Toute l’histoire de mes échecs sexuels : déballage cathartique et impudique

Posté par MpM, le 3 mai 2009

echecssexuels.jpg"A la fin de chacune de nos conversations, j’ai envie de vomir."

L'histoire : Chris vient de se faire larguer par sa copine et décide de tourner un film sur sa propension à toujours être celui que l’on quitte. Pour cela, il est prêt à entendre tous les reproches que ses anciennes petites amies auront à lui faire… et même à payer de sa personne.

Ce que l’on en pense : Difficile de croire que cette hilarante plongée introspective dans les névroses amoureuses d’un trentenaire immature soit réellement un documentaire… Chris Waitt ne s’est en effet absolument pas épargné, mettant en scène ses déboires intimes avec une honnêteté qui confine au rite sacrificiel. Hirsute et débraillé, il raconte face caméra ses doutes et ses angoisses, filmant avec une sorte de délectation masochiste les face-à-face de plus en plus cruels que lui infligent ses ex-petites amies. Entre celles qui ne veulent plus jamais rien avoir à faire avec lui et celles qui déballent des détails peu flatteurs sur son comportement (paresseux, bordélique, immature, égoïste…) ou racontent des anecdotes totalement plombantes (comment il a tenté d’embrasser la mère de l’une d’entre elles, par exemple), le malheureux en prend plein la tête. Et si c’était encore possible, tout empire quand il se rend compte que la plupart de ses problèmes sont liés à des troubles érectiles persistants. Qu’à cela ne tienne, il embarque caméra et spectateur chez le médecin, dans une séance de massage tantrique et même… à un jeu de rôle sado-masochiste.

Entre recherche intime ultime et utilisation radicale de l’outil cinéma, Toute l’histoire de mes échecs sexuels est un ovni, certes, mais un ovni très identifiable. Déclinant la tendance à l’auto-fiction développée en littérature et par le biais du web, le réalisateur transforme son vécu personnel de loser en expérience quasi universelle. Dans la salle, on se bidonne, à mi-chemin entre incrédulité et catharsis : aussi mauvais que chaque spectateur se sente dans ses relations de couple, il ne pourra jamais être aussi mauvais que Chris Waitt…

Toutefois, sous ses airs de gag potache, le film pourrait bien être plus profond qu’il n’y paraît en s’interrogeant sur la complexité des rapports amoureux (qu’est-ce qui fait que ça marche puis que cela ne marche plus ? comment un trait de caractère d’abord perçu comme une qualité peut finalement dégénérer en défaut insupportable ? pourquoi deux personnes qui ont été si proches peuvent en arriver à ne plus jamais s’adresser la parole ?) et surtout sur les modes de communication entre les êtres. Car finalement, il aura fallu à Chris Waitt une caméra et un projet de film pour obtenir de ses ex-petites amies des confidences et des témoignages qu’elles n’avaient jamais voulu lui livrer avant. Comme s’il avait fallu ce prétexte de démarche artistique (impliquant pourtant une sorte de "déballage" impudique) pour libérer la parole…