Deux films sur le Roi David en préparation

Posté par vincy, le 24 octobre 2014

Warner Bros a donné son feu vert au film Le Roi David (King David), basé sur l'histoire racontée dans la Bible. Le film sera pourtant en concurrence avec un autre Roi David, celui de la Fox. Ridley Scott a lancé en juillet ce projet, intitulé provisoirement David, qui se concentre sur le Roi d'Israël, à partir de la bataille de David contre Goliath.

Warner Bros a préféré acquérir les droits du livre David: The Divided Heart du Rabbin David Wolpe, paru en septembre. Nick Schoenfeld adaptera le document. Aucun réalisateur n'a été envisagé pour le moment.

Le projet de 20th Century Fox est davantage inscrit dans une logique de "catalogue". Le scénario a été confié à Jonathan W. Stokes (Bad Yankee). Ridley Scott et le Studio s'apprêtent à sortir Exodus en décembre. Pour l'instant Scott n'a pas confirmé s'il réaliserait le film.

David, deuxième roi d'Israël, aurait régné au Xème siècle avant J.C. Parmi less films ayant déjà retracé sa vie, notons : en 1951 avec Gregory Peck dans David et Bethsabée d'Henry King, en 1960 avec Ivica Pajer (et Orson Welles dans le rôle du Roi Saul) dans David et Goliath, en 1985 avec Richard Gere dans Le Roi David de Bruce Beresford et en 1997 avec Nathaniel Parker dans David de Robert Markowitz.

James Franco, Zachary Quinto et Emma Roberts dans un drame gay et homophobe

Posté par vincy, le 15 juillet 2014

james franco zachary quinto emma roberts chris zylkaZachary Quinto et Emma Roberts ont rejoint James Franco au casting de Michael, un drame autour d'un pasteur homophobe qui a lui-même été homosexuel dans son passé.

Selon Variety, Franco incarnera le pasteur, Quinto son ancien petit ami et Emma Roberts sa fiancée. Roberts et Franco partagent actuellement l'affiche de Palo Alto. Chris Zylka interprétera un autre ancien amour du pasteur.

Michael est adapté d'un article du New York Times Magazine, "My Ex-Gay Friend", rédigé par Benoit Denizet-Lewis. Le journaliste s'est intéressé à Michael Glatze, pasteur chrétien du Wyoming depuis 2007. Avant de renoncer son homosexualité en 2004, suite à une frayeur sanitaire, l'homme d'église était si impliqué dans la culture gay qu'il avait créé un magazine pour les jeunes homos, Young Gay America. Il a ensuite violemment rejeté l'homosexualité, qu'il a dans un premier temps qualifié de "pornographique", puis dans une semaine plus tard, dans un article, il a avoué être "répugné à l'idée de penser à l'homosexualité", affirmant qu'il allait "faire ce qu'il faut pour la combattre".

Le projet, annoncé en avril, sera réalisé par Justin Kelly et produit par James Franco et Gus van Sant, entre autres.

Au Nom du Fils : 10 bonnes raisons d’aller le voir

Posté par kristofy, le 7 mai 2014

Après le film d'horreur Aux Yeux des vivants sorti dans seulement 9 salles en France la semaine dernière, c'est maintenant la comédie Au Nom du Fils qui est victime de la frilosité des distributeurs. Les grands groupes - à commencer par Pathé-Gaumont et Mk2 - en position de domination sur le parc des écrans disponibles tout comme la majorité des multiplexes (comme Kinepolis, Mega CGR...) et même les cinémas Arts et Essai du réseau AFCAE ne satisfont pas assez leurs engagements de diffuser une plus grande diversité de la production cinématographique. Le fait n'est d'ailleurs pas nouveau, déjà l'année dernière le film Désordres (avec Sonia Rolland, Niels Schneider et et Isaach de Bankolé)  n'a pu trouver de salles...

Le cas du film Au Nom du Fils est un cas particulier puisque il est exploité dans différents réseaux en province mais qu'il a failli n'avoir aucune salle à Paris : une censure qui ne dit pas son nom en rapport avec le thème de l'histoire. On y voit dans une famille catholique (islamophobe et homophobe), la mère se lancer dans une expédition punitive contre des prêtres pédophiles protégés par leur hiérarchie... Il s'agit d'une comédie belge anticléricale en apparence mais qui évoque surtout les extrémismes les plus condamnables.

