Cartoon movie 2019 – Florence Miailhe, Alain Ughetto et Simone Massi : l’animation pour adultes au firmament

Posté par MpM, le 12 mars 2019

© CARTOON
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Dans les travées du Cartoon Movie 2019, carrefour professionnel du long métrage d’animation, la question de l’animation adulte a comme toujours occupé les conversations. Si tout le monde est d’accord pour vanter la richesse et le caractère indispensable de cette forme de cinéma, elle continue d’un point de vue économique à ne pas toujours aller de soi. Ou plus précisément, alors que la critique plébiscite semaine après semaine des films tels que Chris the Swiss ou Funan, à destination d’un public d’adultes et d’adolescents, les producteurs rencontrent eux des difficultés à les financer, et les diffuseurs restent frileux à l’idée de les montrer, et donc de les acheter.

L'animation adulte : plus ambitieuse et plus risquée ?


Et c'est vrai : le public n’est pas assez souvent au rendez-vous. D'une manière générale, l’animation adulte peine à capitaliser autant qu’un film « familial » à plus gros potentiel commercial, ce qui en fait un domaine plus risqué que la moyenne (s'il existait une formule magique pour qu'un film marche en salles, évidemment, ça simplifierait les choses pour tout le monde). Et pour cause, puisqu’on parle d’œuvres forcément plus ambitieuses, abordant des sujets pas faciles, et sortant des sentiers battus. Exactement le type de films qui, lorsqu’ils sont en prise de vue continue, peuvent malgré tout trouver leur public, et même atteindre de très beaux scores. On ne dira jamais assez le mal que l’assimilation dessins animés = jeune public a fait au cinéma d’animation.

On a donc parfois l’impression de deux mondes qui se croient séparés par un fossé profond et infranchissable, sans voir les multiples passerelles qui vont de l’un à l’autre. D’autant que la question de la tranche d’âge à laquelle est destiné un film reste floue, et subjective. Rien n’empêche de voir Parvana vers 10 ans, Wardi à 8 et Funan à 12, par exemple. Tout dépend des enfants, et de la manière dont on accompagne chaque film. Ce qui, en passant, est vrai pour toutes les formes de cinéma.

Bien entendu, les professionnels ont conscience de la nécessité d'agir.  Un groupe de travail créé en 2018 par Nicolas Schmerkin de la société Autour de Minuit, et coordonné par l'AFCA (Association française du Cinéma d'animation), réfléchit ainsi à des solutions concrètes pour accompagner les films d'animation pour adultes lors de leur sortie en salles,  par exemple en intervenant très en amont. L'idée serait notamment de mobiliser un réseau de salles et d'exploitants qui soient sensibilisés aux problématiques propres à ce type de cinéma, et informées régulièrement des projets existants.

Trois projets intimes, universels et indispensables

C'est dans ce contexte que l'on a découvert à Bordeaux trois projets de longs métrages qui viennent tout azimuts réaffirmer l'urgence de désenclaver l'animation adulte et de mettre fin au gâchis consistant à sacrifier film après film le potentiel artistique gigantesque qu'elle recèle. Car ce qui se joue dans ces trois films en devenir va au-delà de la question de la création et de l'oeuvre cinématographique : c'est une manière d'éclairer le présent par le prisme de l'Histoire collective et des destins individuels. Interdit aux chiens et aux Italiens d'Alain Ughetto, La traversée de Florence Miailhe et Trois enfances de Simone Massi ont en effet en commun de partir d'un matériau très intime pour rappeler le passé récent, et rendre hommage à ceux qui l'ont vécu, mais aussi pour éclairer notre propre époque dans laquelle subsistent les échos de ces destins personnels.

Interdit aux chiens et aux Italiens d'Alain Ughetto (produit par Les Films du Tambour de Soie, Vivement lundi ! Foliascope, Graffiti Doc, Nadasdy Film)


Après Jasmine, dans lequel il racontait poétiquement son histoire d'amour avec une jeune femme iranienne à la fin des années 70, Alain Ughetto propose un deuxième long métrage qui s'avère tout aussi ambitieux que le premier. Il s'agit cette fois d'une chronique familiale entre la Suisse, la France et l'Italie, doublée d'une grande fresque du XXe siècle qui fait évidemment écho avec aujourd'hui. Le réalisateur y racontera avec émotion et humour le périple de Luigi et de ses frères qui quittent au début des années 20 leur village natal du Piémont dans l'espoir d'une vie meilleure à l'étranger.

