Le prix à payer, documentaire implacable qui dénonce les sales affaires de type #Swissleaks

Posté par vincy, le 12 février 2015

le prix à payerChristian Slater, Gad Elmaleh, Helmut Newton, Lisa Azuelos, Joan Collins, John Malkovich... les célébrités ont été sous les feux des projecteurs ces derniers jours mais pas pour leur talent de comédien, de réalisateur ou de photographe de stars. Ils font tous partis des fichiers révélés par Le Monde dans l'affaire d'évasion fiscale organisée par la filiale suisse de la banque HSBC, affaire communément appelée SwissLeaks.

Certains ont régularisé leur situation. Les sommes n'étaient pas non plus énormes. Mais le symbole fait mal et atteint leur image.

Simultanément sur les écrans français on peut découvrir L'Enquête, thriller journalistique et juridique autour de l'affaire Clearstream (qui soupçonnait un blanchiment d'argent aux plus hauts niveaux du pouvoir). Clearstream c'est une affaire politico-juridico-financière des années 2000 Mais c'est toujours d'actualité. La finance, et notamment la crise de 2007/2008, inspire de plus en plus le cinéma (il suffit de revoir Margin Call) et de nombreux projets sont dans les tuyaux.

Mais les documentaristes ne sont pas en reste. Toujours à l'affiche, sorti il y a une semaine, avec succès, Le Prix à payer, réalisé par le canadien Harold Crooks, décrypte le système mondial de la fraude et de l'optimisation fiscale. Un ciel orageux et menaçant sert de fil conducteur à un récit aussi effarant qu'Inside Job l'était sur la crise financière. L'orage est évidemment une métaphore: c'est le risque de voir les démocraties et les modèles socio-démocrates foudroyés par des mécanismes créés par les banques et les entreprises pour éviter de payer l'impôt, s'enrichir et au passage appauvrir les nations et leurs peuples.

Les témoignages se suivent et l'on constate que cette nouvelle aristocratie qui se croit au dessus des Lois et se permet de s'affranchir de ses droits et devoirs n'a pas de morale.

La pédagogie prime (et c'est en cela où il est passionnant) sur le sensationnalisme. C'est rigoureux et implacable. Un peu trop convenu sans doute, un peu trop sérieux peut-être. Pas de caméra cachée, pas de révélation, pas de secrets dévoilés. Juste une démonstration "technique" qui permet de comprendre comment il est facile de frauder en toute impunité. Il permet aussi de saisir à quel point les parlements et les gouvernements sont impuissants face aux géants bancaires ou aux mastodontes pesant des milliards d'euros en bourse comme Apple, Amazon ou Google. Les auditions des cadres de ces groupes devant des parlementaires sont filmées comme des gardes à vue, des interrogatoires où les rares repentis sont devenus des ardents défenseurs de taxe Robin et de justice fiscale.

Tout est affaire de morale: du pasteur au trader en passant par le mouvement Occupy et des conomistes réputés. En guest-star, l'économiste Thomas Piketty. Face à eux, lobbyistes et fatalistes. Le documentaire plaide pour une riposte politique coordonnée, par une taxation des transactions financières et une harmonisation fiscale des Etats.

Harold Crooks tire le signal d'alarme avec animations et images d'archives. Mais le feu s'est déjà propagé.