Il y a au moins une dizaine de raisons de ne pas boycotter ce film et d'aller le voir en salles :

1. Ce film a reçu plusieurs récompenses : on est loin d'un brûlot à thèse polémique. Il s'agit surtout d'une comédie avec un humour noir à la fois belge et macabre. Il a remporté le prestigieux Méliès d’or du European Fantastic Film, et a reçu 7 nominations aux Magritte (les César belges).

2. Une parodie en avance sur l’actualité : le Pape lui-même a fait une déclaration ce 11 avril 2014 qui condamne les prêtres pédophiles, demandant pardon pour eux. Les préjugés liés à la religion font recettes au cinéma en ce moment, Qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu ? va dépasser les 5 millions de spectateurs et sera l'un des plus gros succès de l'année.

3. Vincent Lannoo est un des meilleurs réalisateurs belges : si les frères Dardenne et Joachim Lafosse ont la côte à Cannes, Vincent Lannoo a eu beaucoup moins de chance avec l'exportation en France de ses films. Le premier Strass réalisé selon les règles Dogma est sorti en salles puis en dvd. Son deuxième, Ordinary Man est un thriller où un homme garde prisonnière une femme dans le coffre de sa voiture. Il n'a pas été distribué. Son troisième Vampires revient à la technique d'une équipe qui filme un reportage : sortie confidentielle puis en dvd. Son quatrième Little Glory dans un décor nord-américain est un très bon  drame vu au festival de Cabourg, mais pas distribué. Au Nom du Fils tourné en 2012 est son cinquième film. Son sixième Les âmes fortes au casting français prestigieux avec Julie Gayet et Pierre Richard est sorti trop discrètement entre les fêtes de fin d'années 2013. Vincent Lannoo affectionne beaucoup le mélange des genres et prépare un Robin des Bois contre les Zombies...

4. Plus de diversité : entre les suites et les remakes du super-héros américains qui se suivent (Captain América, Spider-Man, les X-Men...), il est sain d'aller voir ailleurs si ce n'est pas meilleur. Vous pouvez demandez à votre cinéma habituel de programmer Au Nom du Fils, voir même de débattre de son affiche (par exemple à Versailles ou à Saint-Cloud qui avaient fait enlever celles de l’inconnu du lac), mais, en attendant, il est essentiel de soutenir un film décalé, fin, violent, provocateur, sarcastique, gonflé, jamais blasphématoire qui rappelle Serial Mom de John Waters.Pour qu'il circule, il faut le voir dès la première semaine. Pour que le cinéma puisse encore être un art libre, loin du formatage industriel, permettant d'exprimer toujours et encore un point de vue singulier, quitte à déranger.

5. Astrid Whettnall est une comédienne belge extraordinaire : elle s'est longtemps réservée à jouer des pièces de théâtre mais maintenant le cinéma à l'oeil sur elle. Elle avait déjà un rôle dans Vampires et Little Gory mais ici, dans Au Nom du Fils, le premier rôle c'est elle. ce qui lui valu une nomination en tant que meilleure actrice aux Magritte. Depuis elle apparaît aux génériques de Costa Gavras (Le Capital), Claude Lelouch (Salaud on t’aime), Jalil Lespert (Yves Saint Laurent)…

6. Achile Ridolfi est la révélation belge : lui aussi comédien rompu aux planches du théâtre, il a reçu pour Au Nom du Fils le Magritte du meilleur espoir masculin.

7. Zacharie Chasseriaud va devenir grand : cet adolescent grandit au fur et à mesure des films, il était déjà dans Les Géants de Bouli Lanners à Cannes et dans Tango libre de Frédéric Fonteyne  à Venise. Outre Au Nom du Fils, depuis le début de l'année on a pu le voir dans 2 automnes 3 hivers de Sébastien Betbeder, dans Aux yeux des vivants et il a surtout irradié de fraîcheur et de beauté La Belle Vie de Jean Denizot, l'une des belles surprises de ce début d’année.

8. Philippe Nahon en prêtre : Il a marqué de sa présence les films de Gaspar Noé et Haute Tension de Alex Aja. Depuis, il a souvent appelé pour jouer les rôles de salauds ou de tueurs. Pour une fois on le voit dans la robe d'un (in)digne représentant de l'église...