Luigi, c'était le propre grand-père d'Alain Ughetto. Le réalisateur a remonté le fil de ses souvenirs personnels pour retracer son parcours et raconter ainsi toute l'histoire de ce qui fut dans la première partie du XXe siècle une main d'oeuvre nomade et déconsidérée. Le titre fait ainsi référence à des pancartes ayant réellement été affichées dans des vitrines de cafés ou de restaurants français. Difficile, bien sûr, de ne pas voir un parallèle entre cette attitude d'exclusion et les comportements d'intolérance et de rejet qui se succèdent depuis à l'égard de tous ceux qui viennent d'ailleurs.

C'est évidemment un projet profond et bouleversant, universel, mais aussi extrêmement personnel, qui met en scène la famille et les souvenirs d'enfance d'Alain Ughetto. "De tous ces gens, il ne reste plus rien" explique-t-il. Ce qui l'a amené à s'interroger sur ce qui, en lui, subsiste de ce monde englouti dont il est directement issu. Pour lui redonner vie, il aura recours à des matériaux artisanaux pour les décors (des brocolis, des châtaignes, du sucre...) et à des marionnettes pour les personnages. La séquence que l'on a pu découvrir lors du Cartoon movie se passe en 1922, et montre avec un mélange d'humour et de suspense la manière dont les trois protagonistes franchissent la frontière vers la France au nez et à la barbe des soldats italiens en train d'écouter un discours de Mussolini. Des images qui confirment l'immense tendresse dont le réalisateur entoure ses personnages, et le ton à la fois sensible et léger qui sera celui du film.

La traversée de Florence Miailhe (produit par Les films de l'Arlequin, Xbo Films, MAUR Film, Balance Film)


Voilà un projet qui a démarré il y a plus de dix ans, attendus depuis presque aussi longtemps par les admirateurs (nombreux) de Florence Miailhe, cette incontournable réalisatrice de courts métrages récompensée notamment d'un César pour Au premier dimanche d'août en 2002, et d'une mention spéciale à Cannes pour Conte de quartier en 2006. A l'origine de ce magnifique projet en peinture animée, dont on a pu découvrir à Bordeaux un montage de 12 minutes qui nous a tout simplement éblouis, il y a le désir de la réalisatrice de faire un pont entre la situation actuelle et l'histoire de sa famille obligée de fuir l'Ukraine à cause des pogroms, au début du XXe siècle.

Accompagnée par l'écrivaine Marie Despleschins, elle a finalement réduit le nombre de personnages à deux enfants jetés seuls sur la route, et qui traversent tout le continent à la recherche d'un havre d'accueil et de liberté. Malgré tout, l'influence familiale persiste, notamment à travers le carnet de croquis de la mère de la réalisatrice, qui lui a servi d'inspiration pour les différents personnages du film.

En six chapitres, le film racontera le parcours presque "traditionnel" des réfugiés de tous les pays et de toutes les époques : obligés de fuir pour sauver leur vie, puis sans cesse pourchassés, menacés, exploités, vendus ou emprisonnés. On a déjà pu admirer le travail exceptionnel mené sur les couleurs, les contrastes et les mouvements, qui promettent une oeuvre d'une grande beauté formelle. Sur le fond, l'émotion est perceptible dans les quelques minutes que l'on a pu découvrir, de même que la dénonciation du système qui profite du malheur des réfugiés, et de notre propre indifférence. Vraisemblablement l'un des grands chocs de l'année prochaine, que l'on attend évidemment à Cannes.

Trois enfances de Simone Massi (produit par Offshore et Minimum Fax Media)


Simone Massi, illustrateur et réalisateur de courts métrages (La memoria dei cani, Nuvole mani...), travaille lui-aussi sur son premier long métrage après avoir signé 45 minutes d'animation dans le documentaire Samouni road présenté à Cannes en 2018. Il y racontera l'histoire d'une même famille sur trois générations, entre 1918 et les années 70, dans la région des Marche, en Italie, dont il est originaire. Lui aussi s'inspire en effet de ses racines, de sa terre natale et de sa famille, pour une histoire sensible et universelle qui parle à la fois des courants migratoires, de l'Histoire du XXe siècle et de l'évolution de l'Italie. Ses personnages sont trois enfants qui voient passer à trois époques successives le "manège sanglant de l'Histoire" et observent la manière dont il bouleverse à la fois leur territoire et leur existence.

