Japon : The Cove harponné par des nationalistes d’extrême-droite

Posté par anne-laure, le 11 juin 2010

the cove japon
Suite à des menaces provenant de nationalistes d’extrême-droite, trois salles japonaises renoncent à programmer The Cove (La baie de la honte en français), Oscar 2010 du meilleur documentaire et récipiendaire de 24 prix dans le monde, réalisé par Louie Psihoyos. Celui-ci dénonce les conditions barbares dans lesquelles se déroule la chasse au dauphin, au large du village de Taiji.

Le film, très accusateur, évoque une petite baie située à Taiji, au Japon. Là-bas, chaque année, entre septembre et mars, des pêcheurs locaux chassent les dauphins dans des conditions plutôt scandaleuses. En perturbant leurs sonars, ils parviennent à les désorienter et à les attirer nombreux dans de grands filets. Puis le spectacle macabre commence. Les dauphins sont d’abord triés . Les plus beaux sont vendus à des delphinariums mais les autres… Ils sont extirpés de l’eau, tirés sur le macadam puis égorgés vifs, contrairement à ce qu’affirme Joji Morishita de la Commission baleinière internationale (IWC).

Le distributeur japonais Unplugged a précisé que The Cove devait initialement sortir dans 26 cinémas le 26 juin, mais que deux salles  - le Cinemart Roppongi à Tokyo et le Cinemart Shinsaibashi à Osaka - avaient finalement déclaré forfait après avoir subi des pressions de militants nationalistes. Le cinéma Theater N à Tokyo a suivi le mouvement.

Le film montre avec un regard acéré et critique ce spectacle, ce qui déplaît fortement aux pêcheurs locaux. Ils accusent les Occidentaux de s’émouvoir pour les cétacés, mais de tuer bœufs et cochons dans les abattoirs. Les nationalistes ont donc saisi la cause de manière opportune, en demandant le boycott du film sur les écrans nippons.

Nombre d'habitants du village reprochent en outre au réalisateur du film  d'avoir ignoré la tradition culturelle de la chasse aux cétacés pratiquée dans la région depuis le 17e siècle. Le documentariste, de son côté, s'est défendu de toute intention anti-japonaise et a expliqué avoir voulu informer les Japonais eux-mêmes sur une pratique méconnue et du danger de la consommation de viande de dauphin, surchargée en mercure.

Cela ne m'a pas empêché 600 personnes de voir le film à Tokyo mercredi dernier, en avant-première.

A l'autre bout du monde, le film a fait l'ouverture du Festival international de cinéma sur l'environnement (Fica) de Goias Velho