9. Carlo Ferrante toujours inconnu en France : il apparaît ici juste dans un petit rôle secondaire d'un réalisateur d'émission de radio, mais c'est l'un des plus attachant acteurs belges. C'est aussi le complice fidèle de Vincent Lannoo qui en a fait le héros de Strass, Ordinary Man, Vampires.

10. Un peu de philosophie : c'est la période du bac qui approche, voir un film et en parler avec les autres c'est toujours une bonne chose. Deux exemple de sujets en rapport avec Au Nom du Fils: Quelles différences entre servir un Dieu et se servir d'un Dieu ? Peut-on rire de tout ?

Steven Spielberg s’intéresse à une controverse historique sur le pape Pie IX

Posté par vincy, le 21 avril 2014

steven spielbergPuisque c'est Pâques, optons pour une actualité cinématographique et religieuse.

Car le film chrétien est en vogue aux Etats Unis. Depuis le début de l'année, trois d'entre eux ont sont sortis en salles : Son of God (60 M$ au box office), God's Not Dead (48 M$ pour un budget de 2 millions de $), et le tout juste sorti Heaven is for Real (29 M$). Les deux premiers sont déjà classés parmi les 10 films du genre qui ont le plus rapporté au box office.

Ce regain d'intérêt de la part d'Hollywood, toujours intéressé par des publics niches facilement captifs, a suscité la curiosité de Steven Spielberg. Le réalisateur, qui n'a rien tourné depuis Lincoln en 2012, s'intéresse au scénario de Tony Kushner (Munich, Lincoln), The Kidnapping of Edgardo Mortata. Le script est l'adaptation de l'essai de David Kertzer, Pie IX et l'enfant juif : l'enlèvement d'Edgardo Mortara, paru en France en 2001.

Pour l'instant, Spielberg n'a pas confirmé s'il réaliserait le film. En revanche, il souhaite le produire, à travers sa société DreamWorks, en coopération avec The Weinstein Co.

L'affaire de l'enlèvement d'Edgardo Mortata se déroule en 1858, à Bologne en Italie. Mortata est un enfant de 7 ans, enlevé à sa famille juive par des émissaires du pape Pie IX dans le but de l'élever dans la foi catholique. Le livre dénonce la force de l'antisémitisme européen et comment cette affaire a contribué à renverser le pouvoir temporel du pape en Italie. Cet enlèvement fut une controverse internationale.

Après avoir abandonné American Sniper, Spielberg a toujours trois projets en cours : Robopocalypse, Montezuma et un remake des Raisins de la colère.

Trois questions à Jesús Asurmendi, Bibliste, pour comprendre le « Noé » de Darren Aronofsky

Posté par MpM, le 10 avril 2014

NoéD'un point de vue cinématographique, le Noé de Darren Aronofsky nous a laissés au mieux perplexes, au pire assez excédés par la maladresse d'un scénario qui semble toujours rester au premier degré. Mais qu'en est-il du point de vue de la relecture contemporaine de ce grand mythe universel ? Pour en avoir le cœur net, nous avons demandé à Jesús Asurmendi, Bibliste, de nous livrer quelques clefs sur le récit initial, et sur le regard qu'il porte sur cette adaptation tonitruante.

Ecran Noir : Quel regard portez-vous sur l'adaptation de l'histoire de Noé par Darren Aronofsky ?

Jesús Asurmendi : Le problème de fond, c'est qu'il s'agit d'un récit mythique. Il est très difficile de transcrire ce genre de récit en langage cinématographique. Il y a un piège énorme, c'est que les mythes sont des récits. Mais qui dit "récit" ne dit pas du tout "histoire". Or, nous, quand nous entendons "récit", nous pensons "histoire". Une sorte de compte-rendu de ce qui s'est passé. Des faits. Or le récit mythique, ce n'est pas du tout ça : c'est dire quelque chose dont on ne connait pas les raisons ni le pourquoi, et le dire sous forme non-rationnelle, parce qu'on n'a pas de réponse rationnelle. Toutes les grandes questions sont traitées par des mythes. Par exemple la mort. Il y a de supers récits sur la mort et sur le fait que l'homme n'a pas l'immortalité. Et dans ces mythes interviennent toujours des hommes et des Dieux. Là, c'est exactement le cas. Et curieusement, dans l'Antiquité, le mythe le plus répandu est celui du déluge, jusque dans les civilisations les plus "primitives". Plus que la création ! C'est assez surprenant, quand même. Donc pour un cinéaste, retranscrire en langage cinématographique ce genre de récit, cela implique déjà qu'il comprenne ce qu'est un mythe. Quels sont les moyens mis en œuvre pour dire ce qui est dit. Et ensuite les transcrire dans une forme cinématographique.