Simone Massi explique qu'il souhaitait s'inscrire à contre-courant d'un contexte où tout le monde a l'obligation de tout comprendre. "L'Histoire du XXe siècle est très compliquée. Pas aussi simple qu'on la raconte. C'est pourquoi embrasser le regard d'enfants permet de la raconter du point de vue de ceux qui ne comprennent pas vraiment ce qui se passe." On assistera donc avec les personnages à deux guerres mondiales puis à une quasi guerre civile, croisant fascisme et terrorisme, famine et terreur, reconstruction et injustices. Le désir de Simone Massi est ainsi de partir d'une histoire personnelle, celle de sa famille, pour montrer comment les événements historiques conditionnent l'histoire personnelle des individus.

Visuellement, le film sera dans la lignée du travail de Massi, avec cette technique particulière en noir et blanc (et quelques taches de couleur rouge) qu'il obtient en grattant du papier enduit de pastel noir. On pourrait s'attendre à ce que le procédé soit terriblement long, et pourtant les 45 minutes d'animation de Samouni road avaient été réalisées en seulement un an, grâce notamment à la rotoscopie. Trois enfances passera également par cette technique, sans pour autant renoncer aux aspects les plus minutieux, et artisanaux du travail de Simone Massi, et devrait être prêt pour mai 2022.

Le meilleur du long métrage d’animation européen se retrouve au Cartoon Movie de Bordeaux

Posté par MpM, le 5 mars 2019

Rendez-vous européen des professionnels du film d'animation depuis 1999, le Cartoon Movie voit passer chaque année les projets de longs métrages les plus divers, qu'ils soient attendus ou confidentiels, classiques ou complètement fous, modestes ou extrêmement ambitieux. Si tous ne voient malheureusement pas le jour, chacun d'eux a la possibilité d'être présenté devant les producteurs, investisseurs, distributeurs, agents de vente, sociétés de jeux vidéos ou encore new media players présents, en tout 900 professionnels en quête de contenus, de coopérations ou de coproductions.

Cette année, ce sont 66 projets en provenance de 22 pays, dont 22 films français, qui ont été sélectionnés pour participer à cette 21e édition du Cartoon Movie. Si les deux tiers sont seulement à l’état de concept ou en développement, 7 sont en production et 7 seront présentés en sneak preview, ce qui signifie qu'ils sont pratiquement terminés. Parmi ceux-là, on retrouve notamment L’Extraordinaire Voyage de Marona d'Anca Damian (qui présente aussi un projet à un stade moins avancé, intitulé The Island) et Bunuel dans le labyrinthe des tortues de Salvador Simo, que l'on avait tous deux eu la chance de découvrir lors de l'édition 2018.

La répartition des projets entre comédies familiales (67%) et films à destination d'un public jeunes adultes / adultes (20%) est assez représentative de l'image que l'on se fait du cinéma d'animation, et reste constante. C'est pourtant parmi ces films pour adultes et adolescents que l'on trouve certains des projets d'ores et déjà les plus attendus, tels que Saules Aveugles, Femme Endormie de Pierre Földes, adapté de Murakami, La Traversée de Florence Miailhe, dont il s'agit du premier long métrage après une très belle carrière dans le format court, Interdit aux Chiens et aux Italiens d'Alain Ughetto, à qui l'on doit notamment Jasmine, J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin (adapté de Happy Hand de Guillaume Laurant), Trois enfances de Simone Massi, l'animateur derrière les plus belles séquences de Samouni road, ou encore Kiki de Peter Dodd, sur la vie d'Alice Prin, plus connue sous le nom de Kiki de Montparnasse.

Mais on suivra également de près certains projets plus "familiaux" comme Linda veut du poulet ! de Chiara Malta & Sébastien Laudenbach (La Jeune Fille sans Mains), Terra Willy d'Eric Tosti (Les as de la jungle) qui sort le 3 avril, ou Where is Anne Frank d'Ari Folman (Valse avec Bachir).

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Cartoon Movie 2019
Du 5 au 7 mars
Informations sur le site de la manifestation

Le cinéma d’animation épate la galerie

Posté par MpM, le 23 novembre 2018


Vue de la galerie Miyu, 18 passage du chantier

Après avoir prouvé qu'il n'était pas un genre mineur, et qu'il pouvait tout à fait s'adresser à un public spécifiquement adulte, le cinéma d'animation s'échappe désormais de la salle obscure pour s'exposer en pleine lumière dans une nouvelle galerie qui lui est entièrement dédiée, la galerie Miyu.

A l'origine, Miyu est une société de production et de distribution spécialisée dans le court métrage d'animation avec une ligne très axée sur le cinéma d'auteur (on lui doit entre autres Je sors acheter des cigarettes d'Osman Cerfon, prix Emile Reynaud 2018, et Nothing happens de Michelle et Uri Kranot, prix André Martin 2017).

