Cannes fiction: Jean Gabin, Marlène Dietrich et Humphrey Bogart montent les marches…

Posté par vincy, le 20 mai 2017

2027. Le film d'ouverture est une copie restaurée et numérisée de La grande illusion, sorti 90 ans plus tôt. Le classique de Jean Renoir, l'un des films préféré s de la critique mondiale depuis un siècle, a enfin l'honneur des marches. L'hologramme de Jean Gabin et derrière lui ceux de Renoir, Pierre Fresnay, Erich von Stroheim, apparaissent sur le tapis rouge. C'est la première fois que la technologie est utilisée pour le protocole sacré des marches cannoises.Après tout la technique est rodée depuis plus de dix ans, entre concerts de chanteurs défunts, hommes d'affaires ne se déplaçant plus ou élus politiques voulant se démultiplier. L'année précédente, Woody Allen, incapable de se déplacer, avait du se résoudre à être "hologrammé" pour faire sa conférence de presse pour son soixantième film.

Le Festival a décidé de rendre hommage cette année-là à Marlène Dietrich, décédée il y a 35 ans. L'affiche en réalité augmentée au fronton du Palais, l'expose aux yeux de tous, dansant dans L'Ange bleue. Son amitié avec Gabin était légendaire. Logique que son hologramme monte lui aussi les marches en ce mercredi 19 mai. Et on attend Humphrey Bogart, qui viendra présenter Casablanca et Grand sommeil, sortis il y a 80 ans, dans le cadre de Cannes Classics.

Un an après le premier prix d'interprétation féminine à un robot-androïde de conception japonaise, la merveilleuse Tara, le Festival de Cannes entre définitivement dans le XXIe siècle. On revient de loin, quand le jury de 2021 avait récompensé un comédien inconnu qui n'apparaissait que sous la forme d'un monstre sensible créé en images de synthèse. La polémique avait tourné au scandale, et le Festival avait failli devoir changer son règlement, en discriminant toute interprétation numérique. La même année, un film en réalité virtuelle avait emporté la Palme d'or. Cela faisait trop de changements pour les vieux festivaliers nostalgiques du 35MM.

Las, avec Tara, tout le monde a capitulé. Sa capacité à bouleverser les spectateurs a surpris les plus blasés. L'androïde semblait très réelle. Elle avait monté gracieusement les marches, sans se prendre les pieds dans sa longue robe. A la conférence de presse, elle distribuait les sourires et savait répondre aux questions en dix sept langues.

Le surgissement des acteurs du passé et des humanoïdes robotisés n'a finalement conduit à aucun changement de règles. Et qui sait, cette année, peut-être que Leslie Cheung, dont on recomposé l'acteur en images numériques dans le nouveau film de Wong Kar-wai, sera primé par le jury à la fin de ce festival...

Spike Jonze dans un container

Posté par kristofy, le 25 mars 2010

spike jonze beaubourgQuand Spike Jonze n’est pas Dans la peau de John Malkovich ou avec Max et les Maximonstres, il redevient le bricoleur original de petits films. Il a réalisé certains des clips les plus réussis pour des artistes comme Weezer, Daft Punk, Fat Boy Slim, The Beastie Boys, Bjork... Il s’est d’ailleurs récemment illustré avec un clip en forme de court-métrage d’une dizaine de minutes avec le rappeur Kanye West en filmant une soirée de débauche.

Spike Jonze a réalisé I’m Here, un curieux court-métrage avec une romance entre robots vraiment réussi. Diffusé sur Internet, vous pouvez aussi le voir gratuitement dans une salle de cinéma. Il est régulièrement projeté dans un container en métal qui voyage de ville en ville, aménagé en mini-salle de cinéma de 14 places. Il s’agit d’une installation éphémère qui est en fait une opération publicitaire pour une marque de spiritueux (Absolut Vodka, à boire avec modération), qui figure seulement dans le générique : bien que cet alcool soit le producteur rien ne l’évoque dans le film. Spike Jonze avait carte blanche pour sa création, et il en a profité. Il en résulte un petit bijou de cinéma d’environ 30 minutes présenté au dernier festival de Sundance.
I’m Here (a robot love story) est donc un court-métrage avec des robots dans un monde d’humains. Le robot Sheldon rentre chez lui se recharger, il va à la bibliothèque, c’est un solitaire avec son pantalon un peu trop court. Après avoir été embarqué dans une virée en voiture il rencontre une jolie robote, et le courant passe. Une scène de séduction dans un parking avec la musique de l’autoradio est d’ailleurs très réussie, tout comme d’autres moments de tendresse. Ils vont aller ensemble à un concert rock où la robote va perdre un bras, et…
On voit que I’m Here se déroule dans une quelconque ville contemporaine et que l’allure des robots est à la limite du déguisement artisanal mais les expressions des visages sont très humaines. C’est une histoire d’amour pas comme les autres entre deux êtres pas comme les autres.
Ce court-métrage de Spike Jonze est à découvrir en ce moment à Paris place Beaubourg (sur le parvis du centre Pompidou), il suffit juste de se présenter devant le container pour être invité à la projection. Il y a des séances toutes les 45 minutes chaque jour de midi jusqu’à 20h15, jusqu’au lundi 29 mars. D’autres projections auront lieu ensuite (du 4 au 16 mai au 104 à Paris) à partir de juillet dans d’autres villes.