune oscarisée en tant qu'actrice après Marlee Matlin. Un cinéaste autrichien (Michael Haneke) a gagné pour la première fois l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. On peut ajouter un gagnant ex-aequo, dans la catégorie montage son (Zero Dark Thirty et Skyfall). C'est la première fois que cela arrive depuis 1994 (deux gagnants se partageaient l'Oscar du meilleur court métrage).

Argo, outsider jusqu'à la soirée des Golden Globes

Et pourtant, derrière ces "faits", c'est bien Argo qui marquera l'histoire de ces 83e Oscars. Début janvier, Lincoln est encore favori, avec 12 nominations aux Oscars. Zero Dark Thirty a séduit les critiques américains mais une controverse commence a plombé son buzz. Et comme cette année, le calendrier déconnecte les nominations aux Oscars de la remise des Golden Globes, Argo semble un outsider : aucune nomination dans les catégories réalisation et interprétation. Warner Bros doute alors que le film puisse battre Lincoln.

Mais le dimanche 13 janvier, les Golden Globes couronnent le film et son réalisateur. Durant un mois, le parcours du combattant devient une voie royale pour Affleck et ses producteurs, Clooney et Heslov : les British Awards, la Guilde des réalisateurs, la Guilde des producteurs, la puissante Guilde des acteurs, la Guilde des scénaristes  et même les "snobs" Césars français décernent leur prix le plus prestigieux à cette histoire de grande évasion iranienne. Une razzia rarement réalisée.

Seulement trois statuettes, mais une First Lady en bonus

C'est donc la première fois depuis Miss Daisy et son chauffeur en 1989 qu'un film gagne l'Oscar le plus important sans que son réalisateur ne soit nominé! C'est aussi la première fois depuis 2005 (Collision) que l'Oscar du meilleur film revient à une production qui ne gagne que trois Oscars au total (le record est toujours détenu par Sous le plus grand chapiteau du monde, 1952, avec deux Oscars). Clairement Argo a défié les annales de l'Académie. Pas étonnant, par conséquent, que même la personnalité qui dévoila le nom du vainqueur n'était ni sur scène ni une personnalité du cinéma. Dialoguant avec Jack Nicholson, la "First Lady" Michelle Obama usa de la formule habituelle pour sacrer Argo, en direct et en duplex de la Maison Blanche (après la Reine d'Angleterre qui joue avec James Bond pour l'ouverture des Jeux Olympiques de Londres l'été dernier, on se demande si Valérie Trierweiler remettra une Palme d'or à Cannes...).

Sans doute aussi, Obama voulait elle ainsi remercier les producteurs du film Ben Affleck et George Clooney, généreux donateurs et fervents soutiens de son mari lors des campagnes électorales de 2008 et 2012.

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Tapis rouge et oscarisés en photos sur notre Tumblr

Oscars 2013 : un saupoudrage sans beaucoup de surprises

Posté par vincy, le 25 février 2013

ben affleck george clooney argo oscars

Sans trop de suspense, les Oscars (tout le palmarès) ont couronné Argo de Ben Affleck, qui repart également avec l'Oscar du meilleur scénario / adaptation et l'Oscar du meilleur montage. Le film produit par Affleck et Clooney vient de passer la barre des 130 millions de $ de recettes au box office US : il a surtout raflé la plupart des prix depuis les Golden Globes en janvier.

Argo, qui, au passage, jette un regard ironique et parodique sur Hollywood décidément narcissique, a rapidement surclassé ses concurrents au fil des cérémonies. Depuis le Million Dollar Baby d'Eastwood, la Warner n'avait jamais reçu autant d'honneurs.

Mais la seule véritable surprise de cette soirée venait d'ailleurs : L'Odyssée de Pi. Ang Lee a été sacré meilleur réalisateur, et le film a récolté 4 statuettes dont celle de la meilleure musique. Ce qui en fait le film le plus oscarisé de l'année, devant Argo et Les Misérables (3), Skyfall, Lincoln et Django Unchained (2). Les Oscars ont découvert Ang Lee il y a 19 ans avec Garçon d'honneur nommé dans la catégorie du meilleur film étranger. C'est son deuxième Oscar du meilleur réalisateur après celui pour Brokeback Mountain en 2006. Ils sont peu ces trente dernières années à avoir deux Oscars : Eastwood, Stone, Spielberg.

Spielberg apparaît du coup comme le grand perdant de l'année. Lincoln était le film le plus nommé et il devra se contenter de l'Oscar du meilleur acteur pour Daniel Day-Lewis et celui des meilleurs décors. Notons au passage que Day-Lewis devient le recordman de sa catégorie avec 3 Oscars du meilleur acteur. Encore un et il égalera Katharine Hepburn.

