Tallinn 2015 : retour sur Animated Dreams, Festival du Film d’Animation

Posté par redaction, le 26 novembre 2015

tallinn

Après quatre  jours de marathon intensif autour du cinéma d'animation, le festival Animated Dreams, dont c'était la 19e édition, s'est achevé ce dimanche à Tallinn en Estonie.

Composante du Black Nights Film Festival de Tallinn, le festival présentait quatre programmes en compétition officielle, comprenant chacun entre 8 et 12 courts métrages internationaux, dont We Can't Live Without Cosmo du réalisateur russe Konstantin Bronzit (Crystal du meilleur court métrage à Annecy en 2015), Footprints, réalisé par l'Américain Bill Plympton (nominé aux Oscars 2015), Life with Herman H. Rott de l'Estonienne Chintis Lundgren (mention spéciale Anim'Est 2015 à Bucarest), Pjano de l'Estonien Kaspar Jancis (Prix du meilleur film et du meilleur scénario au festival Tofuzi 2015 en Géorgie), The Isle of Seals réalisé par le Letton Edmunds Jansons (Prix Spécial du Jury aux Sommets du cinéma d’animation de Montréal en 2014) ou encore Moon Blink de l'Autrichien Rainer Kohlberger (sélectionné pour le Tiger Award du court métrage au IFFR 2015 à Rotterdam).

Trois coproductions françaises étaient également en compétition sur ce festival : Man on the Chair de Dahee Jeong (France/Corée du Sud), Limbo-Limbo Travel de Zsuzsanna Kreif (France/Hongrie), The Little Seed de Chaïtane Conversat (France/Iles Cook), ainsi que 3 courts métrages français Celui qui mangea un œil de poisson de Alice Saey, Planet Z de Momoko Seto et Yul et le serpent de Gabriel Harel.

Une vingtaine de courts métrages remarquables ont par ailleurs été projetés hors compétition ainsi que deux programmes d'une douzaine de films chacun figurant dans la compétition étudiante internationale, parmi lesquels deux films français : The Twilight Tour de Reza Riahi et Loop Ring Chop Drink de Nicolas Ménard.

Une rétrospective sur le travail de l'animateur estonien Kalju Kivi, un programme dédié à 30 ans d'animation en Autriche (ASIFA Austria 30), un focus sur l'animation géorgienne ainsi que plusieurs longs métrages hors compétition sont venus compléter ce programme haut en couleurs.

Palmarès

Prix du Meilleur Film étudiant
About a Mother de Dina Velikovskaya (Russie)

Prix de la meilleure composition musicale
Jerzy KUCIA (Pologne) pour Fugue for cello, trumpet and landscape

Prix du meilleur court métrage non narratif
Five Minute Museum de Paul BUSH (Suisse)

Mention spéciale Tsvika OREN
Riho Unt (Estonie) pour Isand / The Master

Mention spéciale Kalju KIVI
Ivan Maximov (Russie) pour Benches N°0458

Mention spéciale Emma DE SWAEF
Don Hertzfeldt (USA) pour World of Tomorrow

Grand Prix Heino Pars
Daisy Jacobs (Angleterre) pour The Bigger Picture

Texte : Alain Andrieux
Photographie : Lys Le Corvec

Tallinn 2015 : rencontre avec Jacques Toulemonde et Bruno Clairefond pour « Anna »

Posté par redaction, le 19 novembre 2015

Le film Anna est présenté cette année en avant-première mondiale au Black Nights Film Festival de Tallinn en Estonie. À la veille de sa projection devant le public, le réalisateur Jacques Toulemonde (notamment coscénariste de L'étreinte du serpent de Ciro Guerra récompensé à la Quinzaine des réalisateurs 2015) et l'acteur Bruno Clairefond nous accordent un entretien au sujet de ce road movie trépidant qui sortira en salles en 2016. Voici un avant goût de ce qui vous attend en janvier !

Votre film ''Anna'' est une coproduction franco-colombienne entre Noodles Production à Paris et Janus Film à Bogotà. Pouvez vous présenter au public les thématiques développées par ce film ?

