Cannes 2019: la Palme d’or pour Parasite de Bong Joon-ho

Posté par vincy, le 25 mai 2019

"Les récompenses d'aujourd'hui ne reflèteront que l'opinion de neuf personnes dans le monde" - Alejandro González Iñárritu

C'était impossible en effet de satisfaire tout le monde. la presse a hué le prix pour les Dardenne, modérément apprécié celui pour Emily Beecham. On peut regretter que Almodovar, Sciamma, et surtout Suleiman (qui hérite d'une nouveauté, la mention spéciale, comme si la Palestine n'avait pas vraiment le droit d'exister au Palmarès) soient sous-estimés dans la hiérarchie. Mais on peut aussi se féliciter que deux premiers films de jeunes cinéastes soient primés, contrastant avec la seule grosse erreur du palmarès, le prix de la mise en scène pour les indéboulonnables Dardenne, plutôt que de le donner à Almodovar, Sciamma, Suleiman, Mendonça Filho, Malick ou Tarantino.

Le cinéma français en tout cas repart flamboyant, contrairement à l'année dernière, tandis que le cinéma nord-américain a été snobé. La diversité aussi a été gagnante. Cela fait plaisir de voir une telle variété de cinéastes aux parcours si différents, du Sénégal à la Palestine en passant par le 9-3 et la Corée du sud. C'est réjouissant de voir le cinéma brésilien, que l'actuel de gouvernement menace par des coupes dans le financement, couronné hier à Un certain regard (A lire ici: Tous les prix remis à Cannes) et ce soir par un prix du jury. A travers le double prix du jury pour Les Misérables et Bacurau, présentés le même jour, ce sont ces deux films de résistance et de chaos social et citoyen qui ont été distingués.

Ce fut un grand moment, aussi, de partager le sacre d'un Antonio Banderas, qui a le droit à une ovation pour son plus grand rôle en 40 ans, dédiant sa récompense à son mentor, Pedro Almodovar, qui manque une fois de plus la Palme d'or, mais peut se consoler avec le succès public de son film et les excellentes critiques reçues.

Le jury d'Alejandro González Iñárritu a du faire des choix dans cette sélection "incroyable", avec une mix de "réalisateurs iconiques, des nouvelles voix du monde entier dans différents genres".

Cette diversité des genres, avec des thrillers, des films fantastiques, et souvent un cinéma engagé qui évoque les luttes de classes, a été récompensée. C'est en cela où Parasite, grand film populaire admirablement maîtrisé, parfaite synthèse de ce que le Festival a montré, en insufflant du politique dans le suspens, de l'intelligence dans le divertissement, mérite sa Palme. A l'unanimité. Il pouvait remporter chacun des prix du jury tant le résultat est magistral. Un an après un drame familial social japonais (Une affaire de famille de Kore-eda), c'est un autre drame familial social, mais coréen, qui l'emporte. Comme deux faces d'une même pièce, chacun dans leur style et leur sensibilité.

C'est enfin la première fois que le cinéma sud-coréen remporte la prestigieuse récompense du Festival de Cannes. Il était temps.

Palme d'or: Parasite de Bong Joon-ho (à l'unanimité)

Grand prix du jury: Atlantique de Mati Diop

Prix du jury ex-aequo: Les Misérables de Ladj Ly et Bacurau de Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho

Prix de la mise en scène: Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le jeune Ahmed)

Prix d'interprétation masculine: Antonio Banderas (Douleur et gloire)

Prix d'interprétation féminine: Emily Beecham (Little Joe)

Prix du scénario: Céline Sciamma pour Portrait de la jeune fille en feu

Mention spéciale: It Must Be Heaven d'Elia Suleiman

Caméra d'or: Nuestras madres de César Diaz (Prix Sacd à la Semaine de la Critique)

Palme d'or du court-métrage: La distance entre nous et le ciel de Vasilis Kekatos (Queer Palm du court-métrage)
Mention spéciale: Monstre Dieu de Agustina San Martin

Cannes 2019: Qui est Jonathan Couzinié ?