La jeune Jennifer Lawrence a finalement battu Jessica Chastain pour l'Oscar de la meilleure actrice. Une récompense qui arrive tôt dans la carrière de la comédienne, ce qui n'est pas sans risques pour la suite... Ce sera le seul Oscar pour Happiness Therapy. Autre actrice douée de cette génération, Anne Hathaway qui décroche l'Oscar du meilleur second-rôle féminin (Les Misérables). Les deux Oscarisées ont d'ailleurs bénéficié de leur visibilité dans deux gros blockbusters (Hunger Games pour l'une, Dark Knight Rises pour l'autre).

Quentin Tarantino et Christoph Waltz (Django Unchained) ont reçu chacun leur deuxième Oscar. Tarantino a été récompensé pour son scénario, 18 ans après celui de Pulp Fiction. Waltz avait déjà été oscarisé pour son second-rôle dans un autre Tarantino, Inglorious Basterds.

Et sinon? Un doublé pour Walt Disney, roi de l'animation avec Rebelle et Paperman. Un hommage à James Bond avec Shirley Bassey interprétant Goldfinger, Adèle, oscarisée pour sa sublime chanson de Skyfall et un oscar du meilleur montage sonore (ex-aequo, chose rare).

Et enfin, Amour d'Haneke. Palme d'or, Golden Globe, César, European Film Award... le film aura également raflé l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. C'est le premier Oscar pour l'Autriche dans cette catégorie, même si, techniquement, le film est français : ce qui fait un total de 13 Oscars pour la France, autant que pour l'Italie.

Finalement ce saupoudrage récompensant tous les grands succès de la fin 2012 (hormis Amour, tous ont récolté plus de 200 millions de $ dans le monde) a laissé peu de place aux films plus audacieux ou singuliers comme Les bêtes du sud sauvage ou Moonrise Kingdom. Pire, les Oscars ont été décernés à des talents souvent déjà oscarisés auparavant. Dans les catégories reines seuls les récipiendaires pour la musique, le scénario / adaptation ainsi que les deux actrices n'avaient jamais été primés.

Un réalisateur nommé aux Oscars retenu par les douanes américaines

Posté par vincy, le 21 février 2013

Emad Burnat (en photo sur l'affiche) est nommé aux prochains Oscars pour son documentaire 5 Caméras brisées, qui est sorti hier en France. Son arrivée à l'aéroport de Los Angeles mardi 19 février ne s'est pourtant pas passée sans heurts. Le cinéaste palestinien a été retenu plus d'une heure par les services de l'immigration. "La nuit dernière, j'ai été interrogé pendant une heure avec ma famille par les services de l'immigration américaine de Los Angeles sur les raisons de mon voyage aux Etats-Unis", a expliqué le réalisateur dans un communiqué.

Il a du prouver qu'il était bien nommé aux Oscars. Les douaniers lui ont en effet signifié que son voyage en famille (il est accompagné de sa femme et de son fils) n'était pas justifié et l'ont menacé de le renvoyer en Turquie, d'où son avion provenait.

Dans un entretien au Huffington Post, il a précisé : "Il y a 500 points de contrôle israéliens, des barrages routiers et de nombreuses barrières qui empêchent tout mouvement sur nos terres, et pas un seul d'entre nous ne passe à  travers l'expérience que nous avons vécue aujourd'hui avec ma famille".

C'est Michael Moore, alerté par un SMS du réalisateur, qui a répandu la nouvelle sur Twitter. "Apparemment, les officiers des services de l’immigration et des douanes ne comprenaient pas comment un Palestinien pouvait être nominé aux Oscar".Il ajoute : "Bien qu’il ait montré l’invitation des nominés aux Oscars qu’il avait reçue, ça n’était pas suffisant. On l’a menacé de le renvoyer en Palestine." Il a ensuite joué les chevaliers : "J'ai appelé des membres de l’Académie des Oscars. Ils ont contacté des avocats. J’ai dit à Emad de donner mon numéro de téléphone aux officiers et de leur répéter qui j’étais."

Jusque là Emad Burnat n'avait jamais été inquiété par les douanes américaines (c'est son sixième voyage aux USA). Finalement, il a reçu le droit de rester sur le sol américain, pour une semaine.

Il est le premier réalisateur palestinien à être nommé aux Oscars. 5 Caméras brisées est coréalisé par Emad Burnat et l'israélien Guy Davidi. Le documentaire suit Emad, paysan, vit en Cisjordanie. Il y a cinq ans, au milieu du village, Israël a élevé son "mur de séparation", expropriant 1 700 habitants de la moitié de leurs terres, pour "protéger" la colonie juive qui doit abriter 150 000 résidents. Les villageois s'engagent dès lors dans une lutte non violente pour obtenir le droit de rester propriétaires de leurs terres, tout en essayant de coexister pacifiquement avec les Israéliens.