Cannes 2012 : Le dernier film de Claude Miller en clôture

Posté par vincy, le 18 avril 2012

On savait que Thérèse Desqueyroux serait présenté hors-compétition à Cannes (voir notre article). Le dernier film de Claude Miller, récemment disparu, aura les honneurs de clore le Festival, le 27 mai prochain.

Dans un communiqué, le festival rappelle qu'en "adaptant Thérèse Desqueyroux, le roman de François Mauriac, Claude Miller aura signé son ultime film". "En lui dédiant sa soirée de clôture, le Festival de Cannes, accompagné de sa famille, de ses amis, de ses producteurs, de ses distributeurs, est heureux de saluer la mémoire de Claude Miller", écrivent ses organisateurs. Ainsi le Festival honorera "une oeuvre immense à laquelle Cannes et tous les admirateurs du cinéaste seront heureux de rendre hommage."

Claude Miller expliquait : "ce qui me passionne dans la démarche cinématographique, c'est de m'attacher au plus près au jeu des apparences, gestes, regards, comportements et d'essayer de faire deviner l'intérieur des êtres, leur jardin secret, alors qu'on ne voit d'eux que l'extérieur."

Audrey Tautou et Gilles Lellouche, acteurs principaux du film, monteront les marches. Tautou avait fait l'ouverture du Festival avec Da Vinci Code en 2006. Il seront accompagnés des proches du cinéaste : sa famille, ses amis, ses producteurs et ses distributeurs.

Selon Le Figaro, le dernier film de Claude Miller sera sélectionné à Cannes

Posté par vincy, le 5 avril 2012

Claude Miller à Cannes, de manière posthume? "Selon nos informations, son dernier film, Thérèse Desqueyroux, figurera dans la sélection officielle du festival de Cannes, en mai 2012" annonce dans son blog, Sébastien Le Fol (Le Figaro).

Le film est prêt, il a été vu par quelques personnes. Nous l'avions même intégré dans la liste des prétendants français que nous avons publiée il y a dix jours.

Après La classe de neige (1998, prix du jury) et La petite Lili (2003), ce serait le troisième film de Claude Miller, disparu hier soir (voir notre actualité), à être sélectionné.

Annoncé à Cannes en 2010 (voir notre actualité), le film, avec Audrey Tautou, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Stanley Weber et Jérôme Thilbault, est l'adaptation du roman de François Mauriac (publié en 1927 et traduit en 28 langues). Une version cinématographique du livre avait déjà été réalisée par Georges Franju, en 1962, avec Emmanuelle Riva, Philippe Noiret, Edith Scob et Samy Frey.

Il s'agit de la descente aux enfers d’une bourgeoise de province mariée à un homme froid et rigide. Donnant la parole à son héroïne, l'histoire retrace une à une les étapes qui vont pousser Thérèse à essayer de tuer son mari en l’empoisonnant à l’arsenic.

Claude Miller (1942-2012) : la meilleure façon de partir…

Posté par vincy, le 5 avril 2012

Claude Miller, réalisateur, scénariste et producteur, est décédé mercredi 4 avril au soir à l'âge de 70 ans. 7 fois nommé au César du meilleur réalisateur (sans jamais l'obtenir), trois fois dans la catégorie du meilleur scénariste (avec le prix pour Garde à vue), et quatre fois cité dans la catégorie du meilleur film (La meilleure façon de marcher, Garde à vue, L'effrontée, Un secret), Miller était parfois méprisé par une partie des critiques et de la profession qui voyait en lui un cinéaste populaire et non pas un auteur héritier de la Nouvelle Vague. Une ironie si l'on connaît son parcours : il a débuté avec Marcel Carné avant d'être l'assistant réalisateur de Michel Deville (Martin Soldat), Jean-Luc Godard (Week-end), Jacques Demy (Les demoiselles de Rochefort) et surtout le directeur de production de François Truffaut (La Sirène du Mississipi, L'enfant sauvage, Domicile conjugal, Les deux anglaises et le continent, La nuit américaine, L'histoire d'Adèle H.).

Deux fois sélectionné à Cannes (avec le prix du jury pour La classe de neige en 1998), prix de la Critique internationale à Berlin (La chambre des magiciennes), grand prix des Amériques à Montréal (Un secret) et enfin prix Louis Delluc en 1985 (L'effrontée), Miller a pourtant l'un des plus beaux palmarès de sa génération.