EN : On a l'impression que Darren Aronofsky n'y est pas du tout parvenu avec Noé...

JA : Ce qu'il a fait, c'est prendre le texte de la Bible agrémenté de textes apocalyptiques, et l'adapter de manière linéaire et littérale, sans aucune analyse, sans aucune posture qui lui aurait permis un traitement autre que linéaire. Mais je reconnais que ce n'est pas simple. D'autant que le réalisateur ne met pas en langage cinématographique un texte précis. Pour cela, il aurait fallu qu'il lise le texte en tant que tel et qu'il en traduise à sa manière la substantifique moelle. Mais il a ses propres idées de départ. Il se sert du récit de ceci et de cela pour faire quelque chose qui, dans sa tête même, n'est pas trop construit. En tout cas j'ai cette impression. On peut résumer le film à "ça ne fera pas de mal, ça ne fera pas de bien". Ca ne sert pas à grand chose...

EN : Le personnage de Noé tel qu'il est montré dans le film n'a rien à voir avec celui de l'Ancien testament. C'est quasiment un intégriste qui pense savoir ce que Dieu veut, mieux que Dieu lui-même...

JA : Exactement ! Il en fait quelqu'un qui fait sienne cette cause, interprétée à sa façon. Dans le texte, on lui dit de faire ceci, cela, il le fait, point à la ligne. Il est sous-entendu que Dieu est suffisamment fort pour en finir avec tout le monde s'il le veut. S'il laisse quand même ça, cette arche, c'est en vue d'un après, d'un recommencement. Alors le cinéaste en fait effectivement autre chose... mais sinon ça n'aurait pas duré deux heures et quart ! Bien sûr, c'est une trahison du texte. Il est écrit que les trois fils de Noé ont des femmes. Ils ne jouent aucun rôle, si ce n'est qu'ils seront le point de départ de la suite. D'ailleurs, en dehors de ce texte, dans l'Ancien testament, Noé n'est cité que deux fois. Il ne faut pas oublier que ce n'est pas "Monsieur Noé", c'est une figure. Les mythes ne disent pas ce qui se passe un jour, mais ce qui se passe tout le temps. Ce n'est pas une histoire, c'est un paradigme.

Un biopic argentin sur le pape François

Posté par vincy, le 3 septembre 2013

rodrigo de la sernaAlejandro Agresti va réaliser un film sur la vie du pape François. Historia de un cura (Histoire d'un prêtre) retracera son existence depuis son enfance jusqu'à son élection en mars dernier. Tandis que le cardinal Bergoglio vole vers Rome pour participer au conclave, après la démission du pape Benoît XVI, nous découvrirons la vie du futur pape tout en suivant tout le processus de son élection.

De son vrai nom Jose Mario Berboglio, il est le premier pape américain, le premier pape né dans l'hémisphère sud et le premier pape jésuite.

Logiquement, ce sera un film argentin sur l'Argentin le plus puissant de notre époque. Il sera incarné par Rodrigo de la Serna (Carnet de voyages, Buenos Aires 1977, Tetro).

Agresti promet qu'il s'intéressera davantage à l'individu, sa vocation religieuse, ses choix intellectuels, son travail dans les bidonvilles de Buenos Aires, qu'aux moments clés de son existence.

Le film sera tourné en Argentine, en Italie et en Allemagne, avec un budget confortable, déjà bouclé à plus de 50%.

Alejandro Agresti, 52 ans, a réalisé plusieurs films qui ont fait le tour des festivals comme La cruz, Le vent en emporte autant, primé un peu partout où il est passé, Une nuit avec Sabrina Love et Valentin, avant de passer à Hollywood en 2006 avec Entre deux rives (avec Sandra Bullock et Keanu Reeves). Il vient de terminer son premier film en sept ans, No somos animales, coécrit avec John Cusack (acteur principal du film). Le film sort en octobre en Argentine.

