Cannes : la belle carte à jouer de l’Asie

Posté par MpM, le 8 mars 2009

ThirstEnfant chéri de Cannes ces dernières années, l’Asie pourrait à nouveau arriver en force sur la Croisette. Ainsi, si l’on en croit la rumeur, Johnnie To aurait déjà son ticket pour le tapis rouge. En tant que réalisateur, pour Vengeance, où il dirige Johnny Hallyday, et/ou en tant que producteur avec Accident de Pou Soi Cheang, à qui l’on doit notamment Dog bite dog. A moins qu’il ne s’agisse encore d’un de ces buzz purement gratuits qui amusent tant le délégué général Thierry Frémaux …

La concurrence est en effet rude du côté de Hong Kong et de la Chine continentale. Lou Ye, qui concourait pour la palme d’or en 2006 avec Une jeunesse chinoise, met la dernière main à Spring fever. Wang Chao, sélectionné à Un certain regard la même année avec Voiture de luxe, est lui en train d’achever Starting over. Enfin, la réalisatrice Yimeng Jin a en stock Sophie’s revenge avec Zhang Ziyi, l’ancienne assistante de Jia Zhang-ke, Carol Lai, a terminé Shuffle et Tian Zhuangzhuang est de retour avec The warrior and the wolf.

Par ailleurs, du côté coréen, trois cinéastes qui ont déjà eu les honneurs de la croisette sont sur les rangs  : Park Chan-wook (Thirst), Bong Joon-ho (Mother) et Hong Sang-soo ; tandis qu’au Japon, on table sur un ancien lauréat, Hirokazu Kore-eda (Air doll), et sur un "petit nouveau", Hideo Nakata (Gensenkan), qui est le candidat idéal pour une séance de minuit à forte teneur horrifique.

On attend aussi beaucoup de la Thaïlande, qui est en train de s’imposer comme le nouvel Eldorado des cinéphiles. Wisit Sasanatieng, qui fut le premier réalisateur thaïlandais présenté en Sélection officielle (en 2001, avec Les larmes du tigre noir, dans la section Un certain regard), travaille à Red eagle. Son compatriote et complice Pen-ek Ratanaruang (venu présenter Ploy à la Quinzaine des Réalisateurs en 2007) a également un projet en cours : Nymph.

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Musée Guimet : focus sur le cinéma thaïlandais contemporain

Posté par MpM, le 31 janvier 2009

Au fil du MékongAvec son nouveau cycle "Au fil du Mékong", l’auditorium du Musée des arts asiatiques propose jusque fin juin une programmation éclectique s’intéressant à trois pays bordés par le célèbre fleuve : la Birmanie, le Laos et le Thaïlande. Si les deux premiers seront uniquement abordés sous l’angle des "rites et croyances des peuples et minorités ethniques" (les nagas birmans, le peuple karenni, le bouddhisme et les bouddhas d’or, les rites laotiens…) par le biais d’une quinzaine de documentaires, le dernier bénéficiera à la fois de cette facette thématique (les esprits, les Akhas, la fête des eaux…) et d’une exploration plus fictionnelle offrant un véritable panorama du cinéma thaïlandais contemporain.

Cette cinématographie, qui s’impose depuis une dizaine d’années comme l’une des plus originales et novatrices du monde, existe quasiment depuis l’invention des frères Lumière. Elle a connu un premier âge d’or dans les années 30 et un véritable renouveau à la fin des années 70. Mais la concurrence conjointe des films hollywoodiens et de l’essor de la télévision a réduit de manière drastique la production locale après 1981. La Thaïlande est ainsi passée de 150 films locaux par an en 1978 à seulement une dizaine au milieu des années 90.

La nouvelle vague actuelle a été initiée par trois réalisateurs de publicité (Nonzee Nimibutr, Pen-ek Ratanaruang et Wisit Sasanatieng) qui, en 1997, décident de reprendre la Blissfully yourscinématographie locale en mains en proposant une qualité artistique susceptible de séduire aussi bien les investisseurs que le public. Cela donne 2499 antapan krong muang (écrit par Wisit Sasanatieng et réalisé par Nonzee Nimibutr) et Fun Bar Karaoke (de Pen-ek Ratanaruang, Prix spécial du jury au Festival des 3 continents de Nantes), qui sont d'énormes succès au box-office thaïlandais.