Posté par vincy, le 24 mai 2019

L’an dernier, il était deux fois à la Quinzaine des réalisateurs, avec Les joueurs de Marie Monge et Les confins du monde de Guillaume Nicloux. Cette année, Jonathan Couzinié revient sur la Croisette avec sa complice Aude Léa Rapin, pour Les héros ne meurent jamais, sélectionné à la Semaine de la critique. Avec Adèle Haenel en partenaire.

Il est fidèle Jonathan Couzinié, à moins qu’il ne préfère la famille. Il a tourné de nouveau avec Nicloux pour la série TV d’Arte, Il était une seconde fois. Après avoir été dans le court métrage Marlon de Jessica Palud (Grand prix Unifrance à Cannes en 2017), la réalisatrice l’a enrôlé pour son nouveau long métrage, Revenir, avec Niels Schneider et Adèle Exarchopoulos.

Mais c’est bien avec la réalisatrice Aude Léa Rapin que la collaboration est la plus fusionnelle. Entre naturalisme et improvisations, le comédien aime la surprendre. Non seulement, il en est son interprète fétiche, mais ils écrivent ensemble les scénarios. Ça a commencé avec La météo des plages et Ton cœur au hasard, primé à Namur, Brive et Clermont-Ferrand. En 2016, avec Que vive l’empereur, Jonathan Couzinié reçoit le prix du meilleur acteur à Cabourg, Pantin, Paris-Courts, et le court est récompensé par le prix du meilleur film à Namur et le prix du public à Pantin.

Les voici dans la cours des grands avec leur premier long. L’acteur, qui a suivi des formations de chant, de clown, de danse, et de masque, voit son agenda se remplir. Etoile montante du cinéma français, on a aussi vu cet acteur impressionnant dans Volontaire d’Hélène Fillieres et Ulysse et Mona de Sébastien Betbeder. Côté courts, il a tourné pour l’écrivain Laurent Mauvignier (Proches). Côté scène, il a brûlé les planches depuis 2003, d’abord à Saint-Etienne, où il s’est formé, puis il a tourné à Avignon, Nanterre, Aix-en-Provence…

Retenez bien son nom. L’an prochain, à Cannes ?, « Jona » incarnera Jésus dans le Benedetta de Paul Verhoeven.

Cannes 2019: un film d’animation couronné à la Semaine de la Critique

Posté par vincy, le 22 mai 2019

La 58e Semaine de la Critique s'est achevée ce soir avec son palmarès. Pour la première fois, le jury de la sélection, présidé par le cinéaste colombien Ciro Guerra a distingué un film d'animation pour le Grand Prix Nespresso. J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin a été la sensation de la Semaine. Le film, distribué par Rezo Films et qui sortira le 6 novembre dans les salles, est l'adaptation d'un livre de Guillaume Laurent: Naoufel y tombe amoureux de Gabrielle tandis que, plus loin, une main coupée s’échappe d’un labo, bien décidée à retrouver son corps. Une cavale vertigineuse à travers la ville, semée d’embûches et des souvenirs de sa vie jusqu’au terrible accident, va se terminée d’une façon poétique et inattendue.

Les autres prix de la Semaine ont récompensé l'acteur Ingvar E. Sigurðsson vu dans A White White Day de l'islandais Hlynur Pálmason (Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation Masculine), César Diaz, auteur de Nuestras Madres (Prix SACD), She Runs de Qiu Yang (Prix Découverte Leitz Cine du court métrage), Sans mauvaise intention d'Andrias Høgenni (Prix Canal + du court métrage).

Le distributeur français The Jokers, a obtenu le Prix Fondation Gan à la Diffusion pour Vivarium de Lorcan Finnegan.

Cannes 2019: Nos Retrouvailles avec Imogen Poots

Posté par kristofy, le 19 mai 2019

Le parcours d'Imogen Poots est d’une certaine manière révélateur d’un aspect de l’industrie de cinéma : un appétit pour se nourrir des jeunes actrices, mais, quelques années plus tard, la difficulté de leur trouver des rôles valorisant.