Andrew Garfield sera la star du prochain film mystique de Scorsese

Posté par vincy, le 13 mai 2013

Andrew Garfield

Andrew Garfield

25 ans que Martin Scorsese caresse l'idée de réaliser Silence. 25 ans que le film est annoncé, prêt à démarrer, renvoyer dans les cartons. Le cinéaste a enfin obtenu le feu vert pour commencer le tournage du film en juin 2014. Il y a trois ans, une pré-production avait été lancée, pour être assez vite mise en stand-by, avec Daniel Day-Lewis, Benicio del Toro et Gael Garcia Bernal pour jouer les rôles principaux.

Silence, adaptation du roman de l'écrivain japonais Shusaku Endo (disponible en format poche), a trouvé ses financements et surtout sa star (l'un ne va pas sans l'autre) : Andrew Garfield. Ken Watanabe (Inception, Mémoires d'une geisha, Le dernier Samouraï) sera le rôle principal japonais. Le contexte est passionné : l'Asie subit des persécutions religieuses, les Européens cherchant à imposer leur foi chrétienne. Le Japon comptait plus de 300 000 chrétiens en 1597 quand s'opéra un brusque revirement à leur égard. Tandis que les missionnaires poursuivaient héroïquement leur apostolat, en 1632, la nouvelle de l'abjuration du provincial des jésuites parvint à Rome.

Le réalisateur a découvert le livre grâce à l'archevêque Paul Moore qui lui avait envoyé après avoir vu La dernière tentation. Le cinéaste avait mis 8 ans à écrire un scénario. Entre temps, Hollywood changeait et ne voulait plus produire ce genre de films...

Garfield incarnera le père Rodrigues, un jésuite portugais du XVIIe siècle, qui effectue un périple au Japon, alors que certains de ses confrères font croire qu'il a abandonné le Christ. Le film est centré sur ce prêtre, homme en conflit avec lui-même s'interrogeant sur l'essence même de la chrétienté. Scorsese se défend de vouloir faire un film sur la religion, préférant questionner la foi.

Watanabe interprétera le traducteur du prêtre. On retrouvera également Issei Ogata (qui avait été l'Empereur Hirohito dans le film de Sokurov, Soleil).

Silence appartient à ces films sur la foi qu'affectionnent tant Scorsese : La dernière tentation du Christ, Kundun... Entre controverse publique et fiascos financiers (respectivement 8 et 6 millions de $ au box office nord-américain). Là le risque n'est pas moindre : le film est en japonais (comme Lettres d'Iwo-jima de Clint Eastwood), le sujet très spécifique et la religion toujours porteuse de clivages... Scorsese explique qu'il s'agit d'une sorte de thriller. Mais ce ne sont plus les flics qui sont infiltrés, mais des prêtres...

La confirmation du projet arrive à temps pour le présenter au Marché du film de Cannes. Il a convaincu un producteur belge, Paul Breul (Corsan Films), qui rejoint Emmett/Furla Films, Irwin Winkler, Barbara De Fina et Vittorio Cecchi Gori.

Silence a déjà fait l'objet d'une adaptation au Japon, en 1971, signée Masahiro Shinoda.

La bande originale du film sera signée Robbie Robertson, qui succède ainsi à Peter Gabriel (La dernière tentation du Christ) et Philip Glass (Kundun).

En attendant, Scorsese a attaqué le montage de The Wolf od Wall Street, avec DiCaprio et Dujardin.

Berlin 2013 : une édition dominée par les femmes, le poids de la religion et le spectre de l’enfermement

Posté par MpM, le 14 février 2013

Berlin a depuis longtemps une réputation de festival "politique" qui est rarement usurpée. Chaque année, on semble plus qu'ailleurs prendre ici des nouvelles du monde et de la nature humaine, comme le prouvent ne serait-ce que les derniers prix attribués à Barbara, Cesar doit mourir ou encore Une séparation. 2013 n'y fait pas exception qui voit la majorité des films de la compétition aborder des sujets sociaux, politiques ou économiques, ou au moins interroger les fondements de nos sociétés faussement policées.

Globalement, cinq grandes thématiques ont ainsi hanté les films en compétition, amenant parfois deux ou trois oeuvres à se faire étrangement écho au-delà les frontières géographiques, stylistiques ou historiques.

