IPCRESS – Danger immédiat (The IPCRESS file) : l’anti-James Bond

Posté par Claire Fayau, le 20 octobre 2010

Synopsis : Un prestigieux scientifique britannique, le docteur Radcliffe, disparaît subitement en montant dans un train, et son garde du corps est retrouvé mort non loin de là. Pour remplacer ce dernier, le turbulent Harry Palmer est transféré des services secrets militaires au service du contre-espionnage. Placé sous les ordres du major Dalby, un homme aussi intransigeant que laconique, Palmer est chargé de retrouver la trace de Radcliffe. Ses recherches l’orientent vers un dangereux malfrat d’origine albanaise et un dossier secret portant la mention « IPCRESS »…

Reprise : Tourné en 1965, IPCRESS (Induction of Psychoneuroses by Conditioned Reflex Under Stress) est le produit de son époque. Il possède le charme du film policier d'une période accro au modernisme, avec un Palmer dont le style fait penser à la fois à Colombo, Dirty Harry, et bien sûr à James Bond (notamment pour son goût pour les jolies femmes).

Premier d'une série de trois films d'espionnage dans lesquels Michael Caine incarne l'espion Harry Palmer, Ipcress est un film policier qui diffère des autres pour sa mise en scène avant-gardiste le singularisant des polars habituels. Avec son scénario plutôt bien ficelé, où le suspens est intact jusqu'au bout, le sentiment de trahison comme menace permanente (et fantôme), le film se distingue aussi par l'interprétation de son comédien, qui, on ne le dira jamais assez, est l'une des plus grands acteurs de ces 50 dernières années.

Son personnage, créé par le romancier britannique Len Deighton, se caractérise par son flegme, son humour et son côté rebelle. Un homme qui dit ce qu'il pense dans un milieu d'espions, ça donne un contraste et des paradoxes qui font leur effet. Anti-James Bond diront certains, ce personnage unique en son genre est à jamais attaché à son interprète. Amusant car cool, touchant sous le poids des enjeux, il est "payé pour ça" quand il risque de mourir.

Sidney J. Furie a réussit un film où l'atmosphère n'est pas en reste. Il détestait le script (auquel il mit feu devant toute l'équipe le premier jour de tournage). Entre réalisme froid et glamour chic très britannique. De voir Palmer, issu des classes laborieuses, se frotter aux élites, ajoute un piquant dans la trame policière. Ce sergent mélomane à lunettes (une première pour un espion au cinéma) dénote presque dans son environnement. Jamais à sa place, même quand il est torturé dans une ambiance psychédélique typique des années 60. The Ipcress File ce n'est jamais qu'une accusation politique et sociale d'une Angleterre qui ne comprend pas la décolonisation et qui sort de décennies conservatrices et étouffantes. Cette subversion est sans doute l'angle le plus intéressant. Caine n'est alors qu'un justicier moral et humble cherchant à équilibrer les forces.

Depuis de nombreuses séries, dont Mission : Impossible, furent influencées par le style du film, qui, par ailleurs, avait reçu 3 prix BAFTA (Oscars britanniques) : meilleur film anglais, meilleure image, meilleure direction artistique, en plus de ses deux nominations (acteur, scénario anglais).

A noter que, des années plus tard, Michael Caine s'autoparodiera en jouant le père d'Austin Powers. Le film ressort le 20 octobre dans certaines salles.