Dès ses 18 ans, Imogen a la chance de débuter en étant bien entourée. Une courte participation à V pour Vendetta de James McTeigue avant d'être plus remarquée ans 28 semaines plus tard de Juan Carlos Fresnadillo. Elle est alors très demandée : Me and Orson Welles de Richard Linklater, Cracks de Jordan Scott, Centurion de Neil Marshall, Jane Eyre de Cary Fukunaga, Fright Night de Craig Gillespie, Célibataires ou presque de Tom Gormican, Le quatuor de Yaron Zilberman, A Very Englishman de Michael Winterbottom (au festival de Berlin en 2013), A Long Way Down réalisé par le français Pascal Chaumeil…

Elle est à chaque fois entourée par un casting très prestigieux mais manque d'obtenir un premier grand rôle féminin pour devenir une figure centrale parmi les étoiles montantes. Imogen Poots gardera longtemps cette image de jeune espoir : être dans la liste des 10 talents à suivre en 2012 pour le magazine Variety, un prix de Meilleure actrice dans un second rôle pour A Very Englishman (aux British Independent Film Awards 2013). Qu’importe si son nom n’est pas celui qui s'écrit en haut de l’affiche, elle est toujours appelée pour des productions de qualité : Broadway Therapy de Peter Bogdanovich, Knight of Cups de Terrence Malick, Chasseuse de géants d'Anders Walter…

Cette année Imogen Poots est donc à Cannes avec le film Vivarium de Lorcas Finnegan, avec Jesse eisenberg, l'un des événements de La Semaine de la Critique : "À la recherche de leur première maison, un jeune couple effectue une visite en compagnie d’un mystérieux agent immobilier et se retrouve pris au piège dans un étrange lotissement..."

C’est en fait la troisième fois qu’Imogen Poots vient sur la Croisette : on y avait déjà découvert déjà Chatroom de Hideo Nakata en 2010 (à Un Certain Regard) et ensuite dans Green Room de Jeremy Saulnier en 2015 (à La Quinzaine des Réalisateurs). Dans ce film, on l’a re-découverte transformée en punk au mauvais endroit au mauvais moment qui doit sauver sa vie. Imogen Poots était devenue une guerrière. Son joli physique juvénile ne lui fera plus jouer des ingénues, place enfin à des rôles plus adultes (dans Chasseuse de géants elle devient soutien de famille confrontée à un deuil).

Imogen Poots s’est métamorphosée progressivement de jeune actrice prometteuse en future grande actrice. La retrouver de nouveau à Cannes cette année devrait apporter cette confirmation.

Cannes 2019 : Qui est Jérémy Clapin ?

Posté par MpM, le 17 mai 2019

Voilà déjà quinze ans que Jérémy Clapin construit sur grand écran une œuvre singulière et atypique dont les récits mettent souvent en scène des êtres à part, des personnages "différents". Cet ancien étudiant aux Arts décos a lui-même un profil inhabituel, ne serait-ce que parce qu’il a été professeur de tennis à mi-temps pendant et à l’issue de ses études, pour s’assurer une certaine liberté. Il a aussi choisi de ne pas compléter sa formation par une école spécialisée en animation, et de ne pas non plus réaliser de film de fin d’études.

C’est grâce au festival d’Annecy, et plus précisément de ses différentes sélections de courts métrages qu’il découvre la richesse et la diversité du cinéma d’animation, mais aussi les multiples manières de raconter une histoire. "Ça m’a marqué", expliquait-il en 2009 au magazine Format Court. "J’aimais beaucoup le dessin, j’avais aussi envie de raconter des histoires, tout seul."

C’est pourquoi il n’hésite pas lorsqu'on lui propose de réaliser son premier court métrage trois ans après avoir fini les Arts décos. Ce sera Une histoire vertébrale, l’histoire d’un homme qui a la tête basculée vers l’avant, le regard rivé au sol, et qui cherche l’amour. Un récit simple, muet, aux teintes plutôt ternes et sombres, qui mélange avec brio une forme d’humour décalé et une profonde mélancolie.

Quatre ans plus tard, il réalise Skhizein, qui est sélectionné à la Semaine de la Critique. Cette fois, le personnage central est Henri, un homme frappé de plein fouet par une météorite de 150 tonnes. Il raconte en voix off comment ce choc l’a décalé d'exactement 91 centimètres par rapport à là où il devrait être. Là encore, on est face à un récit singulier qui hésite entre le rire et le malaise, la légèreté et la chape de plomb de la maladie mentale. Esthétiquement, la palette graphique reste extrêmement désaturée, dans des camaïeux de noir, de gris et de beige. Le film est nommé au César du meilleur court métrage et reçoit de nombreux prix internationaux.