Le poids de la religion

2013 fut une année faussement mystique mais réellement critique envers une religion catholique sans cesse prise en flagrant délit d'hypocrisie. La démission du pape Benoit 16, en beau milieu de la Berlinale, a d'ailleurs semblé participer du mouvement... Qu'on juge un peu : un prêtre homosexuel amoureux (In the name of de la Polonaise Malgoska Szumowska), une jeune fille cloîtrée contre son gré (La religieuse de Guillaume Nicloux) et une artiste de talent enfermée dans un asile par son frère dévot (Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont)  font partie des figures les plus marquantes croisées pendant le festival.

Dans le premier film, un prêtre tente tant bien que mal de refouler ses penchants homosexuels. Travaillant avec des adolescents difficiles, il est comme soumis à une tentation permanente qui transforme sa vie en cauchemar. Le film rend palpable les contradictions criantes de l'Eglise catholique sur le sujet, montrant à la fois l'hypocrisie du système et les dangers que cela engendre.

Pour ce qui est de La religieuse et de Camille Claudel (voir article du 13 février), leurs héroïnes sont toutes deux victimes à leur manière d'individus se réclamant de la foi catholique. La religion n'est plus seulement un carcan dans lequel il est difficile de s'épanouir, mais bien un instrument de pouvoir utilisé contre ceux (en l'occurrence celles) qu'il entend confiner. Ce n'est d'ailleurs pas le seul point commun entre les deux films, qui s'inscrivent clairement dans la thématique de l'enfermement arbitraire et dans  l'exercice complexe et délicat du portrait de femme.

Enfermement arbitraire

Il ne fallait en effet pas être claustrophobe cette année pour supporter des oeuvres où l'individu est confiné, empêché, gardé physiquement et mentalement contre son gré. Outre Suzanne Simonin et Camille Claudel, la jeune héroïne de Side Effects (Steven Soderbergh) est emprisonnée dans un asile psychiatrique où elle se transforme lentement en zombie sous l'effet des médicaments. Celle de Paradis : espoir (Ulrich Seidl) est elle dans un "diet camp" d'où elle n'est pas censée sortir, sous peine de brimades et dangers.

Dans Harmony Lessons du Kazakh Emir Baigazin, les choses vont plus loin : le jeune héros est carrément en prison, où les méthodes policières ne se distinguent pas tellement de celles (brutales) des racketteurs de son lycée. Il est donc torturé, battu et menacé par des hommes qui ne cherchent pas tant à trouver le vrai coupable du meurtre sur lequel ils enquêtent qu'à se débarrasser au plus vite de l'affaire. Glaçant.

Et puis, bien sûr, il y Closed curtain de Jafar Panahi, parfait symbole de l'oppression et de l'arbitraire, entièrement tourné dans une villa dont les rideaux restent clos pendant presque tout le film. Le contexte de création du film (l'assignation à résidence du réalisateur et son interdiction de tourner) renforce le climat anxiogène de ce huis clos psychologique. D'autant que Jafar Panahi est également sous le coup d'une interdiction de voyager, et donc de quitter son pays. L'enfermement est ici à tous les niveaux, y compris mental.

Ce qui évoque une thématique sous-jacente : celle de l'artiste empêché, dans impossibilité de laisser libre cours à son art, et qui meurt à petit feu de ne pouvoir travailler.  Jafar Panahi est dans cette situation intenable qui le contraint métaphoriquement à choisir entre tourner illégalement (avec les risques que cela suppose) ou mourir. Camille Claudel 1915 aborde la question sous un angle légèrement différent, mais on retrouve également cette inextinguible soif de création, qui ne peut être satisfaite, et conduit l'artiste sinon à la mort, du moins à la déchéance.

Portraits de femmes

Les femmes étaient par ailleurs au coeur de nombreux films présentés. Non pas en tant que compagnes ou petites amies potentielles, mais bien en tant qu'héroïnes à part entières. D'ailleurs, plusieurs films sont nommés d'après leur personnage féminin principal : Gloria du Chilien Sebastian Lelio, Layla Fourie de Pia Marais, Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont, La religieuse de Guillaume Nicloux ou encore Vic+Flo ont vu un ours de Denis Coté. Toutes ont en commun de savoir ce qu'elles veulent et d'être prêtes à tout pour parvenir à leurs fins.