Grâce à la persévérance de son fondateur Emmanuel-Alain Raynal, la société s'est donc également dotée depuis le 17 novembre d'une galerie consacrée à l'animation d'auteur, internationale et contemporaine, qui propose à la fois des expositions temporaires in situ, des expositions itinérantes "clefs en mains" (dont une consacrée à La jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach, qui montre notamment l'étendue de son travail préparatoire), des activités hors les murs (à la demande) et même une galerie en ligne !


Simone Massi, "Amal et olivier" (Samouni Road, Stefano Savona, Picofilms, Alter ego, Dugong films, 2018)

La galerie physique, située au 18 passage du Chantier dans le XIe arrondissement de Paris, accueille jusqu'au 30 janvier une exposition consacrée aux images réalisées par Simone Massi pour les séquences animées du long métrage de Stefano Savona, Samouni Road. Un travail remarquable qui met en valeur la technique particulière de l'artiste : partir d’une surface entièrement noire et faire apparaître la lumière en grattant la matière. Les visages sont d'une expressivité déroutante, avec des personnages qui semblent planter leur regard dans le nôtre. Tout est saisissant, presque envoûtant, dans ces images qui existent bien au-delà du contexte du film de Savona.

En ligne, on trouve des œuvres de treize artistes internationaux (le chiffre est appelé à augmenter au gré des envies et des rencontres) qui sont à la fois des auteurs confirmés comme Georges Schwizgebel, Sébastien Laudenbach ou Florence Miailhe et des créateurs plus émergents tels que Alice Saey ou Kevin Manach et Ugo Bienvenu. On y trouve également deux cinéastes majeurs dont Ecran Noir vous a déjà parlé : Boris Labbé et Vergine Keaton, avec des pépites qui promettent de prolonger le plaisir pris en regardant leurs films...


Florence Miailhe, "La Rixe" (Au premier dimanche d'août, Les Films de l'Arlequin, 2002), exposition "French kiss"

Trois expositions in situ sont prévues pour cette première saison, et plusieurs itinérantes devraient voir le jour dans les mois à venir. Sans compter les expositions hors les murs, dont la première a déjà eu lieu à Viborg, au Danemark, autour du thème "French kiss". C'est que la matière ne manque pas, tant le monde de l'animation fourmille de créativité et d'auteurs. Une occasion en or de rencontrer Cécile Noesser, la gérante et co-fondatrice de la galerie Miyu, afin de parler de ce lieu atypique et singulier, né à une époque charnière pour le cinéma d'animation.

Ecran Noir : Une galerie entièrement consacrée au cinéma d'animation, c'est inhabituel !

Cécile Noesser : Oui, on est les premiers en Europe ! Il y en a une autre qui existe à Tokyo, c'est la galerie du réalisateur japonais Koji Yamamura. Dans son temps libre, il a ouvert un petit espace ouvert au public,  en bas de chez lui, où il vend des œuvres d'artistes dans la même ligne que nous. Il y a une vraie parenté avec cette galerie qui s'appelle "Au praxinoscope", en français dans le texte, en hommage au cinéma des premiers temps. Et puis c'est à peu près tout.

Bien sûr, il y a la galerie Artludik, qui défend plutôt une ligne entertainment, avec un paysage qui va du jeu vidéo à la bande-dessinée en passant par l'animation, mais une galerie dédiée entièrement aux auteurs de films d'animation, finalement on est les seuls avec Koji Yamamura.

EN : Comment l'idée a-t-elle germé ?

CN : Il y a une matière graphique qui est impressionnante, inépuisable, et c'est une frustration trop grande, quand on connait l'animation, de ne pas avoir plus accès à ces œuvres qui, jusqu'à présent, étaient considérées uniquement comme des étapes de travail avant le produit final, c'est-à-dire le film. Or ce sont des œuvres à part entière ! Il y a des auteurs qui sont reconnus depuis très longtemps pour leur travail graphique. Par exemple Georges Schwizgebel et Florence Miailhe qui travaillent la peinture animée, sont exposés depuis très longtemps dans le monde entier. C'est une vraie reconnaissance de leur travail, mais très partielle. Et c'est aussi très rare.