En parallèle, le réalisateur continue de travailler dans l’illustration, et signe quelques films publicitaires, dont l’amusant Good vibration pour les assurances Liberty Mutual en 2009, dans lequel des employés de bureau s’amusent des différentes chutes provoquées par les vibrations d’un marteau-piqueur sur un chantier.

En 2012, il propose un nouveau court métrage, Palmipedarium, qui connaît lui aussi un beau succès en festival. On y voit un petit garçon qui accompagne son père à la chasse aux canards, avant de faire la rencontre d’une étrange créature déplumée qui semble aspirer à l’envol. Un film à la fois touchant et glaçant, qui crée une atmosphère presque anxiogène avec seulement quelques plans muets et elliptiques.

On ne peut donc pas dire que l’on ait été franchement surpris de découvrir que J'ai perdu mon corps, son premier long métrage, s’intéresse à une main séparée de son corps, qui entreprend tout un périple pour le retrouver. Cette adaptation du roman Happy Hand de Guillaume Laurant s’annonce comme une œuvre mélancolique à l’esthétique assez réaliste, alliée à une tonalité tour à tour onirique, romantique et épique.

Comme un retour aux sources, c’est à la Semaine de la Critique que ce film ambitieux et atypique connaîtra sa première mondiale, apportant sur la Croisette une vision de l’animation qui n’y a pas souvent sa place, car à la fois intimiste et épurée, déconnectée de tout "grand" sujet historique ou d’actualité, et clairement à destination d’un public adolescent et adulte. Triplement immanquable, donc.

Cannes 2019 : La star du jour… Hafsia Herzi

Posté par wyzman, le 16 mai 2019

Si le nom de Hafsia Herzi ne vous dit rien, c’est bien dommage.

En effet, elle est depuis 2007 et La Graine et le Mulet d’Abdellatif Kechiche une actrice à suivre de près. Après avoir présenté en 2011 deux films en compétition (La Source des Femmes de Radu Mihaileanu et L’Apollonide – Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello), elle effectuera cette année une nouvelle montée des marches.

Au casting de Mektoub, my love : intermezzo d’Abdellatif Kechiche (la suite de Canto uno), elle sera accompagnée du réalisateur mais également de ses partenaires Shaïn Boumedine, Ophélie Bau et Salim Kechiouche.

Et comme le hasard fait bien les choses, Hafsia Herzi présentera en parallèle son premier long-métrage Tu mérites un amour lors d’une Séance spéciale à la Semaine de la critique. Celui-ci concourt pour la Caméra d’or et la Queer Palm.

Cannes 2019 : 3 questions à Alaa Eddine Aljem, réalisateur du Miracle du saint inconnu

Posté par MpM, le 15 mai 2019

Alaa Eddine Aljem est un réalisateur marocain qui a étudié le cinéma à Marrakech et à Bruxelles, avant de réaliser plusieurs courts métrages. Son premier long, Le miracle du saint inconnu, est sélectionné en compétition à la Semaine de la Critique. Il raconte la vie d'un petit village perdu dans le désert, où se dresse le mausolée d'un Saint inconnu. Toute une galerie de personnages hauts en couleurs s'y croisent, d'un voleur cherchant à retrouver son argent caché dans la tombe du prétendu Saint à un gardien préférant son chien à son fils, en passant par un docteur qui n'a guère que de l'aspirine pour soigner ses patients, dressant un portrait cocasse et absurde du Maroc et de l'Humanité en général.