La chercheuse d'or de Gold (de Thomas Arslan) n'est pas en reste dans le genre superwoman indestructible qui vient à bout de tous les obstacles et tient la dragée haute aux hommes. Même chose pour la mère (certes horripilante, mais dotée d'une vraie force de caractère) de Child's pose (de Calin Peter Netzer). Loin du cliché sur les femmes fragiles, féminines, maternelles, ou autres, tous ces personnages mènent leur vie comme elles l'entendent ou, si on les en empêche, n'ont pas peur de se rebeller pour gagner leur liberté. Et lorsqu'elles sont confrontées à des hommes, c'est plus dans une relation de collaboration, voire de domination, que de séduction ou de soumission.

Probablement pour cette raison, leurs relations familiales demeurent relativement conflictuelles. L'héroïne de Child's pose est ainsi une mère envahissante excessive et odieuse, qui se désespère de ne pouvoir contrôler entièrement l'existence de son fils devenu adulte.  Elle est l'archétype de cette mère terrible qui conçoit la vie comme une incessante lutte de pouvoir et a tant investi son fils qu'elle est incapable de le laisser voler de ses propres ailes. A l'inverse, la mère du héros dans La mort nécessaire de Charlie Countryman reconnaît lucidement qu'elle n'a pas été très bonne dans ce rôle, et qu'elle est incapable de conseiller son fils en pleine crise existentielle. Elle se dédouane et répond à ses questions par des pirouettes. Quant à Gloria, elle aimerait avoir une relation conviviale avec ses enfants mais souffre en silence d'une immense solitude. Elle est pile dans cette période de la vie où les femmes se retrouvent seules parce que leurs enfants sont grands et que leur mari est parti avec une plus jeune. Un long parcours d'obstacles les attend avant qu'elles soient en mesure de refaire véritablement leur vie.

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Venise 2012 : Kim Ki-duk, Lion d’or pour une prière contre un monde devenu fou

Posté par kristofy, le 10 septembre 2012

L'histoire : Un homme solitaire exécute sa tâche sans aucune compassion pour autrui, son activité est de récolter le remboursement de prêts d’argent. Qu’importe si les débiteurs qui ont emprunté sont de simples ouvriers qui n’ont pas les moyens de rembourser, qu’importe si le taux d’intérêt prohibitif a multiplié par dix le montant de la somme, son métier est de forcer le remboursement de cet argent. Aucun problème de conscience pour brutaliser les pauvres malheureux qui ne peuvent pas rembourser, la violence extrême est même une solution puisque l’argent peut être récupéré auprès d’une assurance s'ils deviennent handicapés… Un jour une femme se présente à lui en affirmant être sa mère, celle-là même qui l’avait abandonné. Dans un premier temps, il la rejette, avant de l’accepter enfin dans sa vie. Une vengeance se prépare… Et la violence n'est pas absente : "Je veux me concentrer sur les implications de la violence" explique le réalisateur."Je me rends compte que le public peut la ressentir de façon plus forte à travers son imagination au lieu de la voir."

Pieta, Lion d'or de foi et d'argent

Le nouveau film de Kim Ki-duk Pieta est une histoire de vengeance comme les coréens savent si bien les écrire. Une vengeance qui suit un plan machiavélique particulièrement alambiqué comme on peut en voir dans No Mercy de Kim Hyoung-jun. Cependant Pieta est loin de ces thrillers à sensations fortes, il s’agit bien d’une oeuvre s'inscrivant dans la filmographie du cinéaste. Les personnages se décryptent par leurs nuances et leurs motifs. Par exemple, cet homme qui est prêt à se sacrifier une main pour un prêt qui lui permettrait d’offrir un cadeau à son enfant, et surtout jusqu’où peut aller l’amour d’une mère pour son fils. Et puis il y a l'inspiration religieuse de celui qui se rêvait prédicateur et fut pensionnaire dans un monastère étant jeune. Le film se termine  avec le chant religieux "Kyrie Eleison", l'affiche reprend la célèbre sculpture de Michel-Ange où la Vierge contemple son défunt fils. Moralisatrice, cette histoire oscille entre compassion, pénitence et sacrifices et ne manque pas de cruauté. Amen.