Il y a donc un continent de création à montrer, valoriser, explorer. L'envie vient de là. Il y a une deuxième raison qui est dans la continuité, c'est l'idée qu'il y a des trésors de création notamment dans le court métrage et qu'ils restent assez méconnus, malgré un grand dynamisme dans les festivals et même dans les émissions de télévision comme Court-circuit sur Arte. Il y a une ébullition autour de ces films-là, mais qui reste dans un cercle de cinéphilie et d'amateurs d'animation. On aimerait bien que ce continent créatif explose à la vue du grand public et du cercle du monde de l'art en général. Qu'ils reconnaissent cette partie de la création comme faisant partie du monde des arts visuels à part égale avec l'illustration, l'art contemporain, la bande dessinée...

EN : C'est aussi une manière de réaffirmer l'importance de l'animation, souvent considérée comme un genre mineur, moins "noble" que les autres.

CN : L'animation continue à pâtir du ghetto jeunesse d'une part et du ghetto "télé" d'autre part, puisque quantitativement, le plus gros de la production animation, c'est le dessin animé pour la télé. Par contre, il y a une énorme créativité du côté du court métrage, qui est reconnue dans le monde entier, qui commence à poindre dans le long métrage à travers des chefs d'oeuvre comme La Tortue rouge et La jeune fille sans mains. Donc c'est vrai que la galerie, c'est aussi une forme de signal pour dire que l'animation est également de l'art et doit être reconnue comme tel. On espère que ce sera un outil pour aller vers cette idée.

D'ailleurs ce n'est pas un hasard si la galerie naît maintenant. L'animation pâtit toujours d'une image réductrice, mais c'est en train de changer. En un mois, je suis allée voir de l'animation au Louvre, à la Maison de la poésie pour une performance autour du film Le tigre de Tasmanie de Vergine Keaton et à la foire Asia now, dans le cadre de la FIAC, pour une table-ronde sur les liens entre animation chinoise et art contemporain... tous ces événements dans des institutions aussi prestigieuses, c'est totalement nouveau ! On sent qu'il y a une vraie envie. Qu'il y a un patrimoine à valoriser et des innovations à suivre. Donc je pense qu'on est vraiment dans une période propice !

EN : Quel public espérez-vous toucher ?

CN : On sent qu'il y a une énorme curiosité, une attente et une envie de la part du monde de l'animation en général, qui est une communauté très internationale, d'où la galerie en ligne aussi. Ca, c'est ce qu'on connaît. Le grand public, on le sait aussi, est toujours émerveillé de voir ce genre d’œuvres, de comprendre le lien entre les œuvres et les films. Ce qui est caché derrière les films d'animation, ça fascine totalement les spectateurs. Et puis le public que l'on a envie de séduire également, c'est le monde de l'art, tout simplement. Le public des Beaux-Arts, le monde des galeries, les gens qui ont une culture visuelle et qui vont découvrir tout ce continent créatif.

EN : Que peut-on s'attendre à voir dans la galerie ?

CN : C'est très varié. Comme il y a différentes techniques, les images prennent différentes formes : dessin, peinture, papiers découpés, gravure... Ensuite, il y a différentes étapes dans la création : il y a les images finies pour le film, mais aussi des story boards, des recherches, des œuvres qui précèdent la création du film... C'est le cas notamment pour l'exposition consacrée à Simone Massi, où nous exposons trois grands formats qui sont des recherches et qui ne figurent pas dans le film terminé. Mais aussi le travail personnel des artistes pour le monde de l'édition, des projets d'affiche, des tableaux... Ce sera justement l'occasion de montrer toute la richesse de cette création.

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Galerie Miyu
18 passage du Chantier
75012 Paris

Accessible sur rendez-vous du mardi au samedi.
01 43 44 53 76

Consulter également la Galerie en ligne

Venise 2012 : un enfant et un rhinocéros sont sur un bateau…

Posté par vincy, le 29 juillet 2012

Pour sa 69e édition, le Festival de Venise change la séquence d'ouverture qui précèdera les projections.

C'est le réalisateur, animateur et illustrateur italien Simone Massi, primé par les Césars italiens d'un David di Donatello du meilleur court métrage cette année, qui en est l'auteur. 300 dessins (à la main) qui défilent en 30 secondes, avec des clins d'oeil à Fellini, Angelopoulos, Wenders, Olmi, Tarkovsky.... Le film commence avec un bateau sur lequel se trouvent un rhinocéros fellinien et un enfant, qui pêche des images et des souvenirs de cinéma. La musique est signée de Francesca Badalini.

Massi a reçu plus de 200 prix dans le monde ; ses films ont été sélectionnés dans différents festivals (en France, notamment à Annecy et Clermont-Ferrand).

Cette ouverture est également déclinée pour être l'identité visuelle du Festival cette année.