Ecran Noir : Quelle est la genèse du film ?
Alaa Eddine Aljem : C'est un film burlesque, une comédie absurde, dont j'avais l'idée depuis longtemps. Il y a une continuité avec les courts que je faisais avant, c'est-à-dire que je pars d'une situation absurde et que je cherche à l'exploiter à la fois dans son potentiel dramatique et comique. Ce n'est jamais de la grande comédie, mais c'est quelque chose qui fait sourire. Pour le long métrage, c'est un peu la même chose. Le point de départ, c'est donc ce voleur qui vole de l'argent et qui l'enterre, et qui à sa sortie de prison s'aperçoit qu'on a construit un marabout autour et qu'on pense qu'un saint est enterré là. Il s'installe dans un village qui s'est construit autour de ce mausolée et cherche à récupérer son argent. A chaque fois, il se retrouve dans des situations absurdes qui le mettent en interaction avec les habitants de ce village. Le point de départ, c'était à la fois ces situations, et des images de mon enfance. Ma mère vient du sud du pays, et je voyageais souvent avec elle quand j'étais petit, et ces paysages arides et désertiques me reviennent souvent en tête et sont souvent dans mes films.

EN : Quelle vision aviez-vous envie de donner du Maroc en faisant ce film ?
AEA : Il n'y a pas spécialement un message à délivrer sur le Maroc. C'est plus un constat, une observation. Il s'agit d'une micro-société qui est en mouvement, à la croisée des chemins entre le traditionnel et le moderne. Une société qui doit changer de mode de vie, et où la route et la modernité arrivent, et qui en même temps vit de ses vieilles croyances parce que c'est son seul gagne-pain. Le Maroc est un pays qui est en mouvement. On a atteint un point sensible entre tradition et modernité, et même entre croyance et matière, entre le règne d'un roi qui était jeune quand il est arrivé au trône, qui a apporté un nouveau souffle, et qui aujourd'hui n'est plus si jeune que ça. Il y a besoin d'autre chose, d'un nouveau projet national. J'ai des amis qui détestent le foot et qui priaient pour qu'on ait l'organisation de la Coupe du Monde, juste pour qu'on ait un événement national, quelque chose auquel on puisse croire, qui nous fasse aller de l'avant. Et dans le film c'est exactement ça. Un groupe d'individus qui ont besoin de croire en quelque chose ensemble pour aller de l'avant. C'est un besoin qu'on a tous. Ce n'est pas un film pour dire que telle croyance est bien ou pas bien. C'est plus une manière d'observer un changement, et comment il se reflète chez l'humain.

EN : Quels ont été vos choix de mise en scène pour le film ?
AEA : Dans tous les courts que j'ai fait, il y a une sorte de continuité dans la mesure où je n'ai jamais aimé les mouvements de caméra, je ne sais pas pourquoi. Donc ça a toujours été caméra sur pied et fixe, sans aucun mouvement. Je ne sais pas si c'est l'âge, mais je deviens de moins en moins sensible à certaines focales. J'ai tourné tout le film entre le 35mm et le 50mm, et un tout petit peu le 20mm. Tous les outils de la cinématographie se réduisent, je n'en garde que le strict minimum : une caméra, un pied, trois objectifs. J'aime beaucoup fragmenter les espaces et avoir comme des tableaux avec les personnages qui se déplacent d'un cadre à l'autre. Et souvent, dans les espaces, c'est les mêmes cadres et les mêmes axes, c'est juste monté différemment. Quelqu'un se lève et rentre dans 'autre cadre pour s'assoir. J'aime beaucoup les films japonais, l'esthétique de Ozu, j'aime cette rigidité qu'il y a dedans. Et même culturellement, je trouve qu'il y a quelque chose d'assez proche. Dans les décors marocains, on n'a pas de plan-tatami, mais on a des assises assez basses nous aussi, on a une position de caméra assez similaire.

J'ai aussi un côté assez maniaque sur le découpage, sur la préparation. J'ai besoin que tout soit prêt avant le tournage. Donc avec le chef opérateur, on a fait tout le film plan par plan en photos avant de commencer à tourner. On a pris 821 photos, avec des doublures sur tous les décors. Et des fois on cherchait, on faisait 25 photos avec différentes focales... En plus ce désert où on a tourné, il est habité aujourd'hui. Il y a des routes, des poteaux électriques, des quads, et du coup si on tourne un tout petit peu la caméra, on voit plein de choses dans le cadre ! Il a aussi fallu inventer tous les lieux, car rien n'existait : le mausolée, la colline... Donc j'ai tout préparé avant, méticuleusement. J'aime que tout soit bien préparé. Mais une fois sur le tournage, je ne regarde rien. J'ai tout dans la tête.