Jacques Toulemonde : Le scénario est basé sur l'histoire d'Anna, qui ne peut pas élever son enfant parce que son ex-mari essaie de les séparer. Elle n'a pas d'autre choix que d'essayer de convaincre son compagnon Bruno et de partir avec son enfant en Colombie. Le film raconte l'histoire de ce voyage où elle tente de construire sa famille et de prouver qu'elle peut être une mère idéale. Sauf que c'est une personne très fragile qui lutte contre ses démons et affirme son envie d'être avec son enfant. Ce film pose la question de la réaction à adopter avec des personnages comme Anna qui sont aussi géniaux qu'ils peuvent être difficiles, voire dangereux. Faut-il suivre leurs désirs et voir où cela peut nous mener, ou au contraire faut-il les séparer de leur enfant et les enfermer dans des hôpitaux ? J'ai aussi essayé de faire bouger un peu le point de vue tout au long du film. Le début est très axé sur Anna, sur ses réflexions et sa perception, puis on s'approche du point de vue de l'enfant et enfin de celui de Bruno. On découvre progressivement comment il la voit. C'est lui qui finalement arrive le mieux à comprendre ce qu'il faut faire avec elle. Son ex-mari rejette systématiquement ses idées, Bruno les accepte aveuglément, et on voit ensuite les conséquences de ces deux types de réponses.

En regardant le scénario on a l'impression que vous avez vraiment vécu cette histoire. Est-ce un scénario autobiographique ? Comment vous est venue l'idée du film Anna ?

JT : Ce film a une part autobiographique. J'ai été en relation avec des femmes comme Anna, même si les personnages sont romancés. Je voulais aussi traiter de cette question du voyage entre la Colombie et la France à travers la nature du personnage d'Anna, qui contient sa part d'obscurité et de lumière. Dans ces deux pays, j'ai l'impression d'avoir la même relation que le personnage d'Anna. La France, qui est un pays merveilleux où les conditions sociales sont déjà bien développées, et qui est en même temps en dépression profonde depuis 20 ans, et la Colombie, où la vie et la fête sont omniprésentes, alors que c'est un pays qui marche moins bien socialement. C'est aussi ce qui se passe avec le personnage. Elle a une appartenance à ces deux pays qui la rend ambivalente.

Bruno, incarnez-vous votre propre personnage dans le film "Anna" ?

Bruno Clairefond : Non, les acteurs incarnent toujours un personnage, nous ne sommes jamais à l'écran ce que nous sommes dans la vie réelle. Avec Jacques nous avons cherché une justesse de jeu, on peut donc dire qu'un aspect du personnage est proche de moi, mais il y a aussi toujours une part de composition.

JT : Oui, il y a une part de composition, mais elle est aussi nourrie par notre propre expérience et notre sensibilité. D'un autre coté, il y a certains éléments de la personnalité de Bruno dont je me suis inspiré pour écrire le rôle de son personnage, pour construire sa fragilité dans le film. J'ai aussi probablement été influencé par l'image que je me suis fait de lui.

BC : Il me connaît aussi très bien. Nous avions déjà réalisé un projet indépendant ensemble en 2006, et je savais où il voulait aller. Il me faisait lire le scénario, nous avons relu tous les dialogues à Bogotà et je lui donnais mon point de vue, mais c'est vraiment Jacques qui a tout écrit. C'est lui le scénariste du film. Lire le reste de cet article »

Retour sur l’ouverture du 19e Black Nights Film Festival de Tallinn

Posté par redaction, le 17 novembre 2015

Festival Tallinn

Plus de 2500 films nominés, 72 pays représentés, 16 avant-premières mondiales, dont deux coproductions françaises, 24 avant-premières internationales, un millier d'invités provenant de l'industrie du cinéma pour 17 jours de projections : les chiffres de cette année confèrent le titre de Festival de classe A à Talinn, manifestation de renommée internationale. Retour sur la cérémonie d'ouverture qui rendait hommage au cinéma géorgien.

Jeudi 13 Novembre, 19h à Tallinn - Estonie. Le prestigieux Nordea Concert Hall ouvre ses portes à une foule d'invités venus assister à la cérémonie d'ouverture du festival. Indrek Saar, ministre de la Culture estonien et Mikheil Giorgadze, ministre de la Culture géorgien, introduisent le festival par deux allocutions portant sur la fonction vitale de la culture dans le changement des mentalités au sein de nos sociétés modernes. La culture est en effet le langage choisi pour développer les relations entre ces deux pays, à l'heure où Tangerines du réalisateur Zaza Urushadze, premier film résultant d'une collaboration entre l'Estonie et la Géorgie, est nominé pour les Oscars 2015.