Un cinéma en vogue depuis huit ans

Mais très vite, l’engouement gagne les grands festivals internationaux. En 2001, le western stylisé Les larmes du tigre noir de Wisit Sasanatieng est le premier film thaïlandais sélectionné au Festival de Cannes. Suivent Monrak transistor (Quinzaine des réalisateurs 2002) et Ploy de Pen-ek Ratanaruang (Quinzaine des réalisateurs 2007) ainsi que deux autres de ses œuvres qui reçoivent les honneurs de Venise et Berlin : Last life in the universe, présenté à la Mostra en 2003 et Vagues invisibles, en lice pour l’Ours d’or en 2006. Enfin, autre grand réalisateur révélé et porté aux nues par le Festival de Cannes, Apichatpong Weerasethakul y reçoit le prix du meilleur film de la section Un certain regard pour Blissfully yours en 2002 et le prix du jury pour Tropical malady en 2004, avant d’être l’un des jurés de la compétition officielle en 2008.

Citizen DogA noter que tous ces films figurent parmi ceux projetés à Guimet d’ici la fin du mois de juin, ce qui en dit long sur la qualité de la programmation. Ce "Regard sur le cinéma thaïlandais contemporain" offre en effet un panorama passionnant des films et des auteurs qui comptent et ont compté en Thaïlande depuis la fin des années 90, ne faisant l’impasse ni sur le courant léger et ultra-loufoque où s’inscrit par exemple la délirante comédie musicale Citizen dog, ni sur la cinématographie plus exigeante et déconcertante représentée par les longs-métrages oniriques et mystérieux d’Apichatpong Weerasethakul. L’occasion de (re)découvrir, en une douzaine de films, toute la richesse et l’inventivité de ce cinéma thaïlandais que l’on ne se lasse pas de voir venir à nous.
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Du 2 février au 24 juin 2009
Séances à 12h15 les lundis, mercredis ou vendredis selon les semaines
Programme complet et informations sur le site de l’Auditorium Guimet

Bangkok dangerous : risque d’ennui profond

Posté par MpM, le 27 août 2008

Bangkok dangerousL'histoire : Kong, le meilleur tueur à gages du marché, vient exécuter ses quatre derniers contrats à Bangkok. Après, une monstrueuse somme d'argent et une retraite dorée l'attendent. Mais, lassitude ou imprudence, il transgresse au bout de quelques jours les principes fondamentaux qui gouvernent son existence en tombant amoureux et en commençant à se poser des questions sur son travail...

Notre avis : D’habitude, un titre comme Bangkok dangerous laisse supposer que l’on a affaire à un film d’action. On est d’autant plus sûr de ne pas se tromper qu’il s’agit du remake du film éponyme réalisé par les mêmes frères Oxide et Danny Pang en 2003, et qui s’attachait aux pas d’un tueur à gages sourd et muet animé d’une folie meurtrière incontrôlable. Sauf qu’en réalité, on a plutôt l’impression que, quitte à cachetonner, Nicolas Cage s’est offert des vacances en Thaïlande où il joue les touristes avec un parfait naturel. Il apprivoise un éléphant, goûte à la gastronomie locale, s’intéresse au folklore et, bien sûr, tombe amoureux. Entre deux excursions, il exécute quand même un contrat, vite fait bien fait, sans éclat. Question spectacle et suspense, on en est pour nos frais. Il faut même attendre la deuxième moitié du film pour qu’il se passe enfin quelque chose d’un peu animé : une course poursuite en bateau qui s’achève par une amputation improvisée.

S’en suivent fort logiquement une fusillade, de très jolies explosions et une séquence finale comme on les aime : seul contre tous, le héros élimine un à un les méchants pour obtenir vengeance et rédemption. Pas mal, mais tardif. Et surtout, filmé n’importe comment, à grands renforts de flashs et de fondus tapageurs qui donnent l’impression que l’écran n’est plus qu’une immense guirlande clignotante. Histoire de meubler, la musique qui passe en boucle ressemble à celle des pires jeux vidéo, répétitive, sans consistance et horripilante au bout de deux parties. Il n’y a définitivement pas grand-chose à sauver dans ce remake inutile, et surtout pas la psychologie des personnages, qui sert de caution morale à l'ensemble alors qu'elle est quasiment inexistante ! Même Nicolas Cage, qui parvient d’habitude à insuffler second degré et profondeur à ce genre de rôle, promène sans conviction son air d’enterrement d’un bout à l’autre de Bangkok. Affublé d’une coupe ridicule, d’une voix-off d’outre-tombe et de principes stéréotypés qu’il s’empresse de transgresser, il a surtout l’air d’attendre que quelqu’un mette une fin à tout ça, ce qui lui fait au moins un point commun avec le spectateur.