Cannes 2019 : La star du festival… Adèle Haenel

Posté par wyzman, le 13 mai 2019

A tout juste 30 ans, Adèle Haenel pourrait bien se diriger vers une carrière à la Isabelle Huppert. En effet, l'actrice est, depuis sa participation à son deuxième long métrage, une habituée de la Croisette.

Si en 2007, elle présentait Naissance des Pieuvres de Céline Sciamma dans la section Un certain regard, c'est bien en sélection officielle qu’elle a débarqué en 2011 avec L’Apollonide – Souvenirs de la maison close de Bertrand bonello.

Depuis, on l’a vue dans L’Homme qu’on aimait trop d’André Téchiné (2014, hors compétition), La Fille inconnue des frères Dardenne (2016, sélection officielle) et 120 Battements par minute de Robin Campillo (2017, sélection officielle). Et quand elle ne fait pas la montée des marches, elle s’offre les sections parallèles. On l’a ainsi vue à la Quinzaine des réalisateurs avec Après le sud (2011), En ville (2011), Les Combattants (2014) et En liberté (2018) ; du côté d’Un certain regard avec Confession d’un enfant du siècle (2012) et Trois mondes (2012) et à la Semaine de la critique avec Suzanne (2013).

Cette année, Adèle Haenel est à l’affiche de trois films : Portrait de la jeune fille en jeu de Céline Sciamma (sélection officielle - compétition), Le Daim de Quentin Dupieux (Quinzaine des Réalisateurs) et Les héros ne meurent jamais d'Aude-Léa Rapin (Semaine de la Critique). Un brelan d'as.

Cannes 2019: Les 18 documentaires dans la course à l’Œil d’or

Posté par vincy, le 10 mai 2019

L’Œil d’or 2019, prix du meilleur documentaire toutes sélections confondues au Festival de Cannes, sera remis le 25 mai. 18 documentaires seront départagés par un jury présidé par Yolande Zauberman (M), entourée de Romane Bohringer, Eric Caravaca, Ross McElwee et Ivàn Giroud.

- 5B de Dan Krauss, USA  (séance spéciale)
- Cinecittà - I mestieri del cinema de Bernardo Bertolucci : no end travelling de Mario Sesti, Italie (Cannes Classics)
- La cordillère des songes de Patricio Guzmán, France/Chili  (séance spéciale)
- Demonic de Pia Borg, Australie  (Semaine de la critique, courts métrages)
- Diego Maradona d’Asif Kapadia, Royaume Uni  (hors compétition)
- Être vivant et le savoir d’Alain Cavalier, France (séance spéciale) - photo
- For Sama de Waad Al Kateab et Edward Watts, Syrie/Royaume-Uni  (séance spéciale)
- Forman vs. Forman d’Helena T?eštíková et Jakub Hejna, République tchèque/France (Cannes Classics)
- Le grand saut de Vanessa Dumont et Nicolas Davenel, France  (courts métrages)
- Haut les filles de François Armanet, France  (Cinéma de la Plage)
- La glace en feu de Leila Conners, USA  (séance spéciale)
- Invisível Herói (Invisible Hero) de Cristèle Alves Meira, Portugal/France  (Semaine de la critique, courts métrages)
- Making Waves: The Art of Cinematic Sound de Midge Costin, États-Unis (Cannes Classics)
- On va tout péter de Lech Kowalski, France  (Quinzaine des réalisateurs)
- La passion d'Anna Magnani d’Enrico Cerasuolo, Italie/France  (Cannes Classics)
- Que sea ley de Juan Solanas, Argentine  (séance spéciale)
- Les silences de Johnny de Pierre-William Glenn, France  (Cannes Classics)
- Tenzo de Katsuya Tomita, Japon  (Semaine de la critique, courts métrages).

L'an dernier, l'Œil d’or avait été attribué au film d'animation Samouni Road de Stefano Savona (Semaine de la critique).

Cannes 2019 : une 58e Semaine de la critique riche en promesses

Posté par MpM, le 22 avril 2019

Pour cette 58e Semaine de la Critique, les deux comités de sélection, sous la houlette du délégué général Charles Tesson, ont retenu 11 longs métrages (parmi 1050 films visionnés) dont 7 en compétition et 4 en séances spéciales, et 15 courts métrages (parmi 1605 films) dont 10 en compétition et 5 en séances spéciales.