Dirigé par l'illustre chef d'orchestre Nikoloz Rachveli, l'Orchestre philharmonique national de Géorgie amorce ensuite un concert sur un collage de films muets historiques réalisés en noir et blanc, comprenant notamment certains des immenses moments du cinéma géorgien.

Elisso de Nikolaï Chenguelaia (1928), Saba de Mikhail Tchiaoureli (1929), Le père du soldat de Revaz Tchkheidze (1964), Gueorgui Saakadzé de Mikhail Tchiaoureli (1943), La caravane blanche de Tamaz Meliava (1963) ou encore Alaverdoba de Giorgi Shengelaia (1962) sont ainsi présentés au public, mêlant scènes épiques de batailles à cheval, représentations de la vie rurale et danses traditionnelles, constituant autant de moments historiques et identitaires de la nation géorgienne.

Puis quatre récompenses sont décernées à des Estoniens durant cette cérémonie d'ouverture :
- le "Prix Bruno O'Ya du Meilleur Jeune Acteur Estonien" revient à Sergo Vares pour son interprétation de Hamlet au théâtre, ainsi qu'à Taavi Tonisson pour sa contribution au cinéma estonien ;
- les "Prix pour l’œuvre d'une vie" ont été attribués à deux compositeurs légendaires dont les œuvres musicales ont été largement utilisées dans de nombreux films estoniens : Arvo Pärt et
Veljo Tormis.

Suit une performance de 4 chants polyphoniques en Estonien et à cappella par 6 chanteurs de l'ensemble "Estonian Voices". Une projection de photographies illustrant les moments forts de la vie des deux compositeurs accompagne cette symphonie vocale dans une cascade de tonalités mélodiques.

La soirée se conclut enfin par la projection du film comique muet géorgien Chemi Bebia (Ma grand mère) réalisé en 1929 par Kote Mikaberidze, dont la pellicule a été restaurée en 1976. Ce monument du cinéma géorgien constitue une satyre du système bureaucratique soviétique de l'époque mettant en scène les membres du gouvernement réunis autour d'une table.

On y voit les nombreuses errances d'un système hyper centralisé où les décisions ne se prennent pas : un député écrit sur les feuilles des textes officiels des lettres d'amour qui restent sans réponse et il les envoie sous forme d'avions en papier à sa secrétaire, avant de se suicider sous l’œil amusé de la jeune femme. Un ouvrier apporte au bureau central une lettre de préavis de grève nationale qui se déplace devant le nez des membres du gouvernement endormis sur leur table, alors que les pages du calendrier s'envolent et que l'on remarque cette phrase inscrite sur la porte d'entrée : "ne gaspillez pas le papier".

Une quinzaine de films français, ainsi qu'une quarantaine de co-productions françaises, seront à l'affiche pendant les 17 jours du Black Nights Film Festival 2015, parmi lesquels : Adama de Simon Rouby, Love de Gaspar Noé, Le Petit Prince de Mark Osborne, Le testament d'Alexander McQueen de Loic Prigent, L'hermine de Christian Vincent, La glace et le ciel de Luc Jacquet, Braqueurs de Julien Leclercq, La peur de Damien Odoul, Les Oiseaux de passage de Olivier Ringer, Bang Gang (une histoire d'amour moderne) de Eva Husson ou encore Hubert de Givenchy, un destin Haute Couture de Éric Pellerin.

Anna de Jacques Toulemonde Vidal sera également projeté en avant-première mondiale, et Finding Babel de David Kovacs en avant-première internationale. Cette co-production internationale (Canada, France, USA, Russie, Ukraine) suit un homme sur les traces de son grand père, Isaac Emmanuilovich Babel, exécuté à Moscou en 1940 pour son travail cinématographique traitant de la guerre civile russe (1918-1921) et de la mafia juive de l'époque (Tales Of Odessa,1921-1931).

Parmi les autres nombreux événements proposés, on peut aussi signaler un Forum professionnel du film européen, un marché du film international (Black Market Online) ainsi qu'un programme dédié au cinéma d'animation : Animated Dreams.

___________________

Retrouvez le programme de ces événements sur le site de la manifestation et celui d'Animated Dreams.

Texte : Alain Andrieux
Photographie : Lys Le Corvec