La foi versus l'ultralibéralisme. Car c'est bien son regard sur la folie du monde qui lui donne l'envie de se transcender. Kim Ki-duk évoque sa démarche ainsi : "Je crois que le public qui verra le film se posera des questions sur la société capitaliste. Les gens doivent changer et peu à peu se créera un mouvement de transformation" a-t-il déclaré. « Je veux parler du capitalisme extrême, et de ses conséquences sur les dynamiques des rapports humains qui s’en trouvent modifiés. On vit aujourd’hui une situation de crise profonde du capitalisme. Mes films sont mes yeux à travers lesquels je regarde la réalité. L’argent n’est pas important, c’est son usage qui est important. L’argent peut avoir un versant positif comme le don et la charité, et aussi un versant négatif comme la spéculation. C’est à cause de l’argent que les deux personnages de Pieta se rencontrent. Ce ne sont pas une victime et un bourreau : dans chaque être humain il y a en même temps un versant victime et un versant bourreau. Je le pense, et c’est ce que j’ai voulu montrer dans ce film. » L'argent comme ultime pêché.

Son prochain film explorera de nouveau ce thème : "comment les gens se dévorent les uns les autres à cause de l'argent".

Cinéaste sanctifié, par défaut

Le générique de début de Pieta affiche qu’il s’agit du 18ème film de Kim Ki-duk, qui affirme que cette coquetterie est une idée des producteurs. Cette mention a pour effet de se rappeler, si besoin était, que Pieta est peut-être plus que n’importe quel film coréen du moment, le nouveau film d’un maître du cinéma coréen… Kim Ki-duk qui réalisait un nouveau film presque chaque année s’était mis en retrait du monde du cinéma pour divers motifs personnels. Son retour a eu lieu en 2011 avec Arirang au Festival de Cannes (prix Un Certain Regard) puis avec Amen au Festival de San Sebastian.

Ses films ont presque tous été sélectionnés soit à Cannes (Souffle, L'arc) soit à Berlin (Ours d’argent du meilleur réalisateur pour Samaritan Girl, après y avoir présenté Bad Guy, Birdcage Inn) ; depuis son 4ème film, L’île, le nom de Kim Ki-duk commence à faire le tour du monde (2000) avant de nous éblouir en 2003 avec Printemps, été, automne, hiver…et printemps. L’île a été sa première sélection au Festival de Venise, il y sera ensuite pour Adress Unknown et Locataires qui lui avait valu le Lion d’argent du meilleur réalisateur. Après avoir été plusieurs fois sur la deuxième marche du podium, Kim Ki-duk vient donc de décrocher le Lion d’or de Venise. La messe est dite. Kim Ki-duk rentre dans l'Olympe des cinéastes. Par défaut. The Hollywood Reporter indique en effet que le règlement du festival empêchait de donner la récompense suprême à The Master de Paul Thomas Anderson et les prix d'interprétation aux deux comédiens. Deuxième choix, Pieta était, cependant, parmi les 18 films de la compétition, l'un des quatre favoris pour le Lion d'or.

Le distributeur italien du film Pieta avait déjà prévu de sortir le film dans la foulée du festival de Venise, le Lion d’or 2012 sera donc en salles dès ce 14 septembre en Italie. Fin septembre, le réalisateur recevra au Festival d'Hamburg Film Festival le prix Douglas Sirk pour l'ensemble de sa carrière. Le film s'est d'ailleurs vendu à plusieurs distributeurs internationaux avant d'obtenir le Lion d'or. Il sortira en Allemagne, en Russie, en Norvège, en Turquie, en Grèce, à Hong Kong...

Mais pour découvrir ce film en France il faudra attendre… Le film sera présenté au Festival de Toronto cette année. De quoi boucler ses ventes.

2011 – février : Des Hommes et des Dieux sanctifiés aux Césars

Posté par vincy, le 26 décembre 2011

25 février 2011. 11 nominations et 3 récompenses à l'issue des 36e César : Des hommes et des dieux repart avec le titre de meilleur film, en plus de deux trophées pour Michael Lonsdale et la chef opérateur Caroline Champetier. L'année 2010 avait été celle des films porteur de foi  (Un poison violent, Qui a envie d'être aimé?). le sacré séduisait en ces temps de crise (économique) et de doute (sur le pouvoir). Les Français avaient sans doute besoin d'une histoire de solidarité et de don de soi. Xavier Beauvois réalise un film dans l'air du temps, permettant la communion des 3,2 millions de spectateurs qui ont suivi les critiques souvent très favorables au film. Juste avant les César, le film est sorti, avec succès, en DVD, conjointement à la publication d'un livre sur le massacre de Thibérine.

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