Poitiers: deux films allemands au corps à corps

Posté par Benjamin, le 9 décembre 2009

 Les 32ème Rencontres Henri Langlois ont débuté depuis maintenant plusieurs jours et les films en compétition s'enchaînent, pour le plaisir des festivaliers, jeune en majorité !

 A retenir de cette journée du 7 décembre, deux films allemands: l'un de Christiane Lilge, Schwester Ines (Infirmière Inès) et l'autre de Lars-Gunnar Lotz, Für Miriam (Pour Miriam). Deux films qui ont dans leur titre des prénoms de femme. Ce n'est bien entendu par anodin puisque tout deux ont pour personnages principaux des femmes (Inès et Karen). Deux femmes dont les corps vont être mis à mal, dont le corps se fait le reflet de leurs souffrances intérieures.

Un peu à la façon de Cronenberg (mais en forçant beaucoup le trait), l'expression des sentiments passe par une certaine martyrisation du corps. Le mal-être des personnages, retenu, contenu, s'exprime avec violence sur leurs corps. Dans Schwester Ines, c'est le corps maternel qui est mis en avant. Inès est une jeune infirmière, une sage-femme qui travaille dans un institut qui met tout en oeuvre pour que l'accouchement des futurs mamans se déroule dans les meilleurs conditions. Mais Inès, qui n'a jamais quitté son lieu de travail, souhaite découvrir le monde extérieur. Une coupure, une rupture qui est impossible car sa mère l'en empêche. Et cet empêchement se traduit de façon physique et horrifique. Par d'impressionants jeux visuels, le jeune réalisateur fait se refermer sur Inès l'appareil génital de sa mère (elle se retrouve emprisonnée dans le ventre maternel). En parallèle, une femme enceinte depuis 13 mois refuse d'accoucher. Par le physique, par le rapport au corps s'exprime la lutte entre l'enfant et la mère. Une mère qui trône comme figure unique puisque le père n'est pas accepté dans l'institut. Et le film repose sur ce combat d'Inès et du bébé pour "sortir" et se libérer de l'étreinte de la mère. Se libérer pour découvrir et appréhender seul le monde extérieur.

Pour ce qui est de Für Miriam, le film est plus long (57 min contre 27 min pour le premier) et l'histoire plus élaborée, plus posée. L'histoire d'une professeur de mathématiques, Karen, qui, par accident, tue en voiture la jeune soeur d'un de ses élèves. A partir de là et de ce traumatisme, une relation tendue s'instaure entre l'élève et le professeur. Karen tente à tout prix de se faire pardonner et se soumet alors au jeune homme qui libère sur elle ses pulsions, qu'elles soient violentes (par des coups) ou sexuelles. Les deux êtres finissant par se "lier" physiquement l'un à l'autre comme pour communier dans leur douleur partagée. C'est là encore le corps qui est le réceptacle des émotions, des souffrances qui déchirent et qu'on ne parvient à exprimer.

Un film coup de coeur qui brille par la performance de ses acteurs et par le soin apportée à l'histoire, ce qui manque un peu aux autres films.