On remarque la présence en ouverture du deuxième long métrage de Franco Lolli (Litigante), réalisateur qui avait déjà été sélectionné à la Semaine avec Gente de bien en 2014 et à la Quinzaine en 2012 avec le court métrage Rodri. Autres séances spéciales, le premier long métrage de la comédienne Hafsia Herzi (Tu mérites un amour) et celui d'Aude Léa Rapin (Les héros ne meurent jamais), dont on avait remarqué les courts Ton coeur au hasard et Que vive l'Empereur.

La compétition réunit cinq premiers longs métrages et les deuxièmes de Lorcan Finnegan (Without name, jamais sorti en France) et Hlynur Pálmason (Winter Brothers, sorti en 2018). Certains réalisateurs en lice sont pourtant loin d'être des inconnus, puisque l'on retrouve Sofía Quirós Ubeda (Ceniza negra, issu du programme "Next Step" de la Semaine de la Critique) qui était en compétition courts métrages en 2017 avec le magnifique Selva et Jérémy Clapin et son fameux J'ai perdu mon corps dont nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises. Il avait lui aussi été sélectionné en compétition courts métrages en 2008 avec Skhizein. Il permet d'ailleurs d'apporter un peu d'animation dans une sélection qui, côté courts métrages, en manque singulièrement.

Dans la compétition courts métrages, justement, figurent notamment les nouveaux films de Valentina Maurel, révélée par la Cinéfondation en 2017 avec Paul est là, où elle avait d'ailleurs remporté le premier prix, Camille Degeye (Journey through a body) dont on avait vu Burûq et L'esseulé, Sofia Bost (Swallows) avec Dia de festa ou encore Cecilia de Arce (Une sur trois, Les nouveaux mondes) avec Mardi de 8 à 18.

Hors compétition, c'est le retour de Moin Hussain (Naphta), sélectionné en 2017 avec Real Gods require blood et de Cristèle Alves Meira (Semaine 2016 avec Champ de vipères) pour Invisible Hero, mais aussi de Pia Borg (Demonic), qui était à la Cinéfondation en 2014 avec Footnote. Enfin, le réalisateur japonais Katsuya Tomita, dont on a notamment vu Bangkok nites et Saudade, est présent avec le moyen métrage Tenzo tandis que Brandon Cronenberg (Antiviral) signe un très court de 9 minutes : Please Speak Continuously and Describe Your Experiences as They Come to You.

Compétition longs métrages
Abou Leila de Amin Sidi-Boumédiène
Ceniza Negra (Cendre Noire) de Sofía Quirós Ubeda
Hvítur, Hvítur Dagur (A White, White Day) de Hlynur Pálmason
J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin
Nuestras Madres (Our Mothers) de Cesar Diaz
The Unknown Saint (Le Miracle du Saint Inconnu) de Alaa Eddine Aljem
Vivarium de Lorcan Finnegan

Compétition courts métrages
Dia de festa (Jour de fête) de Sofia Bost
Fakh (The Trap) de Nada Riyadh
Ikki illa meint de Andrias Høgenni
Journey Through a Body de Camille Degeye
Kolektyvinai sodai (Community Gardens) de Vytautas Katkus
Lucía en el limbo de Valentina Maurel
The Manila Lover de Johanna Pyykkö
Mardi de 8 à 18 de Cecilia de Arce
She Runs de Qiu Yang
Ultimul Drum Spre Mare (Le dernier Voyage à la mer) de Adi Voicu

Film d'ouverture
Litigante de Franco Lolli

Film de clôture
Chun jiang shui nuan (Dwelling in the Fuchun Mountains) de Gu Xiaogang

Séances spéciales longs métrages
Les héros ne meurent jamais d'Aude Léa Rapin
Tu mérites un amour de Hafsia Herzi

Séances spéciales courts métrages
Demonic de Pia Borg
Naptha de Moin Hussain
Please Speak Continuously and Describe Your Experiences as They Come to You de Brandon Cronenberg
Invisible Hero de Cristèle Alves Meira
Tenzo de Katsuya Tomita