Charlotte for ever

De La meilleure façon de marcher, son premier film en 1976 à Thérèse Desqueyroux, avec Audrey Tautou, tout juste achevé (le film pourrait être à Cannes et sortira le 21 novembre), il aura tourné 17 films, dont quelques grands succès en salles comme Garde à vue, L'effrontée, La petite voleuse, L'Accompagnatrice ou Un secret. Certains de ses films ont également été de cuisants échecs, souffrant de sorties trop discrètes. Surtout, Miller, depuis La classe de neige, avait des difficultés à trouver des financements pour ses films. L'impossibilité de concrétiser son grand projet, Nana, l'a contraint à trouver des sujets plus modestes. Cela a d'ailleurs coïncidé avec sa découverte des caméras numériques, lui ouvrant de nouvelles perspectives et finalement une nouvelle façon de filmer, plus libre, plus rapide.

Le cinéma de Claude Miller était un cinéma d'émotions. Les visages des acteurs importaient plus que le décor. Les plus grands comédiens, qui lui furent très fidèles - certains ont tourné plusieurs films avec lui - sont passés devant sa caméra: Michel Serrault, Romy Schneider, Lino Ventura, Patrick Dewaere, Isabelle Adjani, Miou-Miou, Gérard Depardieu, Marina Hands, Sandrine Kiberlain, Jean-Claude Brialy, Nicole Garcia, Bernard Giraudeau, Jean-Pierre Marielle, Richard Bohringer. Il fut aussi un grand directeur de jeunes acteurs en herbe : Charlotte Gainsbourg lui doit son premier César, Romane Bohringer l'un de ses meilleurs films et on devrait aussi citer Ludivine Sagnier, Vincent Rottiers, ...

Les âmes grises

Il aimait les histoires ambigües, troubles, où la carapace morale se faisait taillader par des vérités blessantes ou la cruauté de l'humanité. L'ambivalence des comportements, des situations est ainsi admirablement incarné à l'image par Michel Serrault dans Garde à Vue (coupable ou pas d'un crime affreux) et Mortelle randonnée (à la fois flic et ange gardien de sa cible). Il plongeait dans l'intime, révélant les zones d'ombres, souvent dans des films où la lumière, artificielle ou naturelle, était omniprésente. Ces petites histoires ultra-sensibles composaient au final une oeuvre sur la lâcheté et la complicité, dans un ensemble empreint de tristesse. Le sombre l'attirait. Les zones obscures le tourmentaient. Miller faisait un cinéma anti-mélo, où la complexité prévalait sur les bons sentiments. L'adolescence et l'enfance l'intéressaient sans doute pour cela : coupable ou non, personne n'est innocent à ses yeux.

Fils d'un employé du Grand Rex, à Paris, né de parents juifs en pleine guerre, major de l'Idhec (ex-Fémis), Claude Miller a aussi été un cinéaste impliqué dans sa profession, en président la Fémis ou les salles Europa Cinémas.

Nous l'avions rencontré deux fois (mai 1998 et janvier 1999). La mélancolie - certains évoquaient même une dépression chronique - qu'il dégageait était atténuée par une douceur non feinte. Il aimait le dialogue avec les autres tout en étant abattu par la dureté de l'époque.

La meilleure façon de partir pour un cinéaste est celle de nous laisser un dernier film, posthume, pour nous consoler de sa disparition.

Cannes 2010 : Audrey Tautou sera la Thérèse D. de Claude Miller

Posté par vincy, le 17 mai 2010

Audrey Tautou, pour quelques jours encore sur les planches parisiennes avec Maison de Poupée, sera à l'affiche du prochain film de Claude Miller (une première pour elle), Thérèse B. L'adaptation de ce roman de François Mauriac suit une femme à l'esprit libre, mais malheureuse en mariage, qui lutte contre la pression sociale et l'ennui de sa vie en banlieue, dans les années 20.

Cette production au budget moyen (un peu moins de 10 millions d'euros) commencera l'année prochaine.

D'ici là, on verra Tautou dans Soins complets, un film de Pierre Salvadori où elle retrouve sa partenaire de Vénus Beauté (Institut), Nathamie Baye).